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3/ Reynosa, ville sauvage.

par Jean-Paul Mari
Les Etats-Unis ont décidé de construire un mur le long de leur frontière de 3300 km avec le Mexique, pour lutter contre l’immigration clandestine venue d’Amérique latine. Projet fou, utopie ou réalité ? Jean-Paul Mari et Yann Le Bechec ont fait le voyage du Golfe du Mexique aux côtes de la Californie. Ils racontent le parcours tragique de millions de migrants mais aussi les narcotrafiquants, la Border Patrol et les rêves et les espoirs du peuple de la frontière.

Prison de Saidnaya, Syrie: Ici, on extermine.

par Luc Mathieu
La prison de Saidnaya, à 30 kilomètres au nord de Damas, n’est pas seulement l’une des plus atroces de Syrie, là où tortures et mauvais traitements sont systématiques et institutionnalisés. C’est aussi un lieu de massacre organisé, «un abattoir», selon un...

Voyage le long du mur de l’Amérique: Boca Chica, kilomètre zéro de la frontière (2)

par Jean-Paul Mari
Carnets du Rio Grande Un mur de 3300 kms entre les USA et le Mexique. Les Etats-Unis ont décidé de construire un mur le long de leur frontière de 3300 km avec le Mexique, pour lutter contre l’immigration clandestine venue...

Édito : « Donald et son mur », par Jean-Paul Mari

par Jean-Paul Mari
C’est un pari fou. On serait tenté de dire, le pari d’un fou. Sauf qu’il est président des États-Unis, qu’il vient d ‘être élu et semble résolument décidé– il est résolument décidé pour tout – à faire construire ce mur qui va courir le long des 3330 kilomètres de la frontière entre le Mexique et les États-Unis, du Golfe du Mexique jusqu’à la Californie sur la côte pacifique. Comme souvent, tout le monde aimerait se rassurer en pensant que Donald Trump, ce président au prénom de bande-dessinée, n’est qu’un bouffon excité qui ne durera que le temps d’un mandat de cinq ans. C’est mal connaître l’Amérique. L’idée du mur n’est pas celle d’un homme seul. Une grande partie des Américains la soutiennent depuis longtemps. Déjà, au temps de Georges W. Bush, un autre président -élu et réélu par ses concitoyens, et qui a plongé le monde dans deux guerres dévastatrices, l’Afghanistan et l’Irak - les Républicains voulaient édifier ce mur de 3330 kilomètres. Donald Trump y ajoute sa note personnelle en affirmant vouloir faire payer le coût de ce gigantesque ouvrage par les Mexicains eux-mêmes. Il y a une dizaine d’années, alarmé déjà par ce projet, j’ai voulu réaliser un reportage tout au long du tracé de ce mur à moitié construit pour en comprendre la réalité. Avec un dessinateur Yann Le Bechec, nous avons passé un mois, entre océans et montagnes, rios et déserts, à suivre ce pointillé sur la carte qui sépare deux mondes. Deux humanités. L’élection de Donald Trump, sa volonté affirmée de faire aboutir ce mur, sa brutalité et son mépris des valeurs humaines, la colère et le désespoir des autres, la stupeur ou l’indifférence des autres nations de toutes façons réduites à l’impuissance, tout nous porte à republier ce « Voyage le long du mur » plus d’actualité aujourd’hui que jamais.

Une histoire : « Mataroa », un Exodus grec.

par Maria Malagardis
En 1945, alors que la Grèce est au bord de la guerre civile, ce navire évacue vers la France près de 200 étudiants et intellectuels. Souvenir d’une solidarité disparue.

Edito: « Petit journal d’une grande tragédie », par Jean-Paul Mari.

par Jean-Paul Mari
La chronique des migrants. Au jour le jour, toutes les bulles d’informations qui naissent et disparaissent sur la surface de l’eau. Chaque jour apporte son lot d’informations sur la tragédie des migrants, notamment en Méditerranée. Ces infos sont reprises ou pas, et disparaissent sans laisser beaucoup de traces. On sait bien sûr que des hommes, femmes et enfants se noient en mer, disparaissent, sans laisser de traces eux-non plus. Autant de bulles qui éclatent à la surface de l’eau, dans un petit bruit d’air. "grands-reporters.com" a décidé de tenir une chronique de toutes ces informations, les petites et les grandes, les lois et leurs conséquences,les grandes statistiques et les petites histoires, les grands drames et les faibles espoirs, le grand silence et les appels à ne pas fermer les yeux. Posées l’une après l’autre, ces informations disparates deviendront une chronique, un journal, une pierre inscrite, et feront ce que, modestement, nous pouvons et devons faire : graver une histoire qu’on veut oublier.

Les ONG complices des passeurs en Méditerranée : le dossier qui a fait pschitt ?

par Jean-Paul Mari
Génération identitaire veut empêcher les bateaux d'ONG d'aller en Méditerranée secourir les migrants, cagnotte en ligne à l'appui. Face au silence des politiques, des militants se demandent si des solutions juridiques existent. Comment empêcher les identitaires de saborder le sauvetage des migrants en Méditerranée ?

Poursuivi par Daech

par Luc Mathieu
Le site internet qu’il tenait en Turquie pour militer contre l’Etat islamique lui a valu plusieurs tentatives de meurtre. Réfugié en France, le militant syrien Ahmed Abd al-Qader espère voir un jour la libération de sa ville natale, Raqqa, toujours aux mains de l’EI.


Etat Islamique: comme un goût d’Apocalypse..

par Jean-Paul Mari
Des reculs, mais aussi une résistance acharnée et des contre-attaques. En 2016, l’organisation Etat islamique a perdu plusieurs fiefs de son «califat» syro-irakien. Elle a aussi été chassée de Syrte, en Libye. Mais les jihadistes sont loin d’être défaits. A...

« Alep: la mort lente. »

par Luc Mathieu
Les derniers bastions de la ville syrienne détenus par la rébellion se réduisent chaque jour, sous les assauts répétés du régime et de ses alliés. Abandonnée, acculée, la population est à bout.
Alep, une ville syrienne à l'agonie .

Délit d’entrave à l’IVG. « Allô, je voudrais avorter… »

par Elsa Mari
Une journaliste du journal le Parisien a testé un centre d'appels qui, sous couvert d'informer sur l'IVG, incite les femmes à ne pas interrompre leur grossesse. Les députés ont adopté jeudi un texte pour mieux lutter contre ce phénomène.

L’Edito : « Histoire d’une révolte », par Jean Paul Mari.

par Jean-Paul Mari
Le dimanche 17 avril 2016, le navire Aquarius de SOS Méditerranée file à toute vitesse vers les lieux d’un naufrage. Le vent mauvais est de force 6, les vagues hautes de deux mètres. Quand il arrive sur zone, l’équipage découvre un « zodiac », en réalité un canot de plastique de dix mètres de long aussi fragile qu’un jouet de plage, surchargé d’une bonne centaine de passagers. Le radeau s’est cassé en deux, par le milieu, les survivants ont de l’eau jusqu’à la poitrine et ils ne savent pas nager. Il est en train de couler. Les migrants étaient 135 au départ, l’Aquarius en a sauvé 108. Deux hommes se sont noyés sous les yeux de l’équipage. Six corps ont été retrouvés au fond du canot. Sauvetage tragique. Si l’Aquarius était arrivé une demi-heure plus tard, il n’aurait rien trouvé, sinon une mer plate. Un trou dans l’eau. Le radeau de plastique, les 108 survivants, hommes, femmes, enfants, tout aurait été avalé par la Méditerranée. Une question tourmente : combien de radeaux, de canots en plastique ou de carcasses de chalutiers ont disparu en silence ? Combien d’absents dont on ne sait quand ils sont partis, d’où ils sont partis, combien ils étaient, qui ils étaient ? Voilà pourquoi j’ai rejoint l’association. Je venais de publier un livre, Les bateaux ivres, sur l’odyssée des migrants en Méditerranée. J’y racontais le périple, l’errance, le calvaire des migrants. On lisait, on me disait : « A h ! C’est terrible, mais que faire ? ». Puis SOS Méditerranée m’a contacté pour me parler de leur projet. Que faire ? Mais d’abord les empêcher de se noyer ! C’est ce raisonnement simple — dire non à l’inacceptable — qui a conduit un an plus tôt un capitaine de navire Allemand et une humanitaire Française à lancer un pari fou. Trouver l’argent pour armer un bateau avec équipage, sauveteurs et clinique à bord, pour patrouiller le long des côtes libyennes, ce trou noir géographique et politique, véritable mur liquide, frontière mortelle pour les migrants. Moins d’un an plus tard, grâce à la mobilisation de citoyens européens, de petits chèques et de grands coups de coeur, l’Aquarius appareillait de l’île mythique de Lampedusa. Fin février 2016, on me demandait d’être de la première rotation de trois semaines — il y en aura beaucoup d’autres — et de faire savoir1. Ce qui fut fait. Articles de journaux, radios, télés, internet, marionnettes s’il avait fallu, à bord, nous avons battu le rappel. D’autres rotations ont suivi, d’autres sauvetages, d’autres journalistes, l’aventure s’est répétée, elle continue encore. À la fin de l’été, l’Aquarius avait réalisé une trentaine de sauvetages et porté secours à plus de six mille personnes. L’hiver arrive, la mer redevient méchante et les passeurs libyens, pressés de se débarrasser de leur marchandise humaine, en entassent toujours plus sur les mêmes misérables radeaux dont le dernier, secouru in extremis, transportait… 167 migrants. Oui, des hommes, des femmes, des enfants et des bébés se noient en ce moment même, transforment cette mer de lumière et de soleil en une sombre fosse commune. Déjà plus de 3 000 morts à la fin de l’été, 5 017 noyés en 2014, 5 350 en 2015, plus de 10 000 en deux ans, sans doute près de 40 000 depuis l’an 2000. Combien de noyés encore, d’absents, de trous dans l’eau ? Cet été, il y avait certes les garde-côtes de la marine italienne et une dizaine de bateaux humanitaires, rares navires de l’espoir sur un océan de détresse. Oui, l’Aquarius continuera à patrouiller tout l’hiver, avec cette marque essentielle qui fait que l’association n’est pas une ON G comme les autres : chaque séjour en mer — 11 000 € par jour — est financé par des citoyens européens, Français, Allemands, Italiens, des gens comme vous et moi. C’est toute l’originalité et la force de l’entreprise. Dire non à l’inacceptable, dire haut et fort les valeurs de l’Homme, de l’Europe, les valeurs universelles. Et les mettre en action. En ce moment même, l’Aquarius vogue. Au premier pari, fou, mais tellement raisonnable, s’en ajoute un autre. Le printemps de grâce est passé, il faut durer. En continuant à garder cette forme de participation citoyenne. Ne pas devenir une ON G comme les autres, notabilisée, obligée de faire appel aux institutions, aux entreprises, au marché. Rester la voix des citoyens, la conscience, le messager. Une voix populaire qui s’élève, au-delà du brouhaha politique, du paternalisme bon teint du caritatif, de l’inefficacité consentie et des soupirs résignés — « A h ! Mais que faire ? ». Continuer à forger cet outil citoyen révolutionnaire qui dérange, mais transcende les discours convenus, pour les transformer en un acte simple, mais essentiel : tendre la main à celui qui se noie. JPM Extrait de la revue Astérisque de la SCAM 1 La Scam a exceptionnellement participé à cette opération humanitaire en finançant des travaux d’auteurs relatant l’odyssée de SOS Méditerranée.

La fin d’un monument historique

par Jean-Paul Mari
Fidel Castro est mort Le père de la révolution cubaine, qui a donné le pouvoir à son frère Raul en 2006, avait 90 ans. Le père de la Révolution cubaine Fidel Castro est décédé ce vendredi 25 novembre à La Havane à l'âge de 90 ans, a annoncé son frère Raul, qui lui a succédé au pouvoir en 2006. "Le commandant en chef de la révolution cubaine est décédé à 22h29 ce soir", a annoncé Raul Castro sur l'antenne de la télévision nationale. "Conformément à la volonté exprimée par le camarade Fidel, sa dépouille sera incinérée dans les premières heures" de la journée de samedi, a annoncé l'actuel président cubain à la télévision. Le président Raul Castro n'a par contre pas révélé les causes du décès. Le "Lider Maximo" avait cédé le pouvoir à son frère Raul à partir de 2006 après une hémorragie intestinale. Il avait abandonné en avril 2011 ses dernières responsabilités officielles, en cédant son poste de premier secrétaire du Parti communiste de Cuba (PCC) à Raul, numéro deux du parti depuis sa fondation en 1965.

Atteintes aux libertés enTurquie : la Scam écrit à François Hollande.

par Jean-Paul Mari
Devant les atteintes répétées du régime de Recep Tayyip Erdoğan aux libertés fondamentales, la Scam a écrit à François Hollande pour demander solennellement qu’une condamnation politique se joigne enfin aux nombreuses voix de la société civile qui s’élèvent courageusement contre ces mesures liberticides. Monsieur François Hollande Président de la République Palais de l'Élysée Paris, le 9 novembre 2016 Monsieur le Président de la République, Depuis le coup d'état avorté du 15 Juillet dernier et de la déclaration de l'état d'urgence, la Turquie s'éloigne de plus en plus des valeurs démocratiques. On a parlé de dérive autoritaire en évoquant la répression en Turquie, désormais il conviendrait de parler de dérives conduisant au fascisme. L'état de droit n'existe plus, c'est le règne absolu de l'arbitraire. La liberté d'expression et la laïcité sont plus que menacées. L'arrestation d'opposants, notamment d'écrivains comme Asti Erdogan, Necmiye Alpay, Ahmet Altan, Mehmet Altan, de journalistes (plus de 140) mais aussi de députés du parti kurde le HOP est inadmissible. La mainmise du gouvernement sur les médias a condamné au silence les voix dissidentes. On entend désormais une seule voix : celle du gouvernement qui ne respecte aucun droit fondamental La descente de la police au journal Cumhuriyet, l'arrestation de son rédacteur en chef et de ses chroniqueurs constituent une grave atteinte à la démocratie. Et l'Europe assiste à l'agonie de la démocratie turque. Il faut que des voix s'élèvent, autres que celles de la société civile. Que des voix politiques s'expriment comme l'a fait Angela Merkel. La Scam, qui rassemble 38.000 auteurs, réalisateurs, écrivains, journalistes, photographes, dessinateurs dont elle gère les droits et dont elle défend aussi la liberté de création et d'express ion, attend de l'Etat français qu'il défende les droits démocratiques en Turquie. Les auteurs ne sauraient souffrir que les droits fondamentaux de la démocratie soient passés sous silence par la patrie des Droits de l'Homme et vous demandent solennellement de prendre position. Avec nos respectueux hommages, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'express ion de notre très haute considération. Anne Georget, Hervé Rony, Présidente Directeur général

Mossoul : «Ils ne combattent pas, ils se suicident »

par Luc Mathieu
La tactique de guérilla jihadiste fait des ravages depuis une semaine. Les soldats kurdes, trop confiants et parfois mal organisés, continuent toutefois leur avancée vers le bastion de L’État islamique.

Le prix Albert Londres soutient les journalistes d’I-Télé.

par Jean-Paul Mari
C'est avec intérêt, sympathie et solidarité que les membres du Prix Albert Londres suivent depuis le premier jour le conflit qui oppose les journalistes de la rédaction d'I-télé et la direction de la chaîne. Avec courage et dignité, ces journalistes défendent les valeurs de liberté, de probité, d'indépendance qui sont les valeurs clés d'un métier essentiel au fonctionnement d'une démocratie et dans lesquelles nous avons foi. Un métier qui a des règles, implique de la rigueur, nécessite une éthique, et tient l'information pour une cause importante et non pour une denrée malléable, manipulable, soumise aux intérêts d'un actionnaire ou aux lois du spectacle et de la gaudriole. Plus que jamais, le Prix Albert Londres réitère son attachement à l'indépendance absolue d'une profession menacée dans tant de pays (l'exemple de la Turquie est particulièrement inquiétant) et son soutien aux journalistes d'une chaine qui ne ne font ni plus ni moins que réclamer le droit d'exercer, avec droiture, leur métier.

« Voila pourquoi il faut des bateaux de sauvetage professionnels pour secourir les migrants »

par Jean-Paul Mari
Tragique : Des migrants clandestins périssent noyés devant la caméra d’un Tunisien Une vidéo tournée par un marin tunisien en Mer Méditerranée est en train de choquer sur les réseaux sociaux. Le marin était à bord d’un bateau qui a essayé de porter secours à des immigrés clandestins (en majorité) des Africains qui étaient perdus en pleine mer à bord d’une embarcation de fortune. Voulant à tout prix se sauver, les centaines d’ immigrants clandestins chargés dans cette embarcation se sont tous précipités pour monter sur le bateau venu à leur secours, créant un déséquilibre et un chaos qui ont causé la mort de nombreux parmi eux. Un canot pneumatique surchargé, la panique, le manque d'expérience du sauvetage, l'absence de gilets de sauvetage, un bateau pas adapté, des marins dépassés qui ne peuvent qu'appeler au calme mais n'agissent pas....tout cela a provoqué la noyade des migrants pratiquement laissés à eux-mêmes. Cette tragédie n'aurait jamais eu lieu avec les secours des gardes-côtes italiens ou les trop peu nombreux navires humanitaires qui patrouillent, seuls, au large des côtes libyennes. Depuis le début de l'année, et selon le HCR, le nombre de migrants morts en tentant de traverser la Méditerranée a déjà atteint le niveau record de 3800. Allez! Encore un effort...on va finir par s'y habituer!

À Qaraqosh, la fin d’un long chemin de croix

par Luc Mathieu
Etape obligée avant la grande offensive sur Mossoul, cette ville chrétienne aux mains de l’Etat islamique depuis août 2014 est en passe d’être libérée par l’armée irakienne. Si les églises sont toujours debout, les séquelles de l’occupation sont omniprésentes.

Sugarmaa, une femme mongole

par Erik Bataille
Elle se faufile entre les dunes, elle est un mirage, dans sa longue tunique de soie ocre sous une ombrelle dorée. Sugarmaa flâne souvent dans l’erg Khongoriin, le plus vaste du Gobi mongol. Elle observe les ondulations des crêtes, repère les passages de sable noir, les plus fermes, suit la trace d’un scarabée bousier, l’une des rares marques de vie dans ce désert absolu. Elle porte toujours de longs gants de soie jusqu’aux épaules et un foulard en cachemire. Son teint est si pâle qu’elle paraît éthérée dans ce pays aux lumières si crues.

Hollande et ses guerres : L’influence des néoconservateurs.

par Jean-Paul Mari
Les néoconservateurs américains ont été discrédités par l’échec désastreux de leur politique en Afghanistan et en Irak. Ils ont pourtant fait des adeptes en France, parmi les diplomates et jusqu’à l’Élysée.

« Chaque migrant est une épopée ».

par Jean-Paul Mari
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Les guerres d’Hollande 2/3.

par René Backmann
Après les opérations décidées par François Hollande en Afrique, les interventions en Irak et en Syrie s’avèrent plus que discutables. Elles obligent l’état-major à disperser sur plusieurs théâtres de conflit les moyens humains, matériels, financiers très limités dont il dispose. À ce jour, la France n'en retire aucun bénéfice stratégique ou diplomatique.

Les guerres d’Hollande.

par René Backmann
Jamais, depuis un quart de siècle, autant de soldats et de moyens militaires français n’ont été projetés sur des champs de bataille étrangers. En Afrique, l’opération au Mali a peut-être permis d’enrayer une déstabilisation globale du Sahel, mais l’intervention en Centrafrique risque de se terminer sur un scandale désastreux pour l’armée française.

Les écritures de l’histoire de l’immigration : comment raconter les départs des migrants ?

par Jean-Paul Mari
Le Musée national de l’histoire de l’immigration embrasse les trajectoires migratoires depuis les contextes et les raisons des départs jusqu’aux modalités d’arrivée, d’installation et de participation à la société française, sans oublier les modalités de voyages des migrants. La prise...

Prix Bayeux 2016: Le palmarès complet.

par Jean-Paul Mari
LE PALMARES: CLIQUEZ SUR L'ICÔNE CI-DESSOUS Feuille-resultats-medias-2016.pdf OU SUIVRE CE LIEN : http://www.prixbayeux.org/pbc2016-palmares/ Mer Égée – 11 août 2015 – Yannis BEHRAKIS [gallery link="file" ids="9939"]

La Syrie sur tous les fronts.

par Luc Mathieu
Cinq ans après le début de la guerre, les fronts se sont démultipliés en Syrie, rendant plus complexe encore ce conflit que la communauté internationale est incapable d’endiguer. Plus que jamais, la population est prise au piège.

Groenland: La culture des Inuits en danger.

par florian ledoux
Au cœur de l’Arctique, des populations et leurs traditions sont menacées par le changement induit par la marche frénétique du monde. Les inuits, notamment ceux du Groenland, subissent de grandes modifications de leur mode de vie encore fait de traditions et de survie en milieux extrêmes.

Migrants : de la banalisation de l’horreur

par Jean-Paul Mari
C’est un navire de sauvetage en mer – l’Aquarius – qui fait route vers Trapani, son port d’attache en Sicile. Habituellement, sur le chemin du retour, on se sent soulagés. Une rotation de trois semaines de mer, des sauvetages réussis, des vies sauvées, un équipage fatigué, des bénévoles, des médecins et des marins pressés de souffler. Et puis soudain, un appel, un de plus, le dernier. Le bateau se déroute, bien sûr. Sans savoir ce qu’il va affronter. L’appel du centre maritime de Rome parle de deux canots pneumatiques en détresse. Saletés de radeaux flottants en plastique que les passeurs jettent sur la mer, chargés d’au moins cent personnes, souvent plus. Il faut faire vite. Les sauveteurs savent faire. La routine, hélas. Sauf que la marine militaire italienne informe qu’il y a de « nombreux cadavres à bord de l’un des canots». Un sauvetage de migrants en Méditerranée, face aux côtes libyennes, c’est une affaire toujours une affaire de vie et de mort. Là, en prime, il y a l’horreur. À travers les rapports publiés par SOS MEDITERRANNEE, MSF ou le récit de l’envoyée spéciale du journal Le Monde présente à bord, on comprend le choc que les sauveteurs ont eu en découvrant le canot en plastique en train de couler. Souvent, ces pneumatiques surchargés dérivent au gré des courants, moteur en panne, boudins percés, dégonflés. Leur fond en plastique, tapissé de mauvaises planches, se casse en deux comme une boite d’allumettes. La masse des migrants glisse inexorablement vers le centre, creuse le radeau qui s’enfonce, balayé par les vagues. Au milieu, des femmes, censées être mieux protégées. L’eau monte dans le canot, la panique fait le reste, les migrants se noient, piétinés au fond de l’embarcation. Ils sont partis de Libye vers minuit. Vers cinq heures du matin, c’est le fond du bateau, troué, qui a lâché, l’eau a grimpé et soulevé le plancher flottant. Le premier canot de sauvetage découvre des hommes et des femmes terrorisées qui se débattent dans un mélange d’eau de mer, de vomi et de carburant, cette essence puante qui les intoxique, les fait délirer, les tue. Au fond du canot, 22 corps, dont 21 femmes. Les autres ont des regards hallucinés. Ils ont passé près de six heures à côté des morts, un compagnon, une épouse, une sœur. Quand ils arrivent à bord de l’Aquarius, la plupart n’arrivent pas à marcher, d’autres tiennent des propos incohérents. Des survivants hagards, qui n’ont rien mangé ou bu depuis des jours et qu’on douche à grands jets, pour essayer de les débarrasser de cette saleté d’odeur d’essence qui empuantit le pont du navire. Une odeur de mort. Bien sûr, l’Aquarius a sauvé, ce mercredi 20 juillet, 209 personnes, dont 50 mineurs, des Africains qui fuyaient le Nigeria, la Côte d’Ivoire ou la Guinée-Conakry. Mais les rescapés et leurs sauveteurs ont fait le voyage du retour avec vingt-cinq sacs mortuaires sur lesquels on a tracé à la craie un numéro et un début d’identification. Sauveteur ou migrant, personne ne pourra oublier ça. À terre, cela semble plus facile. Vingt-deux migrants morts de plus…allons, cela ne change vraiment pas le « score » des trente, quarante mille noyés en quinze ans, 2014, non ? Il y a dix ans, l’affaire nous aurait secoués et les éditorialistes auraient interrogé les consciences et les politiques. Aujourd’hui, à l’exception du récit du Monde, cela fait une courte dépêche AFP, quelques lignes d’une brève dans les quotidiens, peut-être une phrase en fin de journal…L’horreur se banalise. Puisque le cœur nous manque, regardons les chiffres. Cette année, 80 000 hommes, femmes et enfants ont traversé la mer jusqu’en Italie (HCR). Depuis 2014, 10 000 sont morts ou sont portés disparus en tentant de gagner l’Europe par la mer, notre Méditerranée. Dix mille…Plus vingt-deux, ce mercredi d’été. Dont vingt et une femmes. Victimes des guerre du monde, de la misère de l’Afrique, des passeurs libyens, de radeaux de plastique puant le vomi et l’essence. Victimes enfin de notre goût du confort. Et de cette formidable capacité, que nous avons développé, à accepter l’inacceptable. JPM

Au Pakistan, un fils à tout prix.

par Lucie Peytermann
Poussés par une société patriarcale et discriminatoire, de plus en plus de couples se tournent vers des cliniques privées qui leur permettent de choisir le sexe des futurs enfants.

L’Édito: « Sauvés par les Libyens?Non merci! », par Jean Paul Mari.

par Jean-Paul Mari
Alors que Sophia ( l'Europe) vient de signer un accord avec la marine libyenne...... Ce mardi 25 mai, six grands canots pneumatiques transportant 550 migrants ont été « secourus » par les garde-côtes libyens au large de Sabratha, à l’ouest de Tripoli. Ce n’est pas la première fois que les autorités libyennes parlent de sauvetage de migrants dans la limite des des eaux territoriales du pays. Deux jours plus tôt, 850 réfugiés, embarqués dans de fragiles embarcations pneumatiques ont été arrêtés au large de Zaouira. En avril, ce sont 649 hommes, femmes et enfants, à bord de sept canots, qui ont été interceptés. A chaque fois, les autorités libyennes parlent de « sauvetage ». A chaque fois, le même communiqué claironne que « les migrants secourus ont été remis aux autorités maritimes avant d’être transférés dans des centres d’accueil et d’hébergement ». La réalité est bien différente. D’abord, les Zodiacs modernes des garde-côtes libyens ne sont pas des bateaux de sauvetage. Ils sont certes puissamment motorisés, sont armés d’une mitrailleuse, mais n’ont pas le capacité d’emport qui leur permettent d’accueillir la grosse centaine de passagers que contient un grand et fragile canot pneumatique utilisé par les passeurs. Ensuite, l’intervention est moins une action de sauvetage qu’une interception, suivie de l’arrestation des migrants. Le 20 mars dernier, la brutalité de l’action a provoqué le chavirage d’un canot et la noyade de neuf des migrants à bord. Et deux jours plus tôt, un canot a pris feu pendant l’intervention et quatre naufragés sont morts carbonisés. Enfin, l’expression « autorité maritime » ne veut plus dire grand-chose dans un pays divisé entre au moins deux gouvernements, l’un, à l’est, reconnu par la communauté internationale et l’autre, à Tripoli - précisément à l’endroit où se déroulent les « sauvetages » - soutenu par une coalition de milices notamment islamistes. Thomas, un Gambien recueilli à bord de l’Aquarius de SOS MÉDITERRANÉE a témoigné des résultats de son premier « sauvetage » par les garde-côtes. En fait de « centre d’accueil et d’hébergement », il a été jeté avec les autres en prison, battu et rançonné, et n’a pu s’en sortir qu’en payant une somme équivalente à 500 euros. Avant de repayer un passeur pour une deuxième tentative, terrorisé à l’idée... de se faire « sauver » une deuxième fois par les garde-côtes. La Libye, pays sans loi et sans droit pour les migrants, qui sont pour l’essentiel des Africains noirs et parfois, condition aggravante, chrétiens, ne sauve pas les réfugiés, elle les capture à nouveau, les maltraite, les exploite. Avant de diffuser des communiqués humanitaires triomphants, histoire de montrer à la communauté internationale qu’elle n’a surtout pas besoin d’intervention extérieure dans ses eaux territoriales, comme l’Europe menace de le faire avec l’opération Sophia. Et que Tripoli sait faire le ménage tout seul pour débarrasser la mer des migrants, cette population aussi gênante que rentable.

L’Edito: « Les gifles des boxeurs » par Léonard Vincent

par Léonard Vincent
J'étais en charge d'une rédaction le week-end dernier et une tenaille me serrait la gorge. Je savais que, depuis quelques semaines, des centaines de personnes terrorisées étaient de nouveau entassées, sur les plages de Libye, dans des boudins de plastique. On les poussait à la mer après les avoir brutalisé et fait les poches. Je savais qu'une fois au large, comme chaque année, beaucoup se noyaient, parce que leur matelas pneumatique cédait au poids, à l'usure, aux vagues, à leur rafistolage. De rares navires se portaient au secours des survivants. Quant aux morts, je voyais une fois encore que leurs cadavres gonflés commençaient à s'échouer sur les plages d'Afrique. Et puis un chiffre m'est tombé sous les yeux : plus de mille morts en douze jours. Pour le média pour lequel je travaille, j'avais déjà raconté tout cela. L'évasion hors d’Érythrée, la fuite éperdue vers la paix, les camps de concentration en Égypte et en Libye, les naufrages, les héros, l'Italie, Calais... Mais ces histoires illustrées, clamées, n'ont rien changé. Pire : leur répétition a habitué les consciences et lassé les rédactions. Comme ces gifles stimulantes que se donnent les boxeurs avant le combat. Malgré tout, j'ai demandé aux journalistes de la rédaction dont j'avais la charge, une fois de plus, d'appeler untel, d'écrire ceci ou cela. Je suppose que c'est ainsi qu'on maintient allumée les bougies dans les tempêtes : au cas où. Peut-être un jour aura-t-on besoin du feu. Ou d'allumer un incendie.

Au Pakistan (1) : «On a cru que c’était le jour du Jugement dernier»

par Jean-Paul Mari
Il y a un an, un couple de chrétiens a été lynché et brûlé dans une briqueterie du Pendjab, au motif d’un prétendu blasphème contre l’islam. Un drame pas isolé et toujours impuni.

Edito: « Quand la vague grossit », par Jean-Paul Mari

par Jean-Paul Mari
Ce matin-là, la mer, calme et sans vent, s’est mise à résonner d’appels radio d’embarcations en détresse relayées par le centre maritime de Rome. Un, deux, trois, dix, onze « Zodiacs » sont apparus, venus de nulle part, puisque venu de Libye, cette terre de cauchemar pour les migrants, ce pays hors du temps et de l’espace des hommes. Onze canots pneumatiques en mauvais caoutchouc. De gros boudins qui fuient de toutes parts, se dégonflent, s’aplatissent comme des jouets de plage crevés. Une toile molle en guise de sol renforcée par un parquet de planches vissées à la diable, pointes en l’air, histoire d’interdire le repos et de transpercer les chairs. Onze radeaux humains chargés chacun de plus de cent personnes, hommes, femmes et enfants, déjà tétanisés par le froid, la soif, la faim, le mal de mer et la panique. Tous les navires présents face à la côte libyenne ont cherché les migrants perdus, en se dépêchant de les trouver avant de ne rencontrer qu’un trou dans l’eau. Les bateaux de guerre de l’opération Sophia, chargé de traquer les passeurs et ne rencontrent que des naufragés, le « Dignity I », le navire de MSF et l’Aquarius de SOS MÉDITERRANÉE qui patrouillaient dans la zone. En quelques heures, mille cinq cents naufragés sont secourus, mis au sec, soignés et dirigés vers les centres d’accueil de Sicile. En huit rotations, l’Aquarius prend à son bord des femmes en état d’extrême fatigue, des mineurs dont un enfant de trois ans et six hommes présentant des fractures aux bras à coup de gourdins et des traces de torture sur tout le corps, souvenir de Libye. Depuis le début de cette campagne, l’Aquarius a récupéré 1403 migrants promis à la noyade. Un matin de mer calme, onze « zodiacs » sur l’eau d’un coup...chaque printemps produit le même effet qu’on s’acharne à qualifier de « surprise ». Un peu comme la bataille des chiffres de l’emploi, les organismes officiels s’attachent à noter ici ou là une baisse des arrivées, un jour sans, un fléchissement...rien n’y fait. La réalité est que l’Italie a déjà accueilli 31000 réfugiés depuis le début de l’année et 2000 d’entre eux sont partis de la lointaine Égypte, dix fois plus que l’an dernier à la même époque, pour un voyage plus long, donc plus dangereux encore. Combien se sont noyés ? Combien ont disparu sans pouvoir lancer d’appel radio, sans laisser de trace, sans un chiffre, sans un nom, sans un mot ? Combien de trous dans l’eau ? On dit déjà 800, on disait près de 4000 l’an dernier. On estime. On ne sait pas. Chez nous, un seul disparu mobilise tout un service de police ; en mer, c’est une petite virgule sur le cahier des petits comptables de la mort. Une chose est sûre, les prévisions « rassurantes » sont déjà fausses et la Méditerranée connaît un nouvel afflux de réfugiés. Quand la mer est calme, la vague des migrants grossit. JPM

Edito: « Lettre à un(e) ami(e) » par Jean Paul Mari

par Jean-Paul Mari
Je ne sais pas toi mais moi en ce moment j’ai du mal à écouter les informations. Encore un naufrage. Encore un bateau qui coule, un vieux chalutier, une embarcation de caoutchouc. Des dizaines, des centaines de personnes noyées, les survivants dans un état épouvantable, des hommes, des femmes, des enfants, même des bébés...quelle folie ! Ce qui me gêne, vois-tu, c’est pas seulement le drame, c’est la répétition, depuis des mois, des années, chaque printemps, chaque été et même l’hiver maintenant. Quel désespoir il faut pour partir en plein hiver... Et puis, j’ail lu et écouté les témoignages des rescapés, ce qu’ils racontent est terrible, ce qu’ils ont vécu chez eux, la guerre, la sécheresse, la peur, la maladie, en Asie, au Moyen-Orient ou en Afrique, et dans les pays qu’ils ont traversés. Tu as vu la Libye, un enfer. Je ne savais pas. Oui, j’ai du mal à supporter tout cela. J’en ai eu assez de répéter « Ah ! C’est terrible...mais que faire ? » D’autant que les réponses et les arguments donnés par l’Europe et nos politiques ne me semblent pas évidents. À la longue, pour tout te dire, je n’en pouvais plus. Et puis j’ai découvert une association qui a lancé un SOS en Méditerranée qui tient un discours simple. Oui, c’est terrible mais on peut faire quelque chose. Quoi ? Eh bien! Les empêcher de se noyer. Comment ? En mettant un bateau sur l’eau pour le secourir. Un gros bateau, près de cent mètres de long, avec des canots de sauvetage, des gilets de sauvetage, des médecins, une clinique, des marins compétents pour patrouiller face aux côtes africaines. C’est une sorte de SAMU de la mer. Qui sont ces gens ? Ce ne sont pas des fonctionnaires ou des militaires, pas des aventuriers utopistes. Même pas des membres de grandes ONG. Je me demandais « Alors qui ? ». Et là, j’ai découvert des gens comme toi et moi, des citoyens ordinaires, Français, Allemands, Italiens qui, oui comme moi et toi j’en suis sûr, ne supportent plus de rester là, inertes, impuissants, à jouer les petits comptables de la mort. Alors ils sont réunis, groupés, mobilisés, ont demandé de l’argent aux autres citoyens d’Europe...et ça a marché ! La preuve ? Moi aussi je verse mon obole, quelques dizaines d’euros pour un gilet de sauvetage, une heure de canot, quelques centaines si on en a les moyens pour tout un kit de sauvetage, du fuel pour le bateau, de la nourriture pour les réfugiés. Et cela m’a fait du bien. Oh ! je sais bien que ce n’est pas la solution-miracle - mais y-en-a-t-il une ? –mais au moins j’agis ! Pourtant, cela ne m’a pas suffi. L’envie m’a pris d’en parler à ceux que j’aime et j’estime. Tous ceux qui pensent comme moi et se taisent. Et qui écoutent, navrés et honteux, les discours hostiles, racistes, in-humains, les laissent envahir notre espace, comme si c’était l’opinion générale. Mais non, non, nous ne sommes pas comme cela, nous les Européens, les Français, toi, moi, n’est-ce pas ? Alors, voilà, j’ai eu envie de t'écrire, pour te dire qu’on peut parler de tout ça, qu’on peut agir. En un mot, j’aimerais que tu me rejoignes, que tu nous rejoignes, pour qu’on fasse encore une fois un bout de chemin ensemble. Ça te dit ? Affectueusement, JPM

En Syrie, tous unis contre l’ONU

par Luc Mathieu
Passivité, soumission au pouvoir de Bachar al-Assad… L’action des Nations unies sur le terrain est unanimement critiquée par les associations d’aide aux civils.

Sauvetage tragique

par Jean-Paul Mari
Crédit photo : Patrick Bar / SOS MEDITERRANEE Sauvetage tragique en Méditerranée   Dimanche 17 avril, au lendemain d’un sauvetage de 116 personnes, l’Aquarius de l’association SOS MEDITERRANEE et son partenaire médical Médecins du Monde a procédé à un nouveau...

Israël : « Citoyens français ou pas? », par René Backmann

par René Backmann
Le 24 mars, dans le centre de la ville palestinienne de Héron, au sud de la Cisjordanie occupée, un jeune soldat de l’armée israélienne, infirmier dans la brigade Kfir, a achevé de sang froid un palestinien, qui gisait sur le sol, gravement blessé, après avoir tenté de poignarder un autre militaire israélien. Grâce à un militant de l’ONG israélienne B’Tselem, qui a filmé la scène, on peut constater que la victime, immobile ne présentait aucun danger, comme le montre le comportement des autres soldats, tranquilles, à proximité. On apprend aussi par…la radio militaire israélienne que 11 minutes se sont écoulées entre le moment où le Palestinien a agressé le premier soldat et le moment où, atteint de plusieurs balles, et allongé au sol, il a été achevé. Trois officiers ont été mis en cause par la hiérarchie pour ne pas avoir porté secours à l’homme à terre alors que la situation était totalement sous contrôle. Le tireur – dont l’identité est connue mais n’a pas été officiellement divulguée par l’armée – a été accusé d’homicide, mis aux arrêts, puis assigné à résidence dans une base de l’armée. En quoi cette affaire nous concerne-t-elle ? Elle nous concerne parce que les faits se sont déroulés dans un territoire illégalement occupé et colonisé, au regard du droit international, ainsi que le rappellent une multitude de résolutions des Nations Unies souvent votées par la France. Elle nous regarde aussi parce que la France entretient, des relations amicales, comme ses dirigeants ne manquent jamais de le rappeler, avec la puissance occupante : l’État d’Israël. Elle nous regarde, aussi, et elle regarde François Hollande, parce que le soldat-exécuteur possède la double nationalité israélienne et française. Comme un autre soldat, Gilad Shalit, avec qui la France avait manifesté sa solidarité lorsqu’il avait été capturé par le Hamas, à la frontière de Gaza, en juin 2006 et gardé en otage jusqu’en octobre 2011. C’était un citoyen français qui avait été pris en otage. C’est un citoyen français qui vient de se comporter en criminel de guerre. La condamnation publique de ce crime par François Hollande se fait attendre. RB

Babar Baloch «Ce que ces enfants vivent va marquer leur mémoire»

par Maria Malagardis
Au camp grec d’Idomeni, proche de la frontière macédonienne, des milliers de migrants restent bloqués, en quête d’autres chemins vers le Nord, notamment via l’Albanie, qui leur fait peur.
Babar Baloch «Ce que ces enfants vivent va marquer leur mémoire»

FIGRA: LE PALMARES 2016

par Jean-Paul Mari
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L’Edito: « Le prochain sauvetage », par Jean Paul Mari.

par Jean-Paul Mari
Il est déjà minuit, la mer est calme et je ne parviens pas à trouver le sommeil. A terre, sur la côte libyenne, les migrants se préparent à tenter la grande traversée. Je les imagine d’abord parqués dans cette grande baraque dans les dunes, là où les passeurs les font attendre des jours, parfois des semaines. Cette nuit, ils sont plusieurs centaines, Nigérians, Ghanéens, Gambiens, Maliens, Ivoiriens, Camerounais. Hommes, femmes, enfants, bébés. On les fait sortir sous escorte. Des Libyens armés de kalachnikovs ont ordre de ne pas laisser s’approcher les groupes rivaux qui veulent leur voler les migrants. Pour les revendre, les faire travailler, les enrôler dans leurs milices. Sur la plage, une demi-lune éclaire faiblement l’eau noire. Et les réfugiés découvrent cette mer qu’ils n’ont jamais vue. A cent mètres du rivage, les « Zodiacs » les attendent, deux boudins de mauvais plastique, un vieux moteur, un plancher de fortune. Derrière eux, ils entendent les détonations des combats. L’escorte contre les milices. Les passeurs leur ordonnent d’entrer dans l’eau qui leur arrive jusqu’au nez. Les migrants ne savent pas nager. Tous pataugent, s’agrippent, se battent, certains se noient. En posant le pied à bord, un homme crie de douleur, le pied troué par les longues vis qui pointent au fond du Zodiac. On s’entasse. Il est déjà trois heures du matin. L’esquif a pris la mer, sans les passeurs - pas fous ! - qui ont laissé la barre à un des hommes. Deux heures plus tard, le Zodiac est déjà en détresse. On colle des rustines sur les boudins percés qui se dégonflent, le moteur cafouille, les planches du sol cèdent et déchirent le plastique. À bord, tous sont malades. Leurs vêtements trempés dès le départ, le vent, le froid qui les tétanise, les vagues qui les font vomir, l’obscurité sur l’eau qui les terrifie. Il est 6H11, l’heure où le jour pointe sur Tripoli. Le pilote a lancé un SOS et, quand il a un GPS, donné sa position. 6H15, message radio du centre maritime de Rome à tous les navires sur zone : « Embarcation pneumatique en détresse. Une centaine de personnes. Extrême vigilance. Coordonnées... » Sur l’Aquarius, les veilleurs balaient la mer de leurs jumelles et le capitaine pousse les machines en affinant son cap. Un cri. Les voilà. Ce petit point blanc là-bas qui s’enfonce sur la mer. L’eau clapote au fond du Zodiac. Ils sont déjà à deux doigts de sombrer. L’équipe de secours met son premier canot à la mer. Il est déjà sept heures du matin. Moi, je suis revenu à terre. Je ne verrai pas le prochain sauvetage. Mais l’Aquarius est en place. Je peux enfin m’endormir. JPM

FIGRA 2016: Dernière minute.

par grands-reporters
Jeudi 31 mars à 19h30 - Escale au FIGRA pour l’Aquarius et SOS MEDITERRANEE avec Jean-Paul Mari, Journaliste, réalisateur, auteur, animateur du site « Grands Reporters », Président du Jury Compétition Internationale + de 40 mn.

FIGRA: LE PALMARES 2016

par grands-reporters
FESTIVAL INTERNATIONAL DU GRAND REPORTAGE D’ACTUALITÉ ET DU DOCUMENTAIRE DE SOCIÉTÉ 23ème édition Un voyage difficile mais utile

«S’il le faut, je mourrai noyé sous la pluie à Idomeni»

par Maria Malagardis
La situation se dégrade pour les réfugiés coincés à la frontière avec la Macédoine, alors que la «route des Balkans» leur est fermée. Reste la générosité des habitants, qui trouvent des résonances dans leurs histoires familiales.

« SOS MEDITERRANEE » prolonge sa mission jusqu’à la fin 2016

par Jean-Paul Mari
L'association SOS Méditerranée qui a affrété un navire pour secourir des migrants en mer, va poursuivre sa mission jusqu'à la fin 2016. Le contrat d'affrètement a été signé pour trois mois et doit s'arrêter fin avril, mais « forte de cette première expérience et au vu du nombre de vies à sauver, l'association a décidé de poursuivre sa mission jusqu'à la fin de l'année », écrit-elle dans un communiqué.

L’Editio. « Lettre à ma mer », par Jean Paul Mari.

par Jean-Paul Mari
Ah ! Te revoilà, toi ! Mais où étais-tu donc passée? Depuis qu’on a pris le chemin du retour vers la Sicile, tu nous refais les yeux doux et le dos rond. Les 1817 tonnes de l’Aquarius glissent sur une mer lisse, une eau bleue miroir, sans un souffle de vent. Ce matin, après une nuit sans cauchemars, j’ai écarté les rideaux de ma cabine sur un ciel transparent et léger. Dehors se profilait le paradis. Levanzo, Marettimo et Favignana, les îles des Égades à l’ouest de la Sicile, ses plages dorées, son vin noir et ses rougets frits. Surpris, j’ai écouté. Pas un craquement, plus le moindre signe de cette colère qui tourmentait la grande carcasse d’acier de notre Aquarius. Il y a quelques heures à peine, face aux côtes libyennes, je ne t’ai pas reconnu sous ta lumière grise, les lèvres ourlées d’une bave d’écume et le creux de tes vagues grimaçant un vilain rictus mortuaire. J’étais abasourdi. Notre mer la Méditerranée ne m’avait pas élevé avec autant de dureté. Et ce vent, ce vent ! Sifflant comme Scylla quand elle saisit les naufragés et les noie sans pitié. Ce matin-là, ce n’était même pas des marins, mais des Africains à la dérive. Ne savaient même pas nager ! Leur moteur cafouillait, leur Zodiac dégonflé fuyait de toutes parts, radeau du désespoir qui convulsait sur l’eau comme un animal à l’agonie. Ils n’avaient aucune chance! Et toi, tu t’acharnais. L’Aquarius est arrivé juste à temps. On te les a arrachés. Et la nuit, sur le pont de notre bateau, je les ai écoutés. D’abord, Priscille, et son bébé de trois mois, prénommée « Bénédiction », partie du Cameroun son bébé à peine né, pour fuir un mariage forcé, pour lui donner une vie où elle aura le choix. Et Willy, cinq ans, rivé au bastingage face à l’inconnu me demandant « s’il y avait des poissons dans la mer qui mangent les hommes ? » Et l’autre, gaillard de vingt ans, fils de grand magistrat, père décédé et mère ruinée, dépossédée, escroquée par son oncle, qui a décidé de trouver l’argent pour réparer l’injustice. Et Siku, le Nigérian, qui a fui Boko Haram. Comme Cyril, le Camerounais, Chrétien, lui aussi menacé par les islamistes. Cyril, frappé par le syndrome libyen, racisme, séquestration, viols et « maisons de torture ». Cyril, qui parle comme un docteur en philosophie en racontant à voix basse les milices et les tueurs de Daech, les migrants forcés de prendre les armes pour jouer la chair à canon. Et ces pauvres bougres qu’on drogue pour les transformer en tortionnaires de leurs frères. Ainsi dans ces formes qui dorment autour de nous enroulées dans des couvertures, il y aurait côte à côte torturés et tortionnaires ? Et Cyril a fait oui de la tête. Dehors, la mer grondait, ricanait et je ne la reconnaissais plus. Pour ne pas la haïr, je me suis forcé à me rappeler les dauphins venus à notre encontre lors du sauvetage du Zodiac. Un, deux, trois, quatre puis cinq dauphins qui se sont placés juste devant la proue du bateau. Sont restés là longtemps. Jusqu’à ce qu’on le trouve. Pour nous montrer le chemin. JPM

L’Edito: « Quand volent les migrants », par Jean Paul Mari.

par Jean-Paul Mari
Qu’ils sont sages et disciplinés nos réfugiés ! Sur le pont de l’Aquarius, ils sont 118 à faire la queue, baluchon à la main, tête enfouie dans une couverture grise, à balancer au gré de la houle leur marche des sépulcres. Devant eux, l’île de Lampedusa, la mer, et le bastingage de bâbord à enjamber. L’Aquarius a navigué toute la nuit à vitesse réduite, histoire de ne pas déranger leur sommeil de revenants. Les vagues nous ont d’abord bercés, avant de nous réveiller, au petit matin. Le mauvais temps était de retour. Le vent nous interdisait l’entrée dans le port. Il fallait trouver un endroit à l’abri derrière l’île et transborder nos rescapés vers deux grosses vedettes des garde-côtes qui attendaient. Les migrants, pourtant habitués à tout, ont un peu écarquillé les yeux en voyant les membres de l’équipage italien en combinaison blanche, gants de plastique blanc et masques sur le visage. L’un d’eux, plongeur, était tout d’orange vêtu, une caméra go-pro fichée au sommet du crâne. Un doux mélange du principe de précaution et de règlement sanitaire. Le peuple des Martiens a tendu les bras au peuple des couvertures, quelques ordres en sicilien ont réglé la manoeuvre et le transbordement a commencé. Les deux navires, bord à bord, montaient et descendaient au gré des vagues de trois mètres, leurs coques risquant à tout moment de se percuter, masses d’acier chacune capable d’écraser d’un coup toute une colonie de vacances. On a commencé par les deux bébés que de rudes bras de marins ont cueillis avec la douceur d’une nourrice, puis leurs mères, un adolescent sans béquille, les jambes paralysées par la poliomyélite et enfin les hommes, parfois plus lourds que leurs sauveurs. Sur l’Aquarius, marins et capitaine briefaient chaque candidat au grand saut : - « Tourne-toi ! Regarde-nous ! Descends l’échelle un pied après l’autre. Et lâche tout quand on te le dit...maintenant ! » Un bateau montait, l’autre plongeait et un corps volait dans l’intervalle, assuré par quatre paires de bras, au-dessus de l’eau qui écumait de rater sa prise. Deux fois, nous avons dû changer de mouillage. Deux fois, le vent et les vagues nous ont rattrapés. La vedette et l’Aquarius sautaient comme des bouchons, mais les migrants volaient bien droit, atterrissant en douceur sur le pont de la vedette italienne, en terre d’Europe. Au bout de deux heures d’acrobatie, les réfugiés ont terminé au chaud et nous en sueur. L’Aquarius était vide. Les marins des deux bateaux se sont applaudis, soulagés, les migrants ont dit au revoir de la main, et on a vu s’éloigner le peuple des ressuscités, visages noirs d’ébène et sourires de nouveau-nés. Le capitaine Klaus, responsable de l’Aquarius, les a longtemps suivis d’un regard où se lisait à la fois soulagement et révolte : «Vaudrait mieux qu’ils voyagent en avion, non?» JPM

L’edito : « La flottille des désespérés », par Jean-Paul Mari.

par Jean-Paul Mari
Aujourd’hui, il s’est passé quelque chose d’effrayant. La confirmation de ce que redoutions. Hier, en regardant la mer qui se lissait sous nos yeux, l’absence de vent, le ciel bleu et sans nuages de la Méditerranée retrouvée, on a compris. Après une semaine de mauvais temps, les migrants allaient pouvoir se jeter à l’eau. Devant nous, sur la côte libyenne, les passeurs piaffaient, pressés de reprendre leur commerce des hommes. Leur traite. Là-bas, des Africains, candidats au départ, attendaient, entassés dans des bicoques près de la plage, la peur au ventre. Peur de la brutalité des passeurs, peur de ne pas partir, peur de continuer à endurer leur calvaire dans l’enfer libyen. Il a suffi d’une journée d’accalmie, une seule. Et c’est toute une flottille qui a pris la mer. Sur la passerelle, les messages du MRCC, le centre maritime de Rome, parvenaient à la cadence d’une agence de presse. 5H50 : « bateau en détresse- position inconnue – vigilance ». 6H10 : deux bateaux en détresse – position »...trop loin pour nous ! 8H00 : « un Zodiac secouru par Marine italienne ». Ouf ! Un répit. 8H38 : « Nouveau bateau en détresse. Lat : 32° 55’ N / Long : 012° 30 E». Un autre ? Oui, un autre. Dans la même zone. Ils sont partis de l’Ouest de Tripoli. Sans doute des plages de Zuwara, la route la plus courte vers la Sicile. Rome nous demande de filer plein ouest, pour aller à leur rencontre. 9H13 : « Deux autres bateaux en détresse... » On fonce à dix nœuds en poussant nos machines. La mer bruisse d’appels radio. Les navires militaires de l’Opération Sophia sont eux aussi à la manœuvre. Trop de Zodiacs sur l’eau, trop de naufrages possibles. Rome distribue, coordonne. Et on arrive à temps. Le voilà, sa masse grise de fragile jouet de plage perdu entre deux vagues. Premier repérage en canot. Ils sont nombreux, il y a des hommes, des femmes, des gosses, des bébés. On charge 120 gilets de sauvetage. Et peu après, ils arrivent. D’abord les deux nourrissons extraits du fond du Zodiac. Et deux enfants de 2 et six ans, Erwan et Willy, de Centrafrique. Leur mère monte à bord, fait des gestes pour dire qu’on leur a tiré dessus, s’effondre. Dora, une jolie Nigériane, s’écroule elle aussi en pleurs, sans pouvoir dire un mot. Souleimane remercie le ciel par une prière à même le plancher du pont. Et il faut porter un jeune de dix-huit ans, atteint de polio, et qui a perdu ses béquilles en Libye. Certains sont plus forts, sourient, remercient comme ce groupe venu de Yaoundé au Cameroun. Mais tous sont trempés jusqu’aux os, grelottent au soleil, demandent une couverture, une bouteille d’eau, un biscuit. On s’éloigne du Zodiac, dangereux, lesté d’un bidon d’essence qui fuit. Au fond du rafiot, toujours ces planches et ces longues vis, pointes en haut, assez longues pour déchirer pieds et jambes. Un marin de chez nous essaie de percer le boudin en mauvais plastique, déjà largement dégonflé. Le « Zodiac » ne serait pas allé bien loin. A bord, on compte : 119 réfugiés, 13 femmes, deux enfants, deux bébés. Et les appels radio qui continuent à courir sur l’eau. Une véritable flottille en détresse. Et toute une mer qui gémit. JPM

L’Edito:  » Un gros bébé sur l’eau », par Jean-Paul Mari.

par Jean-Paul Mari
D’abord, il y a eu le silence. On était seul sur l’eau. Et la mer nous paraissait bien vide. Nos veilleurs guettaient la crête des vagues, à la recherche d’un point gris émergent, un Zodiac, avant que le creux de la houle ne l’enfouisse en son sein. Parfois, dans les jumelles, la silhouette d’un cargo, filant vers Tripoli. Et à la nuit tombée, une lune qui inventait des ombres d’éphémères radeaux de rescapés. Et puis un matin, l’appel du MRCC, le centre maritime de Rome, pour nous signaler un Zodiac, cent personnes, en détresse. Trop loin de nous. Le temps sur l’eau est parfois synonyme de naufrage. On a poussé les machines, l’estomac noué. Soudain, on les a vus, surgis de nulle part. Deux grands navires de guerre, un espagnol à l’est, un anglais à l’ouest, qui filaient vingt nœuds, le double de notre vitesse. Et ils fonçaient vers le minuscule Zodiac gris pris en tenaille. « Sophia », le nom a couru sur la passerelle. « Sophia », bien sûr, du nom de l’opération militaire lancée en mai dernier par l’Union Européenne dans la partie sud de la Méditerranée centrale, joliment siglée EUNAVFOR MED. Seize États membres, cinq navires de combat, un porte-avions, des hélicoptères, des militaires, des torpilles, des canons face aux côtes libyennes. Objectif : identifier, capturer et neutraliser tout ce qui flotte et peut-être utilisé par des passeurs ou des trafiquants de migrants. Ils ont le droit d’arraisonner un bateau suspect, le sommer de s’arrêter, le fouiller et s’il y a soupçon, de le saisir. Une quinzaine de suspects ont déjà été remis à la justice italienne. La deuxième étape de l’opération, pénétrer à l’intérieur des 12 miles nautiques, une vingtaine de kilomètres, n’attend plus que le feu vert du Conseil de Sécurité et feu vert officiel de Tripoli. Face à une telle armada...notre Zodiac paraissait bien fragile. Rome a demandé par radio à l’Aquarius de rester à l’écart, mais présent, en assistance, avec notre clinique médicale opérationnelle à bord. Puis les militaires ont commencé leur opération de sauvetage. Ouf de soulagement sur la passerelle. Ah ! bien. Les militaires savaient aussi secourir. D’ailleurs, le très vilain nom de EUNAVFOR MED avait été rapidement remplacé par « Sophia », du prénom d’un bébé de réfugiés né à bord d’un navire de secours allemand en août dernier. Les jours suivants, ils étaient toujours là, visibles. Un Italien notamment qui nous accompagnait au gré de nos changements de cap. Le « Virginio Fasan » - navire amiral ! – portait le nom d’un commandant de la Deuxième Guerre mondiale qui avait préféré saborder son vaisseau plutôt que de le livrer aux Allemands. Il ne nous quittait pas de ses jumelles. Le temps s’est soudain mis au beau, autorisant le départ des embarcations de réfugiés. Et l’Aquarius a dû aussitôt reprendre sa ronde et la veille. N’empêche. L’Amiral nous fait parvenir un dernier télex pour « exprimer sa gratitude pour votre inestimable soutien apporté aux autorités italiennes dans cette difficile situation ». Finalement, Sophia ne manque pas d’élégance. JPM
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