L’Edito: « Réarmer l’Erythrée ? » par Léonard Vincent
par Léonard Vincent
On va donc bientôt discuter, au Conseil de sécurité de l'ONU, d'une possible levée des sanctions militaro-financières frappant l'Erythrée. Et cette fois, ça bouge. Les rapports du Groupe de contrôle chargé de surveiller leur application sont de plus en plus hésitants, vu l'immense omerta qui prévaut dans la Corne de l'Afrique.
Les diplomaties occidentales, frissonnant de trouille devant tous ces visages noirs qui se massent à ses portes, se montrent soudain ouvertes à un assouplissement de leur comportement envers l'enfer d'où il se sont évadés, notamment Asmara. La dictature elle-même s'est bien organisée, faisant croire qu'elle était un régime comme un autre, criminel peut-être, mais bien en place. Le monde moderne, quoi.
Considérant cette comédie, les membres du Conseil de sécurité ont des préoccupations bien éloignées des lamentations des prisonniers érythréens. Mais la France disposant d'un siège permanent et d'un veto, elle pourrait faire entendre une voix raisonnable.
Laquelle ? Celle d'un point de vue bien informé. Voici ce qu'il pourrait être : premièrement, que le règlement définitif de la question des territoires occupés par l’Éthiopie doit être un préalable à tout mouvement un peu constructif dans le coin ;
puis que l'examen d'une levée des sanctions ne saurait être entamé qu'en contrepartie d'une chose, et d'une chose seulement : que l'armée érythréenne cesse d'être utilisée comme un outil de réduction à l'esclavage de la population et, donc, que tous les enfermés des camps de l'infamie soient rendus à leur famille, soignés et respectés ;
que le régime érythréen n'ayant jamais cessé de se comporter comme un voyou dans la région, en fomentant la violence en Éthiopie et à Djibouti,
mais aussi en servant de piste d'envol à l'aviation émiratie qui meurtrit le Yémen, le retour du ministère de la Défense érythréen sur la liste des acheteurs de matériel de combat n'est à l'évidence pas une avancée sur la voie de la paix.
Or cela voudrait dire que le président Issayas Afeworki et son clan mafieux acceptent de se saborder ?
J'affirme que ce cruel dilemme est bon, car cela pourrait être l'occasion, enfin, de leur proposer une sortie à la hauteur de l'épuisement de leur peuple.
L.V
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Lire la pétition de a communauté Érythréenne