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5 morts au large de la Libye. Les garde-côtes libyens mis en accusation

publié le 17/11/2017 | par Jean-Paul Mari

Le « comportement violent et imprudent des gardes-côtes libyens a causé au moins cinq morts en Méditerranée centrale » lundi (6 novembre) au matin, dénonce l’ONG allemande Sea-Watch.


À environ 7 heures, l’équipage à bord de Sea-Watch 3 (qui venait d’arriver dans la zone) a reçu un appel du Centre italien de coordination des opérations de sauvetage maritime (MRCC) de Rome. Un canot pneumatique venait de lancer un appel de détresse. L’incident s’est produit à 30 miles nautiques, au large des côtes, au nord de Tripoli, « dans les eaux internationales, loin des eaux territoriales libyennes » raconte l’ONG.

L’équipage de Sea-Watch 3 est « arrivé sur place à peu près en même temps qu’un patrouilleur de la Garde côtière libyenne et a commencé à embarquer des personnes en détresse ».

Une manoeuvre mortifère des garde-côtes libyens

La Garde côtière libyenne a « commencé à approcher le bateau et pris en charge des personnes à bord du bateau, les frappant et les menaçant. La panique à bord a commencé et de nombreux réfugiés sont tombés par-dessus bord ». Le bateau libyen a ensuite quitté les lieux, à grande vitesse.

« Une vitesse inappropriée alors que les gens étaient toujours accrochés sur le côté, étant traînés par leur navire ». Au moins cinq personnes ont été tuées dans le naufrage du bateau, dont un enfant que l’équipe médicale à bord de Sea-Watch 3 n’a pas pu réanimer.

L’intervention d’un hélico de la marine italienne, un navire français non loin

Un hélicoptère de la marine italienne est alors intervenu, « arrêtant brièvement le navire libyen », permettant le sauvetage des autres personnes. Un autre navire « de la marine française » selon l’ONG était « présent » dans la zone.

Mais les Libyens n’ont « pas cherché à se coordonner » avec lui. Au contraire, ils « ont tenté de ramener le plus de personnes possible en Libye, acceptant de perdre plusieurs vies » dénonce le chef de mission Johannes Bayer. 58 personnes ont cependant pu être récupérés par les militants de l’ONG. « Ils sont en sécurité à bord du Sea-Watch 3 ».


Une violation manifeste des règles de sauvetage en mer

Pour l’ONG, les gardes-côtes libyens ont « violé de façon manifeste le droit international en embarquant un nombre inconnu de personnes à bord de leur navire, probablement dans le but de les ramener en Libye ». « Nous étions en haute mer, en dehors des eaux territoriales libyennes, à environ 30 miles nautiques au nord de Tripoli.

Là-bas, les Libyens n’ont aucun droit souverain », s’alarme Pia Klemp, capitaine du Sea-Watch 3. Sans leur action, tout le monde aurait pu être sauvé. « Personne n’aurait été obligé de mourir aujourd’hui si seulement nous avions la possibilité d’opérer raisonnablement dans un environnement calme » confirme Johannes Bayer.

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(Photo Les sauveteurs du Sea-Watch 3 en action, en arrière plan le navire des garde-côtes libyens (crédit : sea-watch)

Un appel à la responsabilité européenne

Ces morts n’ont qu’une cause, poursuit le responsable de Sea-Watch : « les gardes-côtes libyens qui ont entravé un sauvetage en toute sécurité par leur comportement brutal ». Mais la responsabilité « est aussi du côté de l’Union européenne qui forme et finance ces milices », souligne l’ONG. « Les gouvernements européens « doivent tirer des conclusions de cet incident et arrêter la collaboration avec les garde-côtes libyens ».

(Nicolas Gros-Verheyde)
NB : l’ONG allemande Sea-Watch a mis en cause régulièrement l’action des garde-côtes libyens


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