Accord Israël-Gaza : la Cisjordanie sacrifiée ?
Malgré l’accord, une « catastrophe » pour les extrémistes israéliens, les durs à Jérusalem ont-ils obtenu la promesse de l’annexion de la Cisjordanie ?

L’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas, sous l’égide du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis, devrait enfin mettre un terme à la guerre lancée par Israël au lendemain de l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023. Une partie de la classe politique israélienne, notamment l’extrême droite et les colons, s’oppose à cet accord, qu’elle considère comme une reddition face au Hamas.
Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir plaident pour la poursuite de la guerre
Les figures les plus virulentes de cette opposition, Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, qualifient l’accord de « catastrophe » et plaident pour la poursuite de la guerre, assumant le risque de perdre les otages encore détenus dans la bande de Gaza. Ces responsables ont également échoué dans leur volonté de recoloniser la bande de Gaza. Ariel Sharon, alors Premier ministre, avait ordonné l’évacuation des colonies en 2005, estimant que leur coût était trop élevé. Une recolonisation, après la guerre, n’est pas à l’ordre du jour.
Carte blanche aux colons
Cependant, leur objectif prioritaire reste le devenir de la Cisjordanie. Dès leur entrée au gouvernement, ils ont donné carte blanche aux colons, qui harcèlent les Palestiniens en détruisant les oliviers et en menant des incursions dans les villages, sous l’œil complaisant de l’armée qui les laisse faire. Leur stratégie est simple : rendre la vie impossible aux Palestiniens pour les contraindre à quitter le territoire. La question est de savoir si, dans l’accord conclu sur la bande de Gaza, ils ont obtenu des garanties pour poursuivre ces actions en vue d’annexer ce territoire occupé depuis 1967.
Autour de Trump, des partisans de la colonisation
Le ministre de la Défense, Israël Katz, a annoncé le 17 janvier la libération immédiate de tous les colons détenus administrativement pour avoir attaqué des Palestiniens. Cette mesure vise à envoyer un message clair de soutien à la croissance des colonies en Cisjordanie. Une initiative qui inquiète les Palestiniens, confrontés à des colons de plus en plus sûrs d’eux, déterminés à obtenir l’annexion de ce territoire. Tout dépend désormais de la position de Donald Trump, qui voulait un accord avant son investiture et l’a obtenu. Quelle sera l’étape suivante ? Les conseillers de Trump en charge du Moyen-Orient comptent parmi les défenseurs les plus fervents de la colonisation.
Les accords d’Abraham au point mort
Parallèlement, Donald Trump a exprimé son souhait de relancer les accords d’Abraham (signés en 2020 avec quatre pays arabes : les Émirats arabes unis, le Maroc, le Soudan et Bahreïn) pour normaliser les relations entre Israël et les pays arabes. Washington cible désormais l’Arabie saoudite, qui était sur le point de signer un accord avant les attaques du 7 octobre. Mais aujourd’hui, Riyad doit tenir compte d’une opinion publique fermement opposée à Israël en raison des violences dans la bande de Gaza.
L’Arabie saoudite, incontournable
Quelles pressions Donald Trump exercera-t-il sur le prince héritier Mohammed ben Salmane ? Ce dernier prendra-t-il le risque de signer un accord malgré une opinion publique hostile, au risque de se fragiliser sur la scène intérieure ? Tous les regards se tournent vers Riyad.
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