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Allemagne  : la chute de la maison Scholz

publié le 15/11/2024 par Malik Henni

Un petit tour et puis s’en va. Le chancelier allemand, trahi par son ministre de Finances,  a vu sa coalition éclater. Pour le plus grand profit des conservateurs…

Depuis la fin de la crise du Covid, l’Allemagne fait face aux mêmes problèmes que l’ensemble des États européens : une inflation record qui rogne le pouvoir d’achat des ménages, l’augmentation des coûts de l’énergie qui plombe la compétitivité de l’industrie, et des tensions sociales… À la barre, le gouvernement d’Olaf Scholz rassemblait le Parti social-démocrate (SPD), les écologistes (Die Grünen) et le Parti libéral-démocrate (FDP) de Lindner. Ce dernier, perçu par le public comme arrogant et un brin précieux, avait déjà refusé de participer au dernier gouvernement Merkel en 2017. Depuis décembre 2021, Scholz tient bon. Mais ce mariage de la carpe et du lapin ne résiste plus, fragilisé par des difficultés budgétaires et une politique étrangère interventionniste.

Un duo voué à l’échec

La rigueur budgétaire prônée par le FDP s’avérait incompatible avec la politique de soutien à l’Ukraine et les augmentations de dépenses sociales voulues par les partis de gauche. Pour soutenir l’industrie automobile et réduire le coût de l’énergie, Scholz avait demandé à son ministre des Finances de passer outre la « règle d’or » qui limite le niveau d’endettement fédéral. Cette règle, inscrite dans la constitution allemande, peut cependant être temporairement suspendue en cas de circonstances exceptionnelles. Lindner a refusé, provoquant ainsi une crise politique majeure. Scholz veut des dépenses, Lindner impose l’austérité. Un duo voué à l’échec.

Élections anticipées le 23 février 2025

Alors que la croissance allemande est si faible qu’une récession est devenue probable, la colère sociale, alimentée par une hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, atteint un niveau record. Toute l’année a été marquée par des grèves et des manifestations, dans un pays pourtant réputé pour son dialogue social apaisé. Le taux d’approbation du gouvernement n’est plus que de 19 %. Lindner, en gardien de l’austérité, a été limogé par Scholz, qui l’a ensuite violemment critiqué dans un discours marquant l’acte de décès de son cabinet : « Trop souvent, le ministre Lindner a bloqué des lois sans raison valable. Trop souvent, il s’est livré à des tactiques partisanes mesquines. Trop souvent, il a trahi ma confiance. »

Les conservateurs se préparent à revenir au pouvoir

Le gouvernement Scholz restera une parenthèse dans l’histoire de la République fédérale, entre deux chanceliers conservateurs. Car il ne fait guère de doute que le principal parti d’opposition, la CDU, remportera les prochaines élections et placera son chef, le libéral-conservateur Friedrich Merz, à la chancellerie. Le SPD n’a cependant aucun intérêt à insulter l’avenir : une nouvelle « grande coalition » avec la CDU sera sans doute la seule solution pour constituer une majorité au Bundestag. Le retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis, alors que le gouvernement allemand restera probablement en transition jusqu’en avril, pourrait poser de sérieux défis à une Europe qui n’est pas préparée au protectionnisme du républicain.


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