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Arin, la kamikaze qui n’a pas voulu mourir

publié le 12/09/2006 | par Jean-Paul Mari

Elle avait 20 ans et 10 kilos d’explosifs autour du corps. On lui avait dit que c’était un beau jour pour mourir et rejoindre son amoureux tué en combattant Israël. Au dernier moment, elle a décidé que ce n’était pas un jour pour assassiner


C’est un beau jour pour mourir. Le ciel est bleu, le printemps déjà chaud, et des nuées d’oiseaux chantent dans les arbres du parc. Sur son corps, Arin Ahmed sent le poids des explosifs serrés dans des sachets en plastique. Sous une pergola, de vieux Juifs russes retraités jouent aux échecs ou aux cartes. Dans la rue Rothschild, près de la banque Discount, la jeune femme regarde passer des gens ordinaires, des adolescents, des mères avec leurs enfants. Elle ne sait rien du célèbre baron qui a installé ses caves près d’ici au siècle dernier et laissé son nom à la rue qu’elle arpente. Elle ne connaît pas ces trottoirs de Rishon-Le Zion, banlieue tranquille et assez laide de Tel-Aviv. Elle ne sait même pas dans quelle ville elle se trouve. Ceux qui l’ont déposée là ont simplement dit que c’était un «bon endroit».
Arin cherche du regard Issam, l’autre kamikaze, jeune homme de 16ans aux cheveux teints en blond et tout habillé de noir. On lui a répété qu’il lui suffit d’attendre qu’Issam se fasse sauter, de patienter jusqu’à l’arrivée de la police, des ambulances, des volontaires, des parents affolés et des curieux. D’attendre qu’il y ait assez de monde. Ensuite, il n’y a plus qu’à tirer fermement sur la cordelette reliée au détonateur et à la dizaine de kilos d’explosifs, là, sous sa chemise, à même la peau. C’est sans doute un beau jour pour mourir. Et pour rejoindre Jad, son amoureux mort en combattant Israël. Après, ils seront enfin réunis, là-haut, au paradis des martyrs. Plus personne, jamais, ne pourra les séparer. Sa main crispée sur la cordelette, Arin regarde la foule, les vieux retraités, les femmes et leurs poussettes. Elle pense à cette Israélienne de son âge qui lui écrit parfois. Ce mercredi 22mai, le ciel est d’un bleu lumineux et elle a 20ans. Non, ce n’est pas un jour pour assassiner. En un instant, Arin décide d’abandonner sa mission.
A Bethléem, Najah, sa tante, est folle d’inquiétude. Arin, partie le matin à l’université, devait passer ensuite chez l’esthéticienne, réviser ses cours avec des amis et revenir à la maison avant 16heures. Il est déjà 18heures. Deux heures de retard, cela ne lui ressemble pas. D’habitude, Arin ne cache rien à Najah, jeune professeur de mathématiques de 35ans, femme sage, voilée, aimante. Elle est restée célibataire, comme pour mieux s’occuper d’Arin, orpheline d’un père mort très tôt et d’une mère lointaine restée en Jordanie. Najah est le modèle d’Arin, à la fois sa tante, sa sœur, sa mère et parfois un père, sévère quand il le faut. Arin voudrait voyager comme elle, en Egypte et en Jordanie, elle lui emprunte ses livres et lui confie ses secrets.
Arin a des rêves de jeune fille sage. D’abord, finir ses études de commerce commencées à l’Ecole secondaire évangélique luthérienne, un institut privé, cher et réputé. Puis travailler, passer son permis, gagner de l’argent et vivre sa vie. Elle est laïque, ne porte pas de voile, et vend des produits de maquillage pour se faire de l’argent de poche. Elle parle l’arabe, l’hébreu, l’allemand, discute en anglais avec son oncle Omar, ingénieur en mécanique formé à Long Beach, en Californie, et adore lui emprunter son ordinateur pour surfer sur le Net, envoyer des mails à des correspondants étrangers et israéliens. Entre Najah, ses deux autres tantes, sa grand-mère un peu autoritaire et son oncle Omar très complice, sa vie est cadrée.
L’Intifada va tout bouleverser. Un jour, Najah voit arriver Jad Attallah, jeune homme de 26ans, venu lui demander la main d’Arin, qu’il fréquente depuis un an et demi. Jad habite le sinistre camp de réfugiés de Dheisheh. Il est grand, cravaté et sérieux, trop sérieux derrière ses lunettes à monture d’acier. A 13ans, lors de la première Intifada, il a jeté des pierres aux soldats israéliens et a été atteint derrière la tête par une balle de métal enrobée de plastique. Il en a gardé des troubles visuels, de fortes migraines, et une haine éternelle contre l’occupant. Comme son jeune frère, Zeïd, assiégé dans l’église de la Nativité à Bethléem, capturé et expulsé vers Gaza. Officiellement, Jad est couturier à domicile; en réalité, il ne vit que pour les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa. C’est un soldat, un combattant, dur, plus proche de l’action que de la politique. Najah le sait et elle dit non au mariage. D’ailleurs, le père de Jad lui-même a renoncé à l’accompagner dans sa démarche: un jour, son fils sera arrêté ou tué. Qu’a-t-il à offrir à Arin sinon un avenir de femme de détenu ou de veuve de martyr?
Depuis, les deux amoureux s’aiment en cachette. Chastement, bien sûr. On ne badine pas avec l’amour dans les camps de Palestine. Quand Arin a demandé à Jad de renoncer à ses activités, il a répondu: «C’est trop tard.» Quelques semaines plus tard, Jad est mort dans sa voiture. En transportant des explosifs, a dit le Shin Beth; pulvérisé par une roquette tirée d’un hélicoptère, affirme le camp de Dheisheh. C’était le 8 mars. Najah n’a pas osé le dire à Arin; elle lui a simplement demandé d’écouter les informations de minuit. Arin a hurlé, folle de désespoir et de colère; elle disait que c’était un mensonge, elle voulait sortir dans la rue en pleine nuit, courir de Bethléem à Dheisheh malgré le couvre-feu. Au petit matin, Najah l’a emmenée à l’hôpital Hussein de Beït-Jala. L’employé de la morgue ne voulait pas accueillir de femmes, mais Najah a insisté et il leur a ouvert le tiroir frigorifié où le corps de Jad, brûlé, était recouvert de plastique. «Dehors, on a prié ensemble, en silence, pendant deux heures», dit Najah.
Les funérailles ont eu lieu le jour même, au «cimetière des martyrs», à l’entrée de Dheisheh, sur un bout de terrain offert par un habitant du camp qui a sacrifié sa future maison. L’endroit est en chantier permanent, planté de 25tombes fraîches, couvertes de fleurs, et d’une quinzaine de trous supplémentaires, déjà bétonnés, pour les victimes à venir. Sur la plaque, devant la tombe de Jad, une citation du Coran: «Ne croyez pas que les hommes qui sont tombés en combattant sont morts, ils sont toujours vivants dans notre grand paradis.» Ce jour-là, on enterre trois autres activistes et la foule est énorme. Ici, on croit que le sang des martyrs est parfumé. Arin agrippe le linceul vert et rouge et le tend à Najah: «Regarde, sens, tu vois, il est toujours avec nous.» C’est l’heure du couvre-feu. Les soldats israéliens tirent en l’air pour disperser la foule. Najah et Arin mettent deux heures pour éviter les checkpoints et parcourir le labyrinthe des quelques kilomètres du retour.
Le soir, Arin tient à dormir seule «pour pleurer, rêver et se rappeler». C’est une enfant, avec un sourire d’enfant qui peut cacher une grande tristesse, et Najah s’inquiète de la voir de plus en plus silencieuse. Le nouveau couvre-feu imposé dure trente-neuf jours d’affilée. Toute la famille reste enfermée, accrochée au téléphone et aux informations de la télévision locale. Dehors, les chenilles des chars résonnent dans les ruelles vides. Arin pleure en voyant que personne ne peut afficher, comme à l’habitude, le portrait de «Jad le combattant martyr» sur les murs du quartier. Elle tue le temps, avec un livre de recettes, à confectionner des desserts.
Deux semaines plus tard, sa meilleure amie l’appelle: son oncle, un chrétien de 45ans, est descendu ouvrir son garage, les soldats d’un char israélien ont ouvert le feu et il a été tué net par un obus. Arin, bouleversée, cloîtrée, est contrainte de faire ses condoléances par téléphone. Najah voit Arin s’enfoncer dans son désespoir. Elle lui propose de partir en Jordanie, de changer de vie: Arin accepte. Et puis survient cette violente dispute familiale, la grand-mère excédée qui tonne, exige la vérité sur Jad. Et Arin qui refuse de parler: «N’entrez pas dans ma vie!» , se cabre et menace: «Je vais brûler vos cœurs!»
Au premier jour de fac, Arin va trouver Ali al-Mograbi, un activiste du Tanzim. On discute politique entre étudiants, on parle de Jad. Brusquement, elle lâche: «Je veux mourir en martyre!» On ne dit pas une chose pareille à un homme comme Ali. Il fait partie d’une cellule terroriste quasi familiale depuis qu’un de ses frères a été l’objet d’un assassinat ciblé par les services israéliens. Quand un émissaire de l’Autorité palestinienne est allé voir leur père pour lui demander de faire cesser leurs activités, le vieil homme a répondu: «Que puis-je dire à des hommes qui ont décidé de venger la mort de leur frère?» Arin a crié qu’elle voulait mourir, comme une preuve d’amour donnée à Jad. La jeune femme croit, selon l’usage, qu’on ne l’appellera pas au suicide avant trois ou quatre mois, le temps de se préparer. Elle se sent libérée. Elle ne sait pas qu’elle vient de détruire sa vie.
Quatre jours plus tard, le mercredi suivant, Ali attend Arin à l’entrée de la fac: «C’est pour aujourd’hui. Félicitations.» Abasourdie, elle le suit. Dans un appartement secret, elle fait ses dernières ablutions, enfile des habits religieux et enregistre la traditionnelle cassette vidéo des futurs martyrs. Elle reçoit sa ceinture d’explosifs et découvre Issam, 16ans, le second kamikaze. Les activistes sont pressés de mettre à bas la politique de Sharon et de prouver que l’occupation des territoires ne met pas fin au terrorisme. A l’évidence, Arin a été ajoutée à la mission en dernière minute, dans le but d’en augmenter l’impact. Leur guide vers Israël s’appelle Ibrahim Sarahna, un négociant en antiquités de Dheisheh. Marié à une Israélienne d’origine russe, il peut circuler hors des territoires et a été payé pour ce travail. Ibrahim leur montre le véhicule qui va les conduire sur les lieux de l’attentat: une voiture volée, sans freins, accidentée à l’avant… une épave qui risque de les faire arrêter à tout moment. Arin est choquée: sa vie ne vaut pas grand-chose! Arrivés à Rishon-Le Zion, Ibrahim choisit un endroit pour Issam et dépose Arin un peu plus loin. Il lui remet un talkie-walkie et un numéro codé en cas d’urgence. Et il disparaît.
Maintenant, Arin tourne en rond sur le trottoir d’une ville qu’elle ne connaît pas. Soudain, le voile se déchire: les explosifs, la cassette vidéo, son suicide, la mort des innocents et le sang à venir… ce n’était pas elle, Arin! Entre une phrase sans retour – «Je veux mourir» – et ce trottoir, elle n’a pas eu le temps de souffler, de penser, prise dans un tourbillon qui lui donne le vertige. Sur son talkie-walkie, elle compose le numéro codé. A l’autre bout du fil, la voix d’Ibrahim, d’abord surpris, essaie de la convaincre de poursuivre la mission… «Tu ne peux pas revenir en arrière. Pour Jad, pour venger sa mort, pour le retrouver bientôt au grand paradis d’Allah où il t’attend. Tu seras une femme qui a réussi à devenir une bombe humaine. Tu deviendras une héroïne pour ton quartier, ta ville, ton peuple. Pense à Jad, pense à lui, il t’attend! Continue!» Peine perdue. Arin dit non. Elle retrouve Issam, 200 mètres plus loin, lui annonce sa décision. Du coup, il flanche lui aussi, rappelle Ibrahim et lui demande de les ramener à Bethléem. Ibrahim n’ose pas prendre la décision et leur donne le code d’un des chefs de la cellule. Nouvel appel, nouvelle séance de persuasion, nouveau refus. Finalement, Ibrahim et sa femme reviennent les prendre avec sa voiture. La mission est fichue, il est furieux.
«Comment faites-vous pour convaincre un homme normal de se faire sauter?», a demandé un jour un avocat à son client responsable des opérations suicides. L’autre a pointé son doigt sur sa poitrine: «A l’intérieur de vous, il y a une personne différente qui est prête à faire « ça ». Mon travail est d’extraire cette personne de vous.» Issam, jeune homme de 16ans, a été longuement préparé à mourir. Au moment où la voiture va repartir, il demande à Ibrahim de le déposer. Arin ne l’a pas vu errer près de la pergola et des joueurs d’échecs jusqu’à 21heures en attendant le meilleur moment. Au moment de l’adieu, elle lui a simplement dit: «Pardonne-moi. J’ai trop peur. Transmets mes meilleurs sentiments à ceux que tu vas rencontrer là-haut»… Elle pensait encore à Jad.
Après l’énorme explosion, on a compté trois morts et vingt-sept blessés dont quatre dans un état grave. Une des victimes est un garçon de 16ans, l’âge d’Issam. Ceux qui connaissent les attentats kamikazes savent que la ceinture d’explosifs bourrée de clous déchiquette le corps du terroriste, mais projette souvent comme un bouchon la tête intacte à plusieurs mètres de là. On a identifié Issam grâce à ses vêtements noirs et à ses cheveux teints en blond.
A Bethléem, Najah a poussé un grand soupir en voyant revenir Arin. Elle était blême. Najah l’a assaillie de questions, mais Arin a dit qu’elle était épuisée et ne pouvait pas parler. Le lendemain, Najah s’est occupée de la santé de sa mère et Arin est partie à l’université. Au sein de l’organisation d’Ali al-Mograbi, la discussion a été violente. Certains voulaient exécuter Arin pour qu’elle ne puisse pas parler. Mais un des grands frères Mograbi a refusé catégoriquement: «Nous ne sommes pas des criminels!» Ils seront tous arrêtés. Ibrahim Sarahna et sa femme russo-israélienne ont été suivis et repérés dans un hôtel israélien où ils essayaient de se faire oublier. Leur arrestation a donné lieu à un incroyable imbroglio dans lequel le Shin Beth lui-même s’est empêtré. D’abord, on a cru arrêter Ibrahim Sarahna, né à Dheisheh, collaborateur d’Israël et marié à Marina Pinsky, une juive russe. Avant de s’apercevoir que le couple était séparé et l’homme innocent, puisque déjà en prison pour un vol de voiture. Puis de réaliser qu’on venait d’arrêter Ibrahim Sarahna, son homonyme, né lui aussi au même endroit, marié à une Russe orthodoxe nommée Irena Polychuk, une ancienne prostituée qui aurait… usurpé l’identité de Marina Pinsky pour immigrer en Israël! Le «faux» Ibrahim a été disculpé; le «vrai» Ibrahim n’a pas résisté longtemps aux questions du Shin Beth.
Pour Arin, ce fut beaucoup plus simple. C’était encore un mercredi noir. A 5heures du matin, Najah, sa tante, a entendu une trentaine de militaires encercler la maison. «Voilà. Ils viennent…», a dit Arin. «Qui? Pourquoi?», a demandé Najah, stupéfaite. «Ils viennent pour me prendre. Moi.» Très longtemps Najah a cru à une erreur, à une confusion, à un mauvais numéro d’identité. Les militaires ont pris Arin, encore en pyjama, lui ont bandé les yeux et attaché les mains dans le dos avant de la pousser dans un véhicule blindé. Ils ont aussi emmené son cousin Nahel, rapidement relâché. Dans le véhicule qui l’emmenait, Arin lui a demandé: «Est-ce qu’ils vont nous tuer? Ou nous torturer?» Une fois arrivée au Russian Compound, la prison de Jérusalem, ses interrogateurs n’ont eu aucun mal à lui faire raconter son histoire.
Un mois plus tard, un homme en complet sombre et cravate pousse la porte blindée du Russian Compound. Il est né en Irak, ses compagnons l’ont toujours appelé «Fouad», mais il est plus connu sous le nom de Benyamin Ben Eliezer, actuel ministre israélien de la Défense. Il est accompagné de responsables du Shin Beth et il a décidé d’essayer de comprendre la mécanique humaine des kamikazes. Dans une salle aménagée, les gardiens lui ont amené d’abord un jeune homme raide, arrêté juste avant de passer à l’action. Il a été enrôlé six mois plus tôt par le Djihad islamique. Un peu ennuyé, le ministre l’a écouté parler de la gloire de mourir comme un martyr en tuant des Juifs et en libérant la Palestine, de cet ordre impératif venu d’Allah et de la récompense qui attendait les Purs au paradis.
Puis on a fait venir Arin. «Pourquoi avez-vous voulu vous suicider? lui a demandé le ministre. –Vous avez tué mon ami. – Vous viviez ensemble? – Oh non, bien sûr! On ne fait pas une chose pareille dans notre société. – Et vous vouliez tuer des juifs pour venger sa mort? – Je ne sais pas ce que je voulais. J’étais très blessée et en colère.» Peu à peu, comme les agents du Shin Beth qui l’ont interrogée, le vieux ministre combattant d’Israël a été conquis par l’intelligence d’Arin, sa fraîcheur et son sourire ravageur. Il a demandé: «Si vous étiez relâchée, que feriez-vous? – J’irais vivre en Jordanie avec ma mère. Je continuerais mes études et ma vie.» Le ministre a dit au revoir et s’est levé pour se diriger vers la sortie. Mais Arin l’a arrêté. Elle savait que le tribunal militaire qui l’attendait – au contraire d’une cour civile – ne retiendrait que le fait qu’elle avait eu l’intention de commettre un attentat suicide. Et que la sanction peut se chiffrer en dizaines d’années de réclusion. Au bord des larmes, elle a supplié: «Qu’est-ce que je vais devenir? Je ne veux pas que toute ma vie soit ruinée. Je n’ai rien fait. J’ai renoncé. Je ne l’ai pas fait! Ne l’oubliez pas. S’il vous plaît… Laissez-moi sortir d’ici.» Le ministre l’a regardée en silence. Puis il a regardé les hommes du Shin Beth présents dans la pièce. Les témoins disent que rien, sur son visage, ne trahissait ce qu’il pensait à ce moment précis. On l’a simplement entendu dire à Arin: «Kul wahad wanasibuhu». En arabe, cela veut dire «à chacun son destin».

JEAN-PAUL MARI


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