Jean-Paul Mari présente :
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Art. « Les deux visages de l’Afrique », par Anonyme du XXe Siècle.

« Le masque des arts premiers n’est pas là pour cacher, dissimuler ou protéger, il est le vecteur nécessaire pour accéder à l’indicible invisible, révélation créatrice d’une nouvelle esthétique occidentale »

 

 

Picasso a peint « Les demoiselles d’Avignon » en 1906 à partir des souvenirs du bordel qu’il fréquentait dans la « carrer d’Avinyon » du vieux Barcelone.Ce tableau en rupture totale avec les archétypes esthétiques du moment sera l’acte fondateur du cubisme.

Les visages déformés des femmes ressemblent étrangement aux masques africains rapportés par les colons français en ce début de 20e siècle. Picasso les connaissait, lui et ses amis les collectionnaient.Ce n’est donc pas un hasard si ces visages en sont très inspirés et particulièrement celui d’un masque mbangu de l’ethnie Pende répartie entre le Congo et l’Angola.

Ce masque à la figure grimaçante était utilisé pour des cérémonies de guérison de maladies diverses dont l’épilepsie.Or, les femmes représentées par Picasso étaient des prostituées en mauvaise santé , porteuses de maladies vénériennes.
La juxtaposition de la moitié de l’autoportrait de l’artiste à une autre moitié de masque Pende révèle deux conceptions de l’art différentes.L’Occident, depuis la Renaissance et surtout depuis le 19e siècle, privilégie l’auteur, l’artiste avant l’œuvre.

En Afrique les auteurs des arts premiers ne signent pas leurs œuvres même si les bons artistes étaient connus, réclamés, courtisés par les notables locaux.Il en était d’ailleurs de même pour les sculpteurs des statues romanes des cathédrales.
La confrontation de ces masques traditionnels aux portraits d’artistes, d’intellectuels européens, américains ou africains ambitionne modestement de révéler une partie cachée de leur œuvre et de leur identité.

Anonyme du XXe siècle

 

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foretnoire99@gmail.com

Instagram : anonymeduxxe


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