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Cachemire, le paradis oublié

publié le 17/10/2006 par Marie Dorigny

Le Cachemire, vu par Marie Dorigny.
Année après année, en croyant nous fondre doucement dans l’intimité de ce Cachemire de légende, nous nous sommes laissé posséder par son humanité, son esprit de tolérance et cette splendeur qui forcent le respect.

Nous voyageons depuis une quinzaine d’années au Cachemire, une région ensanglantée par un conflit qui trouve sa source dans la naissance, en 1947, des deux états indépendants de l’Inde et du Pakistan. La frontière qui sépare ces pays a coupé la région en deux et divisé les familles de part et d’autre de ce que l’on appelle aujourd’hui la « ligne de contrôle ».

Très vite, nous sommes tombés sous le charme de cette région mythique et il nous est apparu que la simple chronique journalistique des attentats et des opérations militaires, qui attirent les reporters de tous horizons, était terriblement réductrice. L’un et l’autre, nous avions la sensation que dans cette vallée, où règnent la mort et la douleur, subsistait un autre Cachemire, rêvé ou fantasmé. Il était à la portée de qui savait le reconnaître. Pour cela, il suffisait de prendre le temps et de laisser jouer le hasard des rencontres, des envies, de l’instant.

Sans le savoir, nous avons alors mis nos pas dans ceux des grands écrivains voyageurs du XIXème siècle qui, les premiers, ont décrit, émerveillés, la douceur et la beauté du lieu et de ses habitants. Les reflets des contreforts de l’Himalaya dans les eaux du lac Dal, et le piqué des aigles pêcheurs au coucher du soleil. Le chant des muezzins à l’aube dans la vieille ville de Srinagar et la chaleur d’une tasse de thé, posée au creux des mains du visiteur assis sur les marches d’un sanctuaire soufi. Le babil des femmes qui partent aux champs et le regard serein des hommes réunis autour d’un narguilé. Le dos droit des cavaliers qui accompagnent les troupeaux de moutons et le drapé d’un châle sur l’épaule d’un vieillard. Le goût délicat du safran et de la cardamome, aussi, dont on parfume le riz et le thé…

Ainsi, année après année, en croyant nous fondre doucement dans l’intimité de ce Cachemire de légende, nous nous sommes laissé posséder par son humanité, son esprit de tolérance et cette splendeur qui forcent le respect.

Marie Dorigny et Marc Epstein


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