Démocraties: le grand bond en arrière
Avec l’arrivée de Donald Trump, le monde découvre le Nouveau Monde , un système réactionnaire à la tête de « la plus grande démocratie » de la planète

Il y a Trump, bien sûr, ses excès, ses mensonges grossiers, ses foucades, ses coups d’épaule et surtout ses menaces qu’il est en train de mettre à exécution en signant, devant les caméras, des rafales de décrets de sa signature de mégalomane.
Il y a aussi tous ceux qu’il a choisis pour l’entourer : de vrais réactionnaires, en passant par des catholiques intégristes, des ultras de tout poil, anti-droits des femmes, des minorités, anti-tout ce qui n’est pas dans la ligne d’une vision autoritaire, ultra-libérale, sectaire, que l’on croyait archaïque : le grand bond en arrière. Et la fin des idéaux enflammés des années 70. Le « grand soir » n’a débouché que sur la grande nuit.
Entre Trump, Poutine et Xi Jinping…
Dans son sillage, tous les tenants de l’extrême droite exultent dans ce qu’ils croient être une révolution à l’envers, un mouvement fait pour durer, un lent glissement de la démocratie vers l’autoritarisme. Déjà, un républicain vient de déposer un texte demandant un changement de la sacro-sainte constitution américaine pour permettre un troisième mandat à Donald Trump. Face au « fol ondulé », maître incontesté de l’Amérique, ses adversaires ne valent pas mieux, entre Vladimir Poutine à Moscou et Xi Jinping à Pékin.
Que reste-t-il ?
L’Europe, l’Europe, l’Europe ! est-on tenté de proclamer. Vite, plus d’Europe, rien que l’Europe… mais, hélas, pas toute l’Europe. À l’image de l’Italienne Giorgia Meloni, trop heureuse de collaborer avec Trump, il y a la Hongrie « illibérale » de Viktor Orbán, les Pays-Bas de Geert Wilders, la Slovaquie populiste de Robert Fico, l’extrême droite finlandaise et suédoise qui ont réussi à intégrer leur gouvernement… comme si l’Europe, dernier radeau de survie des démocrates, était elle-même en train de se déliter de l’intérieur.
Un combat oublié mais permanent
Politiquement, nous entrons dans l’ère de la glaciation démocratique. Et ce mouvement tectonique est sans doute fait pour durer, en espérant qu’il ne s’étende pas davantage. Les démocrates qui croyaient en l’Europe des Lumières espéraient propager leurs valeurs au monde entier ; ils en sont réduits à les défendre sur leur propre sol. L’espoir en Amérique est que les démocrates, pour l’instant battus et sidérés, retrouvent des forces, que la machine juridique résiste, que les effets toxiques du nouveau pouvoir finissent par être plus spectaculaires que les gros mensonges. L’espoir, en Europe, est que les nantis de la démocratie, nés une cuillère d’argent politique dans la bouche, réalisent qu’ils peuvent perdre ce que les générations avant eux ont gagné, parfois au prix du sang.
La démocratie est un combat permanent, jamais gagné d’avance et parfois perdu. Pour ceux qui l’avaient oublié, Trump l’Américain et ses proxys idéologiques sont là, à nos portes, avec force et, dans l’immédiat, pour nous le rappeler.
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