Des vacances en Amérique ? Non, merci…
Une chute de 12% de touristes européens en mars dernier.. Donald Trump insulte et menace le monde entier, ses douaniers harcèlent les voyageurs qui commencent à éviter la destination

Une politique de fermeture inquiétante
Le tourisme est toujours le reflet des tensions géopolitiques. Mais cette fois, c’est comme si les États-Unis faisaient eux-mêmes tout pour décourager les visiteurs étrangers de pénétrer sur leur sol. Certes, les réglementations en matière d’immigration ont été durcies. Mais, aux frontières de l’Union, la douane prend des initiatives au-delà des dispositions légales, comme si Trump au pouvoir impliquait une suspicion xénophobe généralisée.
Les incidents se sont multipliés. Quelques-uns seulement ont été rendus publics. Il y en a, par conséquent, bien d’autres. Une ressortissante britannique de 28 ans, dont la presse a raconté le calvaire, n’a pu rejoindre son pays qu’après trois semaines de rétention dans un centre d’immigration. Elle venait du Canada. La validité de son visa a été contestée
Des touristes en rétention arbitraire
Plus récemment, deux touristes allemands ont eux aussi été détenus pour avoir voulu passer des États-Unis au Mexique. Un étudiant de 25 ans a raconté au magazine Der Spiegel qu’il s’était retrouvé en prison en Californie après un voyage au Mexique. Il n’a jamais su pourquoi. Il a été expulsé vers Munich.
Une tatoueuse berlinoise a été renvoyée en Allemagne après six semaines de détention, soupçonnée de vouloir travailler illégalement. Une étudiante de 22 ans a été arrêtée, puis gardée à vue 24 heures et refoulée. Ses papiers étaient valides. Aucune raison ne lui a été donnée.
Ces incidents, rapportés par le média spécialisé dans le voyage Je pars…, sont soigneusement tus par les grandes agences de voyage, qui voient le chiffre d’affaires des réservations pour les États-Unis s’effondrer depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir.
Des chiffres en chute libre
Pour le Français Voyageur du Monde, spécialiste de cette destination, la chute est de 20 %. L’Écho Touristique cite le directeur Jean-François Rial, qui révèle qu’« il n’a jamais vu ça depuis 30 ans ». Les Affaires étrangères allemandes, britanniques et françaises ont prévenu leurs ressortissants : attention aux critiques sur Trump sur votre portable ou votre tablette, leur contenu sera examiné ; n’ayez pas d’antécédents judiciaires ; soyez clairs sur le motif de votre séjour, etc.
Résultat : en Europe, désormais, on préfère se rendre au Canada. En mars, l’activité touristique aux États-Unis s’est effondrée de 12 %. Et il y a très peu de chances pour qu’elle se redresse en avril. Grand Continent estime, selon ses prévisions, que la baisse du nombre de touristes se rendant aux États-Unis pourrait atteindre 9,4 % cette année. Ce chiffre devrait entraîner la perte de 170 000 emplois et 65 milliards de dollars de chiffre d’affaires en moins pour le secteur.
Neuf milliards de dollars de perdus…
La politique tarifaire de Donald Trump, son attitude méprisante et agressive vis-à-vis du reste du monde semblent bien être une des causes directes de cette désaffection. Les ressortissants de certains pays se sont sentis humiliés.
Les chiffres distillés par le Département du Commerce américain en apportent la preuve. De mars 2024 à mars 2025, les visiteurs hors Amérique du Nord se rendant aux États-Unis sont 11,6 % de moins. Mais, pour le Mexique sur la même période, la baisse est de 23 %, et pour le Canada de 31,9 %. Sans parler des Chinois, en net recul — des pays attaqués violemment par des hausses de droits de douane.
À ces diminutions, il faut ajouter que les dépenses des touristes devraient elles aussi se contracter de 5 %. Du coup, 9 milliards de dollars de moins pour l’économie américaine. Les États-Unis ont, tout d’un coup, beaucoup perdu de leur attractivité.
Coupe du monde de football en 2026, J.O à Los Angeles en 2028….
Le mandat de Trump tombe extrêmement mal. En septembre doit se tenir, à New York, la Ryder Cup, fameuse compétition de golf. Et à l’été 2026, le pays accueillera la Coupe du monde de football, puis, en 2028, les Jeux olympiques à Los Angeles. Des événements qui étaient supposés attirer 40 millions de visiteurs étrangers et générer 95 milliards de dollars. Avec Trump, ce n’est visiblement pas gagné.
En Europe, un boycott qui ne dit pas son nom s’installe sur la destination. C’est d’autant plus dramatique que la filière touristique n’était pas en superforme, alors qu’elle représente quand même 2,5 % du PIB du pays. Adam Sacks, président de Tourism Economics, voit dans ce reflux « une conséquence de l’antipathie envers les États-Unis ». Il est vrai que le président Trump semble en vouloir au monde entier.
Une image repoussoir
Sa personnalité et sa politique font figure de repoussoir. Qui a encore envie d’aller dans un pays où de fortes tensions persistent, dirigé par un personnage imprévisible qui ne fait rien pour les apaiser, et dans lequel l’étranger n’est pas le bienvenu ? En fait, les États-Unis font peur.
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