Europe Vs USA : A quoi sert Ursula von der Leyen ?
« L’impératrice Ursula » a la main lourde, une vision du pouvoir très vertical mais cette atlantiste molle ne pèse pas très lourd pour défendre l’Europe contre l’agressivité d’un Trump

Pas un exploit, tout juste un répit…
Bonne nouvelle ! Ursula von der Leyen existe. Pour ceux qui croyaient que la présidente de la Commission européenne avait disparu, les voilà rassurés. Dans la soirée du dimanche 25 mai, elle a même réussi à téléphoner à Donald Trump et, semble-t-il, obtenir du président américain qu’il repousse la date de son ultimatum – 50 % de droits de douane supplémentaires sur les produits européens – du 1er juin au 9 juillet. Pas vraiment un exploit, tout juste un répit pour des dirigeants européens aux intérêts divergents et à l’américanophilie en berne.
Thierry Breton règle ses comptes
Quelques heures auparavant, sur la chaîne d’information continue LCI, Ursula von der Leyen s’était fait sévèrement tacler par Thierry Breton, ancien commissaire européen au Marché intérieur, à l’Industrie, au Numérique, à la Défense et à l’Espace. Il avait démissionné lors de la reconduction d’Ursula von der Leyen en juillet 2024, celle-ci souhaitant réduire son épais portefeuille. Notoirement en désaccord avec elle sur la gouvernance de la Commission et sur plusieurs dossiers industriels, l’ex-ministre de Jacques Chirac préféra renoncer. Mais il n’a rien oublié. Le Français reproche à l’Allemande de ne pas négocier directement avec Trump, de ne pas incarner la Commission, de ne pas comprendre que le président américain souhaite avoir comme interlocuteur de « vrais politiques ». Et surtout, de ne pas répondre aux États-Unis avec assez de détermination pour les inciter à reculer — même si, début mai, l’UE avait menacé de taxer pour 95 milliards d’euros d’importations américaines.
« Kaïserin Ursula » Une impératrice à la main lourde
Thierry Breton n’est pas le seul à critiquer vigoureusement le comportement de celle qui fut surnommée « Königin Ursula » – la reine Ursula – avant de voir sa couronne enfler et d’être qualifiée de « Kaïserin Ursula », l’impératrice Ursula, après sa nomination à un second mandat à Bruxelles. Il est vrai que cette femme de pouvoir partage très peu. Les commissaires reconduits pour son second mandat sont tous rétrogradés. Les vice-présidents exécutifs sont plus nombreux, mais sans l’expérience préalable de commissaire. Le nombre de commissaires allemands a plus que doublé, et l’on compte neuf ou dix chefs de cabinet allemands, contre seulement deux Français.
La « Kaïserin » s’est fabriqué une Commission sur mesure où l’exercice du pouvoir est plus vertical et, en dehors d’elle, plus dilué. Elle laisse aussi transparaître un penchant très atlantiste. Les responsables de la défense européenne sont souvent des Nordiques ou des Baltes, pas forcément convaincus de la nécessité d’un pilier européen fort au sein de l’OTAN, ni même, peut-être, d’une véritable autonomie de défense européenne.
Entre la folie impériale de Poutine et la trahison isolationniste de Trump
Déjà en Allemagne, où elle a accompli un long parcours politique au sein de la CDU, on se moquait de l’anglomanie de celle qui vécut au Royaume-Uni et aux États-Unis. En réalité, elle est parfaitement représentative de cette classe politique allemande qui avait vendu la souveraineté énergétique de son pays aux Russes, et sa souveraineté en matière de défense aux États-Unis. Des femmes et des hommes qui ont vu s’effondrer un système d’alliances ou d’intérêts bien compris qu’ils pensaient immuable. La folie impériale de Poutine et la trahison isolationniste de Trump les ont bouleversés.
Le Green Deal en panne
Ursula von der Leyen gère une Europe potentiellement divisée, une bureaucratie qui fabrique elle-même ses pesanteurs. Son grand projet, celui de son premier mandat, le « Green Deal », est aujourd’hui mal en point. La grande transition écologique, qui devait faire de l’Europe la région du monde la plus verte, est aujourd’hui sérieusement freinée par les difficultés économiques et sociales, les tensions géopolitiques et la montée des extrêmes droites climatosceptiques.
L’épreuve de force avec Trump
Du coup, le second mandat de cette femme d’État allemande paraît d’ores et déjà pavé d’obstacles. A-t-elle le charisme, l’énergie pour rebondir ? A-t-elle l’autorité pour s’imposer comme la représentante des économies européennes face à Trump ? Pourtant, les arguments existent pour rappeler au président des États-Unis les risques considérables qu’il prend. Taxer l’Europe — premier partenaire commercial des États-Unis — est une mauvaise idée. D’ailleurs, en fin de compte, services compris, l’Europe n’exporte outre-Atlantique que 50 milliards de plus que les États-Unis vers le Vieux Continent.
L’Europe a besoin d’un politique…pas d’une gestionnaire
Pire : le déficit commercial américain avec l’Union est notamment provoqué par les multinationales américaines elles-mêmes. Installées en Irlande ou ailleurs pour des raisons fiscales, les filiales des GAFAM ou des industries pharmaceutiques américaines exportent leurs produits vers les États-Unis et participent allègrement au déficit commercial dont se plaint Trump. Qui le lui dira ? L’Europe a besoin d’une ou d’un vrai politique à la tête de l’Union européenne, pas d’un gestionnaire. Une sorte de Mario Draghi peut-être…
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