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« Little Jaffna », ce Paris des Tamouls qu’on ne connait pas

publié le 24/05/2025 par Malik Henni

Ils vivent en France, ont connu la guerre, le terrorisme, l’exil, ont créé une diaspora et même une mafia. Plongée réussie cinématographique chez les Tamouls de Paris…

Une immersion dans les milieux tamouls de la capitale

Paris, 2008, dans les commerces tamouls du nord de la capitale. Un policier infiltre la mafia de la diaspora tamoule pour faire tomber un réseau de financement du terrorisme. Cet immigré demeurera tiraillé entre deux cultures, la française et la tamoule, malgré les joies et les peines qu’il rencontrera au sein de la communauté.

Un monde fait de débrouille, de petits commerces rackettés et de traditions

Pour son premier film en tant que réalisateur, Lawrence Vallin signe un film au scénario simple mais pas simpliste, qui emporte le spectateur dès les premières minutes. Adapté d’un court-métrage récompensé au Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, Little Jaffna nous plonge dans un milieu méconnu : celui de la diaspora sri-lankaise, un monde fait de débrouille, de petits commerces rackettés et de traditions appliquées loin du foyer. C’est sans doute un hasard, mais le monologue du chef du réseau de financement des Tigres à Paris, sur la nécessité pour un peuple de se battre quand un autre vient lui voler sa terre, résonne aujourd’hui tout particulièrement.

Une guerre oubliée en France

D’un naturalisme brut qui écarte tout misérabilisme et tout exotisme, Little Jaffna permet aussi au spectateur français de se familiariser avec un sujet qui n’a jamais fait ici la une des journaux télévisés. De 1983 à 2009, le mouvement des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) a lutté pour l’indépendance des régions tamoulophones du nord de l’île, à la suite de décennies de discrimination de la part du pouvoir cinghalais. Le point de départ a été le 24 juillet 1983, après que des pogroms, en réponse à l’embuscade d’une patrouille de soldats par les Tigres, ont détruit plus de 150 000 habitations et tué entre 400 et 3 000 civils.

Des attentats-suicides à l’exil

C’est ce groupe, considéré comme terroriste par les Occidentaux, qui a massivement développé l’utilisation des attentats-suicides. Comme dans toute guerre d’indépendance, la répression gouvernementale a causé la majorité des 100 000 victimes tombées pendant ces 27 années de conflit. C’est cette guerre qui a jeté sur les routes de l’exil des centaines de milliers de Tamouls, dont plus de 300 000 vivent aujourd’hui en France, et que Little Jaffna porte à l’écran.


À LIRE AUSSI : Trois jours chez les Tigres tamouls à Jaffna, par Jean-Paul Mari.

De notre envoyé spécial au Sri Lanka.


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