Gaza : Israël dans l’impasse
Le Hamas continue de contrôler Gaza, les otages sont toujours détenus, et Netanyahou, prisonnier de ses extrémistes, pense à sa survie…
Gaza, toujours sous le contrôle du Hamas
Le conflit, qui bouleverse depuis plus de 15 mois les équilibres géopolitiques du Proche-Orient, reste concentré à Gaza, où il demeure le plus actif. Malgré les lourdes pertes humaines et matérielles, et bien que la majorité des infrastructures de Gaza aient été détruites, le Hamas continue de contrôler ce territoire.
Chaque semaine, l’armée israélienne annonce de nouvelles pertes dans ses rangs, souvent des officiers, tombés lors d’accrochages ou d’embuscades. Après une accalmie de huit mois, les bombardements ont repris : 24 roquettes ont été tirées en une semaine sur les localités du sud d’Israël, causant parfois des dégâts matériels.
La solution n’est plus militaire
Face à cette nouvelle escalade, le ministre de la Défense, Israël Katz, promet des « ripostes exceptionnelles » contre le Hamas. Mais que peut-il y avoir de plus « exceptionnel » que la situation actuelle à Gaza ? Là-bas, les immeubles encore debout se font rares, et la population, déjà appauvrie, est plongée dans une précarité humanitaire de plus en plus alarmante.
Dans ce contexte, les familles des otages détenus par le Hamas expriment leur angoisse et leur colère avec une intensité croissante. L’armée, pour sa part, considère avoir rempli sa mission. Elle estime que la solution pour Gaza est désormais politique et relève de la responsabilité du gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahou.
Des choix difficiles pour Israël
Pour un gouvernement soucieux des intérêts du pays, les options à envisager sont claires :
- La libération des otages israéliens nécessitera un retrait militaire de Gaza, ainsi que la libération de centaines de détenus palestiniens, un acte perçu comme une humiliation et porteur de menaces potentielles.
- Une fois cette étape franchie, Israël devra céder aux pressions internationales croissantes pour répondre à la crise humanitaire et commencer à réhabiliter les zones dévastées. Cela impliquera de faire taire ceux qui rêvent de recoloniser Gaza et de permettre une nouvelle gouvernance intégrant l’Autorité palestinienne et les pays arabes prêts à s’engager pour stabiliser la région.
Sous pression des extrémistes, Netnayahou… tergiverse
En attendant l’entrée en fonction de Donald Trump, Netanyahou semble vouloir éviter une fracture de sa majorité. Il tente de négocier des accords de libérations partielles d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens.
Cependant, le Premier ministre semble sous-estimer son principal interlocuteur côté Hamas : Mohamed Sinouar, frère de Yahya Sinouar, ancien chef du Hamas liquidé. Mohamed Sinouar, qui avait géré la détention du soldat Gilad Shalit pendant cinq ans, agit au mieux des intérêts du Hamas. À moins de pressions extérieures fortes, il semble prêt à attendre qu’Israël accepte ses conditions maximalistes – ce qu’il est en mesure d’exiger.
La chance d’une ouverture politique inattendue
Alors que Netanyahou paraît paralysé par la frange extrémiste de sa coalition, des figures politiques israéliennes tendent la main pour débloquer la situation. Benny Gantz, ancien chef d’état-major, se dit prêt à participer à un gouvernement d’union nationale dédié à la libération des otages et à la stabilisation politique du pays.
Par ailleurs, Mansour Abbas, député arabe et leader du parti islamiste Ra’am – déjà impliqué dans les gouvernements de Naftali Bennett et Yair Lapid – a annoncé son soutien à la proposition de Gantz. En adoptant une posture responsable, il cherche à apaiser les tensions au sein de la société israélienne.
Cette ouverture offre à Netanyahou une occasion rare : prouver que l’intérêt de son pays et de ses citoyens prime sur ses ambitions personnelles. Mais encore faudrait-il qu’il veuille saisir cette chance…
Tous droits réservés "grands-reporters.com"