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Gaza : la colère monte contre le Hamas

publié le 31/03/2025 par Marc Lefevre

Pour la première fois, des habitants de Gaza ont osé défiler contre l’organisation qui contrôle leur territoire

Après un bilan de plus de 50 000 morts et face à la reprise des opérations militaires d’Israël – 1 000 morts en quelques jours – les habitants de Gaza manifestants sont descendus dans les rues par centaines entre le 25 et le 27 mars dernier pour dénoncer… la responsabilité du Hamas dans la fin du cessez-le-feu. Les slogans criés – « Hamas dehors », « Hamas terroristes » ou encore « Nous ne voulons pas mourir ». – étaient on ne peut plus clairs et explicites. C’est l’intransigeance du Hamas et ses tergiversations dans la libération des otages israéliens restants, morts ou vivants, qu’ils rendent responsables de la reprise des hostilités par Israël.

Les protestations ont touché toute la bande de Gaza

es manifestations ont débuté à Beit Lahia, dans le nord. Dans la foule, on pouvait identifier de nombreux sympathisants du Fatah conscients que le moment était propice pour se faire entendre à nouveau. Mais un tournant a été pris jeudi dernier quand les grandes familles influentes du sud de la bande de Gaza se sont jointes au mouvement, en publiant une annonce officielle demandant simultanément le retrait des forces israéliennes et la fin du pouvoir du Hamas à Gaza. L’appel affirmait également une volonté de manifester pacifiquement et dénonçait à l’avance les pressions des milices armées du Hamas.

Une répression brutale contre la colère populaire

Désespérée par l’absence de mesures concrètes de réhabilitation des infrastructures détruites et excédée par la fin de la distribution de l’aide humanitaire et le contrôle du Hamas sur cette aide, la population de Gaza a commencé à oser dire publiquement que sa sécurité était menacée non seulement par Israël mais aussi par le Hamas et sa politique jusqu’au-boutiste. De nombreux témoignages de membres d’ONG confirment également l’impopularité grandissante du Hamas.

Face à cette mise en cause de son pouvoir, la riposte du Hamas n’a pas tardé. Après des communiqués affirmant que ces protestations faisaient le jeu de « l’ennemi sioniste », sont venus les barrages routiers pour empêcher la circulation des manifestants. Dans le même temps, des éléments pro-Hamas essayaient d’infiltrer ces manifestations pour détourner les slogans scandés.

Répression

Face au silence des médias palestiniens sous contrôle du Hamas, les témoignages se sont multipliés sur les réseaux sociaux pour dénoncer des intimidations et des actes de violence sur les manifestants identifiés et leurs familles. Un jeune Gazaoui de 22 ans, Oudeh Al-Roubay, a été enlevé par le Hamas samedi 29 mars dans le quartier de Tel Alwah. Traîné par une voiture dans les rues de Gaza, étranglé et battu à coups de barres de fer devant les passants, il a été relâché au bout de plusieurs heures pour venir agoniser devant la maison de sa famille. Un autre résident de Gaza, Khousam Al-Majdalwi, a été battu en public sur la place Noussayrat, et laissé pour compte après qu’on lui a tiré dans les jambes.

De sources palestiniennes confirmées, on estime que depuis le 29 mars, au moins six manifestants supposés ont été tués par le Hamas. Si les manifestations se sont calmées, la colère demeure. À l’enterrement du jeune Oudeh Al-Roubay, les cris « Hamas dehors » et les appels à la vengeance ont fusé. L’influenceur gazaoui Mustapha Asfour écrivait hier sur X : « Oudeh a été assassiné car il a osé dire à voix haute qu’il voulait juste vivre. Nous vivons des moments de tristesse accompagnés d’une haine qui risque de déclencher une guerre civile. »

Le Hamas et Israël enfermés dans leur logique d’affrontement

Pendant ce temps les négociations pour la libération des derniers otages israéliens vivants et morts contre une fin du conflit, trainent en longueur. L’échec d’une négociation américaine directe pour la libération d’un otage vivant israélo américain et de quatre cadavres a été l’occasion de montrer l’amateurisme et la naïveté des équipes Trump.

Face au mécontentement populaire à Gaza, et à la contestation toujours virulente d’une population israélienne excédée, le Hamas et le gouvernement israélien continuent à afficher des positions irréductibles. Pour continuer à asseoir leurs pouvoirs respectifs, ils semblent plutôt tentés tous les deux par la fuite en avant d’un redémarrage du conflit


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