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Gaza : on tire aussi sur les ambulances

publié le 02/04/2025 par Malik Henni

Les bombardements contre les civils se multiplient, l’aide humanitaire est bloquée depuis près d’un mois et les Gazaouis continuent de mourir sous les yeux de la communauté internationale

La fin du cessez-le-feu a provoqué le déplacement forcé de plus de 142 000 personnes. Mais il n’y a nulle part où fuir. Les zones « sûres » ne le sont pas, et la fin du cessez-le-feu a été annoncée par un bombardement intense de dix minutes sur des tentes en toile, une nuit de ramadan. La stratégie de tir tous azimuts est critiquée en Israël même, où les familles des otages accusent le Premier ministre de vouloir les « enterrer vivants ».

« Nettoyer la zone des terroristes »…

Les témoignages provenant de la population de Gaza disent tous la même chose : les Israéliens les visent délibérément. Tsahal veut étendre ses opérations militaires dans toute la bande de Gaza, officiellement pour « nettoyer la zone des terroristes ». Ultime provocation : le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s’est rendu à l’esplanade des Mosquées, que les Juifs appellent le mont du Temple. Son retour au gouvernement marque la fin de toute possibilité de trêve entre Israël et le Hamas, car Benjamin Netanyahou a besoin des députés du parti Force juive pour maintenir sa coalition.

94 % des enfants gazaouis pensent qu’ils vont bientôt mourir

Le passé de la bande de Gaza – siège et bombardements – est une succession d’échecs. L’avenir est obscurci par les projets immobiliers de Trump, milliardaire américain, et ceux de colonisation des ultra-sionistes. Et le présent reste synonyme de mort et de famine : selon l’ONG Save The Children , 94 % des enfants gazaouis pensent qu’ils vont bientôt mourir, et aucune aide humanitaire n’est entrée depuis le 2 mars. Depuis le 18 mars, 322 mineurs sont morts, 609 blessés, et certains ont été amputés.

15 secouristes du Croissant-Rouge abattus de « sang-froid »

Dans le sud de la bande, 15 secouristes palestiniens ont été tués par Israël, leurs corps retrouvés jetés dans une fosse commune. Le Croissant-Rouge accuse Tsahal de les avoir tués « de sang-froid ». Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « réclame une enquête complète, minutieuse et indépendante » sur toutes les attaques contre les humanitaires. « Ce qu’il se passe à Gaza « défie la décence, défie l’humanité, défie la loi », pointe l’ONU, qui dénonce « une guerre sans limite »

Une frappe israélienne a tué au moins 15 personnes dans une clinique de l’UNRWA à Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza. Voilà maintenant seize mois – depuis le début du conflit – que la presse internationale est interdite d’entrée dans toute la zone. L’Unicef hurle dans le vide. Et, malgré ces atteintes flagrantes à la Charte des Nations unies et aux traités sur le droit de la guerre, aucun État occidental n’a mis en place des sanctions contre l’État hébreu.

Un plan arabe bloqué par Washington et Tel-Aviv

Le plan arabe pour la reconstruction du 4 mars, salué par les Européens qui le qualifient de « réaliste », a besoin d’un arrêt total des combats, qui ne dure pas seulement trois semaines, mais aussi d’un désarmement total du Hamas. Le territoire doit être géré par une administration de transition sous l’autorité de l’Autorité palestinienne, avec des troupes internationales de maintien de la paix. 53 milliards de dollars sont mobilisés, mais l’opposition Washington – Tel-Aviv bloque le projet. Un tandem qui a un pouvoir de vie et de mort sur les Palestiniens. De la Gaza bombardée à la Cisjordanie colonisée, toute une population continue à souffrir, dans le quasi-silence des chancelleries.


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