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Guerre contre l’Iran, maintenant ou jamais?

publié le 29/12/2024 par Marc Lefevre

Netanyahou n’a cessé de d’évoquer la menace iranienne, aujourd’hui il peut l’affronter mais en aura-t-il l’audace?

Une défense israélienne mise à mal

Ces dernières semaines, les Israéliens vivant loin des zones frontalières avaient connu un répit dans les bombardements de missiles en provenance de Gaza et du Liban. Cependant, les attaques de missiles balistiques des Houthis ont récemment exposé les failles de la défense israélienne.

Ces projectiles ont causé des dommages matériels inédits, obligeant Tsahal à admettre que leur interception n’a été possible que grâce au système antimissile américain THAAD, récemment mis à disposition par le président Joe Biden et opéré par des militaires américains. Cette situation a conduit Israël à intensifier ses frappes aériennes, ciblant notamment les infrastructures civiles et militaires au Yémen.

L’Iran, source de tous les maux ?

Un consensus émerge en Israël : la véritable source des agressions est l’Iran. Les massacres du 7 octobre ont provoqué une onde de choc dans la région, affaiblissant plusieurs acteurs soutenus par Téhéran. La dictature de Bachar el-Assad en Syrie est déstabilisé, le Hamas à Gaza est sévèrement affaibli, et le Hezbollah perd peu à peu son emprise sur le Liban.

L’Iran, désormais isolé, subit aussi les effets de la fin de la protection russe en Syrie. La destruction de son système de défense antiaérienne rend son espace aérien vulnérable à d’éventuelles frappes israéliennes. En parallèle, l’absence de riposte efficace de la part de Téhéran face aux récentes frappes israéliennes met en doute sa crédibilité auprès de son opinion publique, de plus en plus consciente de l’écart entre les discours belliqueux du régime et ses incapacités réelles.

Une fenêtre d’opportunité unique

En Israël, les appels à agir se multiplient. Des voix influentes, comme celle du directeur du Mossad, David Barnea, ou de l’ancien chef d’état-major Benny Gantz, appellent à saisir l’occasion pour neutraliser la menace iranienne et son programme nucléaire. Ces pressions émanent également de généraux à la retraite et d’experts en sécurité, qui influencent l’opinion publique à travers les médias.

Tsahal se dit prête à agir, forte de l’expérience acquise lors de récentes opérations aériennes d’envergure. Ces missions, mobilisant des centaines d’avions sur de longues distances, se sont déroulées sans pertes humaines, renforçant la confiance de l’armée dans ses capacités opérationnelles.

Une équation complexe

Malgré ces préparatifs, les défis restent immenses. Le programme nucléaire iranien est réparti sur une dizaine de sites, dont certains sont profondément enfouis sous terre. Une frappe israélienne, même massive, pourrait ne pas causer de dommages irréversibles sans le soutien d’armes plus puissantes, comme celles dont dispose l’armée américaine.

Le choc d’une attaque pourrait-il déclencher une révolte interne en Iran, renversant le régime ? Ou au contraire, provoquer un durcissement de la dictature des mollahs ? Les experts estiment que l’Iran pourrait assembler une bombe nucléaire rudimentaire en quelques mois seulement, ce qui changerait radicalement l’équilibre des forces dans la région.

Trump et l’incertitude américaine

La fenêtre d’action pour Israël est également conditionnée par la transition politique aux États-Unis. Avant la prise de fonction de Donald Trump, il est difficile de prédire quelles positions il adoptera face à l’Iran : choisira-t-il une option militaire ou préférera-t-il négocier un « deal », risquant ainsi de laisser à l’Iran le temps de se réorganiser ?

Face à cette incertitude, une partie de la classe politique israélienne estime qu’il est préférable d’agir sans attendre. Cependant, une telle initiative poserait des risques considérables, notamment si l’Iran réagit par une escalade régionale.

Les enjeux pour Netanyahou

Benjamin Netanyahou, dont la rhétorique politique s’est souvent appuyée sur la menace nucléaire iranienne, se retrouve à un tournant décisif. Depuis le 7 octobre, il a capitalisé sur les succès militaires pour détourner l’attention de ses propres échecs politiques et judiciaires. Mais la situation pourrait rapidement se retourner si les otages encore captifs à Gaza viennent témoigner de leurs souffrances, ou si les critiques internes sur la gestion du conflit s’intensifient.

Le Premier ministre israélien doit choisir entre deux postures : agir en homme d’État, prêt à prendre des décisions difficiles dans l’intérêt de son pays, ou opter pour la prudence en laissant le futur président américain décider à sa place.


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