Inde-Pakistan: le vent mauvais de la guerre
Après l’attaque terroriste au Cachemire, la fermeture des frontières et les menaces, l’aviation indienne a bombardé le Pakistan qui a riposté par des tirs d’artillerie. L’heure est à l’escalade vers une guerre ouverte.

Des boules de feu dans la nuit
Le monde retient son souffle : E. Macron et F. Merz ont appelé à la désescalade entre l’Inde et le Pakistan, tout comme l’Union européenne, les États-Unis et le Secrétaire général des Nations Unies, après les échauffourées de cette nuit. Les images des bombardements indiens de la nuit dernière au Pakistan ont fait le tour des JT et des réseaux sociaux : des boules de feu illuminant la nuit, filmées par des téléphones portables, cruelle incursion de la guerre dans le quotidien de la vie de ces deux États pauvres.
L’attaque terroriste a fait voler en éclats une paix fragile
Depuis l’attaque terroriste du 22 avril qui a tué 26 personnes, , la tension n’a cessé de monter entre New Delhi et Islamabad, jusqu’à l’embrasement d’hier soir. Les coupables ne sont toujours pas connus. Les revendications ne sont pas nouvelles : N. Modi accuse les Pakistanais de laisser les terroristes aller et venir librement, tandis que l’armée pakistanaise (qui contrôle l’État et l’économie, aucun Premier ministre n’ayant fini son mandat depuis 1947) dénonce le mauvais traitement des musulmans du Cachemire et en revendique la souveraineté.
Des frappes meurtrières
Poussé par une opinion publique chauffée à blanc, Modi a ordonné à son état-major de bombarder « neuf camps terroristes » au Cachemire pakistanais et au Pendjab. Il assure que « nos actions sont proportionnées ». Le Comité de sécurité nationale pakistanais dénonce ces bombardements et veut que le monde demande des comptes à New Delhi. Vingt-six civils sont morts et 46 ont été blessés. La riposte pakistanaise ne s’est pas fait attendre : 12 morts et 38 blessés viennent alourdir le bilan. Trois Rafale, un MiG-29 et un Su-30 indiens auraient été abattus par les Pakistanais, ce que les Indiens et la France ne confirment pas.
L’armée indienne mobilise
Les populations civiles sont mobilisées : même à Hyderabad, au centre de l’Inde, la sécurité civile a appelé chaque citoyen à se préparer à de graves changements dans le quotidien et invite les institutions à multiplier les exercices d’évacuation. Il faut remonter à l’an 2000 pour constater des violences aussi fortes entre les deux pays.
Vers une guerre de l’eau ?
Et maintenant ? Les déclarations indiennes sont de loin les plus belliqueuses : Modi a annoncé la suspension de son pays du traité sur le partage des eaux de l’Indus de 1960, qui avait résisté à toutes les tensions et guerres entre les deux États. Couper le robinet tuerait 70 % de la production céréalière du Pakistan, alors que l’agriculture est l’un des rares secteurs économiques à bien se porter dans ce pays très instable politiquement. Islamabad a prévenu que cela constituerait un acte de guerre. La guerre de l’eau pourrait faire dégénérer le conflit entre ces deux puissances nucléaires.
L’inde avec les Etats-Unis, le Pakistan avec la Chine
L’Inde et le Pakistan sont respectivement alliés aux États-Unis et à la Chine, cette dernière étant elle-même frontalière des deux pays. Washington et Pékin, déjà en opposition depuis le retour de D. Trump aux affaires, pourraient faire pression pour entamer une désescalade. Tant que la population du Cachemire ne sera pas pleinement associée à un processus de paix et de dialogue véritable, les flambées de violence qui coûtent la vie à des civils innocents continueront.
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