Israël – Netanyahou : le Messie Trump est enfin arrivé

Depuis plus d’un an, l’État d’Israël dirigé par Benjamin Netanyahou a bénéficié du soutien quasi inconditionnel des États-Unis sous la présidence de Joe Biden, tant sur le plan militaire que logistique et diplomatique. Benjamin Netanyahou a exploité ce soutien à sa guise, négligeant souvent les requêtes de son allié. Aujourd’hui, la nouvelle donne politique aux États-Unis est pour lui le signal attendu pour une politique plus favorable à Israël dans le contexte des conflits militaires actuels.

Depuis le 7 octobre 2023, la population israélienne se trouve au cœur de deux combats. Le premier est celui des ripostes militaires, difficiles, coûteuses en vies humaines et en ressources, mais jugées indispensables pour retrouver un semblant de sécurité. Le second est le combat politique d’un gouvernement qui cherche, par tous les moyens, à échapper au jugement de son peuple sur ses responsabilités dans ce qui est perçu comme un traumatisme national.

L’élimination des derniers opposants

Benjamin Netanyahou a utilisé le chantage exercé par le parti religieux ultra-orthodoxe concernant le recrutement militaire des étudiants en écoles religieuses pour se débarrasser de son unique opposant interne de poids, le ministre de la Défense Yoav Galant. Il l’a remplacé par Israël Katz, un allié docile sans expérience sur les questions de défense, devenant ainsi de facto ministre de la Défense lui-même. Avec une coalition renforcée par le ralliement du micro-parti de Gideon Sa’ar, Netanyahou dispose désormais d’une grande liberté pour la deuxième phase de ses manœuvres de survie politique et judiciaire.

Un pays divisé

Il se trouve aujourd’hui à la tête d’un pays aux capacités économiques et humaines fortement sollicitées, plongé dans le conflit le plus long de son histoire depuis la guerre d’indépendance de 1948. Israël est un pays profondément divisé. Une partie de la population envoie ses enfants à l’armée et subit le fardeau économique des efforts de guerre. Ces mêmes Israéliens sont découragés et écœurés de constater qu’une autre partie échappe à la conscription et bénéficie de faveurs budgétaires, ce qui garantit la stabilité d’une coalition gouvernementale plus soucieuse de sa survie que de l’intérêt national. Le pays est fatigué, inquiet de l’absence de solutions aux conflits en cours, et préoccupé par son isolement international croissant.

Face à une opinion publique qui proteste contre le limogeage en pleine guerre d’un ministre de la Défense en qui elle avait confiance, Netanyahou affirme s’appuyer sur les intentions de Donald Trump de mettre fin rapidement aux conflits en Ukraine et au Proche-Orient. Il laisse entendre qu’avec l’appui du nouveau président élu, il pourra aboutir à une sortie rapide des conflits à Gaza et au Liban d’ici 2025, tout en affaiblissant significativement l’Iran.

Échapper à la justice

Netanyahou poursuit plusieurs objectifs : il cherche d’abord à minimiser sa responsabilité dans les attaques traumatisantes du 7 octobre. Ensuite, il espère neutraliser toute tentative de mise en place d’une commission d’enquête d’État impartiale. Enfin, il souhaite se débarrasser rapidement des responsables militaires et de sécurité susceptibles de témoigner contre lui, pour les remplacer par des fidèles. Atteindre ces objectifs est, pour lui, la condition pour se présenter en sauveur de son pays lors des élections de 2026.

Cependant, Donald Trump a été élu sur la base d’un programme promettant de réduire les soutiens financiers aux conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, ce qui pourrait impacter sa relation avec Netanyahou. Durant la période de transition, Netanyahou continuera à bénéficier du soutien militaire garanti par l’administration Biden en cas de réplique iranienne. Mais dès le début de 2025, Trump cherchera des résultats rapides pour prouver à ses électeurs qu’il tient ses promesses de réduction des dépenses militaires, et il pourrait ne pas tolérer les intransigeances de Netanyahou si elles s’opposent à ses propres objectifs.

Un soutien sans limites ? Pas sûr…

La grande inconnue reste l’attitude de l’Iran face à l’administration Trump. Les mollahs pourraient choisir la prudence, craignant des représailles économiques, et entrer dans un processus de négociations longues et complexes, misant sur l’impatience américaine pour des résultats rapides. Ils pourraient aussi suivre l’exemple nord-coréen en accélérant leur programme nucléaire. Ils parieraient alors sur la réticence et les difficultés de Trump à gérer un conflit coûteux, espérant ainsi entrer dans le club des puissances nucléaires.

Dans les deux cas, le risque de confrontation entre une administration Trump en quête de résultats rapides et le gouvernement israélien est réel. Netanyahou pourrait se retrouver piégé par sa fermeté affichée envers l’Iran, et Israël pourrait être encore plus isolé si Netanyahou était contraint d’admettre les limites du soutien de Trump.

Une affaire d’intérêts plus qu’une histoire d’amour…

En arrière-plan, il convient de rappeler que Trump veut renforcer une alliance stratégique avec l’Arabie saoudite et les pays du Golfe, qui demandent une stabilité régionale liée à des avancées dans le conflit israélo-palestinien. Pour sécuriser le soutien financier de ces pays, Israël ne pourra ignorer la question palestinienne. À terme, la colonisation en Cisjordanie sera également sur la table. Si Trump considère l’alliance avec les pays sunnites comme primordiale, il pourrait s’éloigner des positions de Netanyahou sur la question palestinienne, ce qu’il a récemment laissé entendre.

Enfin, Netanyahou devrait se rappeler que, historiquement, les présidents démocrates, de Truman à Biden, ont soutenu Israël sans faille, tandis que certains républicains comme Eisenhower, Nixon (via Henry Kissinger) et George Bush père ont fait preuve de fermeté quand cela était nécessaire. La relation avec Trump pourrait ne pas être aussi paisible que Netanyahou l’espère.