Israël. Qui arrêtera Netanyahou l’incendiaire ?

Il bloque l’accord sur Gaza, rejette le plan arabe, viole l’accord signé avec le Liban, bombarde la Syrie et poursuit le nettoyage des Palestiniens en Cisjordanie en vue d’une annexion

Vider Gaza de sa population

Les pays de la Ligue arabe, réunis au Caire le 4 mars, ont proposé un plan pour Gaza en réponse à Donald Trump, qui prévoit de faire partir de l’enclave palestinienne les deux millions de Gazaouis et de placer celle-ci sous contrôle américain, avec à la clé des projets immobiliers à la Dubaï. Cette proposition a été immédiatement refusée, car elle s’appuie sur la déportation de la population vers l’Égypte et la Jordanie, ce qui a conduit Le Caire à proposer une alternative visant à maintenir les Gazaouis sur leur terre.

Le plan arabe a ensuite été adopté par les pays de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), qui se sont retrouvés le 7 mars à Djeddah. Israël et les États-Unis l’ont immédiatement rejeté, considérant qu’il « ne tient pas compte des réalités de la situation ». En effet, Benyamin Netanyahou n’accepte aucune solution prévoyant la création d’un État palestinien, condition posée par les pays de la Ligue arabe et ceux de l’OCI.

Israël ne veut pas aller au bout de la trêve signée pour Gaza

Que nous dit cette dernière séquence de la stratégie israélienne ? Que le gouvernement actuel n’a jamais voulu passer à la deuxième phase et qu’il rejettera toute proposition envisageant la création d’un État palestinien. C’est la raison pour laquelle Netanyahou refuse de discuter de la deuxième phase de la trêve conclue entre les deux parties et entrée en vigueur le 19 janvier, car elle prévoit le retrait total de l’armée israélienne de l’enclave palestinienne, la fin du blocus et un cessez-le-feu permanent en échange de la libération de tous les otages israéliens.

40 000 Palestiniens chassés hors des camps de Cisjordanie

Pendant ce temps, l’armée israélienne continue de mener des opérations en Cisjordanie avec le même objectif que celui poursuivi dans la bande de Gaza : attaquer les Palestiniens, les pousser à quitter leurs villages. 40 000 d’entre eux ont déjà été expulsés des camps de réfugiés du nord de la Cisjordanie.

L’opération « Mur de fer » a été lancée deux jours après l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu à Gaza. Les colons, plus déterminés que jamais à accroître leur emprise sur ce territoire, espèrent obtenir l’accord de Washington pour annexer la Cisjordanie, sachant que l’administration américaine laisserait faire, alors que, bien évidemment, cela va à l’encontre des résolutions de l’ONU et du droit international.

Rester par la force au Liban

Mais Netanyahou n’entend pas se limiter aux territoires palestiniens occupés. Alors qu’un cessez-le-feu a été conclu avec le Liban, les opérations militaires se poursuivent, et Israël a déclaré vouloir se maintenir dans le sud du Liban, ce qui va à l’encontre de l’accord signé. Cela met également les nouvelles autorités libanaises en difficulté, alors qu’elles appliquent l’accord, et donne des arguments au Hezbollah pour reprendre la résistance face à l’État hébreu.

Des frappes « préventives » en Syrie qui durent

Enfin, Israël n’a de cesse de bombarder la Syrie. Dès l’arrivée du nouveau pouvoir à Damas, l’armée israélienne a entrepris de détruire 80 % des installations militaires du pays dans le cadre de frappes « préventives ». Ces bombardements sont dénoncés par le pouvoir syrien, car ils remettent en cause sa souveraineté. Pour Tel-Aviv, il s’agit de profiter de la situation actuelle pour accroître sa profondeur stratégique, sans que l’on sache exactement comment il entend la mettre en œuvre.

Une seule stratégie: le rapport de force et la domination militaire

Tous les moyens sont mis en œuvre par le Premier ministre israélien pour tirer au mieux parti de l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche afin d’avancer ses pions, non seulement dans les territoires occupés, mais aussi dans les pays voisins. Son ultime objectif reste d’attaquer les installations nucléaires iraniennes.

Cette stratégie du seul rapport de force et de la domination militaire est extrêmement dangereuse. Seul un retour au politique, permettant de trouver une solution juste à la question palestinienne, pourra ramener à la région une stabilité souhaitée par les populations qui y vivent.