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L’Aquarius , un bateau de 629 naufrages a la recherche d’un port d’accueil.

publié le 12/06/2018 | par Jean-Paul Mari

L’Aquarius est actuellement en standby au milieu de la Méditerranée après que l’Italie a fait fermer ses portes au bateau ambulance, sur instruction du nouveau ministre de l’Intérieur d’extrême droite, Matteo Salvini. Photo archives Patrick Bar/SOS Méditerranée
Matteo Salvini, nouveau ministre de l’Intérieur italien, d’extrême droite, n’a pas tardé à passer des paroles aux actes.


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11 juin

Il avait averti que son pays « ne pouvait pas être le camp de réfugiés de l’Europe ». L’Italie a donc fait savoir ce dimanche, selon un officiel italien anonyme cité par l’agence Reuters, qu’elle refusait l’accès de tous ses ports au bateau ambulance de l’association SOS Méditerranée.

Selon l’ONG, l’Aquarius navigue actuellement au large de Malte, avec 629 personnes à son bord. Des migrants sauvés de la noyade lors d’une série de six périlleux sauvetage, dans la nuit de samedi à dimanche, au large de la Libye.
Une embarcation s’est notamment brisée en pleine nuit, et des migrants tombés à l’eau ont été sauvés in extremis.
A bord se trouvent notamment 123 mineurs non accompagnés, onze enfants et sept femmes enceintes.
SOS Méditerranée indique ne pas avoir été officiellement prévenue de cette décision par les autorités italiennes, mais l’avoir appris par les médias transalpins.

Au cœur d’une crise diplomatique entre les deux pays – l’Italie accusant Malte de ne pas prendre sa part dans le secours et l’accueil des migrants – le gouvernement italien a demandé aux autorités maltaises d’ouvrir leurs ports.
Ce que Malte a officiellement refusé, indiquant dans une courte dépêche « n’avoir rien à voir avec l’opération de sauvetage ».

L’Aquarius avait agi, dans la nuit de samedi à dimanche, sur instruction du Centre de coordination des secours de Rome (MRCC).
L’équipage et ses naufragés se trouvent donc au cœur d’une crise diplomatique, en stand by au milieu de la Méditerranée.

« Les conditions sanitaires sont celles que vous pouvez imaginer, avec 629 personnes à bord, a commenté ce dimanche soir SOS Méditerranée. C’est un nombre important. Nous attendons actuellement que les autorités compétentes, en l’occurrence le centre de coordination européen qui nous avait mandaté, nous indiquent un port sûr de débarquement. »

Extrême droite

«L’Aquarius» interdit d’accoster en Italie : l’opposition dénonce une «violation du droit international»

11 juin 2018

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Le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, a affirmé dimanche qu’en cas de refus des autorités maltaises d’accueillir l’«Aquarius», il ne serait pas autorisé à accoster dans la péninsule.

Pour les migrants, «la belle vie est terminée», avait proclamé le nouveau ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite). Dimanche après-midi, il a commencé à mettre sa menace à exécution. Le leader de la Ligue a en effet fermé les ports de la péninsule au navire Aquarius, avec à son bord 629 personnes dont 123 mineurs et 7 femmes enceintes.

Le bateau, affrété par l’association SOS Méditerranée avec la collaboration de MSF, avait récupéré des migrants au large de la Libye. Il devrait transiter par les eaux maltaises.

D’où la lettre de Matteo Salvini adressée en urgence aux autorités de La Valette, dans laquelle le ministre affirme que le port maltais est «plus sûr» pour y débarquer les passagers de l’Aquarius. Et d’ajouter qu’en cas de refus des responsables insulaires, le bateau ne sera pas autorisé à arrimer en Italie. «Le sauvetage des quelque 629 migrants est intervenu dans la zone de recherche libyenne et a été coordonné par le centre de secours à Rome», a sèchement répliqué un porte-parole du gouvernement maltais, ajoutant : «Malte n’est pas l’autorité qui coordonne le dossier et n’en a pas la compétence.»

Avec 629 rescapés à bord, l’#Aquarius a reçu l’instruction du Centre de coordination des secours maritimes italien (IMRCC) de rester en stand-by à sa position actuelle, soit 35 milles nautiques de l’#Italie et 27 milles nautiques de Malte

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June 10, 2018

«Avec nous, la musique va changer»`

De toute évidence, Matteo Salvini a décidé de montrer les muscles car plus de 500 migrants ont débarqué en Italie à bord de trois navires au cours du week-end. «Nous ne passerons pas l’été à regarder sans rien faire», a-t-il prévenu, en substance, samedi : «Avec nous, la musique va changer.» Le ministre de l’Intérieur a également fait planer des menaces sur les ONG qui organisent les sauvetages en mer : «On est en train de les scanner une par une.»

Dans un message Facebook, il a ajouté dimanche soir : «Malte n’accueille personne, la France repousse les migrants à sa frontière, l’Espagne défend ses frontières avec les armes, en somme en Europe, tout le monde s’occupe de ses affaires. A partir d’aujourd’hui, l’Italie commence à dire non au trafic d’êtres humains, non au business de l’immigration clandestine.»

Pour l’opposition de gauche, la décision de Matteo Salvini constitue «une violation du droit international, du droit de la mer et des normes humanitaires les plus élémentaires». Le Mouvement Cinq Etoiles, partenaire gouvernemental de la Ligue, était, lui, silencieux. Mais le président du Conseil, Giuseppe Conte, a été informé de l’initiative de son ministre de l’Intérieur.
Eric Jozsef correspondant à Rome

Rejeté par l’Italie et par Malte, un navire humanitaire avec 600 migrants cherche un port


11.06.2018

Lundi 11 juin au matin, 629 migrants venus d’Afrique, dont 123 mineurs isolés, 11 enfants en bas âge et 7 femmes enceintes, étaient toujours bloqués en Méditerranée, à 28 milles nautiques de Malte et à 32 des côtes siciliennes, otages d’un contentieux international qui les dépasse.

Ils étaient en route pour le port sicilien de Messine, dimanche midi, lorsque l’information est tombée sur le site du quotidien La Repubblica : le vice-président du conseil et ministre de l’intérieur, Matteo Salvini, a décidé de refuser à l’Aquarius, qui a recueilli ces personnes à son bord, l’entrée dans les ports italiens.

Une décision aussitôt diffusée sur les réseaux sociaux, puis relayée par un mot-clé, « chiudiamoiporti » (« fermons les ports ») et accompagnée d’une injonction à débarquer les demandeurs d’asile à Malte : « Le port le plus sûr, c’est le vôtre. »

Fort logiquement, les autorités maltaises ont refusé de se faire forcer la main, soulignant que les secours avaient été coordonnés à Rome et n’étaient donc pas de leur ressort. Depuis, la situation est bloquée. Le haut-commissariat de l’ONU a appelé lundi Malte et Rome à débloquer la situation, qualifiée d’« impératif humanitaire urgent ».

Dimanche soir, au siège de la présidence du conseil, une réunion des ministres concernés a duré plus de quatre heures, et n’a donné lieu à aucune déclaration concrète, le premier ministre, Giuseppe Conte, se bornant à constater que l’Italie « était abandonnée » par l’Europe.

A bord, l’équipage dispose de quatre à cinq journées de vivres.

L’intervention de l’Aquarius a commencé samedi soir, lorsque le centre de coordination des secours (MRCC) de Rome, alerté par les observations des avions de la mission Eunavfor Med (European Naval Force Mediterranean) de lutte contre le trafic de migrants en Méditerranée, a demandé au navire humanitaire de faire route vers une zone située à plusieurs dizaines de milles des côtes libyennes, à l’est de Tripoli. Deux opérations de secours s’y sont déroulées, dans des conditions assez périlleuses (une des deux embarcations secourues a coulé, et 40 migrants ont été repêchés in extremis).

« Business de l’immigration »

Le sauvetage a eu lieu en l’absence, devenue habituelle ces derniers mois, de gardes-côtes libyens. De fait, depuis quelques semaines, leurs navires sont presque invisibles. Effets du ramadan ? Message en direction du nouveau gouvernement italien, rappelant que Tripoli peut à tout moment faire repartir un flot de réfugiés en direction des côtes italiennes ? Les observateurs de la situation dans le canal de Sicile ne savent pas trop à quoi attribuer cette soudaine disparition.

Dans les heures qui suivent, le MRCC de Rome demande à l’Aquarius de procéder à quatre transbordements. Une procédure qui aurait été classique l’an passé, alors que les opérations se poursuivaient à un rythme très soutenu, mais qui était devenue ces derniers mois plutôt rare, avec la baisse spectaculaire du nombre de départs des côtes africaines.

Sont ainsi accueillis à bord de l’Aquarius, toujours sur ordre de Rome, 119 demandeurs d’asile secourus en mer par un navire commercial, puis, plus étrange, des migrants venus de trois navires de gardes-côtes italiens, avant que le MRCC de Rome ne demande au navire de SOS-Méditerranée de faire route vers le nord, aux premières heures de la matinée de dimanche.

Ainsi donc, tout se passe comme si les autorités italiennes avaient cherché à « remplir » le plus possible l’Aquarius pour permettre au ministre de l’intérieur, Matteo Salvini, entré en fonctions une semaine plus tôt, de mettre en scène sa fermeté face au « business de l’immigration » qu’il n’a de cesse de dénoncer depuis des années.

Le tout, un jour d’élections : dimanche 10 juin se tenait le premier tour des élections municipales dans 764 communes d’Italie, dont les ports de Catane et Messine, en Sicile, et M. Salvini, qui reste à la tête de la Ligue, se sera ainsi offert, une fois le plus, le luxe d’être omniprésent, même en un jour où toute propagande électorale est interdite. Un procédé qui semble avoir été payant : lundi matin, les premiers résultats traduisaient la poursuite de la montée en puissance de la Ligue.

« Malte ne bouge pas, la France repousse, l’Europe s’en fout », a lancé Matteo Salvini sur Facebook

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Dans la soirée de dimanche sont arrivés de nombreux messages de soutien émanant de l’ensemble de la droite. « Il est temps que les autres Etats membres de l’UE, y compris Malte, prennent leur part, pas seulement en paroles », a ainsi déclaré Anna Maria Bernini, proche de Silvio Berlusconi, et cheffe du groupe Forza Italia (opposition) au Sénat, rappelant que ce point figurait dans le programme de son parti. Plus virulente, Giorgia Meloni, cheffe de file de Fratelli d’Italia (postfasciste), a suggéré sur Twitter, dimanche après-midi, que l’Aquarius soit ramené en Italie pour être placé sous séquestre, et que son équipage soit inculpé de « trafic d’êtres humains ».

A gauche, les premiers cris d’indignation ne sont pas venus du Parti démocrate (PD). C’est tout d’abord le maire de Naples, Luigi de Magistris, qui a proposé d’ouvrir son port à l’Aquarius, avant d’être suivi dans la soirée par une autre figure inclassable du camp progressiste, celle du maire de Palerme, Leoluca Orlando, puis par ses homologues de Messine et de Reggio de Calabre.

Le PD, lui, est resté plutôt discret, son secrétaire par intérim, Maurizio Martina, affirmant surtout qu’il n’y a « aucune urgence » pour l’heure. Il faut dire que dimanche Matteo Salvini n’a fait que mettre en pratique des menaces proférées en juillet 2017 par son prédécesseur au ministère de l’intérieur, Marco Minniti, qui espérait ainsi faire fléchir ses partenaires européens, et n’avait obtenu en retour que des belles paroles…

L’embarras le plus palpable, à mesure que la crise grossissait, a été celui du Mouvement 5 étoiles, une formation alliée de la Ligue au gouvernement, mais profondément divisée sur la question migratoire. Le ministre des transports et des infrastructures, Danilo Toninelli, qui a en théorie la haute main sur les ports, a attendu plusieurs heures avant de s’aligner officiellement sur les positions de Matteo Salvini. Lundi matin, ce dernier s’en est pris à un autre bâtiment de l’ONG allemande Sea Watch, actuellement au large de la Libye. « Malte ne bouge pas, la France repousse, l’Europe s’en fout », a-t-il lancé sur Facebook.

Billet

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«Aquarius», «Exodus» : terrible ressemblance

Par Laurent Joffrin, Directeur de la publication de Libération — 11 juin 2018

L’Italie refuse désormais d’accueillir dans ses ports le bateau humanitaire «Aquarius» avec quelque 600 migrants à son bord.


Ce n’est pas seulement une rime : Aquarius, Exodus… Le gouvernement italien vient d’annoncer par la voix de son ministre de l’Intérieur Matteo Salvini (Ligue) que l’Italie refusait désormais d’accueillir dans ses ports le bateau humanitaire Aquarius avec quelque 600 migrants à son bord. Il a enjoint aux autorités de Malte de laisser le bateau amarrer dans l’île, mais le gouvernement maltais a rétorqué qu’il n’avait rien à voir dans cette affaire et qu’il refusait de laisser entrer l’Aquarius. En 1947, un bateau affrété par la Haganah, la branche militaire du mouvement sioniste et rebaptisé Exodus, en référence à l’exode des Juifs en Egypte aux temps bibliques, transportant plusieurs milliers de rescapés de la Shoah, avait été arraisonné par la marine britannique et interdit de débarquer en Palestine, but de son voyage.

Le gouvernement britannique, pour ménager les Etats arabes, avait promis d’interrompre l’immigration des juifs d’Europe en Palestine. Le sort de ces passagers misérables, errant sur les mers, avait touché le monde entier et favorisé, par l’émotion suscitée, le vote d’une résolution de l’ONU prévoyant un partage de la terre palestinienne entre Juifs et Arabes, ce qui conduisit à la création de l’État d’Israël en 1948. Aquarius, Exodus : comment ne pas faire la comparaison ?

Point Godwin, dira-t-on : le sort des Juifs d’Europe pendant la guerre et celui des migrants d’aujourd’hui ne sauraient être comparé. Certes. Mais beaucoup des migrants recueillis à bord de l’Aquarius viennent de Libye. Or on connaît le sort de ces réfugiés dans la Libye anarchique et violente. Beaucoup sont pris en otage à des fins de rançon par des bandes sans scrupule, torturés, violés. Les conditions de détention dans ce pays sont souvent inhumaines.

On a même détecté la présence dans certaines villes libyennes de «marchés aux esclaves» modernes, qui évoquent un passé en principe révolu. Point d’extermination ni de massacre de masse, bien sûr, distinguons les situations. Mais une violation systématique, cruelle, barbare parfois, des droits humains les plus élémentaires. Sur ce plan-là, et sur ce plan seulement, les situations de l’Exodus et de l’Aquarius finissent par se ressembler.

La fermeture des ports au navire humanitaire, comme le rappelle l’opposition italienne, est totalement contraire au droit maritime et aux conventions internationales, qui prévoient l’accueil impératif des naufragés en mer. L’Italie dirigée par la coalition populiste Ligue-Cinq étoiles leur tourne le dos : immense régression. Il est vrai que l’Italie n’est pas seule responsable. Salvini a beu jeu de rappeler que d’autres pays européens manquent à leurs obligations et ferment autant que possible leurs frontières aux migrants. Du coup l’Italie, comme la Grèce, pour des raisons de proximité géographique, supporte la charge principale de l’accueil des migrants venus du sud de l’Europe.

C’est l’impuissance de l’Union à organiser un accueil coordonné qui porte la principale responsabilité de cette situation. Que cette impuissance perdure et la comparaison Exodus-Aquarius deviendra de plus en plus pertinente.


Laurent Joffrin Directeur de la publication de Libération

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L’Europe et les migrants : une catastrophe politique annoncée

La réunion des ministres de l’intérieur des Vingt-Huit mardi a confirmé ce que tout le monde redoutait : l’Europe reste incapable de trouver une issue commune à ce sujet majeur.

LE MONDE | 06.06.2018

Editorial du « Monde ».

Autant l’ampleur de la crise migratoire à laquelle est confrontée l’Europe depuis 2014 était imprévue, autant le blocage politique qu’elle provoque au sommet de l’Union européenne était annoncé. La réunion des ministres de l’intérieur des Vingt-Huit, mardi 5 juin, à Luxembourg, a confirmé ce que tout le monde redoutait : l’Europe reste incapable de trouver une issue commune à ce sujet majeur, qui n’en finit plus de ravager le paysage politique de nos démocraties.

Au clivage Est-Ouest, entre des pays d’Europe centrale, ouverts depuis peu à la libre circulation des personnes, radicalement opposés à l’idée de se voir imposer par Bruxelles des quotas de réfugiés, et une Europe de l’Ouest campant sur le principe de solidarité, s’est ajouté un clivage Nord-Sud, entre pays riverains de la Méditerranée dans lesquels arrivent la grande majorité des migrants et ceux qui souhaitent éviter d’être leur destination finale.


L’affrontement est désormais inévitable

Ces clivages sont compliqués par la progression des mouvements populistes – en partie favorisée par les polémiques sur l’immigration – au sein de l’UE. Ces partis sont aujourd’hui au pouvoir dans plusieurs pays d’Europe centrale et participent à des coalitions gouvernementales en Autriche, en Slovénie, en Belgique.

Mais c’est surtout la victoire du Mouvement 5 Etoiles, en Italie, en mars, et la formation d’un gouvernement avec la Lega d’extrême droite qui précipite le débat. Avec la nomination du chef de file de la Lega, Matteo Salvini, au poste de ministre de l’intérieur, l’affrontement est désormais inévitable.

Pendant la campagne électorale, M. Salvini a promis d’expulser un demi-million de migrants.

Le problème – que, dans son cynisme, M. Salvini fait mine d’ignorer –, c’est qu’à l’heure actuelle l’organisation du retour des immigrés clandestins dans leur pays d’origine est quasi impossible. La grande majorité des demandeurs d’asile déboutés, en réalité, restent en Europe, dans des conditions précaires.

Bruxelles et la présidence tournante de l’UE, actuellement occupée par la Bulgarie, tentent d’obtenir un compromis sur la réforme du règlement de Dublin, qui veut que les demandes d’asile soient gérées dans le pays de première arrivée. Le durcissement des positions à Rome rend ce compromis introuvable. La plupart des experts européens prévoient à présent que les chefs d’État et de gouvernement de l’UE échoueront de nouveau à se mettre d’accord sur la question migratoire au sommet des 28 et 29 juin.


Ces échecs répétés mènent l’Europe à la catastrophe
. Deux priorités semblent établies : offrir l’asile à ceux qui en ont besoin et dissuader les migrants de risquer leur vie pour venir en Europe. Selon un rapport récent du think tank européen European Stability Initiative, quatre pays, l’Allemagne, la France, l’Italie et la Grèce, ont concentré en 2017 près des trois quarts (72 %) des demandes d’asile, soit 509 000 requêtes.

Ces quatre pays ont un intérêt prioritaire à réformer et à harmoniser le droit d’asile, et à négocier des accords de réadmission avec les pays d’origine, en particulier les pays africains dont les ressortissants ne peuvent pas prétendre à un statut de réfugié. Peut-être serait-ce là un format de travail plus productif que les grands-messes à vingt-huit.