Le « front » iranien se calme, mais l’enfer continue à Gaza
Tous les efforts internationaux ont été stoppés nets par la guerre en Iran, à commencer par ceux de la France. Il y a urgence à les reprendre

Le calvaire des Palestiniens se poursuit à Gaza, sans que les buts de guerre israéliens ne soient explicités.
Les armes se sont tues lundi entre Israël et l’Iran, après une guerre sans précédent ; mais pas à Gaza, la grande oubliée de ces douze derniers jours. Le calvaire des populations civiles palestiniennes et des otages israéliens se poursuit inexorablement. On chercherait vainement dans les déclarations officielles une justification de la poursuite de cette guerre, dont le but échappe même à de nombreux Israéliens.
Les plus de deux millions de Gazaouis sont désormais regroupés dans une petite partie de ce minuscule territoire, dans des conditions inhumaines. Chaque jour des habitants se font tuer autour des points de distribution de l’aide humanitaire, qui a été retirée aux Nations Unies en faveur d’une entreprise privée, protégée par l’armée. Le nombre de points de distribution a été considérablement réduit, ce qui provoque ces incidents. L’aide est devenue un « piège mortel », accuse Philippe Lazzarini, le directeur de l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, écartée par Israël.
On voit défiler depuis lundi les images des Israéliens soulagés par la fin des alertes aux missiles iraniens, se précipiter sur les plages de Tel Aviv ; mais un peu plus au sud, c’est toujours l’enfer sur terre.
Avant le début de la guerre avec l’Iran, on assistait à la mobilisation d’une partie de l’opinion israélienne en faveur de l’arrêt de la guerre. Des Israéliens ont défilé avec les photos des enfants palestiniens tués à Gaza. Ça s’est évidemment arrêté net avec l’arrivée des missiles iraniens.
Dans le même temps, les critiques internationales devenaient plus fortes, notamment en Europe, avec la perspective agitée par la France d’une reconnaissance de l’État de Palestine. La convocation à New York d’une conférence sur les « deux États » -Israël et Palestine-, coprésidée par la France et l’Arabie Saoudite, qui devait se tenir la semaine dernière, faisait partie de ce climat de pressions.
Le conflit avec l’Iran a, là aussi, tout compromis. Tout le monde a oublié Gaza, et les morts se sont comptés par centaines pendant que les regards étaient tournés ailleurs. La conférence de New York a été renvoyée à des jours meilleurs, et la reconnaissance de la Palestine par la France reste un objectif, mais sans calendrier. Même la décision européenne sur l’accord d’association de l’UE avec Israël, et son article 2 sur le respect des droits humains, a été décalée.
Les discussions autour d’un cessez-le-feu, condition de libération des derniers otages encore en vie, pourraient toutefois reprendre au Qatar dans les prochains jours. Beaucoup dépendra de l’intérêt que trouvera Donald Trump à s’investir dans cette négociation, il a montré avec l’Iran qu’il peut peser sur Benyamin Netanyahou après l’avoir soutenu dans ses bombardements des sites nucléaires.
L’enjeu pourrait être plus large : l’arrêt de la guerre à Gaza et une perspective politique pour les Palestiniens reste une condition posée par l’Arabie Saoudite pour normaliser ses relations avec Israël. Ça reste un objectif pour Netanyahou, une manière de couronner ce « nouveau Moyen Orient » qu’il proclame après avoir affaibli l’influence iranienne. La presse israélienne évoque aussi, dans ce contexte, de possibles élections anticipées.
Mais cette cuisine politique ne doit pas cacher la réalité : les souffrances des civils palestiniens et des otages israéliens n’ont que trop duré. Tous les pays qui ont un minimum d’influence doivent peser pour qu’elles cessent le plus rapidement possible.
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