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Le photographe français Christian Poveda assassiné

publié le 04/09/2009 | par grands-reporters

Un membre du gang Mara 18 suspecté. Christian Poveda a été tué par balles « dans des circonstances étranges ».


Christian Poveda, 54 ans, né en France de parents espagnols, a été assassiné à 15 km au nord-ouest de la capitale, alors qu’il revenait d’un tournage dans la banlieue de Campanera, contrôlée par les « maras », des gangs qui se livrent au trafic de drogue et aux extorsions de fonds.
Son dernier documentaire « La vida loca » (La vie folle) décrit le quotidien de ces gangs de jeunes, tatoués de la tête aux pieds, nés dans les années 80 dans les quartiers « latinos » de Los Angeles et qui ont ensuite essaimé en Amérique centrale.
Le film doit sortir en salle en France le 30 septembre prochain.

« Une personne est détenue et nous enquêtons pour savoir si elle a quelque chose à voir » avec le meurtre, a indiqué le directeur de la Police nationale civile (PNC), Carlos Ascencio.
Cette personne a été arrêtée près de la zone où Christian Poveda a été assassiné mercredi, dans la région rurale de Tonacatepeque au nord de la capitale, a précisé le directeur de la PNC, en s’excusant de ne pas pouvoir fournir d’autres détails pour ne pas nuire au bon déroulement de l’enquête.
De son côté, le procureur général Astor Escalante a indiqué que le reporter-photographe « était en contact avec des membres de gangs extrêmement dangereux » en estimant qu’il était « possible que des membres de ces gangs soient impliqués » dans le meurtre.

La personne interpellée est un membre du gang Mara 18, soupçonné d’être impliqué dans la mort de l’ancien photographe de guerre, qui s’était intéressé de près dernièrement à ces gangs violents, composés d’anciens prisonniers des prisons américaines. Le suspect est détenu au nord de San Salvador, d’après l’inspecteur Oscar Nuila Ramos.
Le directeur de l’Institut de médecine légale, Mario Hernández, a indiqué que l’autopsie avait révélé que Christian Poveda présentait quatre impacts de balles au visage.

« L’assassinat s’est produit dans des circonstances très étranges », avait déclaré le président salvadorien, Mauricio Funes, un ancien journaliste qui connaissait personnellement Christian Poveda, et qui s’est dit « consterné ».
Le documentaire « ne stigmatisait pas les gangs », Christian Poveda « souhaitait que l’opinion publique nationale et la communauté internationale aient une vision plus objective du phénomène », avait-il ajouté.

« On est tous sous le choc », a déclaré Jean-François Leroy, fondateur du festival de photojournalisme Visa pour l’image à Perpignan (sud de la France).
« Tout le monde lui disait que c’était dangereux. Lui, il disait être sûr qu’il ne courait aucun risque. Il était heureux que son film sorte fin septembre, c’était enfin une reconnaissance de son travail après de nombreuses années », a-t-il ajouté.
Les meurtriers ont laissé sur place son 4×4, ses appareils photos et son matériel de tournage. Le journaliste avait encore ses clés de voiture à la main quand les policiers ont retrouvé son corps sans vie.

La police du Salvador a annoncé l’arrestation d’un suspect du meurtre du reporter-photographe et réalisateur de documentaires français Christian Poveda, tué par balles la veille au nord-ouest de San Salvador, sans fournir d’autres détails.


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