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Les écritures de l’histoire de l’immigration : comment raconter les départs des migrants ?

publié le 05/10/2016 | par Jean-Paul Mari

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Le Musée national de l’histoire de l’immigration embrasse les trajectoires migratoires depuis les contextes et les raisons des départs jusqu’aux modalités d’arrivée, d’installation et de participation à la société française, sans oublier les modalités de voyages des migrants.

La prise en compte des récits migratoires passe par l’explication des multiples motivations qui poussent des personnes à partir de chez eux dans l’espoir d’une vie différente ailleurs : fuir un contexte de conflits, de guerre ou de tensions extrêmes, être chassé par une catastrophe naturelle ou environnementale, partir pour trouver une formation, un emploi ou une émancipation individuelle, aller rejoindre un conjoint, une famille, etc… Ces histoires d’émigration nous font ainsi comprendre les opportunités et les freins qui se présentent aux projets migratoires.

Questionner et faire dialoguer les différentes écritures de l’histoire de l’immigration, c’est ce que le Musée cherche à faire en privilégiant les relations entre l’histoire, la littérature et les arts dont les frontières sont loin d’être étanches. Si l’histoire n’est pas fiction mais obéit à des critères de recherche scientifique, les façons d’écrire ces savoirs se diversifient de plus en plus. L’histoire choisit des écritures plus adaptées à la restitution des sources très diverses (archives, témoignages, objets, photographies, presse, etc.).

Elle s’interroge sur la place du « je » et le rôle du récit personnel dans l’investissement de l’historien sur les périodes et les thèmes liés aux migrations qu’elle tente d’expliquer. Elle adopte des styles plus libres pour sortir de ses espaces habituels et s’adresser à des publics plus larges. Les romans, récits littéraires ont investi le thème de l’exil comme autant de nouvelles odyssées.

Les romans et les récits de voyage, plus particulièrement, évoquent les réalités des migrations contemporaines, avec ou sans l’appui de la fiction. Ces écritures du passé vécu par les migrants cherchent à contextualiser leurs départs en s’appuyant sur des documentations. Elles s’approprient les outils ou les connaissances de l’histoire pour retracer de manière plus complète et plus juste les trajectoires de ceux qui décident un jour de s’en aller ailleurs.

A travers une forme esthétique et un style littéraire, ces écritures incarnent des réalités individuelles de manière sensible. La création d’un imaginaire prend le relais sur la vérification des faits pour composer une œuvre originale qui fait entendre une polysémie de voix singulières.

A l’occasion du débat proposé par le Musée, deux intervenants (historien et journaliste) vont croiser leur méthode d’écriture sur l’histoire des départs de migrants, et ainsi nous faire comprendre leurs spécificités et leurs points de rencontre.

Benjamin Stora, historien, professeur à l’université Paris-XIII et président du Musée national de l’histoire de l’immigration, spécialiste de l’histoire de l’immigration en France, auteur de nombreux ouvrages sur l’immigration algérienne et la Guerre d’Algérie, évoquera l’écriture de ses ouvrages historiques, mais aussi de son dernier ouvrage, le récit de son enfance (Les Clés retrouvées. Une enfance juive à Constantine, Stock, 2015). Jean-Paul Mari, grand reporter et écrivain, fera de même avec son livre Les Bateaux ivres (JC Lattès, 2015).


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