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Les impunis. Cambodge : un voyage dans la banalité du Mal

Livres publié le 19/03/2013 | par Olivier Weber

Les Khmers rouges ont régné sur le Cambodge de 1975 à 1979. À cette date, une partie d’entre eux ont dénoncé leurs chefs et négocié financièrement pour leur propre compte. En échange de quoi, ils ont créé dans le nord du pays la « zone de Pailin », l’état de non-droit des anciens Khmers rouges ; ils n’ont jamais été jugés ni inquiétés.

Olivier Weber, non sans risques, enquête dans ce sous-royaume dirigé par d’anciens Khmers rouges et leurs complices et dont le maître est un ex-garde du corps de Pol Pot. Casinos, bordels, traffic de rubis, ils ont construit un état mafieux ou une mafia-état où chacun sait qui sont les anciens bourreaux, ceux qui ont su se reconvertir.

Comme souvent dans les zones de « post-conflit » se mêlent les victimes et ceux qui les ont traquées. Ici les relations humaines, comme naguère, s’établissent dans la terreur ; ici on boit des bières entouré d’hommes qui ont broyé, torturé, enfermé leurs compatriotes avant de terroriser leur descendance. Dans cette enclave sans frontière, les tortionnaires d’hier ont acheté la paix en installant une des chambres de compensation des mafias d’Asie.

Des millions de dollars gonflent la masse des deux mille milliards de dollars illicites chaque année dans le monde. Recyclage des consciences, recyclage de l’argent sale. La nouvelle banalité du mal, que n’ont pas atteints les récents procès politiques qui se sont déroulés au Cambodge, se situe là aussi dans cette criminalité organisée sur laquelle le monde ferme les yeux.

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Extrait Les Impunis

En remontant la piste de Pailin, royaume de la poussière, on ne peut rater le temple de Phnom Yat, bâti sur une colline verdoyante et où les bonzes et bonzesses qui sont revenus au bercail semblent se cacher sous des arbres touffus. Un immense escalier conduit au premier temple et le promeneur solitaire est alors heureux d’abandonner la piste pour se joindre à la petite foule de pèlerins. L’une des fidèles, Ko, une jeune Cambodgienne au sourire ineffable, s’est agenouillée devant la bonzesse en tunique blanche et au crâne rasé, dans un minuscule temple de quelques mètres carrés, ajouré, sans murs, au petit toit soutenu par des piliers, et se laisse prendre les mains avec affection. S’ensuit une litanie de prières que le voyageur ne peut comprendre mais où il semble tout de même question d’espoir et de promesses d’avenir, vu le sourire grandissant de la fidèle. La jeune Cambodgienne semble attirer beaucoup de pèlerins, qui feignent des prières pour mieux la regarder, mais elle n’accorde son sourire qu’à la bonzesse et au ciel qui perce à travers les arbres, vers lequel montent les incantations de l’une et de l’autre. Au demeurant, la bonzesse se tient prête, me dira-t-elle un peu plus tard, à rappeler aux charmeurs que le moindre péché serait sévèrement puni, si l’on considère un tant soit peu le symbole que renvoient les statuettes aux armatures de fer situées à côté du temple.

En tendant le cou, sur la droite du temple, le voyageur peut alors apercevoir un ensemble de statues grandeur nature qui représentent les pécheurs. On croit deviner un menteur, un couple adultérin et deux bandits. L’un, pour prix du péché, a reçu un coup de scie circulaire dans la tête et la lame plantée sur le crâne de béton laisse transparaître un filet de peinture rouge, au cas où le visiteur n’aurait pas compris la dureté du châtiment. Plus loin, deux experts mettent à la question un autre pécheur, agenouillé, les yeux exorbités, et s’affairent à lui retirer la langue avec une immense tenaille, ce qui laisse présager de l’importance du délit. Sur un mât planté à un mètre de là, le couple adultérin est suspendu à des filins, une pique dans le postérieur, les muscles prêts à laisser s’affaisser le corps vers le châtiment suprême.

La bonzesse, qui est restée agenouillée dans son temple miniature, devant Keo tout sourire et entouré d’une nuée de courtisans plus ou moins pèlerins, n’y va pas par quatre chemins et dit que ces statuettes représentent un excellent moyen d’éduquer le peuple, car le peuple s’est beaucoup écarté du droit chemin, non seulement le peuple cambodgien mais les peuples de la contrée et même au-delà des frontières de l’Asie. Keo ne répond pas car elle semble comprendre que la bonzesse fait allusion aux Khmers rouges et aux autres régimes de dictature qui ont embrassé maintes parties du monde, à la différence près que les Khmers rouges sont, eux, restés au pouvoir, du moins dans l’enclave qui commence non loin du temple.

Keo regarde encore les statuettes du péché et veut signifier aux dragueurs à ses côtés que s’ils persistent dans leur intention nuisible ils pourraient finir au bûcher. La bonzesse s’empare alors d’un carnet de bois, doté de planchettes sur lesquelles nagent des prières, et le place au-dessus de son crâne afin qu’elle choisisse, au hasard, l’une des recommandions célestes au moyen d’un stylet. Lorsque Keo lit la phrase de la planchette, son visage s’illumine davantage, si tant est que sa bouche puisse encore s’agrandir, comme s’il était question d’une promesse divine. Les quatre garçons qui feignent d’attendre la bonzesse et ne cessent de reluquer Keo ont alors un petit mouvement de recul, comme si la jeune femme désirée s’avérait brusquement inaccessible. L’un des courtisans jette un oeil vers les statues de suppliciés et paraît troublé par l’imprudence du chaland qui pourrait s‘attendre à ce qu’il périsse dans sa traque du désir.
Keo a perdu une partie de sa famille durant le règne des Khmers rouges, de 1975 à 1979, règne qui s’est prolongé dans le coin par l’emprise des hommes de Pol Pot sur les maquis, dix-sept ans durant. Et pourtant elle écoute d’une bonne oreille ce que prononce la bonzesse à la tunique blanche, « ces statues sont là pour rappeler qu’il faut pardonner aux fauteurs de troubles, aux grands pécheurs, même ceux qui ont commis des crimes ». Les soupirants assis dans la position du lotus ne semblent pas entendre le prêche, tout affairés à reluquer Keo, et celle-ci se contente de hocher la tête, comme pour dire que le pardon doit être accordé, qu’il faut oublier les massacres, le génocide, d’autant plus que les auteurs des tueries se terrent dans l’enclave qui s‘annonce, par-delà les collines, dans la forêt, sur les hauteurs de la frontière thaïlandaise. A tel point que l’on se demande sr la doléance de la prêtresse est une incitation à la rédemption ou si au contraire elle pourrait pousser les auteurs des massacres dans la province à s’offrir une virginité.

La remontée de la piste des rubis n’est guère aisée. C’est en fait celle des anciens Khmers rouges, ou nouveaux Khmers rouges, les héritiers de Pol Pot qui perpétuent sur leurs épaules le poids du trafic des pierres précieuses, pierres qui ont nourri pendant des années les efforts de la guérilla, après la chute du régime de Frère Numéro Un, en 1979. La barrière à cerbères en armes qui marquait la frontière de la « zone autonome de Pailin », un euphémisme pour ne pas dire « république libre des Khmers rouges reconvertis », a disparu, et les miliciens avec, ce qui tendrait à démontrer que les héritiers de Pol Pot se sont davantage fondus dans la population. La région s’est érigée de facto en fief des Khmers rouges reconvertis lorsque l’un de leurs chefs, Ieng Sary, a conclu la paix avec le régime de Phnom Penh en 1996, à grands renforts de dollars, avec des arguments sonnants, trébuchants et menaçants du genre « laissez-moi tranquille ou je ressors les chars ». La guérite-frontière, dont j’ai du mal à retrouver l’emplacement, a été apparemment remplacée par un bar à bières où des paysans du coin et des transporteurs s’évertuent à se rincer le gosier, à moins que ce ne soit précisément les anciens miliciens khmers rouges qui auraient rangé leurs treillis. Ma recherche de la guérite a l’air d’agacer certains consommateurs, tandis que d’autres ne font que secouer les épaules comme pour dire que rien n’a changé dans les parages, et que cela s’est même aggravé, dans le sens où les Khmers rouges n’ont plus besoin de frontière et de champs de mines pour se protéger.
L’un des buveurs de bière, qui se dénomme Hong, m’invite à sa table et confesse très vite que la zone autonome de Pailin demeure toujours aussi autonome, et que si la frontière a disparu c’est parce qu’une enclave qui efface ses frontières et se fond dans le paysage d’un pays devient beaucoup plus sûre, hop, il n’y a plus de traces, et le buveur Hong verse un peu de bière sur le sol en latérite de la cahute, le liquide disparaissant aussitôt dans les entrailles de la terre qui fut jadis frontière, et là tu vois, au bout de cette piste, tu trouveras une belle route, une route neuve, payée par les Khmers rouges, ou plutôt les anciens Khmers rouges, car maintenant on leur fout la paix, ah ah, et le monde entier croit qu’ils sont jugés, ah ah ah. Le buveur Hong rit un peu trop fort, au point que d’autres clients tout aussi éméchés rappliquent, se glissent sur le banc de la table de bois et l’un d’eux me demande ce que je peux bien tramer dans le coin. Je lui demande s’il est compliqué de visiter les hauteurs et il me répond que la forêt pourrait se révéler périlleuse, que les voitures peuvent avoir un accident, car on ne sait pas qui on croise dans les parages, et en plus on peut trouver beaucoup de mines explosives, les amputés sont légion, tout cela dit avec un sourire étrange, que je qualifierais de mi-inquiétant et mi-narquois, bien qu’il soit difficile d’établir où se situe la frontière entre les deux sur le faciès de mon interlocuteur, qui avoue derechef qu’il a longtemps traîné du côté des Khmers rouges.
Hong veut alors se lever mais l’ancien Khmer rouge lui intime l’ordre de se rasseoir, propos que tente de traduire fidèlement Malay, mon accompagnateur, un Cambodgien survivant des camps, malgré son appréhension que je partage de plus en plus. L’ancien Khmer rouge se met alors à vider sa bière d’un trait avant de nous lancer un rot sonore qui suscite des éclats de rire autour de nous, Malay et moi étant plongés dans une sorte d’arène, dans le rôle de deux gladiateurs contraints de se rendre au casse-pipes sans armes, hormis une chope de bière pouvant éventuellement servir d’outil défensif. C’est alors que je sors mon joker et m’adresse à l’ancien Khmer rouge en lui rappelant que si je suis ici, c’est non seulement pour monter vers les hauteurs, au bout de la route neuve, au-delà de l’ancienne guérite à cerbères, mais aussi pour retrouver les traces d’un animal en danger, l’Arctonyx colaris, plus connu sous le nom de balisaur ou blaireau asiatique ou encore ours-cochon, et que l’on peut rencontrer, si le voyageur a un peu de chances, autant que de croiser un Khmer rouge, dans la forêt de Samlaut, au sud de Pailin. Le balisaur est un gentil mammifère qui présente une gorge blanche, arbore un nez de cochon, d’où son surnom, mesure de cinquante-cinq à soixante-dix centimètres de longueur, pour un poids pouvant aller jusqu’à une quinzaine de kilos. Il mange surtout des fruits, occasionnellement du miel et des souris lorsque l’heure est au festin. Bien que les informations dont je dispose dans la guérite à buveurs soient fiables, il me paraît peu aisé en revanche de montrer à mon interlocuteur, de plus en plus menaçant, à quoi peut ressembler un tel mammifère, malgré mes efforts pour rappeler que le mammifère possède des ongles et un pelage important, lequel doit être difficile à supporter en saison chaude. Malay me souffle alors que l’ex-khmer rouge a dû être un officier important dans l’armée de Pol Pot, à voir, m’assure-t-il, comment lui parlent les autres clients, et je m’aperçois en effet que le buveur sait imposer le respect autour de lui pour mener à bien son numéro, lequel pourrait mal se terminer pour l’auteur de ces lignes, prêt à cavaler jusqu’à la Toyota Camry qui nous sert de moyen de locomotion malgré ses ratés à l’allumage et ses pannes fréquentes. Lorsque je tente ma dernière chance, face à l’ancien Khmer rouge de plus en plus imbibé, les clients se plongent dans le silence car je m’efforce d’imiter le cri du balisaur, imiter étant un bien grand mot car je n’en connais aucun son. Et me voila debout à côté du banc, cherchant à reproduire le pas du balisaur, face à une assemblée hilare et un nouveau khmer rouge qui trouve le sourire, ce qui me laisse penser qu’il me pardonnera sans doute mes incartades et l’envie pressante d’aller visiter la zone autonome de Pailin, une sorte de sous-royaume à l’intérieur du royaume du Cambodge où quelques auteurs du génocide et leurs complices vivraient en toute impunité.

Imiter ou tenter d‘imiter le balisaur est un geste assez facile, somme toute, dans la mesure où de peu de gens le connaissent. J’observe cependant du coin de l’oeil le buveur khmer rouge car il pourrait s’apercevoir de la supercherie et que j’imite un quelconque animal de la jungle ou de zoo. Tel semble être aussi l’opinion de Malay, qui redoute le pire, car s’il s’aventure dans la contrée c’est pour retrouver comme moi ceux qui ont massacré sa famille et ne se sont pas rendus, soit qu’ils se terrent dans la forêt, soit qu’ils se soient glissés dans la peau de fonctionnaires et potentats locaux, à la tête d’un pseudo-Etat, un fief des massacreurs. Pour se décontracter, il m’offre une bière et en boit une lui aussi, sous le regard du Khmer rouge, tour à tour dubitatif et souriant, et brusquement il paraît comprendre la raison de mon incursion sur la route, un type égaré, doit-il se dire, un buveur fou vu la descente de son accompagnateur, un voyageur qui subirait quelques lubies dont celle de retrouver la trace d’un curieux animal au cri non moins étrange, bien que non stabilisé vu les différents version présentées à la petite assemblée.
Malay, qui n’a qu’une envie, outre de reprendre une bière, celle de balancer son poing sur la figure de l’ancien Khmer rouge, se lève et se met lui aussi à imiter le cri et le pas du balisaur, comme s’il avait fait cela toute sa vie, et je lui trouve des qualités de comédien surprenantes, qui nous permet d’acheter un sauf-conduit pour nous rendre dans les Monts des Cardamomes, dans l’enclave du mal, ou plutôt de la banalité du Mal, le Mal que l’on a oublié, relativisé, mis entre parenthèses, tu comprends, ces salopards savent perdre la mémoire car ils apprennent par coeur, gesticule Malay, c’était leur spécialité, tuer, tuer tout le monde, tuer les élites, tuer les étudiants, les médecins, les juges, les avocats, les instituteurs, les religieux, les habitants des villes, ce qui représente tout de même beaucoup de monde, mais aussi faire oublier, effacer la mémoire du peuple, plus de culture, plus rien. Le peuple n’est pas content? disait un dictateur. Et bien changez de peuple. Les Khmers rouges ont fini par le supprimer.

Le voyage en fait commence non pas à Phnom Penh, la capitale du Cambodge, mais rue Saint André des Arts, à Paris, plus précisément au numéro 28. C’est dans cette immeuble de pierre, que jouxtent un bar et une boulangerie, que vécurent trois compères, Ieng Sary, Nuon Chea et Salot Sar, lequel n’avait pas encore pris le pseudonyme de Pol Pot. Dans ce petit appartement, non loin de la Seine, les étudiants, futurs têtes pensantes du mouvement khmer rouge, concoctaient de vastes plans pour leur pays natal et parlaient de transfert des villes vers la campagne, de rééducation du peuple, d’agriculture collective. Les rejoignait de temps à autre un étudiant de la Sorbonne, Khieu Samphan, qui distillait dans sa thèse les mêmes principes. J’ai longtemps erré au pied de l’immeuble, intrigué par le fait que la révolution polpotiste et les dérives avaient pris naissance ici-même, au cours de réunions enfumées et accessoirement arrosées, avec ces cocktails de directives pour tous les Cambodgiens qu’il s’agissait de soumettre à un nouvel ordre. Malay m’avait indiqué l’adresse d’un vague mouvement d’épaules, comme pour dire que tout cela était du passé et qu’il s‘agissait, même s’il avait perdu une quinzaine de membres de sa famille dans les camps de la mort durant le règne de Pol Pot, qu’il s’agissait de gommer le passé, d’oublier, de ne surtout pas soulever la question du génocide, ou du moins de juger quelques caciques et d’oublier les autres, qui courent toujours, car sinon cela reviendrait « à déterrer la hache de guerre ». Malay, qui travaille dans un fast food de Cergy-Pontoise régulièrement défoncé à coups de voiture bélier ou de marteau et qui bénéficie ainsi de quelques jours de chômage technique, est plutôt habitué à la violence et serait prêt à accorder son pardon à maints tueurs du Cambodge. Il a une dent cependant, et c’est le moins que l’on puisse dire, contre les chefs Khmers rouges qui ont erré dans la forêt de Pailin, car ce sont eux précisément qui régnaient sur le camp de Phnom Tibedei où étaient regroupés des milliers de Cambodgiens et où périt une grande partie de sa famille. Ceux-là, Malay les a longtemps recherchés afin de réaliser que la majeure partie d’entre eux courait toujours, hormis une poignée de génocidaires arrêtés et incarcérés. Le procès des chefs Khmers rouges, me dit Malay, au lieu d‘avoir lieu à Phnom Penh, devrait commencer ici, précisément au pied de l’immeuble du 28 de la rue Saint André des Arts, car c’est là où ils ont accouché de leurs pensées, tu comprends, c’est là où ils ont commencé à couper les hommes en rondelles, dans leur tête, car la violence, je l’ai vue dans le camp de la mort, là où on mangeait des rats, la violence débute dans les têtes, elle s’invente et se réinvente sans cesse, jusqu’au bout, elle est toujours recommencée.

Malay m’a mis sur la piste de certains de ces anciens Khmers rouges, officiers, soldats de Pol Pot, conseillers de l’Angkar, l’Organisation derrière laquelle se terraient les Frères à numéro, les numéros étant bien pratiques pour s’abriter derrière un paravent et éviter de reconnaitre les faits. Ainsi Frère Numéro 3, alias Ieng Sary, est en prison, dans l’attente d’être jugé par le Tribunal spécial, ainsi que Frère Numéro 2, alias Nuon Chea. En fait, le numéro 3 s’est avéré plus important dans la hiérarchie et dans l’inventivité de la violence que le numéro 2, tant et si bien que les polpotistes pouvaient non seulement se cacher derrière des chiffres et le nom d’une organisation mais pouvait davantage encore brouiller les pistes en mélangeant les numéros. A tel point que l’on peut se demander si les même dirigeants et idéologues ne seraient pas devenus d’excellents croupiers et employés de casino à force de mélanger les cartes, tenez, un numéro 16 à la place du numéro 12, et voici un 21 à la place du 8, et là un 11, qui veut le 11, allez, faites monter les enchères. J’écoutais Malay devant le 28 de la rue Saint André des Arts et je me disais qu’il me faudrait une bonne dose de patience pour remonter cette piste embrouillée, même si Malay m’assurait de son plein soutien, tu verras, ces salopards, on va les retrouver, et j’ai qu’une envie, les clouer au mur, leur faire la peau, ou plutôt leur mettre sous le nez le photos de leurs massacres. «  »

Olivier Weber, Les Impunis, Un voyage dans la banalité du mal (Robert Laffont (245 p., 20 €)

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