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Les ONG complices des passeurs en Méditerranée : le dossier qui a fait pschitt ?

publié le 24/01/2017 | par Jean-Paul Mari

Génération identitaire veut empêcher les bateaux d’ONG d’aller en Méditerranée secourir les migrants, cagnotte en ligne à l’appui. Face au silence des politiques, des militants se demandent si des solutions juridiques existent.
Comment empêcher les identitaires de saborder le sauvetage des migrants en Méditerranée ?


Chaque jour apporte son lot d’informations sur la tragédie des migrants, notamment en Méditerranée. Ces infos sont reprises ou pas, et disparaissent sans laisser beaucoup de traces.
On sait bien sûr que des hommes, femmes et enfants se noient en mer, disparaissent, sans laisser de traces eux-non plus. Autant de bulles qui éclatent à la surface de l’eau, dans un petit bruit d’air.
grands-reporters.com a décidé de tenir une chronique de toutes ces informations, les petites et les grandes, les lois et leurs conséquences,les grandes statistiques et les petites histoires, les grands drames et les faibles espoirs, le grand silence et les appels à ne pas fermer les yeux.
Posées l’une après l’autre, ces informations disparates deviendront une chronique, un journal, une pierre inscrite, et feront ce que, modestement, nous pouvons et devons faire: graver une histoire qu’on veut oublier.

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LUNDI 3 JUILLET

Les ONG complices des passeurs en Méditerranée : le dossier qui a fait pschitt ?

( Enquête de Bruxelles 2)

(B2) Les ONG se rapprocheraient trop, et en trop grand nombre, des côtes libyennes. Cela favoriserait, voire encouragerait, le trafic d’êtres humains par les passeurs. L’accusation circule depuis des mois en Italie où la polémique a alimenté la Une des journaux. Cela correspond-il à la réalité ? Y-a-t-il des fondements à cette accusation, alimentée autant par les pouvoirs publics que par des responsables politiques ? Pas si sûr selon les éléments récoltés par B2 …

Les accusations se multiplient depuis plusieurs mois

Les flèches viennent de plusieurs origines. De l’agence européenne Frontex, qui vise plus particulièrement la jeune ONG Proactiva Open Arms, qui participe aux sauvetages de migrants en Méditerranée depuis janvier 2017, et de l’opération militaire européenne (dans son rapport de 2016,, le contre-amiral Credendino, le mentionnait, lire : La présence des ONG au large de la Libye : un effet d’aubaine pour les trafiquants ?). Du procureur sicilien de Trapani qui aurait ouvert une instruction qui ciblerait davantage des membres d’équipes de sauvetage qu’une ONG en particulier . Des médias enfin, jusqu’aux parlementaires italiens qui ont mené ces derniers mois des auditions notamment d’ONG présentes en Méditerranée (comme Médecins sans frontières et SOS Méditerranée) qui participent au sauvetage de milliers de personnes sur des embarcations partant des côtes libyennes.

… mais n’aboutissent pas

Après l’audition de multiples acteurs, aussi bien des garde-côtes italiens que des ONG, les sénateurs ont rendu leurs conclusions à la mi mai. Ils posent quelques préconisations, en partie rejetées par les ONG, qui sortent, de leur côté, plutôt lavées des maux dont on les accuse.


Décryptages

Tout est parti des déclarations de Frontex, en décembre, sur la base d’un rapport sur les possibles collusions entre ONG et passeurs (« smugglers »)… « Avec au passage une exploitation politique de la situation » dénonce Tommasi Fabbri dans une interview à B2. Pour le chef des opérations de Médecins sans frontières (MSF) en Italie, à bord du bateau Prudence depuis le début de l’année, si Frontex maintient que les ONG en étant trop présentes encouragent les passeurs, lui réaffirme qu’il s’agit là d’une « analyse superficielle qui ne prend pas en compte les facteurs qui poussent les gens à fuir la Libye. Toute cette complexité se résume à une analyse simpliste qui permet d’accuser les ONG et de détourner d’autres réflexions. Cette situation est déprimante car on déplace l’attention du vrai problème qui reste qu’il n’y a aucune réflexion sur les moyens de créer des voies légales d’accès à l’Europe pour des personnes qui fuient la Libye. »

Appel d’air ?

Les navires de sauvetage seraient trop présents, à la limite des eaux libyennes et cela encouragerait les passeurs, à embarquer des migrants sur des rafiots de fortune, sans même plus avoir besoin de téléphoner ?

C’est près des côtes que les naufrages sont les plus nombreux, expliquent les ONG. Selon le capitaine de navire Liardo, entendu par les sénateurs, la présence des ONG existe et a un impact significatif mais certainement pas déterminant pour expliquer à elle seule le nombre toujours plus élevé de passagers. La fin de la mission « Mare Nostrum » en octobre 2014 et, ensuite, le terrible naufrage d’avril 2015, ont été à l’origine de l’intervention, de plus en plus importante, d’ONG pour sauver les migrants en Méditerranée. Autrement dit pour compenser les lacunes des institutions, comme le dénoncent les associations, SOS Méditerranée ou MSF.

Plus de bateaux

Ce qui est vrai c’est que le nombre d’ONG patrouillant pour sauver des migrants a augmenté. Mais pas toute l’année. SOS Méditerranée, qui a fait sa première opération le 28 février 2016, depuis Lampedusa, n’a pas cessé depuis. C’était le seul bateau sur zone à patrouiller même les mois d’hiver car le bateau Aquarius a été adapté pour cela. « Nous savons où il faut aller pour sauver des vies, comme l’a fait Mare Nostrum entre 2013 et 2014, participant à secourir plus de 150 000 personnes à l’époque », explique à B2 Sophie Beau, co-fondatrice de SOS Méditerranée.

Connivence ?

Lors des auditions au Sénat, le commandant général des Gardes côtes, l’amiral inspecteur Vincenzo Melone, a catégoriquement récusé l’idée que les ONG aient rebouté du matériel comme le transpondeur. Il a aussi rappelé qu’un navire doit, selon le droit de la mer, porter assistance s’il a connaissance d’une situation dangereuse. Toutes les opérations de sauvetage sont coordonnées par l’IMRCC (le centre de coordination italien), comme le confirme Sophie Beau : « Nous patrouillons dans la même zone et nous intervenons sur signalement de la coordination italienne. Nous faisons un premier repérage car l’embarcation a pu dériver entre temps. Surtout quand nous recevons plusieurs signalements en même temps. Parfois on ne trouve pas de bateau, il y a sans doute beaucoup de disparitions ainsi non comptabilisées ». C’est aussi l’IMRCC qui indique le porte de débarquement des rescapés.


Policiers à bord ?

Les ONG ne sont pas là pour lutter contre ces trafics et ne participent pas directement aux enquêtes qui permettraient leur démantèlement. C’est en quelque sorte le reproche du procureur de Catane, Zuccaro. D’où l’idée reprise par les sénateurs italiens de placer des officiers de police à bord. Ce qui pose un certain nombre de problèmes de droit. Seule l’ONG Sea Eye ne s’est pas déclarée totalement opposée à l’idée. Tommaso Fabbri rappelle le devoir de « neutralité, d’impartialité et d’indépendance » de MSF, ce qui lui interdit de pouvoir accepter la présence d’un policier à bord d’un navire de sauvetage.

Financement à la loupe ?

Les sénateurs italiens émettent aussi l’idée de demander aux ONG plus de transparence dans leur financement. Sachant que ce sont effectivement des sommes importantes qui sont nécessaires. Environ 11 000 euros par jour pour l’Aquarius de SOS Méditerranée, qui ne compte qu’à peine 1% de fonds publics dans son budget.

Compléments d’information

Les sauvetages en mer se sont davantage fait sur observation que suite à un appel, comme c’était le cas en 2015 et déjà beaucoup moins en 2016. Selon l’amiral Melone, 55% des sauvetages l’ont été à partir d’observation en 2016, sachant que près d’un tiers de ces observations, sont du fait de navires d’ONG. Toujours d’après cet amiral, si les appels par téléphone ordinaires (en opposition aux satellites) ont augmenté ces deux derniers mois (en avril et mai 2017), c’est parce qu’ils étaient davantage émis près des côtes.

Bonne pression ?

A tout le moins, les sénateurs estiment que la pression mise sur les ONG aura peut être fait en sorte qu’elles collaborent davantage, comme MOAS qui aurait fourni des images captées par son drone dans l’enquête sur l’assassinat d’un migrant par un passeur de clandestin.

Une Europe myope ?

Accusant l’Europe d’être « myope dans la façon qu’elle a de regarder et d’analyser la situation », Tommaso Fabbri répète sa lassitude : « on est fatigué de répéter et devoir se défendre mais on continue notre action, on est en mer, et on sauve des gens. Ce n’est pas la solution, mais l’Europe et ses États membres ne prennent pas leurs responsabilités ». Il dénonce, comme Sophie Beau, la signature de l’accord de coopération entre l’Italie et la Libye, en février 2017, qui n’est qu’une suite selon lui « de l’externalisation de la gestion de nos frontières : On déplace le problème en Libye. Cela permet de ne plus le voir ». Les deux humanitaires se disent « très préoccupés par la situation des personnes actuellement en Libye ». Et déterminés « à continuer à travailler, en coordination comme nous l’avons fait jusqu’à aujourd’hui avec les gardes côtes, les ONG et le Centre italien de coordination des sauvetages en mer, basé à Rome ».

Malte coopère peu, Égypte et Tunisie ferment les yeux

Au passage, les sénateurs n’ont pas manqué d’envoyer de nouvelles flèches. Contre le centre de coordination de secours de Malte, jugé peu coopératif et peu actif. Tout comme l’Égypte et la Tunisie qui tourneraient autour de la convention de Hambourg (la résolution des Nations Unies sur le transport de marchandises en mer, l’Égypte ne l’ayant pas ratifié). Si de ce côté, aucune piste d’amélioration n’a été évoquée, en revanche, le ministère italien des Affaires étrangères s’attacherait à régler le problème de chevauchement de zones de responsabilité entre les italiens et Malte, autour de l’ile de Lampedusa.

Toujours plus de morts

Dans un récent communiqué (17 juin), l’ONG Médecins Sans frontières, rappelle que la traversée en Méditerranée a été encore plus meurtrière en 2016 pour les migrants qu’en 2015. « Au moins 5.000 hommes, femmes et enfants sont morts en tentant de traverser la Méditerrané en 2016, contre près de 2800 en 2015 » indique l’ONG, qui souligne surtout, que « ces données ne sont que des estimations, étant donné qu’il est très difficile de retracer l’intégralité des trajectoires et que de nombreux corps ne sont jamais repêchés ».

Un vrai far-west en mer

Certaines ONG ont reconnu être intervenues dans les eaux territoriales libyennes. SOS Méditerranée s’y refuse. Parce que c’est dangereux. « Le premier danger vient des gardes côtes dont on ne sait pas vraiment qui ils sont », assure Sophie Beau qui compare la situation à « un vrai far west en mer ». Récemment, MSF et SOS Méditerranée ont directement accusé la garde côtière libyenne d’avoir mis des vies en danger lors d’un sauvetage en Méditerranée. C’était le 23 mai. Les garde-côtes se sont approchés très près, entre deux interventions, ont menacé les passagers d’un canot, semant la panique, beaucoup ont sauté à l’eau, « heureusement nous avions distribué des gilets de sauvetage, car nous étions obligés d’aller faire une autre intervention, mais cela aurait pu être dramatique », témoigne Sophie Beau.

Pour les ONG, l’Union européenne devrait remettre en cause son soutien, l’aide de 90 millions d’euros, accordée à la garde-côtière libyenne.

(Emmanuelle Stroesser)

NB : Médecins Sans Frontières, opère en Méditerranée avec deux navires, Prudence, battant pavillon italien et en collaboration avec SOS Méditerranée, à bord d’Aquarius. SOS Méditerranée est une organisation française fondée en 2015, qui affrète le navire Aquarius, battant pavillon de Gibraltar, équipé d’une clinique pour les premiers soins.

LUNDI 3 JUILLET

L’Italie demande aux Européens d’ouvrir leurs ports aux bateaux de migrants

L’Italie fait face à « une énorme pression » selon le ministre de l’Intérieur Marco Minniti.

Les ministres de l’Intérieur italien, français et allemand discutaient ce dimanche soir à Paris d’une « approche coordonnée » face à la crise migratoire, alors que l’Italie a appelé les Européens à ouvrir leurs ports aux bateaux secourant les migrants pour alléger la pression sur Rome.

Marco Minniti, Thomas de Maizière, ainsi que le commissaire européen aux migrations Dimitris Avramapoulos sont arrivés peu après 20h au ministère français de l’Intérieur pour un dîner de travail avec le ministre Gérard Collomb.

L’objectif de ce dîner est de tenter de dégager « une approche coordonnée et concertée des flux migratoires en Méditerranée centrale et de voir comment on peut mieux aider les Italiens », selon une source proche du dossier citée par l’AFP. Il vise également à préparer une réunion informelle des ministres de l’Intérieur de l’Union Européenne le 6 juillet à Tallinn (Estonie).

Jeudi à Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français se sont tous deux dit prêts à mieux soutenir l’Italie. Emmanuel Macron a toutefois observé que « plus de 80% du phénomène migratoire » auquel fait face l’Italie « sont des migrations économiques » ne relevant pas de l’asile politique.

L’Italie face à « une énorme pression »

Car l’Italie fait face à « une énorme pression », a déclaré le ministre Marco Minniti dans un entretien au quotidien Il Messaggero. Mercredi, l’Italie avait menacé de bloquer l’entrée de ses ports aux bateaux étrangers transportant des migrants secourus en Méditerranée.

Les bateaux qui sauvent les migrants « battent pavillon de différents pays européens », a souligné le ministre, expliquant que des navires d’ONG, de l’opération navale européenne antipasseurs Sophia et de l’agence européenne des frontières Frontex étaient impliqués, aux côtés des gardes-côtes italiens.
« Si les seuls ports vers lesquels les réfugiés sont acheminés sont les ports italiens, cela ne marche pas. C’est le coeur de la question », a-t-il dit.

« Je suis un europhile et je serais fier si même un seul bateau, au lieu d’arriver en Italie, allait dans un autre port. Cela ne résoudrait pas le problème de l’Italie mais ce serait un signal extraordinaire » montrant que l’Europe veut aider l’Italie, a dit le ministre.

Vers un code de conduite européen?

Selon les médias italiens, qui ne citent pas de source, Rome pourrait appeler à élaborer un code de conduite européen pour les bateaux de secours privés.
Selon leurs détracteurs, les ONG attirent les trafiquants en croisant près des côtes libyennes. Les ONG affirment pour leur part qu’elles n’ont pas le choix, car les trafiquants abandonnent les migrants dans des embarcations précaires qui font naufrage dès qu’elles atteignent les eaux internationales.

Rome souhaiterait qu’un centre maritime régional supervise toutes les opérations de secours en Méditerranée, de la Grèce à la Libye en passant par l’Espagne, et répartisse les migrants parmi les pays européens, d’après le journal italien Corriere della Sera.

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DIMANCHE 2 JUILLET

600 migrants clandestins sauvés dans le désert nigérien

l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) rapporte avoir sauvé 600 migrants depuis avril 2017. Parmi les rescapés, 52 n’ont pas survécu.
« Nous renforçons notre capacité d’aider les migrants vulnérables bloqués dans le nord d’Agadez, vers la frontière Niger-Libye, » a déclaré Giuseppe Loprete, patron de l’Oim faisant allusion au nouveau projet de secours et d’assistance aux migrants dans la région d’Agadez (Miraa) de l’Oim.
Le dernier sauvetage remonte à lundi dernier où 23 migrants (originaires du Nigéria, de la Gambie, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire) ont été sauvés à Séguédine.
Plusieurs témoignages de rescapés ont été relayés dans le communiqué de M. Loprete. Comme celui de cette jeune nigériane de 22 ans, sauvée ainsi que 5 autres qui ont survécu sur un groupe de 50 voyageurs. « Nous étions dans le désert pendant dix jours. Après cinq jours, le conducteur nous a abandonnés. Il est parti avec tous nos biens, disant qu’il allait nous chercher dans quelques heures, mais il ne l’a jamais fait.» Pour éviter de périr comme les 44 autres, « nous avons dû boire notre propre urine pour survivre» et nous avons commencé par marcher pour chercher de l’aide.

DBFNaLEXgAQ_WGZ.jpg© ANDREAS SOLARO / AFP | Opération de sauvetage au large de la Libye, le 5 novembre 2016

VENDREDI 30 JUIN

Débordée, l’Italie menace d’interdire l’accès de ses ports aux migrants

Face à l’augmentation du nombre de migrants clandestins repêchés en mer par les navires des ONG puis débarqués en Italie, le gouvernement italien veut envoyer un message fort. L’idée est d’interdire aux navires étrangers, spécialisés dans les sauvetages en mer, de jeter l’ancre dans les ports italiens.

Selon l’agence de presse Ansa, le gouvernement italien a demandé à son ambassadeur en poste à Bruxelles de rencontrer Dimitris Avramopoulos, le commissaire européen chargé des questions migratoires. Le message qui vient d’être délivré à la Commission européenne est clair : l’Europe ne peut plus détourner son regard, il faut en finir avec les débarquements en Italie, la péninsule ne pouvant plus prendre en charge tous les migrants qui traversent la méditerranée.

« Les structures d’accueil sont pleines et par ailleurs, toutes ces arrivées ont un impact sérieux sur la vie sociale et politique du pays » a expliqué l’ambassadeur, Maurizio Massari, en présentant également les données élaborées par le ministère de l’Intérieur pour détailler l’ampleur de la situation.

Ou plutôt de la catastrophe, selon Rome. Depuis le début de l’année, 76.873 migrants, dont 9000 mineurs, sont entrés en Italie par voie maritime. Ce chiffre représente une augmentation de 13,43% par rapport au premier semestre 2016. Et selon les prévisions du ministère de l’Intérieur, quelque 270.000 migrants devraient arriver d’ici à la fin de l’année, toujours via les navires des ONG.

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MARDI 27 JUIN

Augmentation des passages en Méditerranée

(B2) Selon l’agence Frontex, il y a eu environ « 27.000 « détections des passages frontaliers illégaux sur les quatre principales routes migratoires vers l’UE en mai ». Un nombre en diminution de 75%, au cours des cinq premiers mois de 2017, par rapport à la même période de l’année dernière – où ce chiffre atteignait 84.000.

+77% en mai par rapport à avril au large de l’Italie

Ce chiffre ne doit pas cacher que c’est la Méditerranée centrale qui désormais est la voie principale d’arrivée : trois migrants sur quatre arrivés en Europe cette année sont venus à travers l’Italie. En mai, le nombre de migrants arrivant en Italie par la voie de la Méditerranée centrale a augmenté de 77% d’avril à 22.900. Soit 60.000 depuis le début de l’année (+ 26% que pour la même période de 2016). Parmi eux, principalement des Nigerians, des Bangalis et des Ivoiriens, qui représentaient le plus grand nombre de migrants.

Grèce : augmentation mais très relative…

Le nombre de migrants arrivant en Grèce par les voies maritimes et terrestres en mai a augmenté de 31% par rapport au mois précédent se montant à plus de 2.240, en grande partie grâce à l’amélioration des conditions météorologiques. Le chiffre était semblable en mai 2016. Au cours des cinq premiers mois de l’année, quelque 9.900 migrants ont atteint les îles grecques, soit 94% de moins que dans la même période de 2016. Les Syriens et les Irakiens constituent la majorité du flux de la Méditerranée orientale en mai. NB : Des demandeurs d’asile potentiels. Ce qui distingue cette route de la route de Méditerranée centrale.

… et au large de l’Espagne

On assiste à une légère recrudescence dans l’Ouest de la Méditerranée avec un nombre de détections des passages frontaliers illégaux qui a plus que doublé au cours des cinq premiers mois de l’année par rapport à la même période de 2016 à près de 6.000, « en grande partie en raison d’une activité accrue aux frontières terrestres des enclaves espagnoles de La Ceuta et Melilla en Afrique du Nord ».

Faible trafic dans les Balkans

Dans les Balkans, le nombre de détections de passages frontaliers illégaux, reste « faible», « semblable au mois précédent ». Les raisons de cette baisse importante au cours des derniers mois sont le fait que « moins de migrants quittent la Turquie par ses frontières terrestres vers les Balkans occidentaux » signale l’agence Frontex. NB : L’accord UE-Turquie tient donc , malgré tous les impondérables politiques.

SAMEDI 24 JUIN

Cagnotte des identitaires contre le sauvetage de migrants en Méditerranée : la riposte s’organise

La riposte s’organise contre l’opération de levée de fonds pour financer les actions anti-migrants d’un groupe d’identitaires : PayPal a gelé le compte et la Délégation interministérielle de lutte contre le racisme a engagé une procédure judiciaire.

La levée de fonds initiée par le groupuscule d’extrême droite Génération identitaire pour entraver les sauvetages de migrants en mer a connu un coup d’arrêt, mercredi 14 juin. La Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) a en effet annoncé avoir engagé une procédure de signalement auprès du procureur de Paris au titre de l’article 40 du code de procédure pénale.

« Il y a eu des signalements, nous avons identifié cette page Internet d’association d’extrême droite », a expliqué à l’AFP Frédéric Potier, le délégué interministériel, en martelant la volonté de « lutter sans relâche contre les actes de haine » et « débusquer, traquer tous les discours de haine sur Internet ».

Les fonds, qui s’élèveraient à près de 70 000 euros, d’après Génération identitaire, étaient pour partie récoltés via PayPal, le système sécurisé de paiement en ligne, jusqu’à ce que celui-ci gèle le compte, après une campagne de signalements animée par des ONG d’aide aux migrants.

Mais « la collecte se poursuit » par virements bancaires ou chèques et « nous sommes des plus optimistes », a assuré à l’AFP Clément Galant, militant de Génération identitaire.

Pour la Dilcrach, cette démarche relève de la « provocation à la discrimination à l’égard de personnes ou d’un groupe à raison de leur origine », passible d’un an de prison et de 45 000 euros d’amende, et d’autre part « d’association de malfaiteurs en vue de commettre le délit d’entrave aux mesures d’assistance et de secours », qui peut valoir à son auteur « dix ans emprisonnement et 150 000 euros d’amende ».

« Defend Europe », campagne de provocation de l’extrême droite

À la tombée de la nuit, le 12 mai, une poignée de militants xénophobes a tenté d’empêcher la sortie en mer du navire de sauvetage de SOS Méditerranée et de Médecins sans frontières, qui depuis 2 ans part en mer presque tous les jours pour porter secours aux migrants voyageant dans des embarcations précaires à destination de l’Europe.

Une opération soigneusement organisée par les antennes italiennes, allemandes, britanniques et françaises de Génération identitaire. Faire parler d’eux pour lancer une collecte de fonds qui servirait à « rassembler une équipe de professionnels, affréter un grand bateau et naviguer sur la mer Méditerranée pour contrecarrer les bateaux de ces contrebandiers humains » précise le site dédié à la campagne, baptisée Defend Europe.

Utilisant sans complexe le terme d' »invasion », ces militants extrémistes y expliquent qu’ils souhaitent « protéger nos pays de l’immigration illégale et si besoin tenir tête en mer aux bateaux des ONG tel que l’Aquarius ». Directement ciblées, les organisations d’aide aux migrants sont accusées par Defend Europe d’agir « à l’unisson avec les trafiquants humains ».


« C’est du banditisme »

Pour Jean-Paul Hellequin, qui lutte contre le trafic d’êtres humains en mer à travers les actions de son association Mor Glaz, dans le Finistère, en Bretagne, « empêcher des gens de venir dans un pays où éventuellement ils pourraient être accueillis est bien plus odieux que de la piraterie ». « C’est du banditisme ! », s’emporte le marin, qui alerte fréquemment les autorités sur « le danger de voir racheter des navires-poubelle abandonnés en Bretagne par des trafiquants d’êtres humains ».

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Centre de détention pour femmes à Tripoli. Environ 300 migrantes y sont retenues prisonnières. L’une d’elles affirme que, pour en sortir, les gardes réclament une rançon équivalente à 150 euros.  Photo Guillaume Binet. Myop pour Libération

SAMEDI 10 JUIN

Une opération des identitaires pour entraver le sauvetage des migrants suscite un tollé

LE FIGARO

Sous couvert de vouloir «défendre l’Europe», le groupe Génération identitaire, associé à ses homologues européens, souhaite lever une flotte de bateaux pour empêcher le sauvetage en mer des réfugiés qui tentent de traverser la Méditerranée.

Au cours des deux dernières décennies, le mouvement identitaire s’est fait une spécialité de s’inspirer des meilleures techniques de communication pour promouvoir ses actions d’«agit-prop». Le groupe français Génération Identitaire, associé à ses équivalents italiens, allemands, autrichiens, a lancé au début du mois de mai, l’opération «Defend Europe».

Par le biais d’un site dédié, les militants sont parvenus à lever près de 65.000 euros par souscription, destinés à empêcher les interventions de sauvetage des personnes migrantes menacées par la noyade lors de leurs tentatives de traversée de la Méditerranée.

Sur leur site, les militants d’extrême droite prétendent «arrêter les ONG complices de l’immigration illégale». Une initiative de grande ampleur lancée au lendemain d’une première opération ratée, lancée le vendredi 12 mai dernier depuis les côtes siciliennes. Une poignée de militants avaient alors tenté d’empêcher le départ en mer de L’Aquarius, un navire de sauvetage affrété par l’ONG SOS Méditerranée.

Vidéo à l’appui, les identitaires avaient même recruté pour l’occasion une égérie de l’extrême droite anglo-saxonne Laura Southern, affiliée au parti libertarien et auteure du pamphlet Barbares: comment les baby-boomers, les immigrants et l’Islam ont bousillé ma génération…

«Notre mission est simple: défendre l’Europe», expliquait la note d’intention, accompagnée d’une vidéo aux accents anxiogènes. «Nous voulons démasquer l’imposture des ONG: elles agissent à l’unisson avec les trafiquants humains qui vivent de la misère des hommes. Nous voulons protéger nos pays de l’immigration illégale et si besoin tenir tête en mer aux bateaux des ONG tel que L’Aquarius.

Nous préparons une grande mission de sauvetage en Méditerranée, une mission pour sauver l’Europe de l’immigration clandestine. Nous voulons rassembler une équipe de professionnels, affréter un grand bateau et naviguer sur la mer Méditerranée pour contrecarrer les bateaux de ces contrebandiers humains. Si nous rencontrions des clandestins en détresse, nous leur viendrions bien évidemment en aide en les raccompagnant jusqu’aux côtes africaines».

Une com’ empruntée aux ONG

Comme souvent, les codes et les pratiques sont empruntés à celles d’ONG reconnues, comme Greenpeace ou encore Sea Shepperd, spécialisée dans la lutte contre la pêche baleinière. Sous prétexte «d’arrêter l’invasion» sous des arguments pseudo-humanitaires, c’est une volonté de «chasser les ennemis de l’Europe» et de «tenir tête en mer aux bateaux des ONG» qui est ouvertement professée.

Les militants mettent ainsi en pratique les objectifs de «rémigration», cette déportation des étrangers et migrants vers «leur point de départ», qu’ils voudraient voir mise en œuvre massivement.
Si elle a rencontré un indéniable succès dans sa récolte de fonds, l’opération «Defend Europe» a également suscité le lancement d’une pétition en ligne réclamant son interdiction.

VENDREDI 9 JUIN

Comment empêcher les identitaires de saborder le sauvetage des migrants en Méditerranée ?

Génération identitaire veut empêcher les bateaux d’ONG d’aller en Méditerranée secourir les migrants, cagnotte en ligne à l’appui. Face au silence des politiques, des militants se demandent si des solutions juridiques existent.
Comment empêcher les identitaires de saborder le sauvetage des migrants en Méditerranée ?

C’est le dernier projet de certains mouvements racistes européens, et il se trouve des gens pour le financer : entraver les missions de sauvetage de migrants en mer Méditerranée en empêchant leurs bateaux de quitter les ports. L’esprit de l’initiative était résumé le 14 mai dans une vidéo publiée sur YouTube par un collectif nommé Defend Europe : face à une «invasion en cours», «de toute l’Europe, nous nous réunissons pour agir», expliquent quatre militants xénophobes d’un ton grave, dans un port de la mer Méditerranée.

Il y a un Allemand, un Britannique, un Italien et un Français, chacun représentant sa branche nationale du mouvement Génération identitaire. En France, celui-ci constitue un vivier pour le Front national, dont il a accompagné la campagne présidentielle.

Leur première (et seule à ce jour) action concrète a été menée le 12 mai au soir à Catane, en Sicile, contre le bateau Aquarius affrété par les ONG SOS Méditerranée et Médecins sans Frontières. Elle a été empêchée par des gardes-côtes italiens, mais dans une vidéo, les xénophobes promettent fièrement de «revenir» avec une opération de plus grande ampleur : «affréter un grand bateau et naviguer sur la mer Méditerranée pour contrecarrer les bateaux de ces contrebandiers humains».

Et pour mettre en œuvre ce projet, ils ont lancé une campagne de financement participatif dont le but était de récolter 50 000 euros. En trois semaines, l’objectif a été amplement atteint : les dons de généreux anonymes ont atteint 65 000 euros, selon Defend Europe.
Des actes de piraterie ?

En attendant une éventuelle réaction des pouvoirs publics (contacté par Libération, le ministère français des Affaires étrangères n’a pas encore donné suite) et de responsables politiques (dont le silence est remarqué), des gens s’organisent, notamment pour explorer les pistes juridiques à actionner. Sur Twitter, la militante féministe et antiraciste Chercherjournal, qui tweete sur le sujet depuis mardi, a lancé un appel pour savoir si les actions des identitaires relevaient de la piraterie. La réponse n’est pas évidente.

Définie par la convention des Nations unies sur le droit de la mer, conclue à Montego Bay en 1982 (à lire ici en PDF), la piraterie se définit par «tout acte illicite de violence ou de détention ou toute déprédation commis par l’équipage ou des passagers d’un navire ou d’un aéronef privé, agissant à des fins privées, et dirigé : I) contre un autre navire ou aéronef, ou contre des personnes ou des biens à leur bord, en haute mer; II) contre un navire ou aéronef, des personnes ou des biens, dans un lieu ne relevant de la juridiction d’aucun Etat».

La première question est donc de savoir si, en tentant de bloquer des navires sans les aborder physiquement, Defend Europe se livre à des «actes de violence ou de détention ou toute déprédation». La seconde est de savoir si ces actes se déroulent en haute mer ou «dans un lieu ne relevant de la juridiction d’aucun Etat». Or, ici, la réponse est claire : ce n’est pour le moment pas le cas, puisque la première a eu lieu dans le port de Catane, en Sicile, un lieu qui relève donc de la juridiction italienne.

Il serait possible alors de parler de «brigandage», selon un rapport de la commission des affaires étrangères du Sénat rendu en 2010. Mais le même rapport souligne que l’Etat où ont lieu des actions de «brigandage» est le «seul compétent pour les réprimer». Bref, en ce qui concerne l’opération menée en Sicile en mai, c’est à la justice italienne d’agir. On ignore si elle l’a fait.

Pour la suite, il reste à voir si les identitaires affréteront bien, comme ils l’annoncent, «un grand bateau» pour «naviguer sur la mer Méditerranée pour contrecarrer les bateaux de ces contrebandiers humains». Et si, à cette occasion, ils engageront un contact physique avec les bateaux de sauvetage.
«Mise en danger de la vie d’autrui»

Mais piraterie ou pas, aux yeux du professeur de droit Patrick Chaumette, directeur du programme de recherche Human Sea, «ces actions constituent une mise en danger de la vie d’autrui, un obstacle à l’obligation internationale de sauvegarde de la vie humaine en mer et une entrave à la liberté de navigation». L’obligation internationale de sauvegarde de la vie humaine en mer est définie par les conventions internationales Solas et SAR, adoptées en 1974 et 1979, dont les Etats membres de l’UE sont signataires.

«Il est probable que les législations nationales répriment le non-respect de cette obligation internationale», souligne Patrick Chaumette, ajoutant que «la non-assistance à personne en danger se retrouve partout, ainsi que les entraves à la liberté de navigation». En France, le code pénal dispose à l’article 223-5 que «le fait d’entraver volontairement l’arrivée de secours destinés à faire échapper une personne à un péril imminent […] est puni de sept ans d’emprisonnement et de 100 000 euros d’amende».

Enfin, certains pensent que la convention de Genève de 1951 peut être invoquée. Celle-ci dispose en effet, dans son article 33, qu’«aucun des Etats contractants n’expulsera ou ne refoulera, de quelque manière que ce soit, un réfugié sur les frontières des territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques», souligne le site de l’agence pour les réfugiés des Nations unies.

En annonçant qu’ils comptent sauver les migrants en détresse dans la Méditerranée pour «les raccompagner jusqu’aux côtes africaines», les identitaires entravent-ils le respect cette convention ? «Je ne pense pas que les atteintes à la convention de Genève soient pénalisées, cela se saurait», tempère Patrick Chaumette, ce qu’appuient des juristes à la Cimade.

En attendant, une mobilisation est en cours pour appeler Paypal à prendre position, le service de paiement en ligne étant une option possible pour participer à la cagnotte des identitaires. En effet, les conditions d’utilisation de Paypal interdisent le recours au service pour «des activités qui violent la loi».

Contacté par Libération, Paypal a précisé que sa politique «est d’interdire que nos services soient utilisés pour accepter des paiements ou des dons pour des organisations dont les activités prônent la haine, la violence ou l’intolérance raciale», mais qu’il s’«interdit en revanche de faire un quelconque commentaire sur un compte PayPal spécifique».

Le BAAM (Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants) a publié sur Facebook un message type à envoyer à Paypal pour faire pression sur le service.

SOS Méditerranée et MSF choisissent le mépris

De leur côté, SOS Méditerranée et MSF n’ont pas engagé d’actions en justice et n’ont pas l’intention, dans l’immédiat, de le faire. A Libération, les deux disent ne pas vouloir accorder d’importance aux projets des identitaires, MSF soulignant que «l’incident [du 12 mai] était assez mineur : ils ont balancé une fusée et ça n’a pas vraiment empêché l’Aquarius de continuer sa route.» SOS Méditerranée préfère mettre l’accent sur ses actions en cours, et notamment un «appel du 8 juin» que l’organisation a lancé jeudi à Marseille pour remobiliser la société autour du sauvetage des migrants.

Par ailleurs, les associations doutent que l’argent récolté par les identitaires suffise réellement à financer leur projet. Mais la Cimade souligne que leur action prend appui sur les récentes critiques exprimées par le parquet de Catane et l’agence européenne de contrôle des frontières Frontex, qui ont accusé les ONG d’encourager les passeurs. «Les associations qui interviennent sont juste là pour répondre au silence de l’Union européenne», défend Eva Ottavy, responsable des solidarités internationales au sein de la Cimade.

«Ce que fait l’UE, c’est l’externalisation des contrôles : on sous-traite aux pays voisins (Libye, Tunisie, Maroc…) la gestion des frontières pour contenir les populations, mais aussi pour expulser les personnes jugées indésirables sur le territoire européen.»

Contactée par Libération, l’agence Frontex répond qu’elle n’a «jamais accusé les ONG de collaborer avec les passeurs. Nous avons souligné la nécessité pour tous les acteurs travaillant en mer Méditerranée de collaborer avec les autorités italiennes pour combattre les réseaux de passeurs.» Elle ne répond pas, en revanche, à nos questions sur d’éventuels commentaires ou interventions de sa part pour empêcher les identitaires d’agir.

La situation des migrants en mer Méditerranée est plus critique que jamais. En mars, SOS Méditerranée décrivait une situation «qui dépasse tout ce que l’on a pu voir jusqu’à maintenant». Pour l’heure, les Nations unies recensent 1 650 personnes mortes en mer Méditerranée depuis le début de l’année, 6 453 ayant été secourues au large de la Libye. Avec 7 927 morts et disparus, 2016 a été une année record.

Frantz Durupt (Libération )

ALLER SUR LE SITE DE LIBERATION

[LIRE AUSSI
L’Édito : «  Sale campagne contre les ONG de secours aux migrants  », par Jean-Paul Mari->http://www.grands-reporters.com/ecrire/?exec=articles&id_article=1511]

JEUDI 1er JUIN

Piégés entre les barques de la mort et les prisons libyennes

L’UE envisage un accord avec Tripoli, semblable à celui conclu avec la Turquie, pour limiter les flux migratoires. Mais les ONG s’alarment : dans les sites de rétention libyens, les droits élémentaires ne sont pas respectés.

LIRE L’ARTICLE DE LIBERATION

DIMANCHE 28 MAI

ITALIE :Des identitaires lancent une cagnotte pour chasser les migrants

C’est un financement participatif plus que douteux qu’a lancé le groupuscule d’extrême-droite Génération identitaire.

Le 13 mai dernier, la branche italienne du groupuscule a démarré une cagnotte pour « arrêter l’invasion » et « chasser » les soi-disant « ennemis de l’Europe ». Dans leur viseur: les migrants qui risquent leur vie pour traverser la Méditerranée sur des embarcations de fortune, et les ONG qui œuvrent entre l’Afrique du Nord et l’Europe pour les sauver de la mer.

En une dizaine de jours, plus de 43000€ sur un objectif de 50000€ ont déjà été récoltés, selon France 24.

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La campagne de levée de fonds fait suite à une action menée par plusieurs membres du groupuscule à Catane, en Sicile, le 12 avril. Plusieurs activistes ont tenté de bloquer le départ du navire Aquaris, de l’association SOS Méditerranée, qui mène des sauvetages en mer.

Un site « Defend Europe » a également été lancé. C’est lui qui donne plus d’indications sur le « projet » du groupuscule identitaire. « Chaque semaine, chaque jour, chaque heure, une invasion se déroule sous nos yeux. Des bateaux remplis de clandestins affluent sans cesse en direction de l’Europe. Cette immigration massive change le visage de notre continent. Notre futur est en jeu », est-il écrit sur la page de présentation en français.


L’objectif:
« Nous préparons une grande mission de sauvetage en Méditerranée, une mission pour sauver l’Europe de l’immigration clandestine. Nous voulons rassembler une équipe de professionnels, affréter un grand bateau et naviguer sur la mer Méditerranée pour contrecarrer les bateaux de ces contrebandiers humains. Si nous rencontrions des clandestins en détresse, nous leur viendrions bien évidemment en aide en les raccompagnant jusqu’aux côtes africaines. »

L’Édito : «  Sale campagne contre les ONG de secours aux migrants  », par Jean-Paul Mari

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JEUDI 25 MAI

Des dizaines de migrants morts dans un nouveau drame en Méditerranée

Plusieurs dizaines de migrants sont morts noyés mercredi, dont de très jeunes enfants, après être tombés d’une embarcation surchargée au large de la Libye où la tension monte entre humanitaires et garde-côtes libyens.

Les garde-côtes italiens, qui coordonnent les secours dans cette zone, ont fait état en fin de journée de 34 cadavres, dont une dizaine d’enfants.
La plupart ont été récupérés par le Phoenix de l’ONG maltaise Moas, dont le fondateur Chris Catrambone, qui se trouvait à bord, a publié sur Twitter des photos de dizaines de migrants appelant à l’aide dans l’eau et de sacs mortuaires blancs entassés sur le pont faute de morgue.

Au moins 500 migrants étaient à bord d’une embarcation en bois, à environ 20 milles nautiques au large de Zouara (100 km à l’ouest de Tripoli).
Alors que les équipes du Phoenix avaient commencé leur intervention et la distribution des gilets de sauvetage, une grande partie de ceux qui se trouvaient sur le pont sont tombés à l’eau, peut-être sous l’effet d’une vague.

« Ce n’est pas une scène d’un film d’horreur, c’est une tragédie réelle qui se déroule aujourd’hui aux portes de l’Europe », a commenté M. Catrambone sur Twitter.

Avec l’aide d’un navire des garde-côtes italiens et de plusieurs navires commerciaux, les secouristes ont récupéré des dizaines de survivants. Un avion militaire a largué des canots de sauvetage et un hélicoptère survolait la zone pour tenter de repérer d’autres survivants ou cadavres.

Pour ajouter à la tension, les secouristes ont aussi dû forcer les verrous qui maintenaient prisonniers les centaines de migrants entassés dans la soute de l’embarcation bleue. 

Ce drame n’est cependant que le dernier en date d’une longue série. Plus de 150 migrants sont ainsi portés disparus après le naufrage vendredi d’un canot qui s’est dégonflé, selon le témoignage de migrants embarqués sur un autre canot et ayant retrouvé quatre survivants.


– Tirs des garde-côtes –

Ces deux drames viennent s’ajouter à ceux qui ont déjà fait cette année au moins 1.254 morts ou disparus en Méditerranée centrale, selon un bilan de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Alors que l’Italie a vu débarquer plus de 50.000 migrants, cela représente environ 1 mort ou disparu pour 37 arrivées.

Au total, une dizaine d’opérations de secours étaient en cours mercredi au large de la Libye et quelque 1.800 personnes avaient été secourues, ont précisé les garde-côtes italiens.

Mardi, ils avaient coordonné le secours d’environ 1.500 migrants qui ont pris la direction de l’Italie, tandis que leurs homologues libyens en avaient intercepté plus de 350 autres, dont une dizaine de Libyens, qui ont été reconduits en Libye.

Mais les ONG Jugend Rettet et SOS Méditerranée ont vivement dénoncé l’intervention des garde-côtes libyens, que l’Union européenne est en train de former et équiper pour tenter de limiter le flux de migrants. 

LIRE L’EDITO DE GRANDS-REPORTERS DU 13 JUIN 2016

Selon ces ONG, dont les navires de secours étaient sur place, dans les eaux internationales, des garde-côtes libyens ont ramené de force deux embarcations, allant jusqu’à tirer en l’air et prendre en joue les migrants que leurs équipes étaient déjà en train de secourir. 

Il y a deux semaines, l’ONG allemande Sea-Watch avait dénoncé une intervention similaire des garde-côtes libyens pour récupérer dans les eaux internationales une grosse barque en bois avec 450 migrants à bord.
Pour les défenseurs des droits de l’homme, le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés ou encore le gouvernement allemand, les migrants ne doivent pas être reconduits en Libye où ils subissent extorsions, violences, viols, tortures et meurtres.

La marine libyenne, qui n’a pas fait de commentaire dans l’immédiat sur les accusations de Jugend Rettet, avait rejeté celles de Sea-Watch, en dénonçant une « opération de chasse aux migrants » menée par les ONG, engagée dans un véritable « business ».

Avec ses nouveaux moyens, la marine libyenne entend désormais opérer dans toute la zone économique exclusive libyenne, jusqu’à 200 milles des côtes, avait insisté un porte-parole. 

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MARDI 23 MAI

Méditerranée : naufrage d’un canot, des dizaines de disparus

Des migrants arrivés lundi en Italie après avoir été secourus au large de la Libye ont raconté avoir découvert un canot qui avait fait naufrage dont des dizaines de passagers, parmi lesquels des enfants, avaient disparu en mer, ont annoncé mardi le HCR et l’OIM.

Ces migrants ont dit à des représentants du Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) être partis vendredi de Sabratah, à 70 km à l’ouest de Tripoli, dans une embarcation transportant 130 personnes.

Dans la soirée, ils ont vu un canot qui avait presque entièrement coulé, auquel s’accrochaient encore quatre hommes qu’ils ont pris à bord de leur embarcation.

Ces survivants, originaires du Nigeria, leur ont raconté avoir quitté quelques heures plus tôt Tripoli avec 156 autres personnes, dont nombre de femmes et d’enfants, qui ont tous disparu en mer.

Le premier canot a ensuite été secouru, dans la nuit de vendredi à samedi, par le navire Diciotti des gardes-côtes italiens, dont ont débarqué un total de 952 migrants lundi à Tarante, dans le sud de l’Italie.

Ni le HCR, ni l’OIM n’ont pu parler directement avec les quatre Nigérians survivants du canot qui a fait naufrage et il leur sera très difficile de les retrouver.

Les autorités italiennes ont en effet l’habitude de répartir les migrants dès l’arrivée au port dans des cars qui les conduisent vers des centres de premier accueil dans toute l’Italie.

Mardi, les gardes-côtes italiens ont annoncé avoir coordonné le secours d’un millier de migrants dans les eaux internationales au large de la Libye. A bord de six canots pneumatiques et deux barques, ils ont été récupérés par des navires des ONG Save the Children, SOS Méditerranée et Jugend Rettet.

Selon cette ONG allemande, les équipes occupées à secourir un canot ont été témoins de plusieurs coups de feu, tirés depuis un navire identifié comme appartenant aux gardes-côtes libyens, en direction d’autre canots qui ont été repoussés vers les eaux libyennes.

L’Italie et l’Union européenne ont entrepris de former et équiper les gardes-côtes libyens pour secourir ou intercepter les migrants dans les eaux libyennes. Mais ces migrants sont reconduits dans des camps où ils subissent souvent extorsions et violences.

Plus de 50.000 migrants sont arrivés cette année sur les côtes italiennes, selon un bilan rendu public lundi du ministère de l’Intérieur, tandis qu’au moins 1.254 personnes sont mortes ou disparues en tentant la traversée, selon un bilan de l’OIM établi lundi.

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Les migrants dans le camp de transit à Agadez, au Niger, le 9 décembre 2016. (VOA/Abdoul-Razak Idrissa)

SAMEDI 20 MAI

40 migrants abandonnés par leur passeur secourus en plein désert au Niger

Quarante migrants ouest-africains, abandonnés par leur passeur sur leur route pour l’Europe via la Libye, ont été secourus en début de semaine par l’armée en plein désert du nord du Niger, a indiqué vendredi une source sécuritaire à l’AFP.

« Une quarantaine de migrants ouest-africains abandonnés par un passeur ont été secourus en début de cette semaine par une patrouille militaire dans le désert » vers la Libye, a déclaré cette source sécuritaire.
Ces clandestins, dont des femmes, sont des ressortissants de la Gambie, du Nigeria, de la Guinée, du Sénégal et du Niger, et voulaient rejoindre la Libye puis tenter d’entrer en Europe, a expliqué la source.

« Il (le passeur) nous a dit : +je vais aller chercher de l’eau+ et il n’est plus revenu », ont raconté les rescapés aux militaires qui les ont retrouvés à 60 km du village de Séguidine, selon la même source.
D’autres voitures transportant des clandestins « ont pu continuer vers la Libye », ont affirmé les migrants.

A la mi-mai, l’Italie et l’Allemagne ont réclamé l’ouverture d’une mission de l’UE à la frontière Niger-Libye pour lutter contre l’immigration clandestine vers l’Europe, selon une lettre adressée à la Commission européenne. Entre janvier et mi-avril, l’Italie a vu arriver 42.500 personnes par la mer dont « 97% ont embarqué en Libye ».

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JEUDI 18 MAI
Italie : un groupe d’ultra-droite tente d’empêcher la mission d’un navire humanitaire


Après la campagne de dénigrement, voici le temps des attaques physiques des militants d’extrême-droite ( « Génération Identitaire » )

Dans la soirée du vendredi 12 mai, plusieurs membres de « Génération identitaire », un mouvement de l’ultra-droite, a tenté d’empêcher l’Aquarius, le navire humanitaire qui secourt les migrants en mer, de quitter le port italien de Catane.

Plusieurs membres du groupe « Génération identitaire », venus de plusieurs pays d’Europe, ont tenté de barrer la route de l’Aquarius, le navire humanitaire de SOS Méditerranée, dans le port italien de Catane, vendredi dernier.

A 21 heures, alors que le navire de l’ONG s’apprêtait à repartir en mer après une escale, un petit zodiac s’est approché du bateau pour tenter de lui barrer la route. A bord, quatre militants du mouvement d’extrême-droite, dont une femme, Lauren Southern qui a filmé son action, ont allumé un feu de détresse et déployé une banderole « Stop au trafic d’êtres humains ».

Les activistes, qui n’ont pas essayé de monter à bord, ont été interpellés par les gardes-côtes italiens quelques minutes plus tard. C’est la première fois que l’ONG SOS Méditerranée, qui affrète l’Aquarius, est confrontée à ce genre d’incident.

Hier soir, 4 activistes tentent de gêner l’#Aquarius partant sauver des vies en mer. La @guardiacostiera intervient. #TogetherForRescue pic.twitter.com/S6QlJv1ZBb
— SOS MEDITERRANEE FR (@SOSMedFrance) 13 mai 2017

Sur son site internet, le groupe d’extrême-droite assume ses actes. Dans l’un de ses communiqués, le mouvement accuse les navires humanitaires d’être « complices de l’immigration illégale ».

« L’attitude des ONG telles que [l’Aquarius] est irresponsable et criminelle. Irresponsable car elle participe de l’immigration massive qui cause tant de problèmes en Europe. Criminelle car elle encourage les immigrés clandestins à prendre des risques considérables en traversant la mer dans des embarcations de fortunes, causant ainsi de nombreuses morts. »

L’argument de l’appel d’air est « déconnecté de toute réalité »

L’argument de « l’appel d’air » est régulièrement utilisé dans les milieux de la fachosphère pour tenter de décrédibiliser les missions des ONG qui sillonnent la Méditerranée pour secourir des migrants.

Selon Génération identitaire, l’Aquarius encourage le trafic d’immigrés. L’argument est pourtant erroné : que les ONG soient là ou pas, les migrants cherchent – et chercheront toujours – toujours à traverser la Méditerranée.

« L’argument [de ce groupe identitaire] n’est pas nouveau. Mais il est déplorable parce qu’il consiste à faire porter sur la société civile les problèmes que les États ne sont pas à mêmes de résoudre », rappelle Jean-François Dubost, responsable du Programme Protection des populations de l’association Amnesty France, contacté par InfoMigrants.

« C’est un argument déconnecté de toute réalité : avant les années 2011-2012, il y a eu des milliers de morts en Méditerranée alors que les ONG n’étaient pas encore là. Rappelez-vous le drame d’octobre 2013 : près de 400 migrants sont morts dans le naufrage de leur embarcation au large de Lampedusa. Il n’y avait pas encore d’opération humanitaire. »

En 2016, plus de 180 000 personnes ont atteint les côtes italiennes, 90% d’entre elles étaient parties de Libye.

SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, ONG partenaire de l’Aquarius, ne souhaitent pas communiquer sur l’incident, et n’ont pas, pour le moment, porté plainte. Les quatre activistes, quant à eux, ont été relâchés quelques heures après leur interpellation.

Depuis plusieurs semaines, les navires humanitaires (Aquarius, Vos Hestia, Sea Watch…) font face à de nombreuses critiques. A l’instar de « Génération identitaire », le procureur italien Carmelo Zuccaro et l’agence européenne des contrôles des frontières Frontex les accusent de collaborer avec des passeurs. Les ONG démentent unanimement ces allégations et rappellent qu’elles s’attachent uniquement à sauver des vies.

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MERCREDI 10 MAI

Plus de 6 000 migrants ont tenté de traverser la Méditerranée en un week-end

Les secours en mer ont dû faire face, entre vendredi 5 et dimanche 7 mai, à l’arrivée massive de plus de 6 000 migrants tentant la traversée de la Méditerrannée, a déclaré le chef du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies, Filippo Grandi, soulignant l’urgente nécessité des secours en mer pour éviter que le bilan des victimes, 1 150 disparus ou morts depuis le début de l’année, ne s’alourdisse.

Le total des personnes ayant traversé depuis le début de l’année atteint 43 000, a-t-il ajouté.

« L’itinéraire de la Méditerranée centrale entre l’Afrique du nord et l’Italie, qui est de loin le plus fréquenté par les demandeurs d’asile et les migrants en route pour l’Europe, s’est avéré particulièrement meurtrier. Depuis début 2017, une personne sur 35 est morte en tentant la traversée entre la Libye et l’Italie. Au cours de ces seuls quatre derniers jours, 75 personnes ont perdu la vie », a souligné Filippo Grandi dans un communiqué.

« J’appelle à renforcer les efforts pour sauver les gens sur cet itinéraire si dangereux. C’est une question de vie ou de mort qui en appelle à notre sens le plus fondamental de l’humanité et qui ne devrait pas être remis en cause », a-t-il martelé. Il a rappelé les efforts « remarquables » des gardes-côtes italiens, en coopération avec Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, ainsi que ceux des ONG qui ont assuré 26% des opérations de secours en 2016 et 33% en 2017.

À mesure que le flot de passage augmente, il a souligné que les passeurs laissaient de moins en moins de chance aux réfugiés : ils n’ont de plus en plus souvent pas de téléphone satellite, sont de plus en plus nombreux – 100 à 150 en moyenne – sur des embarcations de plus en plus mauvaise qualité.

Le haut commissaire appelle en outre à répondre aux causes profondes qui poussent ces réfugiés à partir et à redoubler les efforts pour résoudre les conflits en Afrique, pour agir « avant que les personnes ne tombent aux mains des passeurs en Libye ou dans d’autres pays de transit où ils risquent des sévices effroyables, et avant qu’ils n’embarquent sur des bateaux impropres à la navigation pour traverser la Méditerranée ».

MARDI 9 MAI

Naufrage de migrants en Méditerranée: onze morts et plus de 230 disparus

Au moins onze migrants sont morts et plus de 230 autres sont portés disparus après deux naufrages au large de la Libye, ont rapporté ce lundi la marine libyenne et des organisations internationales, citant des survivants. Les corps de 10 femmes et d’un enfant ont été découverts lundi sur une plage de Zawiya, à 50 km à l’ouest de Tripoli, selon un responsable du Croissant Rouge libyen qui n’a pas donné davantage de détails.

On ignorait notamment si ces personnes étaient à bord d’une embarcation qui a récemment chaviré au large de Zawiya. Sept migrants à bord de cette embarcation – une femme et six hommes – ont été secourus dimanche, a indiqué ce lundi à l’AFP le porte-parole de la marine libyenne Ayoub Kacem. Selon des survivants, le bateau transportait 170 migrants (35 femmes et 9 enfants).

Un deuxième naufrage concerne un canot pneumatique parti vendredi matin de Libye avec 132 personnes à bord. Au bout de quelques heures, le canot a commencé à se dégonfler, jusqu’à se renverser. Quelque 50 survivants ont été secourus par un porte-conteneur danois, l’Alexander Maersk, dérouté par les gardes-côtes italiens, qui les a débarqués dimanche à Pozzallo, dans le sud de la Sicile, ont indiqué le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

SAMEDI 6 MAI
Plusieurs milliers de personnes de sauvées en Méditerranée selon des ONG

Au moins 3.000 personnes ont été sauvées dans une opération d’envergure en mer Méditerranée après la découverte de plus de 20 bateaux transportant des migrants, a confirmé la porte-parole des garde-côtes italiens vendredi.

Au moins sept personnes sont décédées selon les ONG opérant dans la région, et dont les dépouilles ont été rapatriées en Italie par bateau. Plus tôt vendredi, SOS Méditerranée, une ONG franco-allemande, a communiqué via Twitter qu’un de ses bateaux avait intercepté 20 navires transportant des migrants.

Ces bateaux transportent en général une centaine de passagers chacun. Une porte-parole de l’association a informé dpa que les opérations de recherche étaient difficiles et que les garde-côtes italiens et Médecins sans frontières (MSF) étaient aussi sur place. MSF a confirmé être sur place mais n’a pas donné de détails.

Un autre bateau MSF est aussi revenu à Catania en Sicile avec six corps à bord. C’est la première fois que l’association caritative revient au port sans survivant, a-t-elle indiqué.

Une autre association maltaise, MOAS, a aussi amarré à Catania samedi avec 394 survivants, dont un grièvement blessé par des tirs, et le corps d’un adolescent tué par les trafiquants « qui voulaient sa casquette de baseball », a indiqué un porte-parole de MOAS, citant les récits des migrants.

Plus tôt, Riccardo Gatti de l’association espagnole Pro Activa Open Arms a évoqué une mission de sauvetage en cours pour 1.000 à 1.500 migrants dans 11 canots pneumatiques. Il s’exprimait durant une conférence de presse au sénat italien.

L’Italie est la porte d’entrée pour les migrants par bateau empruntant la Méditerranée, plus de 180.000 personnes ont rejoint ses côtes en 2016. (Belga)

MERCREDI 3 MAI
Niger: 8 migrants retrouvés morts de soif dans le désert

Huit migrants, dont cinq enfants, ont été retrouvés morts dans le désert nigérien, alors qu’ils tentaient de se rendre en Algérie voisine, devenue une destination privilégiée pour les migrants subsahariens.

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©AFP, AFP

Clandestins: 8 migrants, dont 5 enfants, ont été retrouvés morts dans le désert nigérien, alors qu’ils tentaient de se rendre en Algérie voisine
Huit migrants, dont cinq enfants, ont été retrouvés morts dans le désert nigérien, alors qu’ils tentaient de se rendre en Algérie voisine, devenue une destination privilégiée pour les migrants subsahariens.

« Ces migrants sont morts de soif en route pour l’Algérie. Ils sont au nombre de huit: un homme, deux femmes et cinq enfants », a précisé à l’AFP cette source sécuritaire basée à Arlit (nord du Niger), proche de l’Algérie.

Les personnes décédées sont toutes des Nigériens et « ont été abandonnées par un passeur ». Sans secours et sans repère, « ils sont tous morts de soif ». Les enfants décédés sont âgés de « six à douze ans ».

D’après Aïr-info, un journal nigérien en ligne basé à Agadez (nord), les victimes font partie d’une groupe de migrants en route pour l’Algérie, mais dont le nombre exact n’a pas été déterminé.

« Quatre hommes » membres du groupe « ont pu être secourus » mais sont « complètement déshydratés », a rapporté ce journal.

En juin 2016, les corps sans vie de 34 migrants avaient été découvert dans le désert entre le Niger et l’Algérie. Fin 2013, 92 Nigériens, dont de nombreuses femmes et enfants, étaient morts de soif dans le désert, abandonnés par des passeurs qui devaient les emmener en Algérie.

L’Algérie est devenue une destination privilégiée pour les migrants subsahariens. 

Plusieurs milliers de Nigériens en situation irrégulière en Algérie, en majorité des femmes et des enfants, ont été reconduits vers leur pays depuis 2015 en vertu d’un accord entre Alger et Niamey.

En Algérie, nombre d’entre eux vivaient essentiellement de la mendicité, ont déploré les autorités nigériennes. Le ministère nigérien de l’Intérieur a plusieurs fois « attiré l’attention des migrants clandestins » sur « les risques qu’ils courent en tentant » cette « voie périlleuse savamment entretenue par des réseaux de criminels ».

Pour lutter contre les trafiquants, Niamey a voté en 2015 une loi très sévère pénalisant leurs crimes, qui les rend passibles de peines allant jusqu’à 30 ans de prison.

LUNDI 17 AVRIL

Un bateau de sauvetage avec des migrants à bord lance des S.O.S en Méditerranée

De nombreux cris de détresses ont été lancés par un bateau allemand de sauvetage naviguant en Méditerranée et transportant à son bord des migrants. La situation est aggravée par le mauvais temps qui met en danger des centaines de vie.

Un bateau de sauvetage avec des migrants à bord se trouve en détresse dans les eaux méditerranéennes car il a été surchargé, a annoncé sur sa page officielle sur Facebook l’organisation allemande non-gouvernementale Jugend Rettet possédant ce navire.

«Le Iuventa n’arrête pas d’envoyer des messages de détresse destinés au centre de coordination des opérations de sauvetage en mer, situé à Rome. Nous ne pouvons plus gérer cette situation par nos propres moyens! Le Iuventa ne peut plus manœuvrer car il y a trop de monde à son bord », a indiqué le communiqué.

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L’OIM a calculé le nombre de migrants arrivés en Europe depuis le début de l’année 2017

L’OIM a calculé le nombre de migrants arrivés en Europe depuis le début de l’année 2017
De plus, la situation s’empire à cause des intempéries qui mettent en danger des centaines de vies. Selon les informations de Jugend Rettet, encore quelque 400 personnes dont femmes enceintes et enfants, suivent le navire en détresse à bord de bateaux pneumatiques.

Depuis 2015, l’Europe traverse la crise migratoire la plus importante depuis l’époque de la Seconde Guerre mondiale. Selon l’Onu, l’année 2016 a été la plus meurtrière pour les réfugiés qui tentent de se rendre en Europe par la Méditerranée: plus de 3 800 personnes sont mortes en tentant la traversée alors même qu’elles étaient trois fois moins à suivre cet itinéraire. Le triste record avait été précédemment établi en 2015 avec 3 771 victimes.

En 2017, la plupart des migrants sont morts pendant leur périple via la Méditerranée centrale, alors qu’en 2016, la majorité des pertes humaines ont été enregistrées en Méditerranée orientale.

SAMEDI 15 AVRIL

Libye. Au moins 97 migrants disparus dans un naufrage

Au moins 97 migrants sont portés disparus, dont quinze femmes et cinq enfants, après le naufrage de leur embarcation ce jeudi au large de la Libye. Ils sont « probablement morts ». 23 rescapés ont été secourus par les garde-côtes libyens.

Le général Ayoub Kacem, porte-parole de la marine libyenne, a indiqué ce jeudi qu’au moins 97 migrants avaient disparus au large de la Libye dans un naufrage. Il a ajouté que ce chiffre avait été donné par 23 rescapés de différentes nationalités africaines, secourus par les garde-côtes libyens à un peu moins de 10 km au large de Tripoli.

La coque de l’embarcation était complètement détruite. Les 23 migrants, tous des hommes, ont survécu en s’agrippant à un flotteur qui était à bord de l’embarcation. Les migrants disparus sont « probablement morts » même si aucun corps n’a pu être repêché dans l’immédiat en raison des mauvaises conditions climatiques, a ajouté Ayoub Kacem.

Plus de 800.000 migrants attendent en Libye

Depuis le début de l’année, au moins 590 migrants sont morts ou portés disparus au large de la Libye, selon un bilan provisoire de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) arrêté fin mars. Les passeurs de migrants clandestins profitent du chaos qui règne en Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

La plupart des départs ont lieu depuis l’ouest du pays, à destination de l’Italie qui se trouve à 300 kilomètres. En l’absence d’une armée ou d’une police régulières, plusieurs milices font office de garde-côtes tout en étant souvent accusées de complicité voire d’implication dans ce trafic lucratif.
Selon les organisations internationales, 800.000 à un million de personnes, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne, se trouvent actuellement en Libye dans l’espoir de gagner l’Europe à bord d’embarcations de fortune. Les Européens envisagent des mesures pour bloquer l’arrivée des migrants depuis la Libye. Ces mesures alarment les ONG qui redoutent de mauvais traitements à l’encontre des migrants qui resteraient bloqués en Libye.

MERCREDI 12 AVRIL

Crise migrants : retrouvailles d’une mère et sa fillette après 5 mois de séparation

Une migrante ivoirienne a finalement réussi à retrouver sa fille âgée de 4 ans, recueillie par des gardes-côtes italiens à Lampedusa. Elles ont été séparées durant cinq mois.

Touchantes retrouvailles entre une migrante et sa fille

Les autorités italiennes ont permis les touchantes retrouvailles d’une migrante ivoirienne et sa fille de quatre ans à l’aéroport de Palerme, le lundi 27 mars. Les deux protagonistes de l’histoire se sont retrouvés après cinq mois de séparation. Début novembre 2016, la fillette du nom d’Oumoh a été retrouvée seule à Lampedusa après avoir été arrachée à sa famille paternelle afin de lui éviter l’excision.

Lors de la migration de la fillette vers l’Italie, cette dernière aurait voyagé à bord d’une barque avec une quinzaine d’autres personnes à bord, essentiellement des femmes et des enfants.

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Une rencontre due au plus incroyable des hasards


Par un incroyable concours de circonstances, sa mère Zanabou a pu être retrouvée. Au cours de ces retrouvailles riches en émotions, la femme a raconté comment elle a fui avec sa fille son ménage. En effet, le père d’Oumoh insistait sur le fait que la fillette soit excisée. La mère de famille aurait alors emmené sa fille à Tunis chez une amie le temps de retourner en Côte d’Ivoire « chercher quelques affaires ».

Entretemps toutefois, l’amie de Zanabou a eu l’opportunité d’embarquer. Elle aurait donc décidé d’emmener la fillette avec elle et semble s’en être désintéressée une fois à Lampedusa.

MERCREDI 12 AVRIL

« Manneh, Jatta, Coulibaly, Jawara – Footballeurs migrants, destins croisés »

Les destins croisés d’Ousman Manneh, Bakery Jatta, Mamadou Coulibaly et Fatim Jawara. Jatta et Coulibaly sont devenus footballeurs pro. Fatim Jawara , elle, est morte en pleine mer

A LIRE

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MARDI 4 AVRIL

La Hongrie lance une consultation anti-européenne et anti-migrants.

La Hongrie a lancé samedi 1er avril une campagne anti-européenne. Dans un questionnaire, le gouvernement du Premier ministre Viktor Orban demande aux citoyens leur avis sur les politiques d’immigration de Bruxelles qui, selon lui, menacent leur indépendance.

Le questionnaire, intitulé « Stoppons Bruxelles! », a été envoyé à chaque foyer, a annoncé un haut responsable du gouvernement en lançant officiellement la campagne. Il comporte six questions, portant principalement sur la question de l’immigration. « Que doit faire la Hongrie lorsque, en dépit d’une récente série d’attaques terroristes en Europe, Bruxelles veut la forcer à laisser entrer des migrants entrés illégalement? », est l’une des questions posées. Les réponses proposées donnent le choix entre « permettre à ces migrants de circuler librement dans le pays » ou bien « les maintenir sous surveillance en attendant que les autorités statuent sur leur cas ».

« un objet de propagande » selon Amnesty

« Ce sont des questions très trompeuses, regrette Aron Demeter, porte-parole de l’ONG Amnesty International en Hongrie. Ce n’est pas une vraie consultation ou un vrai questionnaire. C’est essentiellement un objet de propagande. Il n’y a pas de raison légale pour justifier ces questions. Mais récolter un grand nombre de réponses permet au gouvernement de pouvoir affirmer que les citoyens hongrois appuient complètement ses politiques. C’est un outil de communication qui montre aux citoyens hongrois que le gouvernement est fort et qu’il agit en leur faveur. Mais ce n’est pas vrai.

Cela met à mal la démocratie et l’Etat de droit. C’est aussi une violation des droits non seulement des demandeurs d’asile et des réfugiés en Hongrie, mais également des citoyens hongrois. C’est quelque chose que le gouvernement fait intentionnellement. Ils blâment des personnes sans défense et les accusent d’être des terroristes, des violeurs et des criminels. Cela ne fait que renforcer la haine envers un groupe vulnérable. »

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Des migrants traversent la frontière entre la Hongrie et la Serbie en passant sous des barbelés. (photo d’archive)
REUTERS/Bernadett Szabo/File photo

Des ONG victimes d’« une chasse aux sorcières »

Cette campagne intervient dans un contexte où la pression sur les ONG se fait de plus en plus forte. « Amnesty International fait partie de ces ONG que le gouvernement hongrois a dans sa ligne de mire. Ils nous accusent de soutenir les migrants illégaux et même parfois d’aider les criminels qui aident les terroristes. Ce n’est pas nouveau, explique Aron Demeter.

C’est une chasse aux sorcières qui est menée envers ces ONG. La même que celle qui est faite aux demandeurs d’asile et aux réfugiés. Le gouvernement hongrois doit avoir des coupables. Son intention est de discréditer le travail de ces ONG et de montrer au grand public que nous sommes responsables de la venue des migrants et des réfugiés. C’est insensé. Ces ONG protègent les droits des citoyens hongrois comme ceux des étrangers. Elles offrent des services comme de l’aide juridique ou des actions humanitaires. Elles travaillent de manière transparente. Donc ce n’est qu’une absurdité, une chasse aux sorcières. »

DIMANCHE 2 AVRIL

HONGRIE :Un maire se félicite de la chasse aux migrants

En Hongrie, Laszlo Toroczkai est fier des milices privées arrêtant les réfugiés qui traversent sa commune pour rejoindre l’ouest de l’Europe.

Le maire d’Asotthalom, petite ville hongroise de 4000 habitants près de la frontière avec la Serbie, se félicite de la chasse aux migrants par des milices privées sur sa page Facebook, toujours visible samedi.

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Des Afghans et des Pakistanais «ont essayé de traverser nos lignes, mais ont été capturés par le commando de nuit de notre milice d’Asotthalom», a écrit dans un style très militaire l’édile, Laszlo Toroczkai, sous une photo sur laquelle on peut voir un homme corpulent chauve et tatoué à côté de cinq jeunes migrants interpellés.

La présence de ces photos sur son compte (facebook.com/laszlo.torockai) a été dénoncée mi-juillet dans un rapport de Human Rights Watch (HRW).

«Les migrants à la frontière hongroise sont forcés de retourner en Serbie, d’une manière souvent cruelle et violente, sans considération pour leur droit à demander l’asile», avait souligné l’ONG.

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ONU amendée

Le maire a aussi fait sensation en ayant infligé à l’ONU une amende de 150’000 forints (500 euros) pour avoir laissé des ordures sur le territoire de sa commune. En guise de preuve, il avait affiché une photo d’un sac-à-dos bleu du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) trouvé dans un champ près d’Asotthalom.

Le gouvernement hongrois a tenu il y a dix jours de nouveaux propos hostiles aux migrants, notamment sur le thème du terrorisme et des violences envers les femmes, dans le cadre de sa campagne en vue du référendum d’octobre sur la répartition des réfugiés dans l’UE.
Le Premier ministre Viktor Orban, qui juge la politique européenne d’immigration trop permissive, se pose régulièrement en défenseur de «la civilisation européenne».

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Chasse aux migrants

Des initiatives de personnes se proclamant unilatéralement «justiciers» se livrant à la chasse aux migrants dans les régions frontalières se sont également multipliées ces derniers mois en Bulgarie, un pays partageant une frontière de 269 km avec la Turquie.
Des défenseurs des droits de l’homme ont à cet égard exigé l’ouverture d’une enquête, sur fond de multiplication des incidents impliquant des milices privées.

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Hongrie. Le parlement vote des mesures de précaution vis à vis des migrants clandestins

Le Parlement de Hongrie a adopté à une large majorité ce mardi 7 mars des mesures de précaution drastiques vis à vis de tous les migrants entrés clandestinement dans le pays.

La nouvelle loi prévoit que les migrants clandestins seront placés dans des « zones de transit » aux frontières serbe et croate, où ils seront détenus dans l’attente d’une décision définitive concernant leur demande d’asile.

En 2016, seuls 425 migrants ont obtenu l’asile en Hongrie (sur 29 432 demande déposées dans ce pays ) ; il s’agissait majoritairement de chrétiens fuyant les persécutions dans leur pays d’origine, les demandes déboutées concernant des populations musulmanes jugées « à risque » ou des migrations principalement économiques et n’entrant de facto pas dans le cadre du droit d’asile.

Les pays dits du Groupe de Visegràd (République Tchèque, Hongrie, Slovaquie, Pologne) sont aujourd’hui les seuls à mettre en place des mesures dissuasives concernant l’immigration.

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SAMEDI 1 AVRIL

Immigration clandestine: L’Italie humanise sa législation en faveur des migrants mineurs

Le Parlement italien a adopté mercredi dernier une loi encadrant l’accueil des mineurs non-accompagnés. Cette nouvelle disposition consiste à une meilleure prise en charge des enfants qui débarquent par dizaines de milliers sur les côtes et qui disparaissent malheureusement dans la nature.

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Pour Paolo Gentiloni, chef du gouvernement italien, c’est «un choix de civilisation, pour la protection et l’intégration des plus faibles». « L’Italie peut se dire fière d’être le premier pays d’Europe à se doter d’un système organique qui considère les enfants migrants avant tout comme des enfants», s’est réjouie de son côté l’ONG Save the children.

Le texte instaure également des procédures pour identifier les mineurs et vérifier leur âge. Il exige aussi leur transfert vers un Centre d’accueil spécifique dans un délai de 30 jours après leur arrivée ; promeut la figure du tuteur et le placement en famille d’accueil et garantit leur accès aux soins et à l’éducation.

La nouvelle loi était en discussion depuis plus de trois (ans) ans. Elle vient de consacrer la pratique de non-expulsion des mineurs non-accompagnés. Validé par le Sénat, le texte a été adopté par 375 voix contre 13 à la Chambre des députés.

En 2016, environ 25.846 mineurs non-accompagnés ont débarqué en Italie. Selon le ministère italien de l’Intérieur, c’est l’équivalent de 2014 et 2015 réunis; et environ 14% du total des arrivées, une proportion restée constante début 2017.

Cependant, le système d’accueil italien est au bord de l’implosion. Les plus jeunes n’ont pas toujours reçu un accueil digne de ce nom. Ce qui fait qu’une ancienne norme les met sous la tutelle du maire de leur commune d’arrivée, et qui les a longtemps concentrés dans les villes portuaires.

Cette fréquente absence de perspectives a aussi favorisé les fugues: plus de 6.000 mineurs se sont évaporés dans la nature l’année dernière. Cette nouvelle loi vient donc permettre aux mineurs de trouver un cadre idéal pour leur épanouissement en Italie, alors qu’ils tombent malheureusement dans les mains criminelles en tentant de rejoindre des proches dans les autres pays européens.

JEUDI 30 MARS

Méditerranée. 146 migrants disparus après un naufrage

Un jeune Gambien secouru mardi en mer a raconté être parti de Libye à bord d’un canot qui a pris l’eau et dont les quelque 146 autres passagers sont portés disparus, a rapporté mercredi le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Parti dimanche ou lundi de Sabrata (nord-ouest), l’adolescent a été secouru par un navire militaire espagnol de l’opération européenne anti-passeurs Sophia et hospitalisé dans la nuit à Lampedusa, l’île italienne la plus proche des côtes africaines.

SAMEDI 25 MARS

Une ONG espagnole a retrouvé, au large de la Libye, deux canots pneumatiques renversés et cinq personnes noyées.

Les premières données indiquent que quelque 250 migrants se sont probablement noyés dans leur traversée vers l’Italie Jeudi, au petit matin, au nord du port libyen de Sabrata.
Les marins de l’ONG espagnole Pro-Activa Open ont ainsi repêché cinq corps flottant près de deux canots pneumatiques à une quinzaine de milles (24 km) des côtes.

Selon la porte-parole de cette organisation, il s’agissait de jeunes Africains âgés de 16 à 25 ans.
La même source a estimé que les embarcations étaient surchargés avant de chavirer.

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«Nous pensons que la seule explication est que les canots étaient pleins de gens», a expliqué sa porte-parole.
«Depuis plus d’un an, nous n’avons jamais vu aucun de ces canots qui ne soit rempli à ras bord», a-t-il ajouté.

Habituellement, ces canots embarquent de 120 à 140 personnes. Pour l’ONG, ce sont près de 250 migrants qui auraient pu laisser la vie dans cette traversée vers l’Italie.

Les autres corps n’ont pas été localisés.
Vincent Cochetel, directeur du bureau européen du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), a indiqué dans la soirée que les bateaux des ONG patrouillant dans la zone avaient été appelés à l’aide pour secourir les passagers d’une troisième embarcation, laissant planer la menace d’un drame supplémentaire.

VENDREDI 24 MARS

Migrants: des ONG dans la ligne de mire de la justice italienne

La justice italienne a confirmé mercredi s’intéresser de près aux activités des ONG qui viennent au secours des migrants en Méditerranée, pour comprendre si elles ont notamment des contacts directs avec les trafiquants en Libye.

«On ne peut pas exclure qu’elles (les ONG) aient été contactées directement» par les trafiquants en Libye, a déclaré mercredi Carmelo Zuccaro, procureur de Catane (Sicile), engagé depuis plusieurs semaines dans une évaluation des rapports entre ces organisations non gouvernementales présentes en Méditerranée centrale et les responsables du trafic de migrants en Libye.

«Je suis convaincu que ce n’est pas toujours la centrale opérationnelle (responsable depuis Rome de la coordination des secours) qui appelle les ONG», a déclaré ce procureur devant une commission parlementaire. C’est un point sur lequel il faut enquêter, a-t-il ajouté.

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S’il est confirmé que les trafiquants appellent directement les ONG pour les informer de leurs activités et les aider à sauver les migrants, cela mettrait en lumière «un lien objectif entre les organisateurs du trafic et ces ONG», a souligné M. Zuccaro. Elles pourraient alors être accusées de complicité dans ce trafic.

Interrogée par l’AFP, l’ONG SOS Méditerranée, citée notamment par le procureur, a formellement démenti l’existence de tels contacts. «Nous n’avons pas d’autonomie en ce qui concerne les interventions», toutes décidées par le centre opérationnel des garde-côtes, a souligné Amelia Giordano, porte-parole de l’organisation en Italie.

Le parquet de Catane cherche à comprendre notamment d’où vient le financement de ces petites ONG qui ont déployé au large de la Libye plusieurs navires. La justice italienne s’interroge sur cette concentration «anormale», selon M. Zuccaro.

Ces ONG «sont en train de créer un corridor humanitaire», ce qui pose une autre question : «Est-il est reconnu à des organisations privées de se substituer aux forces politiques et à la volonté des États en créant ces corridors ?», s’est interrogé M. Zuccaro devant les parlementaires.

À la suite de l’organisation maltaise Moas, qui a lancé son premier bateau pendant l’été 2014, près d’une dizaine d’ONG, financées essentiellement par des dons privés, ont participé en 2016 aux opérations de secours de migrants au large de la Libye.

Dans un rapport cité en décembre par le Financial Times, Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières, avait évoqué une possible collusion entre les réseaux qui font partir les migrants de Libye et les navires privés qui les récupèrent en mer «comme des taxis».

L’amiral italien Enrico Credendino, qui commande l’opération navale européenne anti-passeurs Sophia, a affirmé de son côté dans un entretien avec le Corriere della Sera que les ONG attirent les bateaux chargés de migrants, au moins la nuit, à l’aide de projecteurs.

MARDI 14 MARS

Un ministre turc évoque un « réexamen » du pacte sur les migrants conclu avec l’UE

Le pacte migratoire a permis d’assécher le flux de passages clandestins vers l’Europe via les îles grecques en mer Egée. Il a été remis en cause plusieurs fois déjà par Ankara.

Sur fond de tensions entre Ankara et plusieurs pays de l’Union européenne (UE), un ministre turc a évoqué, lundi 13 mars, un « réexamen » du pacte sur la lutte contre l’immigration clandestine entre la Turquie et l’UE. « La Turquie devrait réexaminer le volet des passages terrestres » figurant dans le pacte, a déclaré le ministre des affaires européennes turc, Ömer Çelik, cité par l’agence de presse progouvernementale Anadolu.

Les déclarations de M. Çelik surviennent en pleine crise diplomatique avec les Pays-Bas à la suite de leur refus d’autoriser deux ministres turcs à participer à des meetings de soutien de la diaspora turque au président, Recep Tayyip Erdogan, en vue d’un référendum sur le renforcement de ses pouvoirs prévu le 16 avril. Plusieurs pays européens ont exprimé leur solidarité avec les Pays-Bas.

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Assécher le flux de passages clandestins

Le pacte migratoire, conclu le 18 mars 2016 entre le gouvernement turc et l’Union européenne, a permis d’assécher le flux de passages clandestins vers l’Europe via les îles grecques en mer Egée.

Une des clauses de cet accord stipule que la Turquie « prendra toutes les mesures nécessaires pour éviter que de nouvelles routes de migration irrégulière, maritimes ou terrestres, ne s’ouvrent au départ de son territoire en direction de l’UE ». La Turquie partage des frontières terrestres avec la Grèce et la Bulgarie.

Selon Anadolu, M. Çelik a seulement évoqué les routes « terrestres », car remettre en cause l’application des dispositions du pacte portant sur les routes maritimes mettrait en péril la vie de migrants qui tenteraient de rejoindre l’Europe par mer. Ce pacte migratoire a été remis plusieurs fois en cause par des responsables turcs au gré des tensions dans les rapports entre la Turquie et l’UE, mais il continue d’être mis en œuvre sans problème majeur.

DIMANCHE 12 MARS

Migrations: plus de 500 migrants noyés en Méditerranée depuis janvier (OIM)


Au rythme où vont les choses, d’ici la fin de l’année il y aura plus morts en Méditerranée cette année que l’an dernier.

Le premier trimestre de 2017 est à peine entamé que l’Organisation internationale des migrations (OIM) tire la sonnette d’alarme. Depuis le 1er janvier jusqu’au 5 mars dernier, 521 migrants ont péri noyés ou disparus en Méditerranée dans la tentative de rejoindre l’Europe. Les statistiques sont macabres et cyniques, mais à la même date l’an dernier, on ne comptait « que » 471 morts. Et il continue d’arriver du monde sur les berges italiennes de Sicile à partir des côtes libyennes : presque 20.000 déjà !

L’OIM affirme que la situation est grave. D’autant que les flux migratoires s’exercent en direction de trois pays européens seulement : l’Italie, vers qui se dirigent les 80% des migrants ; l’Espagne et la Grèce. Aux morts certifiés de la Méditerranée, il faut ajouter les squelettes retrouvés dans le désert du Sahara : des morts de soif, de faim ou de désorientation dans un espace peu accueillant.


Sans parler des morts par maltraitance.
Mercredi, une source sécuritaire libyenne a annoncé que 22 corps de migrants africains ont été découverts sur une plage de Sabratha. « Il semble qu’il y ait eu un échange de tirs entre les passeurs, ce qui a entraîné la mort de 22 migrants », a suggéré l’OIM depuis Genève (Suisse). Mais sur place, en Libye, l’explication est tout autre : les migrants clandestins, qui s’apprêtaient à tenter la périlleuse traversée de la Méditerranée, ont refusé de monter à bord de l’embarcation qui leur était proposée en raison du mauvais temps et de la qualité peu engageante du bateau. Les passeurs énervés ont fini par les abattre.

L’Italie déploie d’énormes efforts pour faire face aux flux migratoires chez elle. Aussi bien en les dispatchant sur tout le territoire quand ils ont réussi à débarquer sur ses côtes que pour intercepter leurs bateaux en mer. Mais elle mise surtout sur le tarissement à la base de ces flux avec des accords de coopération bilatérale avec les pays de départ.

« Après l’accord avec la Libye, nous travaillons maintenant avec le Niger, pays voisin de la Libye et terre de transit pour de nombreux migrants. Si nous parvenons à un accord avec le Niger, nous aiderons ce pays, mais nous nous aiderons aussi nous-mêmes », a estimé M. Angelino Alfano, actuel ministre italien des Affaires étrangères mais qui était, il y a quelques semaines de cela, en charge du portefeuille de l’Intérieur.

« Du cynisme pur ! », a réagi l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International. « Ces accords bilatéraux cyniques visent en fait à repousser au loin les frontières de l’Europe. Avec l’alibi de la coopération, on obtient deux résultats : les droits humains sont passés à la trappe, et nous payerons ces pays à reprendre leurs ressortissants et à continuer de violer les droits de l’Homme comme bon leur semble », a dit Roberto Noury, porte-parole d’Amnesty international-Italie.

VENDREDI 3 MARS

Près de 1000 migrants secourus encore ce jeudi

Les gardes-côtes italiens ont annoncé jeudi avoir coordonné les opérations de secours d’environ 970 migrants au large de la Libye.

Le commissaire aux Migrations Dimitris Avramopoulos, lors d’une conférence de presse a Bruxelles, a estimé que l’UE devait faire en sorte que les migrants dont la demande d’asile a été rejetée soient mis en détention.

Les centaines de migrants se trouvaient à bord de quatre canots pneumatiques, une petite barque en bois et une plus grande. Ils ont été secourus par un navire des gardes-côtes italiens, un navire norvégien engagé dans le dispositif européen Frontex et deux navires humanitaires affrétés par les ONG SOS Méditerranée, Médecins sans frontières et Proactiva Open Arms.

Les gardes-côtes italiens ont également reçu un appel à l’aide d’un voilier parti de Grèce avec à bord 85 migrants cherchant à rejoindre la pointe sud de l’Italie. Mais le voilier se trouvait encore dans les eaux grecques. Secourus par un navire maltais qui se trouvait dans la zone, les migrants ont été débarqués dans le port grec de Kalamata.

Mer dangereuse

Avant ces opérations, l’Italie avait déjà accueilli sur ses côtes plus de 13’400 migrants depuis début janvier, soit une hausse de 47% par rapport à 2016 et de 70% par rapport à 2015. Toute comparaison sur quelques semaines reste toutefois délicate.

L’hiver rend pourtant la mer encore plus dangereuse. Selon l’ONU, plus de 440 personnes sont mortes ou disparues en janvier et février en tentant de rejoindre l’Europe depuis la Libye.

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NB:
Le commissaire aux Migrations Dimitris Avramopoulos, lors d’une conférence de presse a Bruxelles, a estimé que l’UE devait faire en sorte que les migrants dont la demande d’asile a été rejetée soient mis en détention.

VENDREDI 24 FÉVRIER

Tripoli – Treize migrants sont morts asphyxiés dans le conteneur d’un camion

Tripoli – Treize migrants sont morts asphyxiés dans le conteneur d’un camion qui les transportait vers une plage de l’ouest de la Libye afin de traverser la Méditerranée vers l’Europe, a indiqué jeudi le Croissant rouge libyen (CRL).

Ce drame est le dernier en date frappant des migrants clandestins originaires d’Afrique ou du Moyen-Orient qui s’embarquent en Libye, pays plongé dans le chaos, pour tenter de rejoindre l’Europe dans l’espoir d’une vie meilleure.

Mardi, au total 69 migrants clandestins ont été découverts à l’intérieur d’un conteneur transporté par un camion devant les conduire à la plage de Khoms, ville à 115 km de la capitale Tripoli. Treize d’entre eux dont deux enfants y étaient morts. Morts et survivants ont été conduits vers le centre de rétention de Khoms, a précisé sur sa page Facebook la branche du CRL dans cette cité.

La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) a confirmé avoir été informée par le CRL à Khoms que « 69 migrants de nationalités diverses avaient été découverts à l’intérieur d’un conteneur près de la ville. Certains étaient déjà morts, d’autres dans un état de santé dégradé ».

« Ils avaient été enfermés dans le conteneur pendant quatre jours », a précisé la Fédération dans un communiqué.

Le CRL a précisé avoir été alerté mercredi tôt le matin par le Centre de rétention de Khoms « sur la présence d’un groupe de migrants clandestins et de cadavres, jetés à l’entrée du centre au milieu de la nuit ».

Mohamad al-Misrati, a confirmé que les migrants mentionnés par le CRL de Khoms étaient « ceux-là mêmes découverts morts dans le conteneur ».

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Un habitant de Khoms, qui a préféré taire son nom pour des raisons de sécurité, a raconté que les clandestins parmi lesquels les 13 morts avaient « été découverts lors d’une fouille à un barrage de sécurité mardi, sur la route qui longe le littoral » de Khoms.

« Parmi les 56 survivants, il y avait une fillette de cinq ans, prénommée Aïcha. Certains migrants souffrent de maladies de peau, de fractures et d’autres ont besoin de soins urgents », a indiqué le CRL, sans préciser leur nationalité.

Quant aux 13 morts, dont une jeune fille de 13 ans et un adolescent de 14 ans, « certains ont pu être identifiés. Ils ont été placés dans des sacs » en attendant d’être examinés par un médecin légiste et d’être pris en charge par les autorités compétentes, selon le CRL.

Mardi, 74 migrants morts noyés ont été découverts sur une plage à 45 km à l’ouest de Tripoli.

MERCREDI 22 FÉVRIER

Les corps de 74 migrants retrouvés sur le rivage libyen

Le porte-parole de la Croissant rouge libyen a expliqué que des habitants de la zone ont découvert un bateau échoué sur la plage avec à l’intérieur plusieurs cadavres de migrants clandestins.

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Migrants en perdition en Méditerranée. – Aris Messinis – AFP

Au moins 74 corps sans vie de migrants ont été retrouvés sur le rivage libyen, au niveau de la ville Zaouïa, dans l’ouest, a annoncé mardi le Croissant rouge libyen (CRL). Sur Twitter, des photographes ont montré les clichés de dizaines de corps alignés sur la plage et enveloppés dans des sacs mortuaires blancs ou noirs.

Six ans après la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye est toujours plongée dans le chaos et le pays est devenu un carrefour de l’immigration clandestine vers l’Europe. Les passeurs de migrants clandestins profitent du chaos et organisent des départs, généralement, depuis l’ouest du pays, à destination de l’Italie qui ne se trouve qu’à 300 kilomètres. En l’absence d’une armée ou d’une police régulières, plusieurs milices font office de garde-côtes tout en étant souvent accusées de complicité voire d’implication dans ce trafic lucratif.

Les pertes humaines consécutives à des naufrages se sont multipliées ces dernières années, se comptant en milliers.

DIMANCHE 19 FÉVRIER

Gianfranco Rosi amène « l’appel à l’aide de Lampedusa » à Hollywood.

(AFP/LE PARISIEN)

Au début de « Fuocoammare, par-delà Lampedusa », un documentaire finaliste aux Oscars, un garde-côte reçoit l’appel à l’aide d’une femme sur un bateau qui sombre, plein de migrants. Il lui répète encore et encore: « quelle est votre position ? ».
« J’ai voulu renverser la question: nous devons nous demander ‘quelle est MA position’? » face à « la pire tragédie depuis la deuxième guerre mondiale », explique le réalisateur Gianfranco Rosi, lors un entretien à l’AFP.

Son long-métrage explore l’univers de l’île italienne, territoire européen le plus proche des côtes libyennes. Des centaines de milliers de réfugiés y ont afflué ces dernières années, submergeant ses infrastructures d’accueil. Des milliers trouvent la mort pendant la traversée chaque année – quelque 4.000 en 2016.

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Le réalisateur Gianfranco Rosi, lors d’un entretien à l’AFP le 7 février 2017 à West Hollywood (AFP/Frederic J. Brown)

Parmi les réalisateurs les plus primés du monde – lauréat de l’Ours d’Or à Berlin et du Lion d’Or de Venise – Gianfranco Rosi a fait le tour du monde avec son film, devenant, presque malgré lui, porte-parole de la cause des réfugiés.

En 2014, « quand j’ai commencé +Fuocoammare+, Lampedusa n’était qu’une petite île presque hors de la carte, mais (l’impact du film) est devenu très fort quand la route des Balkans s’est ouverte. Soudainement il y avait des millions de gens qui marchaient » à travers l’Europe, se souvient-il.

– Respirer la politique –

« J’ai réalisé au festival de Berlin » il y a un an à quel point le film « respire la politique ». « Lampedusa avant, c’était juste l’Italie, maintenant c’est un problème transversal, presque une métaphore », estime-t-il.

La sélection du film aux Oscars représente l' »occasion d’amener l’appel à l’aide de Lampedusa (…) à Hollywood », estime-t-il.
Aux Etats-Unis, la question des réfugiés est d’une actualité brûlante depuis la signature du décret du président Donald Trump qui leur interdit temporairement l’entrée du territoire américain.

« L’Amérique a toujours été la terre de la liberté, des immigrants. Que se passe-t-il quand elle tourne le dos à l’histoire pour bâtir des barrières ? », interroge l’Italo-américain en référence au mur que le président républicain veut construire à la frontière du Mexique pour freiner l’immigration clandestine.

Comme la Méditerranée, le désert californien, est « un cimetière » pour ceux qui le traversent pour entrer aux Etats-Unis, fuyant violence et pauvreté, remarque Gianfranco Rosi. Il connaît bien la région, où il a filmé d’autres naufragés, ceux de la société américaine.
Son style se distingue des codes du documentaire en vogue aux Etats-Unis en n’utilisant ni interview classique, ni insertions de textes, ni voix-off. Avec patience – il a passé une année à Lampedusa – il guette les moments de vérité qui en disent plus qu’un long discours, et puise dans le langage poétique pour créer une connexion « émotionnelle avec le réel ».
« J’aime fermer la porte de l’information et interagir émotionnellement avec le public » car « derrière les statistiques, il y a toujours une personne ».

– Comment s’habituer ? –

« Fuocoammare » montre une île où des hommes, femmes et bébés s’échouent, certains en vie, d’autres morts, loin des regards. « Comment s’habituer à voir des femmes, enceintes, des enfants morts ? (..) Ce sont des cauchemars que je revis souvent », lance un médecin.
Né en Erythrée en 1964, évacué dans l’urgence à 13 ans sans ses parents par des militaires italiens lors de la guerre d’indépendance du pays, Rosi affirme toutefois que cet épisode de son enfance ne fait pas de lui un réfugié.

« J’ai réalisé ma forte connexion avec l’Afrique quand j’étais sur un bateau où des gens mouraient » pendant le tournage, mais c’est une tragédie qui devrait toucher chacun d’entre nous ».

Il remarque que « les gens disent aux migrants +si vous faites la traversée, vous allez peut-être mourir+. Un jour l’un d’eux m’a répondu +pour nous, ce peut-être, c’est notre espoir. Si nous restons en Libye, nous mourrons ».

VENDREDI 17 FÉVRIER

Maroc/Espagne: des centaines de migrants ont forcé la frontière à Ceuta

Des centaines d’immigrés ont franchi vendredi au petit matin la haute barrière entourant l’enclave espagnole de Ceuta au Maroc, certains ayant été blessés, a-t-on appris auprès des secours et de la garde civile.

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« La garde civile de Ceuta estime que 500 personnes ont peut-être réussi à entrer dans la ville », indiquent les services de secours sur leur compte Twitter. La garde civile a de son côté précisé à l’AFP que « plusieurs centaines » de migrants étaient entrés dont certains ont été blessés, ainsi que des membres des forces de l’ordre.
AFP

A Washington, une « journée sans immigrés » ferme des dizaines de restaurants

« Diversité », « solidarité, « les immigrés nourrissent l’Amérique »: sur les devantures de plusieurs dizaines de restaurants fermés à Washington, des pancartes expliquent pourquoi ils font grève jeudi lors d’une « Journée sans immigrés », initiative rare en protestation contre les politiques anti-immigration du président Donald Trump.

« Nous sommes trois fils d’immigrés », expliquent, sur une affichette collée sur une porte fermée, les fondateurs de Sweetgreen, une chaîne de bars à salade qui a décidé de clore ses 18 restaurants dans la capitale américaine.

« Nous soutenons le droit de nos employés à faire entendre leur voix en démocratie », poursuit le texte apposé sur la porte d’un établissement, à une quinzaine de minutes à pied de la Maison Blanche, que lit attentivement Edward Burger.

« C’est une bonne idée. Cette question des immigrés et de l’hospitalité des Etats-Unis est terriblement importante, pour eux comme pour nous. Il faut défendre leurs droits », confie ce médecin américain à la retraite âgé de 84 ans.

C’est dans un bastion démocrate – Washington a voté à plus de 90% pour Hillary Clinton à la présidentielle – que vient de s’installer Donald Trump.

Ses déclarations contre les immigrés et les musulmans, son décret anti-immigration très controversé et actuellement suspendu par la justice ainsi qu’une vague d’arrestations et d’expulsions la semaine dernière, ont provoqué ce mouvement spontané de grève qui a pris de l’ampleur à Washington à la faveur du bouche à oreille.

– ‘Les immigrés nourrissent l’Amérique’ –

« Monsieur le président, sans nous et sans notre soutien, ce pays est paralysé »: du Pentagone jusque dans les quartiers à majorité hispanique, en passant par les rues commerciales proches de la Maison Blanche et du Capitole, ce même mot d’ordre a motivé la fermeture de quelque 70 restaurants jeudi, dont certaines des plus célèbres tables de la capitale.

Des dizaines d’autres étaient également fermés ailleurs aux Etats-Unis, notamment à New York, Philadelphie ou Chicago, où environ 50 enseignes avaient baissé leurs rideaux.

Quelque 11 millions de clandestins vivent aux Etats-Unis et les sans-papiers représentaient 9% des employés du secteur de l’hôtellerie et de la restauration en 2014, selon l’institut Pew Research Center.

Arrivé d’Espagne dans les années 1990, le chef José Andrés est aujourd’hui à la tête d’un empire gastronomique aux Etats-Unis. Il a décidé de fermer cinq de ses restaurants à Washington « en soutien aux nombreux immigrants parmi nos employés ». D’autres de ses enseignes restaient toutefois ouvertes, notamment pour les employés préférant travailler.

Personnalité hautement médiatique, le chef aux deux étoiles Michelin est en litige avec le président qui lui réclame plusieurs millions de dollars pour avoir renoncé à ouvrir un restaurant dans son hôtel de luxe, le Trump International Hotel, à Washington, après les propos contre les immigrés du républicain lors de la campagne électorale.

« Les immigrés nourrissent l’Amérique », pouvait-on lire sur les portes fermées de deux de ses célèbres restaurants, Jaleo et Oyamel, installés dans le quartier commercial de Chinatown.

– ‘Peur d’être expulsés’ –

Annoncé mardi sur Twitter où il compte plus de 460.000 abonnés, le soutien de José Andrés a donné un grand coup de projecteur sur une initiative sans organisation centralisée jusque-là passée plutôt inaperçue. Et qui a finalement dépassé le seul secteur de la restauration.

« Nous avons tous peur d’être expulsés, nous les sans-papiers », explique Marvin Gomez, arrivé du Honduras il y a dix ans et venu participer à une petite manifestation à Mount Pleasant, quartier hispanique du nord-ouest de Washington.

A 28 ans, il travaille dans la construction, paye ses impôts aux Etats-Unis malgré son statut clandestin et aide financièrement sa mère restée au Honduras, pays rongé par la violence des gangs. « On s’est mis d’accord avec mes collègues pour ne pas aller travailler aujourd’hui. Les patrons peuvent nous licencier mais tant pis. C’est quelque chose pour lequel nous devons tous agir », confie-t-il.

Dans le cortège qui descendait vers la Maison Blanche se trouvait aussi Iris Mata, employée d’une école du quartier hispanique de Columbia Heights, qui faisait également grève.

« Nous voulons être entendus et qu’on ressente le poids d’une journée sans immigrés », témoigne cette citoyenne américaine de 38 ans, arrivée du Salvador quand elle était enfant. « Nous avons peur des conséquences des décisions du président ».

MERCREDI 11 FÉVRIER

Les immigrés sont plus diplômés que la population française en général

Le chercheur de l’INED Mathieu Ichou publie une enquête dans le dernier numéro de Population et Sociétés qui montre que les pays d’accueil sont loin de recevoir « toute la misère du monde » lorsqu’ils octroient un titre de séjour

Le démographe relève que certains groupes sont plus diplômés que la population française en général. Ainsi, 37 % des immigrés nés en Roumanie et vivant en France possèdent un diplôme de l’enseignement supérieur, comme 43 % des Chinois, 35 % des Vietnamiens ou 32 % des Polonais, alors que « seulement » 27 % de la population générale adulte de France dispose d’un grade universitaire. Un taux d’ailleurs identique à celui des diplômés de l’université au sein de la population sénégalaise de France… Quelques autres diasporas sont en revanche en dessous de ce taux, comme les Tunisiens, dont 21 % ont au moins une licence, ou les Marocains (19 %) et les Algériens (18 %).

« Un triple capital : économique, social et intellectuel »
« Contrairement à ce que l’on croit a priori, les migrants maliens qui arrivent [en Europe] sont souvent issus des classes moyennes ou supérieures de leur pays », précise le chercheur, qui rappelle que « pour quitter l’Afrique, il faut désormais bénéficier d’un certain niveau de capital économique, social et intellectuel » et ajoute que « le taux de diplômés du supérieur est bien moindre sur le continent africain qu’en France ».
Cette analyse des différentes diasporas présentes en France à laquelle Mathieu Ichou se livre est confortée par les travaux menés sur les vagues d’arrivées plus récentes observées par la démographe Anne Goujon, de l’Institut de démographie de Vienne. Cette dernière s’est penchée sur les réfugiés entrés en Autriche au début de 2015. Elle a ainsi mesuré que 27 % de Syriens arrivés dans ce pays sont diplômés du supérieur, contre 10 % de ceux qui sont restés en Syrie.

On retrouve aussi ce différentiel pour les Afghans, dont 11 % de ceux qui ont rejoint l’Autriche sont diplômés de l’université, contre un taux global de 3 % de détenteurs d’un parchemin du supérieur dans ce pays.
De quoi mesurer en creux que les pays d’accueil sont bien loin de recevoir « toute la misère du monde » lorsqu’ils octroient un titre de séjour, que celui-ci soit accordé à un réfugié ou à un migrant dit « économique ». « La plupart des discours sur les migrations ne sont pas de l’ordre du rationnel mais de l’idéologique », note à ce propos Mathieu Ichou.

SAMEDI 11 FÉVRIER 2017

Aide aux migrants: condamné à 3000 euros avec sursis, Herrou « continuera à agir »

Le tribunal correctionnel de Nice a condamné ce vendredi l’agriculteur de la vallée de la Roya à une amende de 3000 euros avec sursis. Il était accusé d’avoir aidé des migrants près de la frontière franco-italienne.

Cédric Herrou échappe à la peine de prison. L’agriculteur de Breil-sur-Roya a été condamné ce vendredi à 3000 euros d’amende avec sursis par le tribunal correctionnel de Nice. Son procès, pour immigration clandestine, s’était tenu en janvier dernier. Les juges l’ont condamné pour avoir pris en charge des migrants sur le sol italien mais il a été relaxé des autres faits qui lui étaient reprochés, notamment l’installation de migrants dans un centre de vacances désaffecté de la SNCF et l’aide au séjour et à la circulation de migrants en situation illégale.

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Le parquet, qui lui reprochait une stratégie militante et un détournement de la loi de décembre 2012 accordant l’immunité pénale à ceux qui apportent une aide humanitaire et désintéressée aux migrants, avait requis huit mois de prison avec sursis. « On continuera à agir et ce n’est pas sous la menace d’un préfet ni les insultes d’un ou deux politiques que nous arrêterons. Nous continuerons car c’est nécessaire de continuer », a déclaré le militant en sortant du tribunal, avant d’être acclamé par 200 personnes.

MERCREDI 8 FÉVRIER 2017

L’UE veut écraser les réseaux des migrants.

Les dirigeants européens veulent monter au front contre les réseaux de passeurs de migrants en Libye. Réunis à Malte vendredi, ils comptent briser ces groupes illégaux à travers une série de mesures chocs. Des décisions mal vues par les activistes des droits humains qui y voient une atteinte aux valeurs de l’UE.

L’afflux des migrants aux larges des côtes italiennes en partance de la Libye pourraient bientôt être jugulé. Lors d’un sommet informel presque exclusivement consacré à cette question, les dirigeants de l’Union européenne ont pris la ferme décision d’étouffer les réseaux des passeurs qui gèrent près de 90% du trafic des migrants qui passent par la Libye pour rallier l’Italie. Pour ce faire, les dirigeants de l’espace UE ont pris des résolutions qui devront décourager ce trafic. Il s’agit entre autres, de renforcer le rôle de garde-côtes libyens, d’aider les voisins de la Libye à fermer ses accès aux pays voisins, d’assurer les conditions décentes aux migrants bloqués dans la zone et d’encourager les migrants pour raisons économiques à retourner à leur lieu de provenance.
« Nous intensifierons l’action que nous menons avec la Libye, qui est le principal pays de départ, ainsi qu’avec ses voisins d’Afrique du Nord et d’Afrique subsaharienne », peut-on lire dans la Déclaration de Malte signée ce vendredi 3 février.
« En Libye, il est essentiel de renforcer les capacités pour que les autorités soient en mesure de prendre le contrôle des frontières terrestres et maritimes et de lutter contre les activités de transit et de trafic », confirme la Déclaration de Malte.

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Photo Narcisco Contreras

« Conserver des camps en Libye, c’est maintenir les migrants dans des conditions inhumaines et les mettre encore plus en danger », a déclaré Carlotta Sami, porte-parole du HCR au micro de l’agence Reuters.
Avis partagé par Françoise Sivignon, présidente de Médecins du monde. « Les témoignages de tortures, de violences à l’égard des personnes notamment dans les centres de rétention sont dramatiques. On renvoie donc ces personnes vers leurs oppresseurs au mépris des droits les plus élémentaires.  ».

MARDI 7 FÉVRIER 2017

Migrants morts et disparus en Méditerranée (2014-2016)

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LUNDI 6 FÉVRIER 2017

« Migrants: l’enfer du froid »

L’enfer sur terre et en froid se trouve actuellement en Serbie. Il s’agit d’un immense camp sauvage de réfugiés, en plein centre ville de Belgrade, où des centaines de personnes sont bloquées. Les équipes de BFMTV sont allées à la rencontre de ces réfugiés, qui rêvent d’une vie en Europe, et d’un étudiant syrien à la frontière hongroise. – 7 jours BFM, du samedi 4 février 2017, sur BFMTV.

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VOIR LE REPORTAGE VIDÉO EN SERBIE ( BFM)

DIMANCHE 5 FÉVRIER 2017

Plus de 400 migrants interceptés au large de la Libye

Des migrants secourus par l’ONG Moas et la Croix Rouge italienne au large de la Libye le 5 novembre 2016 (Afp)

Les garde-côtes ont intercepté au large de la Libye plus de 400 migrants dont des femmes et des enfants qui tentaient de rejoindre l’Europe par la mer, a annoncé samedi à l’AFP le porte-parole de la marine libyenne.

Selon le général Ayoub Qassem, 431 migrants à bord d’embarcations pneumatiques ont été interceptés entre jeudi matin et samedi, à quelques miles marins au large de la ville de Sabratha, à 70 km à l’ouest de la capitale Tripoli.

« Les migrants sont de plusieurs nationalités africaines et comptent parmi eux un grand nombre de femmes et d’enfants », a ajouté le général Qassem.

Les migrants ont été interceptés par les garde-côtes basés à la raffinerie de Zawiya (50 km à l’ouest de Tripoli). Ils ont été remis plus tard à l’Organisme de lutte contre l’immigration clandestine qui devrait les placer dans des centres de rétention, a-t-il précisé.

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Vendredi, les garde-côtes italiens ont annoncé avoir secouru plus de 1.300 migrants au large de la Libye, ce qui porte à plus de 7.000 le nombre de migrants arrivés sur les côtes italiennes depuis le début de l’année. Quelque 230 autres sont morts ou ont disparus en janvier au large de la Libye, selon l’ONU.

Réunis en sommet à Malte, les dirigeants européens se sont engagés vendredi à aider la Libye à lutter contre les passeurs.

Le Européens envisagent aussi d’autre mesures pour bloquer l’arrivée de milliers de migrants depuis la Libye, mais ce plan a été critiqué par de nombreuses organisations internationales et ONG qui redoutent de mauvais traitements à l’encontre des migrants bloqués en Libye faute de pouvoir traverser la Méditerranée.

Les passeurs de migrants clandestins profitent du chaos qui règne en Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. La plupart des départs ont lieu depuis l’ouest du pays, à destination de l’Italie qui n’est qu’à 300 kilomètres.

En l’absence d’une armée ou d’une police régulières, plusieurs milices font office de garde-côtes tout en étant souvent accusées de complicité voire d’implication dans ce trafic lucratif.

SAMEDI 4 FÉVRIER 2017

Immigration : l’UE finance la Libye

L’Union européenne a décidé mettre à la disposition du gouvernement libyen 200 millions d’euros, dont une partie servira à équiper les garde-côtes de ce pays d’Afrique du Nord, pour les aider à contrôler les flux de migrants clandestins en partance pour l’Europe.
Réunis vendredi à La Valette, la capitale de Malte, des dirigeants de pays membres de l’UE ont décidé de renforcer la lutte menée par les garde-côtes libyens contre les passeurs.
L’UE espère que la Libye sera, avec ce financement, mieux en mesure de démanteler les réseaux de trafic de personnes et de refouler les bateaux transportant des migrants clandestins.

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Image caption La Libye est confrontée à l’instabilité depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. (Photo Reuter)

« Des souffrances horribles »

Mais les organisations de défense des droits de l’homme disent être préoccupées par la stratégie employée par l’UE et la Libye pour contrôler les flux migratoires.
« La Libye n’est pas un endroit sûr, et le fait de bloquer les gens dans ce pays ou de les renvoyer en Libye est contraire aux valeurs fondamentales de la dignité humaine et de l’état de droit », a déclaré Médecins sans frontières.

Sur Twitter, Amnesty International affirme que l’accord conclu entre la Libye et l’UE à La Valette pourrait causer « des souffrances horribles » chez les migrants.
Depuis la chute du gouvernement de Mouammar Kadhafi, en 2011, la Libye ne parvient plus à contenir les flux de migrants venant d’Afrique subsaharienne pour traverser son territoire et entrer en Europe.

Le gouvernement soutenu par l’ONU et dirigé par le Premier ministre Fayez al-Seraj exerce un contrôle limité sur le territoire de la Libye.
A cause de sa proximité avec l’Europe et de son instabilité, ce pays d’Afrique du Nord est devenu un important centre de trafic d’êtres humains.
Jeudi, la marine italienne a déclaré avoir secouru plus de 1 750 migrants en 24 heures.

LIRE L’ARTICLE SUR LES GARDES-CÔTES LIBYENS

MERCREDI 1ER FÉVRIER 2017

Méditerranée : l’afflux de migrants diminue, les risques augmentent

Selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), dix fois moins de migrants sont entrés en Europe en janvier en comparaison à janvier 2016.

Le mois dernier, 5 483 migrants et réfugiés sont arrivés par voie maritime : 78 % en Italie, en étant partis de Libye ou d’Égypte, et 22 % en Grèce, avec un départ de la Turquie. En janvier 2016, 67 375 personnes étaient arrivées en Europe par la mer, dont 8 % en Italie et 92 % en Grèce.

La politique de la Turquie en matière de surveillance maritime et de gestion migratoire, largement appuyée et financée par l’Union européenne, porte donc ses fruits. Au total, 363 401 personnes sont arrivées par en Europe par la mer l’an dernier : 50 % par l’Italie, 48 % par la Grèce et le reste par l’Espagne et Chypre.

La traversée de la Méditerranée, de la Libye ou de l’Égypte vers l’Italie devient en revanche de plus en plus meurtrière : 90 décès ont été enregistrés en janvier 2016 contre 253 le mois dernier. « Les passeurs utilisent des navires de plus en plus vétustes et de mauvaise qualité et les chargent au maximum, jusqu’à saturer l’embarcation car ils savent que des bateaux de sauvetage sillonnent la zone », regrette Emma Proust, chargée de projet à l’OIM.

Durant l’année 2016, 4 579 personnes ont trouvé la mort sur cette liaison, ce qui en fait l’un des trajets de migration les plus dangereux du monde.

Camille BLEUET (LE MARIN)

MARDI 31 JANVIER

Libye: 700 migrants interceptés par les gardes-côtes libyens

Quelque 700 migrants qui tentaient de rejoindre l’Europe par la mer ont été interceptés par les gardes-côtes libyens près des plages de Sabratha dans l’ouest du pays, a annoncé lundi à l’AFP le porte-parole de la marine libyenne.
« Les gardes-côtes ont intercepté vendredi à l’aube 700 migrants à bord de deux embarcations en bois à 3 miles nautiques de la ville de Sabratha », à 70 km à l’ouest de Tripoli, a indiqué le général Ayoub Qassem.

Selon lui, des passeurs qui étaient sur la plage ont tiré sur la patrouille des gardes-côtes sans faire de victimes.
« Les gardes-côtes ont riposté, obligeant les trafiquants à prendre la fuite », a ajouté M. Qassem.

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La plupart des migrants arrêtés sont d’Afrique sub-saharienne, mais des Egyptiens, des Syriens, des Tunisiens et des Palestiniens étaient aussi à bord des deux embarcations, a-t-il précisé.

Alors que les pays européens tentent de freiner le flux de migrants, avec notamment un soutien renforcé aux gardes-côtes libyens, plus de 1.360 migrants ont été secourus depuis vendredi par les gardes-côtes italiens, et trois retrouvés sans vie, à bord d’une douzaine d’embarcations de fortune parties de Libye malgré l’hiver.

Les passeurs de migrants clandestins profitent du chaos qui règne en Libye depuis la chute du régime Kadhafi en 2011. La plupart des départs ont lieu depuis l’ouest du pays, à destination de l’Italie qui n’est qu’à 300 kilomètres.
En l’absence d’une armée ou d’une police régulière, plusieurs milices font office de garde-côtes tout en étant souvent accusées de complicité voire d’implication dans ce trafic lucratif.

DIMANCHE 29 JANVIER 2017

La Slovénie pourra fermer ses frontières aux migrants illégaux

LJUBLJANA, 26 janvier (Reuters) – Le parlement slovène a
adopté jeudi des mesures qui permettront à la police de fermer
les frontières aux immigrants clandestins.
La loi a été adoptée par 47 voix pour et 18 contre, et
permettra de fermer les frontières à la majeure des immigrants
clandestins pour une période limitée, si le parlement le juge
nécessaire pour des raisons afférant à la sécurité nationale.

SAMEDI 28 JANVIER 2017

Des camps en Libye, ou dans les pays voisins pour les migrants clandestins

Les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne se sont penchés, jeudi 25 janvier à Malte, sur un projet de financement de camps en Afrique qui seraient gérés par des organisations humanitaires afin de retenir les migrants tentés de gagner l’Europe en franchissant la Méditerranée.

Il s’agit de reproduire en partie les accords mis en place par l’UE avec la Turquie, la Jordanie et le Liban, qui accueillent plusieurs millions de réfugiés syriens dans des camps installés sur leur territoire. Après l’accord conclu par l’UE avec Ankara en mars 2016, les arrivées de migrants en provenance de Grèce via la Turquie ont fortement baissé.

Depuis la fermeture de cette route, qui se prolongeait par les Balkans, la traversée de la Méditerranée entre la Libye et l’Italie est la principale voie d’entrée des migrants dans l’UE.

Mais l’UE veut couper cet accès également et ne plus admettre que les personnes relevant du statut de réfugiés.

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Or, la plupart de ceux qui empruntent la route Libye-Italie sont considérés comme des migrants économiques sans aucune chance de se voir accorder le droit d’asile dans l’UE.

« L’idée est de les envoyer dans un lieu sûr, sans les amener en Europe », a déclaré le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, à son arrivée dans la capitale maltaise.

Les camps en Libye, ou dans les pays voisins, seraient gérés par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ou l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ces deux organisations internationales enregistreraient les migrants et s’assureraient que ceux n’ayant aucune chance d’obtenir l’asile soient renvoyés dans leur pays.

Source Reuters

MERCREDI 25 JANVIER 2017

ROBERTO BENEDUCE . Rencontre avec un ethnopsychiatre italien.

IL SOIGNE LES BLESSURES PSYCHIQUES DES MIGRANTS Dans son centre à Turin, Roberto Beneduce accueille les migrants en psychothérapie.

Excellente émission sur 28 minutes. A voir ou à revoir.

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Mardi 24 janvier 2017

La mère de Cédric Herrou, l’agriculteur poursuivi pour aide aux migrants, a écrit une lettre au procureur de Nice
« Je suis la mère de celui contre lequel vous vous acharnez. »
Dans une lettre envoyée au procureur de Nice, la mère de Cédric Herrou revient sur les fondements de l’engagement de son fils.

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(Photo (VALERY HACHE / AFP)

« C’est têtu un Breton, et ça n’a pas peur des tempêtes. » La mère de Cédric Herrou, l’agriculteur de 37 ans poursuivi pour aide aux migrants, a décidé de prendre la parole pour raconter leur histoire familiale et les fondements de l’engagement de son fils. Cette lettre a été envoyée au procureur de Nice et publiée sur Facebook, dimanche 22 janvier.

« Pour que vous compreniez… Nous avons été « famille d’accueil » pendant 25 ans. Cédric avait 5 ans, Morgan 7, quand les premiers enfants sont arrivés. Ils ont partagé leurs jouets, leur table, leur maison, leurs parents avec 15 enfants délaissés, de toutes origines, certains battus, violés », explique celle qui signe « Mama Herrou ». Le 4 janvier, son fils a comparu à Nice pour aide à l’entrée, au séjour et à la circulation d’étrangers en situation irrégulière. Le parquet a requis huit mois de prison avec sursis à son encontre.
Elle interpelle Eric Ciotti et Christian Estrosi

Une situation inacceptable pour la mère de Cédric Herrou. Dans sa lettre, elle est aussi revenue sur son histoire personnelle, pour interpeller des responsables politiques de la région. « Ma grand -mère paternelle a elle aussi, en 1918 passé la frontière d’Italie à pied, par les montagnes elle a perdu le bébé qu’elle portait au cours de ce périple, (peut-être a t’elle croisé à ce moment là les grands mères de messieurs Ciotti et Estrosi, qui sait ?) », écrit-elle. C’est toujours dans cette vallée franco-italienne que Cédric Herrou offre le gîte et le couvert à des migrants depuis plusieurs mois.

« Voilà monsieur le Procureur, et tous ceux qui le traite de passeur, de trafiquant d’êtres humains et de voleur voilà à qui vous avez à faire », conclut la mère de Cédric Herrou. Le jugement de son fils doit être rendu le 10 février. » »


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