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L’extrême-droite à l’assaut des migrants

publié le 03/08/2017 | par Jean-Paul Mari

L’extrême droite dépêche un navire pour entraver le sauvetage des migrants

11/07/2017

Un navire de 40 mètres affrété par des militants d’extrême droite est en route pour entraver le sauvetage des migrants au large de la Libye. | Infographie Ouest-France



Après avoir lancé une opération de crowdfunding mi-mai sur internet, des groupes identitaires européens d’extrême droite ont loué un navire de 40 mètres pour lutter contre l’immigration clandestine au large de la Lybie, ont annoncé des militants.

Un navire de 40 mètres, le C-Star, affrété par des militants d’extrême droite, est en route pour la Méditerranée pour lutter contre l’immigration clandestine au large de la Libye, ont annoncé mardi des militants.
Cette opération « Defend Europe » (défendons l’Europe) est menée par le réseau européen Génération identitaire (GI) et en particulier ses antennes française, italienne et allemande.

87 000 dollars récoltés pour louer le navire

Grâce à une collecte de fonds lancée mi-mai sur internet, et malgré une campagne d’opposition qui a poussé le service de paiement en ligne Paypal à geler leur compte, les militants ont récolté plus de 87 000 dollars (76 000 €) auprès d’un millier de donateurs.

Ces fonds ont permis de louer le C-Star et son équipage, qui sont partis en fin de semaine dernière de Djibouti, doivent franchir jeudi le canal de Suez et embarquer des militants à Catane (Sicile) la semaine prochaine avant de gagner la zone des secours au large de la Libye.

« Montrer le vrai visage des ONG »

L’objectif est « de montrer le vrai visage des ONG soi-disant humanitaires, leur collaboration avec les mafias de passeurs, et les conséquences mortelles de leurs actions en mer », explique Clément Galant dans une vidéo diffusée par GI sur les réseaux sociaux.

« Lors de notre mission, lorsque nous croiserons des bateaux remplis de clandestins, nous appellerons les gardes-côtes libyens pour qu’ils puissent venir les secourir et nous veillerons à leur sécurité le temps de leur arrivée », ajoute-t-il.

L’objectif est que les migrants soient reconduits en Libye. Les gardes-côtes italiens considèrent pour leur part que la Libye n’offre pas de « port sûr » au regard du droit maritime et organisent toujours le transfert vers l’Italie des migrants secourus sous leur coordination.

« Nous pouvons sauver l’Europe »
« En sauvant des personnes et en faisant obstacle au réseau des trafiquants, nous pouvons sauver l’Europe et sauver des vies en même temps », a expliqué un porte-parole de GI-Italie.

Plusieurs ONG engagées dans les opérations de secours en mer ont déjà exprimé leur inquiétude face à l’arrivée de ce bateau, qui s’ajoute aux volontés du gouvernement italien de leur imposer un code de conduite sévère.
En France, un organisme gouvernemental a d’ailleurs signalé l’opération à la justice, dénonçant une « provocation à la discrimination » et un risque de « délit d’entrave » aux secours.


Des militants identitaires veulent empêcher l’entrée des migrants en Europe

Des militants identitaires français, allemands, autrichiens et italiens ont lancé l’opération « Defend Europe ». Leur but : parcourir la Méditerranée pour dénoncer les bateaux de réfugiés aux garde-côtes libyens. 

« Si vous invitez toute l’Afrique, vous n’aidez pas l’Afrique. Vous devenez l’Afrique. »

« Nous voulons cesser le trafic d’humains. Nous voulons que les gens soient secourus aux abords de la côte libyenne. Mais nous voulons qu’ils soient amenés au-delà de la côte libyenne », déclare Martin Sellner, leader du mouvement de la Nouvelle droite identitaire d’Autriche.

Si le groupe est critiqué par les médias, il est soutenu par l’extrême droite américaine. Une plate-forme de crowdfunding leur a permis de récolter environ 150 000 euros pour l’achat du bateau, le « C-Star ».

« Emmenons le C-Star vers les côtes libyennes pour sauver des vies ainsi que l’Europe », insiste un militant.

« Defend Europe » veut aussi empêcher les ONG de secourir les migrants en Méditerranée. Selon Klaus Vogel, ancien capitaine et co-fondateur de SOS Méditerranée, l’action de ces identitaires est intolérable : « ces gens sont une honte pour l’Europe. Si quelqu’un sur votre palier était dans le besoin, vous l’aideriez, tout le monde le ferait. C’est ce qu’il se passe aujourd’hui en mer Méditerranée. »

Procès :Un élu FN demande la dissolution d’une association d’aide aux migrants

par Sophie Chapelle 13 juillet 2017

Ils refusent d’abandonner les migrants, souvent perdus et affamés, au bord des routes. Depuis des mois, les bénévoles de l’association Roya Citoyenne tentent d’apporter leur aide aux centaines de réfugiés bloqués à Vintimille, à la frontière franco-italienne.

Mais cette solidarité n’est pas du goût d’Olivier Bettati, conseiller régional et vice-président du groupe FN Provence-Alpes-Côtes d’Azur. Début juin, il a déposé un référé devant le tribunal de grande instance de Nice pour demander la dissolution de l’association [1]. Dans le journal Nice Matin, il accuse Roya Citoyenne de servir « de base opérationnelle pour aller chercher des clandestins, les faire passer la frontière »

L’élu vise en particulier Cédric Herrou, membre de Roya Citoyenne : cet agriculteur a été condamné en février dernier à 3000 euros d’amende pour avoir pris en charge des migrants en Italie, mais a été relaxé pour les autres faits qui lui étaient reprochés, notamment leur hébergement ainsi que leur transport sur le territoire français. « Il est le dernier maillon d’une entreprise mafieuse, c’est un danger, car ces gens qu’il fait passer, il ne sait pas d’où ils viennent, ni qui ils sont. Nous ne sommes pas à l’abri qu’un terroriste se serve d’Herrou pour rentrer chez nous », accuse même Olivier Bettati, qui n’hésite pas à multiplier les amalgames.

« Nous les mettons à l’abri comme nous y autorise la loi »

« Nous rappelons que, malgré les mises en examen de citoyens solidaires, membres (ou pas) de l’association Roya Citoyenne, aucun n’a été poursuivi pour « activité mafieuse » », réagit l’association. « Roya Citoyenne n’est pas une entreprise mafieuse qui irait chercher les réfugiés pour les introduire sur le sol français.

Quand ils arrivent dans la vallée de la Roya par leurs propres moyens, dans un premier temps, nous les recueillons, les soignons, les hébergeons et les nourrissons, en bref nous les mettons à l’abri comme nous y autorise la loi.

Dans un second temps, nous les aidons à faire valoir leurs droits, notamment celui d’être informé et éventuellement de déposer une demande d’asile en préfecture. »

L’audience aura lieu au tribunal de Nice le mardi 18 juillet à 9H. « Au-delà de la situation spécifique à la Roya, c’est l’ensemble des associations d’aide aux migrants qui est visé, et même, le droit d’association qui est menacé », alerte un militant. Un rassemblement de soutien à l’association Roya Citoyenne est prévu devant le TGI de Nice avant l’audience.