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Limbo: Qu’est-ce qu’un migrant survivant?

publié le 14/12/2017 | par Jean-Paul Mari

Fondée en 2016, LIMBO a pour objet la lutte contre la traite des êtres humains, la défense des droits des rescapés issus de camps de torture d’Egypte, de Libye, du Soudan. LIMBO accompagne les rescapés sur le chemin de la résilience, de l’enfer des camps à la vie normale.


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QU’EST-CE QU’UN MIGRANT SURVIVANT?

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Qu’est-ce qu’un survivant ?

Est-ce simplement quelqu’un qui a échappé à la mort ? Qui devrait être mort et a gardé par miracle sa place entre les vivants ? Ou bien est-ce plus compliqué que cela.

À LIMBO, nous savons que survivre est un épisode exceptionnel de la vie d’un homme ou d’une femme. Il y a toujours un avant et un après. L’homme n’est plus le même après avoir échappé à un accident, un incendie, un naufrage. L’histoire est pleine de récits et de témoignages de survivants qui n’ont jamais pu reprendre une vie normale, avait perdu leur quiétude, leur légèreté, leur certitude.

Pour mémoire, la douleur éternelle des rescapés des camps de la mort.
Nous vivons, travaillons, aimons, parce que nous avons en nous un « sentiment d’éternité ». En rencontrant leur mort pour la première fois, les « rescapés » ont perdu cette certitude. Et ils sont convaincus que la mort, omniprésente, peut les frapper à tout moment.
Qu’est-ce qu’un migrant survivant ?

Les migrants ont souvent vécu l’Enfer. Le vrai. Celui de la traversée des déserts et des mers, celui de la Libye dont on commence à mesurer l’ampleur. Être un migrant, africain et noir, voire chrétien, en Libye, c’est être traité comme un inférieur, un animal, dans un pays sans loi. Voilà des années que des voix, dont celles des membres de LIMBO, essaient d’alerte l’opinion sur le caractère effroyable du sort des migrants dans ce pays.

A peine le pied posé dans ce pays, un migrant n’est plus un être humain, mais une chose qui doit payer sa simple présence. Les hommes, les femmes, parfois les enfants sont battus, rançonnés, pillés, violés. Un migrant n’a pas le droit de regarder un Libyen dans les yeux, subit insultes, humiliations et coups. Il travaille sans être payé, sert de chair à canon aux milices, est acheté, vendu, revendu.

Les récentes images de télévision qui ont alerté le monde ne sont que de pâles illustrations de la réalité. Dans les centaines de camps de torture qui existent dans le pays, les images d’humains cadavériques, mutilés, le corps couvert de plaies, rappellent les pires souvenirs des univers concentrationnaires. La Libye n’est pas un pays, c’est un cauchemar.
Viol, torture, mort, traite négrière et marché aux esclaves, voilà la réalité des migrants.

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Qu’est-ce qu’un migrant survivant en Europe ?

On pourrait croire que l’arrivée en Europe marque la fin de la tragédie. Le but ultime de leurs longs parcours, qu’ils viennent d’Érythrée ou du Soudan, du Nigeria ou de Somalie, d’Afghanistan ou de Syrie, d’Afrique ou d’Asie. Après des mois, souvent des années d’errance et de souffrance, ils ont parfois réussi à obtenir une possibilité d’asile, des papiers, un logement sûr, l’accès à l’éducation, voire un travail…Le Graal des migrants.
Et pourtant.

Il y a ces jeunes migrants en Suède, de plus en plus nombreux, dont la presse relate, avec étonnement, le suicide. Il y a cette jeune femme africaine en procès, face au tribunal, désespérée et coupable, accusée d’avoir abandonné dans la neige son bébé, issu d’un viol en Libye. Il y a ces hommes ou femmes jeunes qu’on retrouve errants dans les rues, fantômes perdus, prêts à toutes les violences, contre les autres ou contre eux-mêmes. À LIMBO, nous connaissons ces cas dramatiques. Et aussi les profondes difficultés, les dépressions, l’abattement, la douleur de ceux qui chavirent sans faire de bruit.

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Pourquoi ?

La réponse est dans leurs regards. Ce qu’ils ont vécu. Les êtres chers qu’ils ont perdus, frères, père, mère, fils, enfants ou amis proches. Ce trou qu’il porte en eux et ne s’est jamais refermé. Des rescapés qui ne sont jamais revenus. Leur corps, oui; leur esprit, non. Ce qu’on appelle le TRAUMA. Le vrai. Celui qui vous tue longtemps après l’horreur vécue.
Que peut-on faire ?

Ce qu’on ne doit pas faire, c’est les laisser seuls, en perdition. Et LIMBO, grâce à ses experts du sujet, ses militants, ses bénévoles, a les moyens d’identifier les migrants en souffrance psychologique. Ils veulent vivre et n’y parviennent plus, travailler sans en avoir plus la force…Au bout du chemin, il y a l’échec.
Or ces migrants sont chez nous. Et ils doivent vivre désormais avec nous. Et nous devons -et pouvons- leur réapprendre à vivre. Ce sont souvent des hommes jeunes, pleins d’énergie et de volonté, parfois de talent. Et ils ne demandent qu’à l’exprimer.
Ce que nous faisons.

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LIMBO organise des sessions de travail pendant les différentes périodes de vacances de l’année. Aide psychologique, travail de groupe, activités manuelles et culturelles (voir le détail sur ce site), nous sommes déjà parvenus à des résultats spectaculaires. En un, voire deux séjours, nous avons pu renouer le contact et redonner goût à la vie et au travail à des jeunes, hommes ou femmes, qu’on aurait pu croire perdus.
Les aider, c’est une question d’humanité, de citoyenneté, de sécurité, de santé publique. L’affirmation de notre propre humanité.

À LIMBO, c’est ce que nous croyons.

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Objectif

– Se consacrer au soutien psychologique et social des jeunes rescapés de camps de torture, qui arrivent de plus en plus nombreux en Europe, notamment en organisant des temps de répit pendant les vacances scolaires.

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A qui s’adresse le projet

Les survivants de camps de torture d’Egypte, de Libye, du Soudan et du Yemen, pour la plupart très jeunes (15-25 ans) souffrent de graves traumatismes, physiques et psychiques, qui demandent un accompagnement spécifique et une réelle connaissance de leurs problématiques.

Durant les vacances scolaires, ils sont livrés à eux-mêmes et souvent, décompensent et s’effondrent. Ici ou là en Europe, des migrants, notamment, mineurs se sont suicidés après leur installation en terre d’asile.
Le projet offre aux survivants un accompagnement psychothérapeutique et du temps pour pratiquer des activités culturelles, sportives et des pratiques artistiques adaptées à leur condition pour – à terme – les aider à surmonter leur traumatisme.

De manière globale, le projet LIMBO a une ambition de long terme : il vise à favoriser l’intégration des survivants en France en développant un tissu de relations sociales avec les citoyens des régions accueillantes.

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La Méthode

1. Accompagner les survivants de camps dans leur processus d’adaptation puis d’intégration en France, en prenant en charge les temps de vacances scolaires (à raison de 4 fois par année), en collaboration étroite avec les institutions (CADA, et services spécialisés au sein des collectivités territoriales)
2. Créer des échanges entre les survivants de camps et les habitants des territoires accueillant le projet LIMBO pour permettre une meilleure compréhension mutuelle
3. Informer l’opinion publique et mobiliser les institutions (françaises, européennes et internationales) sur la réalité des camps de torture dans toute la Corne de l’Afrique.

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Le Lieu

Le village de Conques dans l’Aveyron. Les réfugiés se sentent en sécurité dans le cadre particulier de Conques : autant par le rythme et l’encadrement donnés par la vie de l’Abbaye que par la situation topographique du village. Le cadre y est apaisant et propice au travail de résilience, et les activités proposées autour du village sont bien adaptées à l’état psychique et physique des participants.

Les habitants de Conques et les frères de l’Abbaye se sont beaucoup impliqués dans ce projet.

Une quarantaine d’habitants, sensibilisés à la question de la torture des migrants, ont monté une SCI pour rénover une maison du village, qui en novembre 2016 a accueilli une famille érythréenne de six personne, issue du camp de Kassala.

Durée
L’association prend en charge les survivants pendant quatre périodes de vacances scolaires et sur une durée d’une semaine : Pâques, Eté, Automne et/ou Noël.

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