Jean-Paul Mari présente :
Le site d'un amoureuxdu grand-reportage

Où est passée la brigade Anne de Kiev ?

publié le 09/01/2025 par grands-reporters

Formés et équipés en France, 1700 soldats ukrainiens, sur 4500, ont déserté à peine revenus sur le terrain. Scandale et chaos…

La brigade « Anne de Kiev », baptisée en hommage à l’épouse ukrainienne du roi de France Henri Ier, traverse une crise majeure. Formée en partie sur le sol français et soutenue par un important appui militaire de Paris, cette unité est aujourd’hui entachée par des affaires de désertion et d’abus de pouvoir qui ébranlent son crédit.

Un commandant de compagnie arrêté

Le Bureau d’enquête ukrainien (SBI) a annoncé, mercredi 8 janvier, l’arrestation du commandant d’une compagnie de la 155e brigade mécanisée, au sein de l’unité Anne de Kiev . Cet officier est accusé d’avoir « non seulement quitté le service mais également incité ses hommes à faire de même », selon un communiqué du SBI. Une autre infraction lui est reprochée : ne pas avoir respecté l’ordre de transfert de sa compagnie sous la subordination opérationnelle d’une autre unité à la fin de 2023.

Une organisation chaotique

Ces accusations trouvent un écho dans les révélations de Iouri Boutoussov, journaliste ukrainien très suivi, qui dénonce sur Facebook un « chaos organisationnel complet » lors de la formation initiale de la brigade. Il affirme que près de 1 700 soldats ont déserté, dont 50 pendant leur entraînement en France. Selon lui, ces militaires auraient été redéployés dans d’autres unités pour « colmater les trous » dans les effectifs, une stratégie qui fragilise davantage le moral et la cohésion des troupes.

VAB, chars AMX et Canons Caesar…

La brigade « Anne de Kiev », composée de 4 500 soldats, a été entraînée et équipée grâce à l’appui décisif de la France. Environ 2 300 de ces militaires ont reçu une formation dans l’Est de la France. Ils ont été dotés de véhicules blindés VAB, de chars AMX-10 RC, de canons automoteurs Caesar, ainsi que d’armements antiaériens et antichars. Le président français Emmanuel Macron avait même réalisé une visite surprise dans un camp militaire tenu secret en octobre dernier, saluant l’engagement de cette brigade au cœur du conflit russo-ukrainien.

Un exemple transformé en fiasco

Mais cet appui symbolique et logistique ne peut cacher les profondes difficultés rencontrées par l’unité. Les accusations d’abus de pouvoir et de dysfonctionnements viennent ternir l’image d’une force censée être le fer de lance de l’effort militaire ukrainien. Le Bureau d’enquête ukrainien poursuit ses investigations, tandis que les interrogations se multiplient sur la gestion de la brigade et les conditions de sa formation. L’histoire de cette unité, censée incarner une collaboration exemplaire entre la France et l’Ukraine, pourrait ainsi devenir le symbole des failles structurelles d’une armée ukrainienne sous pression.


TOUS DROITS RESERVES