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Nili Kupfer-Naouri, l’avocate qui veut exterminer les Gazaouis

publié le 16/05/2025 par Pierre Feydel

Cette franco-isrélienne, fanatique de l’extrême droite, regrette que Trump n’ait pas transformé Gaza en l’enfer promis…

Le Parquet national antiterroriste vient d’ouvire deux enquêtes visant des Franco-Israéliens, dont l’avocate Nili Kupfer-Naouri, pour complicité et incitation au génocide, en lien avec des blocages de convois humanitaires à destination de Gaza entre janvier et mai 2024.

Aucune inculpation formelle n’a été prononcée à ce stade. Il s’agit des premières procédures en France portant sur des atteintes présumées au droit international humanitaire dans le contexte gazaoui.

Les plaintes, déposées fin 2024 par plusieurs organisations et une plaignante franco-palestinienne, ciblent les actions menées par Kupfer-Naouri au sein de l’association « Israel Is Forever ».

« Il n’y a pas de population civile innocente à Gaza. »

C’est une avocate franco-israélienne. Mais sa spécialité est plus l’accusation que la défense. Un tribunal à elle toute seule qui va jusqu’à la sentence. La sienne est définitive en ce qui concerne les Palestiniens : qu’ils disparaissent de la surface de la terre, de leur terre. La présidente de l’association « Israël is Forever », autrement dit « Israël est éternel », fondée par son père, avec pour objectif « la mobilisation des forces sionistes francophones », s’est rendue tristement célèbre par la violence de ses propos contre les Gazaouis. Échevelée, le visage déformé par la colère, Nili Kupfer-Naouri se faisait filmer en février à la frontière égyptienne, refusant l’entrée de camions d’aide humanitaire dans Gaza, affirmant : « Il n’y a pas de population civile innocente. » Et martelant pour ceux qui n’auraient pas compris : « Il est absolument immoral de penser une seule seconde à ravitailler la population civile qui est tout sauf une population innocente. »

« L’enfer que Trump nous avait proposé de faire sur Gaza n’a malheureusement pas eu lieu. »

Pour cette extrémiste, soldats du Hamas et peuple gazaoui se confondent et sont donc voués au même sort funeste. Femmes, enfants, vieillards, bombardés, affamés, privés d’eau et de soins médicaux, ils n’ont que ce qu’ils méritent. Sur i24, la chaîne israélienne, cette fan de Trump a déclaré : « L’enfer que Trump nous avait proposé de faire sur Gaza n’a malheureusement pas eu lieu. » Qu’elle se rassure, il arrive. Cette fureur mortifère surgit des tréfonds idéologiques de l’extrême droite israélienne. En novembre dernier, l’avocate organisait au Trocadéro à Paris un gala, patronné par son association, pour « qu’il ne reste plus rien de Gaza et qu’on puisse y installer une grande réimplantation juive. » Y était invité Bezalel Smotrich, ministre des Finances de Benjamin Netanyahou, qui a toujours considéré que le retour des otages n’était en aucune manière une priorité du gouvernement. Seul, pour lui, compte l’écrasement du Hamas, quelles que soient les pertes civiles. « Honte ! », lui a jeté à la figure le Forum des familles d’otages.

Il n’y a pas de diaspora juive, seulement des exilés dont le destin est le retour en Israël.

Smotrich, dirigeant du Mafdal, parti sioniste religieux, est un de ces leaders partisans du Grand Israël, d’un État religieux sans Palestiniens, ni à Gaza, ni en Cisjordanie, ni à Jérusalem-Est. Nili Kupfer-Naouri applaudit des deux mains. Et elle n’hésite pas à s’en prendre violemment aux traîtres à la cause sioniste telle qu’elle la conçoit. Dans « Le Journal de la Souveraineté », organe de son association, l’avocate s’en prend au Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, qu’elle accuse d’oser systématiquement rappeler son attachement et celui des Français juifs à la République française. Pour elle, c’est un non-sens : il n’y a pas de diaspora juive, seulement des exilés dont le destin est le retour en Israël.

Près de la moitié des Israéliens, selon les plus récents sondages, semblent lassés des opérations à Gaza

Quant à la gauche israélienne, « elle reste sourde et aveugle » parce qu’« elle continue de prôner un “État de tous les citoyens”, rongée par la haine de soi incurable, refusant son identité juive… » Bien sûr, l’avocate conspue les criminels accords d’Oslo de 1993, lorsque Yitzhak Rabin reconnaissait l’OLP. Inadmissible pour ceux qui refusent aux Palestiniens tout droit à un État et qui estiment que l’ex-Premier ministre, assassiné en 1995 par un jeune extrémiste religieux, n’a eu que ce qu’il méritait. Mais Nili Kupfer-Naouri a tort de penser que ces opinions sont majoritaires en Israël. Le sort des Gazaouis fait l’objet de protestations internationales de plus en plus vives. Près de la moitié des Israéliens, selon les plus récents sondages, semblent lassés des opérations à Gaza et au Liban et souhaitent un retour des 50 otages restants, dont seulement la moitié est encore en vie.

Deux historiens réputés, Amos Goldberg et Daniel Blatman, ont qualifié les opérations à Gaza de génocide

Gaza est rasée. La famine s’installe. Les images d’enfants aux joues creuses, le regard exorbité par la faim et la soif, agglutinés dans les rares endroits où l’on distribue de la nourriture, font le tour du monde. En Israël même, la condamnation prend de l’ampleur. Deux historiens réputés, Amos Goldberg et Daniel Blatman, ont qualifié les opérations de Tsahal à Gaza de génocide, provoquant une vive polémique. Le premier est titulaire de la chaire d’études sur la Shoah à l’université hébraïque de Jérusalem. Le second, spécialiste du judaïsme polonais, s’est lui aussi spécialisé dans l’étude de l’Holocauste. Il a enseigné à Washington, à Paris, à Cracovie. Certes, pour eux, la situation à Gaza n’est pas identique à celle de la Shoah, mais elle présente néanmoins les caractères essentiels d’un génocide.

Peut-il y avoir des juifs génocidaires ?

D’autres s’opposent à cette qualification, évoquant la situation de guerre avec le Hamas et niant l’intention d’exterminer la population de Gaza. Le débat ne concerne pas seulement la vérité historique et le droit international. Il pose en Israël une très douloureuse question fondamentale qui concerne l’éthique et la mémoire : peut-il y avoir des juifs génocidaires ? Nili Kupfer-Naouri appartient-elle à cette triste engeance ?


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