Prix Bayeux: un vent noir venu de Gaza
Grands-reporters.com était au Prix Bayeux des correspondants de guerre
L’esprit de Gaza a soufflé sur le Prix 2024
L’Ukraine, bien sûr, la terrible guerre d’Ukraine ici, la tragédie des migrants là, les conflits et les tourments qui déchirent le monde, les reporters du prix Bayeux ont rendu compte, témoigné, raconté, comme chaque année. Mais comment ne pas être profondément touché, imprégné, révulsé par la tragédie de Gaza, elle-même précédée par les massacres du 7 octobre. la veille, au cours de la soirée débat SCAM, le public avait suivi pendant près de trois heures et sans ciller, une rétrospective historique, des analyses et surtout des témoignages forts enregistrés à Gaza.
Témoignages. Les reporters étrangers étant interdits d’accès par le pouvoir israélien, ces témoignages ne pouvaient provenir que de journalistes palestiniens, eux-mêmes frappés de plein fouet. D’abord, par les tirs israéliens qui les vise, à dessein, et ont abouti à la mort de 130 reporters palestiniens – un record – et aussi parce que ces mêmes reporters, avant et après leur travail, doivent se préoccuper du sort de leurs familles.
Des conditions infernales . Exil, permanent, bombardements, manque d’eau, de nourriture, de médicaments, d’abris, d’internet, d’électricité…manque de tout. l’horreur pendant le travail et l’l’horreur après, quand un reporter découvre ses quatre enfants morts, ensevelis sous le béton.L’émotion, immense, quand un autre reporter, Rami, homme calme et doux, se filme en train de fuir avec son enfant de deux ans à qui il essaie de faire croire – « La vie est belle » – que la guerre est un immense jeu et l’explosion des missiles un immense feu d’artifice

Trois fois primé Comment voulez-vous que le public, et jury, ne soit pas touché? Il a donc récompensé largement, et à juste titre, le talent et le courage de ces reporters, et payé un tribut à leur souffrance. Rami Abou Jamous est devenu ainsi le premier reporter à être trois fois primé en une seule édition. Et le photographe de l’AFP Mahmud Hams , aujourd’hui exilé au Qatar, a été salué pour son immense talent . »Je dédie cette victoire à tous les journalistes qui couvrent courageusement et honnêtement la guerre à Gaza » a déclaré Mahmud Hams.


Dire le monde, tout le monde. Reste que le palmarès complet ( ci-dessous) récompense une superbe production venue des quatre coins du globe, notamment en Ukraine, un monde secoué par bien d’autres conflits, et dont le prix Bayeux, grâce aux reportages, aux expositions, aux soirées de débats et de projection, a très largement rendu compte. Un monde de la nuit, du chaos, de la douleur ou les reporters, eux aussi ébranlés, n’ont jamais renoncé à chercher un peu d’espoir.
Le palmarès complet
Photo. 1er prix : Mahmud Hams (AFP), Gaza, in the hell of war.
Presse écrite. 1er prix : Rami Abou Jamous (Orient XXI), Journal de Gaza.
Radio. 1er prix : Andrew Harding (BBC News), L’histoire de Sara, France.
Télévision. 1er prix : Mohammed Abu Safia, John Irvine (ITV News), Le drapeau blanc, Gaza.
Jeune reporter (photo). 1er prix : Saher Alghorra (freelance pour Associated Press, Zuma Press), Gaza strip : the impact of the war on civilians.
Prix du public (photo). 1er prix : Kostiantyn Liverov (Libkos), La guerre en Ukraine. Douleur, désespoir et espoir.
Télévision grand format. 1er prix : Rami Abou Jamous, Fabrice Babin, Bertrand Seguier (BFM TV), Gaza, fuir l’enfer.
Image vidéo. 1er prix : Marc De Chalvron, Florian Le Moal, Ludovic Lavielle, Laroslav Oliinyk (France 2), Soldats à bout de souffle, Ukraine.
Prix Ouest-France – Jean Marin (presse écrite). 1er prix : Rami Abou Jamous, Orient XXI, Journal de Gaza.
Prix des lycéens et des apprentis (télévision). 1er prix : Nicolas Coadou, David Couloume, Manuella Braun (BFM TV), Kharkiv, la mort en face, Ukraine.
Samedi 12 Octobre Fin du direct. A l’année prochaine à Bayeux
Photo de fin

– Prix du Public
Kostantynv Liberov . « La guerre en Ukraine . Douleur, désespoir et espoir. »

– Prix du Jury
Mahmud Hams « Gaza, in the hell of war » AFP. Octobre 2023-Janvier 2024


– Prix Image Vidéo ( 17 reportages) – Arte, France 24, France Télévision
Florian le Moal « Soldats à bout de souffle » Ukraine Mars 2024- France 2

– Prix Télévision Grand Format
Inédit à Bayeux…un Triplé!

Pour Rami Abou Jamous – Fabrice babin – Bertrand Seguier – « Gaza, fuir l’enfer » (BFM TV)

– Prix Région Normandie des Lycéens et des Apprentis
Nicolas Coadou – David Couloume – Manuella Braun « Kharkiv, la mort en face » (BFM TV ) Ukraine Mai 202′

GR: Les journalistes de Gaza soufflent la grande majorité des prix!
– Prix Télévision Reportage court ( Amnesty International)
Mohammed Abou Safia et John Irvin – ITV News

Hommage à Christophe Deloire, Président de RSF, disparu cette année

Prix Ouest-France – Prix Jean Marin
Doublé ! Rami Abou Jamous

Prix de la Presse Ecrite
Orient XXI – Rami Abou Jamous – « Journal de Gaza »-

Rami Abou Jamous, en direct de GazaPrix Radio où il vit sous une tente
– Andrew harding – BBC News- « L’histoire de Sara »

– Photo – Prix du jeune reporter
Saher AlGhorra – « Gaza strip : The impact of the war on civilians »

Prix de la Presse Ecrite

18H30 : Ouverture de la Soirée
Salle pleine à craquer- 1500 spectateurs

Soirée Gaza: un an en enfer
Formidable soirée SCAM, hier, au pavillon de Bayeux: « D’un 7 octobre à l’autre » .

Comment dire un an d’apocalypse à Gaza sans tomber dans le pathos émotionnel ou son opposé le cours solennel de géopolitique? D’autant que Gaza est toujours interdit par Israël aux reporters étrangers et que 195 reporters palestiniens, ciblés, ont été tués. Défi de taille. Réussi. D’abord les cartes pour comprendre, ensuite l’histoire et, indispensables, les témoignages. Tout était fort, maitrisé, signifiant. Un public de 1550 personnes, un pavillon plein, deux heures quarante d’attention soutenue, beaucoup de jeunes ( qui ne regardaient pas leurs téléphones mais la scène). Un vrai public ému, silencieux, bouleversé, par une série de coups de poings.
Ce journaliste palestinien à Gaza qui veut faire croire à son fils de deux ans que la guerre est un jeu et les missiles des feux d’artifices, et le gosse qui éclate de rire. Cet humanitaire qui dit la mort de 300 collègues et de 1000 soignants. Dont trois membres de MSF malgré les coordonnées GPS de leurs abris communiqués et validés par l’armée israélienne. Cet israélien, habitant d’un kibboutz à bout portant du mur, qui raconte avoir passé onze heures dans une pièce avec ses gamins, à écouter le bruit du massacre chez ses voisins. Les hôpitaux bondés, attaqués, vidés, les gosses, morts mais aussi amputés, brûlés, défigurés.
Ce reporter palestinien qui vient de perdre ses quatre enfants, qui sanglote en essayant de gratter à mains nues le béton pour trouver leurs corps. Cet homme, palestinien calme et doux, qui dit l’humiliation de l’exil intérieur, l’impuissance face à une famille en danger permanent , l’abri, sous une tente, brûlante l’été et envahie par les mouches et les serpents, flottante dans la boue et l’eau glaciale l’hiver. Et qui annonce une « bonne nouvelle », sa femme enceinte, décidée à donner la vie malgré tout.

Le public comprend, appréhende, réalise une chose simple et terrible…à chaque bombe, chaque éclair sur la ville, chaque geyser rouge suivi d’un champignon de fumée noire sur un immeuble, il y a là, sous les décombres, des humains, hommes, femmes, vieillards et des enfants qui vivent une fraction d’apocalypse. GR
Aujourd’hui Samedi 12 Octobre 2024

Grands-reporters.com suivra la soirée de remise des prix en direct
Salon du livre. Une vingtaine d’auteurs présentent leurs livres de reportages. Rencontres.

Vendredi 11 octobre

GR: Dans un an, un anniversaire, celui des 50 ans de la chute de Saigon et de Phnom Pen. Un demi-siècle. Jon Swain et Gary Knight sont tous deux de formidables reporters que nous avons croisé sur tous les terrains de conflits. Jon a connu le Cambodge et le Vietnam. Pour lui, ce n’est pas de l’Histoire mais du vécu. Jon Swain et Gary Knight sont allés en Asie rechercher des archives, regrouper des documents personnels, recréer le monde qu’ils ont connu.
Le résultat, exposé à l’hôtel Le Doyen , est spectaculaire et émouvant. A l’entrée de la salle, sur un immense panneau rouge carmin couleur des temples, et par la grâce de l’ordre alphabétique, on remarque sur la longue liste des 195 reporters morts ou disparus, que deux noms se suivent, ceux de Robert Capa et de Gilles Caron. Et sur une photo, on retrouve le visage lumineux de Françoise de Mulder, que tout le monde appelait « Fifi » et dont tous étaient amoureux.

15H Table ronde BD à la Halle aux grains

16 h – Halle aux Grains – RENCONTRE SUR LE DONBASS
Animée par Marco Nassivera


En soirée à 21 H au pavillon:
« D’un 7 octobre à l’autre », les récits et témoignages des reporters qui couvrent ce conflit. Débat organisé par la SCAM

Jeudi 10 octobre
G.R : Alternance de courtes averses et de soleil, ou les deux à la fois, avalanche de vert sur les murs et les jardins, les flèches de la Cathédrale, superbe, au-dessus des toits…nous sommes bien à Bayeux avec, chaque jour, depuis lundi, un programme serré. Nous allons essayer de vous aider à choisir.Et déjà, sur les murs ou au bord de la rivière, les premières photos d’une exposition


Dès 16H à la Halle aux Grains avec Marco Nassivera
L’évènement
A 17H. Hommage aux 58 reporters tués cette année sur les terrains de conflit
GR: Le dévoilement de la stèle du Mémorail des reporters est toujours un moment important à Bayeux, le temps de se recueillir sur les confrères disparus. Une liste qui s’allonge d’année en année…


Rassemblement au Memorial des reporters. Avec une préoccupation majeure cette année, Gaza. Là- bas, les reporters étrangers n’ont pas le droit de pénétrer dans la bande de Gaza. Restent les journaliste palestiniens. Ceux-là ne meurent pas, ils sont tués. Pris pour cible et assassinés.


On a entendu leurs proches parler d’eux. Les pleurer. Se demander pourquoi? Leurs noms vont remplir une partie de la stèle des reporters tués en 2024. Pourquoi? La réponse est simple. Pour imposer le silence, une information à sens unique. L’absence de contestation, de doute, de questions. Tuer les reporters, quoi de plus simple. Sauf que c’est un crime de guerre. Alors qu’on devrait les protéger, au nom de la liberté d’information.


Leurs proches les ont raconté, décrit, pleuré. Leurs noms sont gravés sur la pierre. De Palestine ou du Mexique. On sait dès maintenant qu’il y en aura d’autres l’année prochaine, sur une stèle marquée 2025. Mais ce mémorial est là pour dire qu’on ne l’accepte pas. Qu’ils soient Palestiniens, Mexicains ou Français. Notre métier, c’est de dire non.
En repartant gros pincement au cœur, envoyant sur les anciennes stèles les noms des amis qui ont disparu en faisant leur métier.Le temps n’a pas d’importance.
A voir

En soirée

Expositions
Le programme complet

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