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Quand Donald Trump « affole » Israël en négociant derrière son dos

publié le 13/05/2025 par Pierre Haski

Donald Trump effectue une tournée dans le Golfe qui inquiète Israël : les États-Unis ont négocié avec le Hamas la libération d’un otage américain sans tenir compte d’Israël.

Netanyahou préfère la méthode forte face à l’Iran quand Trump négocie

À quelques heures de son départ pour une tournée en Arabie Saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis, Donald Trump a réussi un petit miracle : il a obtenu la libération d’Edan Alexander, le seul otage de nationalité américaine vivant, encore aux mains du Hamas à Gaza. Le jeune homme a été libéré hier et a retrouvé ses parents venus du New Jersey. Cela devrait être un sujet consensuel, sauf que les Américains ont négocié directement avec le Hamas, l’organisation qu’Israël veut éradiquer, et ça ne plait pas à Benyamin Netanyahou.

La semaine dernière, même scénario, les États-Unis ont négocié un cessez-le-feu avec les rebelles Houthis du Yémen, qui ne cibleront plus les navires de commerce en mer Rouge. Mais les Israéliens ont découvert que l’accord laissait les Houthis libres de continuer à viser le territoire israélien.

Alors lorsque Donald Trump s’envole pour le Golfe, les yeux brillant des milliards de dollars de contrats qu’il s’apprête à signer, Israël s’inquiète ; « s’affole » même, selon certains commentateurs israéliens. Netanyahou pensait avoir l’allié le plus solide de la terre à la Maison Blanche, il découvre à ses dépens que Trump privilégiera toujours son propre intérêt.

Choisir entre un allié et son intérêt

Le président américain reste solidement au côté d’Israël, et il l’a montré depuis bientôt quatre mois ; mais quand il doit choisir entre un allié et son intérêt, le choix est vite fait.

Ce voyage devrait en être l’illustration. Jusqu’à récemment, Donald Trump cherchait à rapprocher ses deux principaux amis dans la région, l’Arabie Saoudite et Israël. Le royaume Wahhabite est resté à l’écart des Accords d’Abraham, l’établissement de relations diplomatiques entre plusieurs pays arabes et Israël, lors du premier mandat de Trump. Il ne l’écartait pas il y a encore quelques mois ; mais aujourd’hui, avec la tragédie à Gaza, et la réoccupation annoncée du territoire, ce n’est plus possible : même le prince héritier Mohamed Ben Salman doit tenir compte de son opinion publique.

Les Israéliens ont ainsi appris qu’un accord sur le nucléaire civil allait sans doute être signé au cours de la visite, sans le préalable de l’accord avec Israël comme c’était prévu. C’est un revers significatif.

L’Iran, gros sujet de désaccord

L’Iran est le gros sujet de désaccord. Netanyahou a été pris par surprise, dans le bureau Ovale, il y a trois mois, lorsque Donald Trump a annoncé des négociations avec l’Iran sur le nucléaire… alors qu’Israël préconise une action militaire. « C’est le meilleur moment pour détruire le complexe nucléaire iranien », répétaient encore hier les officiels israéliens.

Non seulement les États-Unis et l’Iran en sont à leur quatrième séance de négociation, sans percée jusqu’ici, mais les pays du Golfe que visite Trump sont devenus partisans de la solution négociée là où ils étaient autrefois farouchement anti-iraniens. Ils ne plaideront pas auprès du président américain pour la méthode forte, craignant qu’elle n’embrase la région. Les Israéliens ont d’ailleurs noté que Mike Waltz, le Conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, a été limogé pour avoir discuté de plans militaires contre l’Iran avec Israël.

Les relations restent fondamentalement bonnes entre Israël et l’administration américaine. Mais Netanyahou apprend une leçon qui vaut pour tous les alliés de l’Amérique : Trump n’est pas « pro » ou « anti » qui que ce soit, il est… pro-Trump

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