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Shin Bet contre Netanyahou: un duel sans merci

publié le 24/04/2025 par Marc Lefevre

Ronen Bar a accusé le Premier ministre par écrit sur le 7 octobre, Benjamin Netanyahou l’a limogé mais la Cour Suprême le confirme dans ses fonctions, Netanyahou veut sa tête…

Le refus du chef des Services secrets de soumettre aux pressions directes d u Premier ministre

Le 8 avril, la Cour Suprême d’Israël confirmait la suspension du limogeage de Ronen Bar, chef du Shin Bet, ordonné par Benjamin Netanyahou. Le motif de « perte de confiance » invoqué par le Premier ministre n’était pas suffisamment justifié. La Cour confirma Bar dans ses fonctions et enjoignit Netanyahou de cesser toute recherche de remplaçant. Le 22 avril, Ronen Bar a publié sous serment une déclaration de huit pages reprenant sa lettre du 4 avril aux magistrats. Elle s’accompagnait d’un document confidentiel de 31 pages, transmis aussi au Cabinet du Premier ministre.

Réfutant les motifs de son éviction, la lettre de Bar tient plus de l’acte d’accusation que du témoignage. Selon les principes fondateurs du Shin Bet, celui-ci agit en responsabilité pour protéger la sécurité intérieure, dans le respect des lois garanties par la Cour Suprême. C’est cette indépendance que Netanyahou remet en cause. Bar y décrit deux années de pressions visant à aligner le Shin Bet sur les intérêts personnels et politiques du Premier ministre, au mépris des règles démocratiques. C’est son refus de s’y soumettre qui a conduit à son éviction – non une quelconque faute opérationnelle.

Netanyahou sous influence du Qatar

Jusqu’en novembre 2024, le Shin Bet recevait les louanges du gouvernement pour ses actions. Le tournant survient lorsque Bar exige une enquête indépendante sur les événements du 7 octobre – proposition rejetée par Netanyahou. S’y ajoutent des investigations sur des fuites orchestrées par la cellule de communication gouvernementale. Dernier point de rupture : les soupçons d’influence qatarie au sein du cercle rapproché de Netanyahou, que le Shin Bet a jugés préoccupants pour la sécurité nationale. Face à ces menaces à son autorité, Netanyahou invoque un « manque de confiance ».

Dans son témoignage, Bar énumère plusieurs ingérences :

  • Une tentative d’utiliser le Shin Bet pour surveiller les opposants au gouvernement.
  • Une demande de valider un document préfabriqué pour dispenser Netanyahou de témoigner à son procès.
  • L’exigence, en cas de crise constitutionnelle, de court-circuiter la Cour Suprême.

Toutes ces pressions étaient orales. Aujourd’hui, le pays assiste à une crise institutionnelle où le chef du gouvernement est accusé de manipulations par le principal responsable de la sécurité intérieure. On ignore si un contre-témoignage sera produit ni comment la Cour tranchera. Bar a confirmé son départ, invoquant sa part de responsabilité dans l’échec de la prévention du 7 octobre. Reste une question : le Shin Bet sera-t-il confié à une autorité respectueuse des normes démocratiques, ou à une autorité soumise, prête à en faire une police politique ?

Enlisement à Gaza, otages introuvables

Une large partie de l’opinion publique, fidèle à Netanyahou, reste sourde aux alertes sur l’affaiblissement des contre-pouvoirs. Mais certains faits s’imposent :

  • Les opérations militaires à Gaza s’enlisent.
  • Les otages restent introuvables.
  • L’indignation internationale croît face aux pertes civiles.
  • 25 % des 18-24 ans, ultra-orthodoxes, refusent la conscription.
  • L’économie stagne, les prix montent (+33 % sur les transports publics cette semaine).

Et comme cette population commence à réaliser que Trump ne sera pas le sauveur annoncé, elle se mettra peut être à comprendre que ce gouvernement est incapable de sortir des impasses qu’il a lui-même crées.


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