« SHOOTING WARS » : être photographe de guerre
Des reporters mondialement reconnus se confient sur leur vie et les difficultés rencontrées sur le terrain.
Devons-nous fermer les yeux?
Qu’est-ce qui motive des hommes et des femmes à risquer leur vie pour braquer leur objectif sur des conflits armés ? Comment font-ils face au danger ? Comment surmontent-ils la litanie d’horreurs à laquelle ils sont confrontés reportage après reportage ? Le quotidien canadien The Globe and Mail a recueilli pour ce film les témoignages de neuf photoreporters renommés : Tim Page (disparu en 2022), Ron Haviv, Carol Guzy, Goran Tomasevic, Corinne Dufka, David Guttenfelder, Santiago Lyon, João Silva et Laurence Geai.
Face à la caméra de Patrick Dell, ils reviennent sur ce qui les a poussés vers ce métier (simple envie de voyager, volonté d’être au cœur de « l’histoire en train de s’écrire » ou d’aider les gens à « mieux se comprendre »), évoquent les clichés qui ont marqué leur carrière, racontent leur rapport à la peur et les souvenirs traumatiques rapportés dans leurs bagages.
Si certains ont été meurtris dans leur chair – tels Tim Page, grièvement blessé dans une explosion au Viêtnam en 1969, et João Silva, amputé des deux jambes après avoir sauté sur une mine en Afghanistan en 2010 –, les autres composent avec des séquelles psychologiques qui deviennent parfois insurmontables. « Soit je mourais, soit je devenais fou« , confie ainsi Santiago Lyon pour expliquer son choix de ne plus couvrir les zones de conflit.
Vérité nue
Également interrogé dans ce documentaire, le docteur en psychiatrie Anthony Feinstein a identifié un autre trouble auquel ces professionnels sont exposés : la blessure morale, qui survient lorsqu’ils voient ou ne peuvent éviter des actes enfreignant leur code de conduite. Mais s’il met en lumière les cicatrices laissées par une activité de plus en plus risquée – les journalistes étant aujourd’hui des cibles –, ce film est avant tout irrigué par la passion des interviewés. `
Émaillée de leurs reportages les plus saisissants, du siège de Sarajevo à la bataille de Mossoul en passant par les tragédies d’Haïti, une immersion sensible dans les coulisses d’un métier vécu comme une nécessité. « Sans photo, il n’y a pas d’histoire », conclut la Française Laurence Geai.
Voir le reportage sur ARTE
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