SOS Enfants de Naples
Giovanni Savino est éducateur des rues à Naples. Son domaine est l’un des pires quartiers de la ville: Barra, véritable supermarché de la drogue, une zone glauque, hérissée de tours délabrées sous l’emprise des clans de la camorra, la mafia napolitaine.
Giovanni est né et à grandi ici. Au milieu des dealers, dans la rue, comme tout le monde. Aujourd’hui, c’est un homme en colère, contre les mafieux, contre une éducation défaillante, et contre l’Etat « qui abandonne ces gamins ».
A Barra, tout le monde connaît « il Professore », son franc-parler et son association « Il Tappeto d’Iqbal », le « Tapis d’Iqbal » du nom d’un enfant-esclave pakistanais qui s’est révolté et a fini assassiné.
Les fonctionnaires de la mairie n’osent plus s’approcher des tours HLM et peu d’éducateurs sont capables, comme Giovanni, de marcher sans peur dans le quartier.
Tout le monde sait qu’il est l’un des seuls à se battre pour arracher les gamins de Barra à la convoitise d’employeurs peu scrupuleux ou de clan mafieux qui viennent ici recruter leurs futurs soldats.
Chaque semaine, Giovanni se rend au Collège Rodino, une école de la zone, plantée au cœur des HLM : il récupère la liste des absentéistes et lutte contre la montre pour trouver une solution, avant qu’ils ne soient arrachés à leurs proches et placés en famille d’accueil. Souvent, c’est lui qui se charge de leur faire passer le brevet en candidat libre.
En quelques années, Giovanni a réussi à sortir des dizaines de gamins de la rue et à les remettre sur les bancs de l’école. Il y a eu Carlo, bébé-voyou à treize ans qui rackettait et volait à la demande du clan des Aprea.
Il y a eu Marco, cocaïnomane à douze ans et abonné aux vols à la tire ; puis Ciro « le grand », élève brillant, devenu serveur pour sauver sa famille étranglée par des usuriers mafieux ; et Ciro « le petit », fils cadet d’une famille que la crise a plongé comme tant d’autres dans une misère authentique.
Le dernier, c’est Carletto, onze ans, fils cadet d’une maman débordée, qui le met dehors chaque après-midi pour avoir la paix et que Giovanni tient constamment près de lui « pour éviter qu’il ne fasse des bêtises ».
Avec Carlo, Marco et Ciro, Giovanni a créé une troupe d’artistes de cirque. Et aujourd’hui, ces jeunes adultes enseignent aux petits du quartier à jongler, à cracher le feu, à marcher sur un fil ou sur des échasses.
Dans ce quartier où l’apparence, l’ « être vu » dans le quartier définit le statut social de chacun, c’est plus qu’un symbole : une victoire visible de tous. Mais l’école n’a pas encore de locaux.
Le rêve de Giovanni: ouvrir une école de cirque ici, en pleine zone. Il est en passe d’y parvenir.
La directrice du Collège Rodino’, l’une de ses seules alliées dans le quartier, lui a confié les clés d’un gymnase à l’abandon plantée pile au milieu des tours HLM envahies par le deal – un marché entièrement géré par le boss Antonio Cuccaro. Giovanni voudrait pouvoir restaurer le bâtiment avec l’aide de petits entrepreneurs locaux. Mais il ne peut pas le faire, faute de financements.
A cause de la crise, « Le Tapis d’Iqbal » n’a pas reçu un euro de subventions de la Mairie de Naples depuis deux ans.
Sans soutien, l’association… fermera ses portes d’ici la fin du mois de mars.
Giovanni parle haut, parle fort, et pour certains, parle trop. Et, à Naples, c’est dangereux.
Fin février, entouré de « ses » gamins, il a organisé un défilé de carnaval, où il a dénoncé à sa manière les abus du clan dominant et celles de certains politiciens locaux dont la corruption a déjà défrayé la chronique.
Sur la place principale, il a appelé les habitants de Barra à se réveiller, et à reprendre les rênes de leur quartier…
Puis il a convié tous les habitants à déguster une grande « Porchetta » (rôti de porc) en honneur à « tous les porcs de la ville ».
Pour la première fois, un habitant de Barra a défilé contre « son » clan d’appartenance, a dénoncé la corruption, la collusion avec le monde mafieux.
La réponse ne s’est pas faite attendre : le lendemain, la porte de l’association était vandalisée.
Aujourd’hui, Giovanni sait qu’il vient d’engager une course contre la montre. Contre ceux qui ne veulent pas qu’on sorte les enfants des rues de Naples. Et surtout contre le manque d’argent, le plus grand danger, qui risque de mettre fin à l’aventure de l’association.
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