Stephen Miran, Dr Folamour de l’économie de Trump

100 jours et un bilan désastreux

Ça ne va pas fort dans les sondages après 100 jours d’exercice du pouvoir pour Donald Trump. 59 % des Américains sont mécontents de sa politique. Selon CNN, c’est le taux le plus bas pour un président à cette échéance depuis 70 ans. Toutes les études d’opinion vont dans le même sens. Celle du National Opinion Research Center de l’université de Chicago, réalisée pour l’agence Associated Press, note que 24 % seulement des sondés affirment que le président se concentre sur les bonnes priorités. Autrement dit, il fait globalement fausse route. Les politiques économiques, commerciales et internationales sont particulièrement contestées. Economist/YouGov donne 54 % d’Américains hostiles à son programme économique. Les énormes hausses sur les droits de douane déplaisent à 65 % des Américains qui ont très bien compris les risques sur l’inflation qu’elles entraînaient.

« Les droits de douane ne sont pas une punition, mais un outil stratégique»

Stephen Miran

Les rayons vides de Wallmart

Le président a semblé vouloir calmer le jeu en promettant de réduire la hausse des droits de douane imposée aux importations chinoises (+145 %). Elle a bloqué le commerce entre Pékin et Washington. Au point que les dirigeants des quatre plus grands distributeurs des États-Unis, Walmart en tête, sont allés expliquer à Donald Trump qu’ils ne savaient pas comment ils allaient remplir leurs rayons. Les conseillers du président qui ont poussé à cette politique de ligne Maginot tarifaire en matière de droits de douane devraient sérieusement s’inquiéter. Peter Navarro, économiste ultra-protectionniste, anti-chinois, traité de « crétin » par Elon Musk, a déjà fait les frais des difficultés rencontrées par le président. D’autres mauvais génies subsistent. Et d’ailleurs, pour le moment, Donald Trump semble surtout tergiverser. Les Européens ne savent toujours pas ce qui les attend.

« Il y aura des turbulences à court terme causées par les droits de douane, mais elles sont nécessaires »

Stephen Miran

Un rôle clé

Stephen Miran préside toujours le Conseil des conseillers économiques du président, composé, lui compris, de trois économistes réputés. Leur nomination est confirmée par le Sénat, et ils sont assistés de 20 universitaires et de trois statisticiens. La plupart des décisions économiques de la Maison-Blanche passent par lui. Stephen Miran a 41 ans. Il a commencé par obtenir un diplôme de l’université de Boston en économie, en philosophie et en mathématiques. Puis, il a acquis son doctorat à Harvard. Visage lisse, crâne chauve, bouche pincée, grosses lunettes, l’homme exprime un indéniable esprit de sérieux.

« Le dollar surévalué affaiblit notre base industrielle »

Stephen Miran

Le manifeste d’une révolution commerciale

Pourtant, toute la stratégie de bouleversement de l’économie mondiale, la mise en cause de la mondialisation, y sont clairement annoncées et décrites.

En novembre 2024, au lendemain de la réélection de Donald Trump, Miran publie un document de 50 pages intitulé A User’s Guide to Restructuring the Global Trading System. Autrement dit, un « Guide pratique de restructuration du système commercial mondial ». Tout y est. Et une fois encore, en Europe et ailleurs, on le lit peu, et si on en prend connaissance, on n’y croit pas.