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Thomas et Valentine: Le procès commence aujourd’hui.

publié le 14/10/2014 | par Jean-Paul Mari

Les autorités indonésiennes, et notamment le pouvoir local en Papouasie Occidentale n’avaient jamais caché leur volonté de faire comparaître Thomas Dandois et Valentine Bourrat devant un tribunal.
C’est fait.
Nos deux collègues, arrêtés le 6 août dernier, pour avoir effectué sans autorisation un reportage sur des rebelles séparatistes de Papouasie seront jugés lundi prochain par un tribunal de cette province, a indiqué à l’AFP l’avocat des Français.

Thomas Dandois et Valentine Bourrat comparaîtront le 20 octobre devant le
tribunal de district de Jayapura, capitale de la Papouasie, où ils devront
répondre d' »usage abusif de visa d’entrée » en Indonésie.

Rappelons qu’on leur reproche d’être entrés avec un visa de tourisme, et non pas un visa presse, pour faire leur reportage dans une région quasiment fermée aux journalistes depuis 1969. Une région sensible puisque de nombreux militaires y sont déployés pour lutter contre des mouvements séparatistes. La police y est très active, les contrôles et les arrestations, voire les disparitions, fréquentes.

Les rebelles rencontrés par les journalistes venaient des montagnes du
centre de la Papouasie, dans le district de Lanny Jaya, où cinq séparatistes
ont été abattus dans un échange de coups de feu avec des militaires le 1er
août, soit quelques jours seulement avant l’interpellation des Français.
Deux policiers avaient été tués quelques jours plus tôt dans une embuscade.

Il y a quelques jours, la radio Néo-Zélandaise annonçait qu’il avait suffi à 27 activistes papous de manifester – précisément demander la libération de Thomas Dandois et Valentine Bourrat – pour être immédiatement arrêtés par la police.

Thomas Dandois (40 ans) et Valentine Bourrat ( 29 ans, fille de Patrick Bourrat, ex-reporter de TF1 tué en 2002 au Koweït, pendant la guerre d’Irak), effectuaient un reportage pour l’Agence Memento à la demande de la chaine franco-allemande Arte. Reporters Sans Frontières, les syndicats de
journalistes français SNJ et SNJ-CGT, les familles, le Comité de Soutien avaient demandé qu’il n’y ait pas de procès.

Habituellement, les journalistes dans la même situation sont expulsés du territoire, sans comparaître devant un tribunal où il risque 40 000 dollars d’amende et jusqu’à 5 ans de prison pour « violation du droit de l’immigration ».

Une pétition en ce sens a déjà recueilli plus de neuf mille signatures, dont celles de nombreuses personnalités.

A l’évidence, le pouvoir à Djakarta, et notamment à Jayapura, sont restés sourds à ces appels. Et le procès débutera dès le 20 octobre. Trois jours avant le début du mandat du nouveau président Jokowodi, qui est connu comme ouvert aux réformes démocratiques et à… la libre circulation des journalistes étrangers en Papouasie occidentale.

LIRE LE COMMUNIQUE DE REPORTERS SANS FRONTIERES


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