Ultimatum du Kremlin : les 30 exigences de Moscou pour « mettre fin » à la guerre
A Istanbul, le 2 juin, la Russie a présenté à l’Ukraine un « mémorandum » listant ses conditions pour une fin de la guerre. En voici, point par point, le détail et les exigences du Kremlin

Derrière le vernis diplomatique d’une proposition de cessez-le-feu, le document russe s’apparente à un ultimatum. Il s’agit d’un plan de reddition, exigeant la neutralisation militaire, la perte de souveraineté, et la reconnaissance par Kiev des gains territoriaux de Moscou.
SECTION I – Cadre fondamental du règlement
- Annexion reconnue
Reconnaissance juridique internationale de l’intégration à la Russie de la Crimée, des régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson. Retrait complet de l’armée ukrainienne de ces territoires. - Neutralisation militaire
Renoncement définitif de l’Ukraine à toute alliance militaire. Interdiction de présence étrangère (bases, troupes, infrastructures) sur son sol. - Sortie des traités contradictoires
L’Ukraine devra quitter tout traité international contraire aux clauses ci-dessus et s’interdire d’en signer de nouveaux à l’avenir. - Statut non-nucléaire
L’Ukraine s’engage à rester un État non-nucléaire. Interdiction de transit, de déploiement ou d’accueil d’armes de destruction massive. - Limitation des forces armées
Réduction drastique de l’armée ukrainienne, limitation de ses effectifs et de son matériel militaire. - Langue russe et population russophone
Reconnaissance officielle de la langue russe, et garanties constitutionnelles pour les populations russophones. - « Dénazification » légale
Interdiction de tout discours, parti ou symbole nationaliste ou assimilé au nazisme. Dissolution des groupes concernés. - Levée des sanctions bilatérales
Levée immédiate de toutes les sanctions entre l’Ukraine et la Russie, avec interdiction d’en réimposer. - Réunification familiale et déplacés
Facilitation du retour des déplacés internes et de la réunification des familles séparées par la guerre. - Abandon des demandes de réparations
L’Ukraine devra renoncer à toute réclamation financière liée à la guerre. - Liberté religieuse pour l’Église orthodoxe liée à Moscou
Levée de toutes les restrictions contre l’Église orthodoxe ukrainienne affiliée au Patriarcat de Moscou. - Reprise des relations bilatérales
Réouverture progressive des canaux diplomatiques, économiques, énergétiques et logistiques avec la Russie.
SECTION II – Conditions du cessez-le-feu
Option 1 : retrait militaire unilatéral
- Retrait total de l’armée ukrainienne des territoires russes (y compris régions annexées).
- Repli à une distance convenue des frontières de la Fédération de Russie.
Option 2 : propositions groupées
- Interdiction de redéployer les troupes ukrainiennes hors repli convenu.
- Arrêt immédiat de la mobilisation et début de la démobilisation.
- Fin des livraisons d’armes et du soutien militaire étranger (renseignement, satellites compris).
- Retrait total des troupes étrangères d’Ukraine, y compris experts militaires.
- Engagement de l’Ukraine à renoncer à toute opération de sabotage contre la Russie.
- Création d’un centre de surveillance bilatéral du cessez-le-feu.
- Amnistie générale et libération des prisonniers politiques.
- Levée de la loi martiale en Ukraine.
- Organisation d’élections nationales sous 100 jours après la fin de la loi martiale.
- Signature d’un accord engageant l’Ukraine à respecter les conditions de la Section I.
SECTION III – Délais et mise en œuvre
- Démarrage immédiat des travaux sur le « Traité de règlement définitif ».
- Instauration d’une trêve de 2 à 3 jours pour rapatrier les corps de soldats tués.
- Remise par la Russie à l’Ukraine des corps de 6 000 militaires ukrainiens.
- Signature d’un mémorandum de cessez-le-feu précisant les délais d’application.
- Début du retrait ukrainien et d’un cessez-le-feu de 30 jours, durant lequel toutes les « propositions groupées » doivent être mises en œuvre.
- Tenue d’élections présidentielles et parlementaires en Ukraine.
Une reddition maquillée en traité
Le mot « paix » n’apparaît nulle part dans le texte russe. La Russie y parle d’un « règlement définitif », et non d’un accord entre égaux. En exigeant la transformation institutionnelle, territoriale et militaire de l’Ukraine, Moscou ne propose pas une paix négociée, mais la capitulation complète de Kiev. Une ligne rouge pour les autorités ukrainiennes, qui réclament en priorité un cessez-le-feu renouvelable, des garanties de sécurité internationales et le respect de la souveraineté territoriale du pays.
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