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« Un jour pour l’Algérie »

publié le 08/04/2007 | par Jean-Paul Mari

Entretien Christian Gay-Bellile
Directeur de l’association « Action Humanitaire » présidée par Barbara Hendrix.


– N-obs: Qu’est-ce qui a déclenché cet appel à une manifestation d’un jour pour l’Algérie? Pourquoi maintenant?

-Christian Gay-bellile: Notre silence n’a que trop duré. Cela fait longtemps que je me sens, comme la plupart des Français, profondément écoeuré par les massacres en Algérie. Je ne supporte qu’on arrête des bus scolaires pour égorger des enfants au bord de la route. je ne comprend pas quand on me dit que les militaires, proches d’un village attaqué dans la Mitidja, ne puissent pas intervenir. Partout, on se pose la même question: Qu’est-ce qu’on peut faire pour des gens, hommes, femmes et enfants, qui se font tuer? D’abord, ne pas se taire. Nous devons assumer nos devoirs face au peuple algérien. Cet appel, cette journée de manifestation est d’abord la manifestation d’une prise de conscience, un témoignage du coeur pour dire aux algériens dans la peine que nous sommes avec eux, que nous leur apportons notre soutien.

-N-Obs: Vous risquez, de l’autre côté de la méditerranée, de vous faire accuser d’ingérence…

-C.B: Ecoutez…C’est pas parce qu’on a colonisé l’Algérie pendant cent trente ans qu’on doit s’interdire de dire ce qu’on pense sur ce pays! Le fait est que des gens, là-bas, meurent tous les jours et souvent dans des conditions atroces. A deux pas de chez nous. Et c’est aussi notre affaire! Pas comme ancienne puissance coloniale mais bien comme citoyens français, citoyens du monde.

-N-OBS: Vous voulez interpeller le pouvoir à Alger? Les islamistes armés? Notre gouvernement? Ou les institutions internationales?

– C.B: Notre but n’est pas de désigner les assassins. Tout simplement parce que nous n’avons pas les moyens de savoir clairement ce qui se passe là-bas. Nous, nous voulons faire la lumière. Certains veulent lancer une commission d’enquête. Il y aura des pétitions. Si cela peut déclencher quelque chose au niveau des instances de l’ONU ou de l’Europe..Tant mieux. Mais le but premier de cette journée est d’abord la fraternité. Et la demande symbolique de lumière.

-N-Obs: Comment allez-vous l’exprimer?

-C.B: De plusieurs façons. D’abord, tout au long de la journée, il y aura des débats et des discussions dans les collèges et les lycées. A Paris mais aussi dans plusieurs villes qui se sont déjà associées à cette journée: Toulouse, Marseille, Lyon, Strasbourg, Angers, Caen, la Rochelle, Nancy, Lille, Quimper, Rennes…etc. Sur le plan culturel, on va organiser des spectacles et des animations aux Bouffes du Nord, à la cité des Sciences et de l’Industrie, au théâtre des Amandiers, de Chaillot, de l’Odéon et ailleurs en région. Plus d’une centaines de personnalités, du cinéma, du théâtre, de la musique participeront à cette journée. Partout, on laissera s’exprimer les artistes et les écrivains algériens qui ont le plus grand mal à travailler dans leur pays. Vers 19HOO, il y aura un grand rassemblement à Paris, gare de l’est et une marche aux flambeaux silencieuse jusqu’au parc de la Villette où se tiendra une veillée. Pour « faire la lumière », des projecteurs enverront de grands faisceaux de lumière vers le ciel, les manifestants tiendront des lampes de poche et on espère que les fenêtres des maisons qui jalonnent cette marche seront éclairées par des bougies. Rêvons un peu et imaginons qu’au même moment, de l’autre côté de la méditerranée, des Algériens allument une bougie ou une lampe à leur fenêtre…Le message de fraternité serait clair, non? En tous cas, devant tant de sang, de douleur et d’horreur, nous n’avons plus le droit de rester immobile et de laisser une tragédie humaine d’une telle ampleur aux soins exclusifs des intérêts d’état et des chancelleries. » » » »

Propos recueillis


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