2025 : une année de combat
Brr… Quelle année!
Il faut avoir l’œil pointu et résolument optimiste pour se dire que, finalement, l’année 2024 qui vient de se terminer entre dans le cadre du bon an mal an, comme les autres.
Il faut avoir l’œil pointu et résolument optimiste pour se dire que, finalement, l’année 2024 qui vient de se terminer entre dans le cadre du bon an mal an, comme les autres. Vraiment ? En réalité, il semble que tout ce qui couvait sous la cendre du monde a littéralement explosé. D’abord, le Moyen-Orient bien sûr.
L’attaque du 7 octobre 2022 a déclenché une réaction en chaine qui a fait exploser Gaza, puis le Liban, pas seulement celui du Hezbollah, mais bien, comme le craignaient les Libanais, tout le Liban, de Tyr à la Bekaa. Ce Liban qui doit se croire maudit d’avoir des voisins comme Israël, la Syrie et l’Iran, et se retrouve régulièrement pris dans les mâchoires d’une tenaille étrangère. Quatre mille morts et des dégâts considérables. C’est beaucoup. Trop. Mais incomparable avec les 45000 morts de Gaza, timbre-poste qu’Israël lèche méthodiquement à coup de missiles. Dernier épisode en date, le grand hôpital Kamal Adwan, ultime lieu de soin rescapé jusqu’ici, vient d’être mis hors service à coups de missiles. Joyeux Noël en forme d’apocalypse.
En Iran, les mollahs tremblent, tanguent, mais ne rompent pas. Au jeu du je-te-tue-tu-me-tues par la barbichette des religieux, ils donnent un concert religieux avec les extrémistes de Jérusalem. Le tout étant de doser les grandes orgues des volées de missiles qu’on s’envoie de part et d’autre. L’année s’annonce bruyante.
Quant au Hezbollah, autrefois tout puissant dans la région, il pleure ses dirigeants éliminés – dont l’historique Hassan Nasrallah – essaie de panser ses plaies, mais a se retirer de la Syrie. L’Iran a perdu un proxy redoutable. Et Bachar al-Assad ses troupes de choc. Et, comme la Russie est très occupée en Ukraine, le dictateur s’est retrouvé à sa juste mesure, c’est-à dire tout nu.
Car voilà une très bonne nouvelle : la dictature est tombée à Damas. Un demi-siècle d’horreur, de répression, de torture, d’enlèvements, d’assassinats. Le régime de l’obscurité n’est plus. Et ceux qui ont la tâche d’ouvrir les portes des prisons de Sadnaya ou des caves de la sécurité découvrent la matérialité de l’enfer. On respire ? Oui, mais en retenant son souffle. Les nouveaux venus, soutenus par la Turquie, barbus repentis ou islamistes mal-déguisés ?
À l’Est, en Ukraine, aucun signe de chute de l’autre dictateur, Vladimir Poutine. La machine russe ne compte ni ses ressources ni ses morts. Elle importe des armes en contrebande et de la chair à canon venue de Corée du Nord. Et elle avance, km par km, sur le front du Donbass. En face, les Ukrainiens, qui ont le tort d’être plus humains, pleurent leurs morts et les soldats, épuisés par deux ans de guerre inégale, commencent à déserter. Sombre présage. Qui les aidera ?
Pas l’Europe. Ou pas assez. À la fois limitée et divisée. Pas les États-Unis, condamnés à être dirigés par un fol ondulé qui serait grotesque s’il n’était pas aussi dangereux. Un Trump à la tête – une fois encore – de la plus grande démocratie du monde n’est pas vraiment un cadeau de Noël à ce monde en fusion. Trump-Netanyahou-Poutine – Kim Jung-Un – Orban… l’extrémisme se porte mieux que jamais.
Sinistrose ? Non. Simplement la redécouverte qu’un monde démocratique et libre ne se trouve pas chaque année dans les souliers au bas du sapin. Il faut le demander, le mériter, le défendre en sachant que c’est un luxe de l’humanité, un don du ciel acquis par les hommes, une liberté précieuse qui mérite qu’on n’oublie pas, jamais, les horreurs du monde, les autres qui souffrent, nos frères humains. Et le bonheur de vivre debout. Et nous serons là pour en témoigner.
Alors, petite prédiction, facile, mais évidente : l’année 2025 sera une année de combat.
Passez de très bonnes fêtes !
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