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Algérie. Série Benjamin Stora. L’homme qui murmure à l’oreille des présidents. Épisode 5 (Fin)

évenements publié le 13/11/2021 | par grands-reporters

L’homme aux multiples exils s’est enfin posé et imposé, devenu le spécialiste de cette Algérie qui s’est affranchie il y a près de 60 ans. Tous les présidents consultent Benjamin Stora sur l’avenir tandis qu’il redécouvre un passé intime et charnel, celui d’un petit Juif d’Afrique du Nord.


Benjamin Stora en 2000, à Rabat (Maroc)• Crédits : © Archives privées Benjamin Stora

L’Algérie, sa vie ? Son œuvre ? Son Destin ? Oui et non.

Quand Benjamin Stora revient sur son long exil forcé des années 90 lorsqu’on le menace de mort tandis que les islamistes déstabilisent l’Algérie qui plonge dans ce qu’on appellera la décennie noire du terrorisme, il n’est plus le même. Il n’écrit plus de la même façon et l’Algérie, il ne la regarde plus de la même façon.

Lorsque je reviens d’exil en 2002 2003, je vais peut être essayer d’écrire à la première personne. Peut-être essayer de découvrir ou à parcourir l’histoire de pays, pas simplement à partir de connaissances livresques, mais aussi à partir de connaissances intimes, de connaissances personnelles.

De retour en France, le premier livre que j’ai écrit, le retour sur moi, ça a été La dernière génération d’octobre. Je suis revenu sur mon histoire politique personnelle pour faire un peu le bilan sur ce qu’avait été cette histoire d’engagement politique, ce qui permettait de me situer à la fois par rapport à ma famille, par rapport,  à mon histoire personnelle, mais aussi par rapport à l’histoire de l’Algérie et par rapport à mes travaux universitaires.

Même lui ne se regarde plus comme avant. Mais il n’y a pas que lui qui a changé. La France n’est plus la même. A l’aube des années 2000, une nouvelle génération s’exprime avec le paroxysme de 2005. Les jeunes issus de l’immigration défiaient l’Etat sur des questions identitaires. L’Algérie aussi avait changé en profondeur.

A mon retour le paysage a changé dans la mesure où il y a une irruption d’une nouvelle jeunesse qui va se trouver de manière spectaculaire et visible sur le devant de la scène, avec ce qu’on a appelé les émeutes de 2005. De jeunes Français d’origine maghrébine ou d’origine africaine, et qui défiaient l’Etat par un retour à des questions identitaires. J’ai été très surpris parce que je venais précisément d’un monde théorisé, très communautarisé. Je ne comprenais pas et je ne comprends toujours pas


Benjamin Stora en 1996, à Hanoï (Vietnam) • Crédits : © Archives privées Benjamin Stora

Et comme à chacun des changements qui se sont opérés entre la France et l’Algérie, entre la France et ses populations issues de l’immigration, Benjamin Stora était là pour expliquer, tempérer, auprès de ceux pour qui il y avait encore d’un côté les gentils et de l’autre les méchants.

C’est ainsi que tous les présidents depuis François Mitterrand lui ont prêté une oreille plus qu’attentive.

« Lorsque Emmanuel Macron m’a demandé de faire ce rapport, la première chose qui m’est venue à l’esprit, c’est de faire en sorte de ne pas oublier ce qui avait déjà été entrepris auparavant (le discours de Chirac, le discours de Nicolas Sarkozy à Constantine, le discours de François Hollande à Alger en décembre 2012) et ne pas considérer que l’on part de zéro à chaque fois parce que sinon, ce n’est pas possible »

 

 

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