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Algérie : Sur les traces d’Hervé Gourdel

Photos publié le 21/01/2015 | par Zinedine Zebar

Une forêt, des collines hérissées de villages et des montagnes aux cimes enneigés: c’est dans ce cadre que le corps d’Hervé Gourdel, un Français décapité en septembre en Algérie par des jihadistes, a été exhumé par l’armée sous le regard d’habitants abasourdis.


 

«Jamais on n’aurait imaginé que le corps du pauvre homme reposait si près de nos maisons», s’étonne un habitant de la région, un bonnet enfoncé sur la tête pour se protéger du froid vif qui balaie la montagne. «L’ont-ils vraiment retrouvé d’ailleurs ?», s’interroge-t-il, un peu dubitatif, en refusant de dévoiler son identité.

D’autres répondent poliment aux salutations du journaliste, proposent même d’offrir le café mais éludent les questions, se contentant de dire qu’il y a eu beaucoup de soldats pendant deux jours dans le village de Takhlidjt, situé à quelque 150 km au sud-est d’Alger.
Hervé Gourdel, un guide de montagne de 55 ans, aurait pu faire une moisson de fabuleux souvenirs mais sa marche vers les plus hauts sommets du Djudjura s’est brutalement arrêtée, à peine entamée le 21 septembre, avec la rencontre fatale avec des jihadistes algériens ayant fait allégeance au groupe Etat islamique (EI), qui sévit en Syrie et en Irak.

– 3.000 hommes mobilisés –

Enlevé dans la forêt des Ait-Ouabane avec cinq compagnons algériens qui ont été relâchés au bout d’une dizaine d’heures, Hervé Gourdel a été décapité le 23 septembre par ses ravisseurs qui ont affirmé l’avoir exécuté en représailles à l’engagement de la France aux côtés des États-Unis dans les frappes contre l’EI en Irak.
Après l’annonce de l’enlèvement, l’armée algérienne avait mobilisé 3.000 soldats pour le retrouver. Faute d’avoir pu lui sauver la vie, elle avait lancé une opération d’envergure pour découvrir son corps. C’est jeudi, au bout de trois mois de recherches, qu’elle y est arrivée grâce aux indications d’un jihadiste fait prisonnier.

Le corps a été retrouvé sur le flanc d’une colline en contrebas de Takhelidjt, face à Ait-Sellane. Deux villages dont les terres se rencontrent au fond d’une étroite vallée, séparées par un petit oued.
En voiture, il faut plusieurs kilomètres pour aller d’un village à l’autre, par une route qui monte et descend en lacet.
On la quitte pour une piste qui s’arrête au milieu de la forêt. Puis, il faut grimper avant d’arriver vers le lieu où le corps de Gourdel a été retrouvé. Il n’y a personne aux alentours.

– « Exploitation de renseignements »-

«Autrefois, c’était un champ planté d’arbres fruitiers», assurent deux paysans du coin qui avertissent: il ne faut pas prendre de risque, les lieux sont piégés.
Des sources sécuritaires ont affirmé que des engins explosifs avaient été placés autour de l’endroit où reposait le corps qui a dû être exhumé après une intervention des artificiers.
Une vingtaine de kilomètres à peine séparent ce lieu de celui de l’enlèvement, qui communiquent par plusieurs pistes et des chemins de montagne.
L’épilogue du drame a commencé à se dessiner le 10 janvier sur le territoire d’un autre village de la région, Ait-Saada, selon des habitants.
Ce jour-là, le ministère de la Défense annonce que l’armée a tué un jihadiste dans la région, sans donner davantage de détails.

En réalité, disent des villageois, l’homme avait un complice qui a été fait prisonnier et qui a révélé aux soldats le lieu où se trouvait le corps.
L’armée a confirmé jeudi: le corps a été retrouvé «suite à l’exploitation de renseignements fournis par un terroriste arrêté».
Rien ne permet cependant d’affirmer dans l’immédiat que l’homme arrêté a un lien direct avec Jund al-Khilafa, le groupe qui a enlevé Gourdel.

NB: Les images des recherches, – la découverte et l’exhumation d’Hervé Gourdel ainsi que celle du corps du terroriste qui a exécuté Hervé Gourdel avant d’être abattu près de Boumerdès- ont été fournies par le ministère de la défense algérien.


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