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Arménie – Azerbaïdjan : RSF demande une enquête pour déterminer l’origine des tirs contre des journalistes dans le Haut-Karabakh

publié le 02/10/2020 | par grands-reporters

Les deux journalistes se trouvaient au centre de Martouni, en compagnie de plusieurs confrères français, arméniens et d’autres nationalités, lorsque des salves de roquettes Grad tirées par les forces azerbaïdjanaises se sont abattues, les atteignant.


Au cinquième jour des violents affrontements qui ont éclaté entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans le Nagorny Karabakh, un groupe de reporters a été victime d’un bombardement dans la ville de Martouni. Quatre d’entre eux ont été touchés. Un journaliste du quotidien Le Monde et un photographe français qui l’accompagnait ont dû être hospitalisés pour recevoir des soins d’urgence. Un caméraman d’Armenia TV, Aram Grigoryan, et un reporter de l’agence de presse arménienne 24news.am Sevak Vardumyan ont également été blessés.

Plusieurs autres journalistes, dont un envoyé spécial de la chaîne indépendante russe Dojd et une équipe de l’AFP, ont échappé de peu aux tirs. L’ensemble des journalistes et leurs voitures étaient clairement identifiés et portaient l’insigne Presse. Ils accompagnaient les autorités locales pour interviewer la population et constater les dégâts provoqués par de précédents bombardements.

“Ce bombardement est injustifiable : les civils, et en premier lieu les journalistes, ne sont pas des cibles militaires, rappelle Jeanne Cavelier, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Nous demandons aux autorités azerbaïdjanaises d’ouvrir une enquête pour déterminer l’origine des tirs et de tout mettre en œuvre pour permettre l’évacuation des journalistes blessés en toute sécurité.”

Le président français Emmanuel Macron a annoncé l’envoi d’un avion sanitaire pour rapatrier les blessés français.

Peuplé en majorité d’Arméniens, le Nagorny Karabakh a fait sécession de l’Azerbaïdjan, entraînant une guerre au début des années 1990. L’Azerbaïdjan occupe la 168e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF, l’Arménie la 61e place.

 

 » Le Haut-Karabakh, ce sont des montagnes, des vallées, des gorges et des grottes, des rivières et des fruits. Et la guerre. Larvée, gelée, parfois réanimée, souvent ignorée, et ainsi depuis vingt-six ans et le cessez-le-feu qui a vu l’Azerbaïdjan perdre 13 % de son territoire, au profit de l’Arménie. C’est cette réalité oubliée que sont venus brutalement rappeler les bombardements sur la petite ville de Martouni, jeudi 1er octobre, dans laquelle deux journalistes du Monde, le reporter Allan Kaval et le photographe Rafael Yaghobzadeh, ont été grièvement blessés.

Martouni – environ 12 000 habitants à en croire le dernier recensement – se trouve à une vingtaine de kilomètres de la ligne de front, le long de laquelle, en plusieurs endroits, l’armée azerbaïdjanaise a lancé son offensive dite de « reconquête », le 27 septembre. C’est là qu’Allan Kaval et Rafael Yaghobzadeh s’étaient rendus, dans la matinée du jeudi 1er octobre. Ils souhaitaient constater par eux-mêmes l’étendue des dégâts causés en quatre jours, les deux parties assurant s’infliger mutuellement de lourdes pertes, dans un brouillard de propagande.

Les deux journalistes se trouvaient au centre de Martouni, en compagnie de plusieurs confrères français, arméniens et d’autres nationalités, lorsque des salves de roquettes Grad tirées par les forces azerbaïdjanaises se sont abattues, les atteignant. Joint par Le Monde, Artak Beglaryan, ombudsman (« défenseur ») pour les droits de l’homme dans le Haut-Karabakh, rapporte que quatre civils ont été tués et onze personnes blessées, au total, au cours de ces tirs d’artillerie. « C’était des bombardements totalement indiscriminés, en plein centre », dit-il. »


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