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Édito: « Agents français de Poutine », par Laurent Joffrin.

Edito publié le 24/02/2022 | par grands-reporters

On connaissait l’existence d’un lobby pro-russe en France.La crise aidant, nous voici nantis d’une « cinquième colonne » poutinienne au cœur de la vie politique française.

Résumons la situation. Furieux de voir l’Ukraine s’éloigner de son influence, décidé à mâter, un à un, les peuples voisins de la Russie attirés par les principes et le mode de vie européens, Vladimir Poutine, le tsar body-buildé, amasse son armée à la frontière ukrainienne et reconnaît soudain les deux républiques séparatistes du Donbass, demandant à son armée d’entrer sur le territoire ukrainien pour « y maintenir la paix ».

Il entend, ce faisant, poursuivre, pas à pas, la vieille politique de Saint-Pétersbourg, qui vise à élargir l’empire au-delà de ses frontières, vers les mers chaudes au sud, ou vers l’ouest le long des mers froides. Nationaliste, expansionniste, méprisant et vindicatif à l’égard de l’Europe démocratique, décidé à défier, en puissance restaurée, la puissance des États-Unis, il joue un jeu dangereux sur ses entours, ressuscitant la doctrine Brejnev de la « souveraineté limitée » qu’il applique, en souverainiste russe, aux marches de son fragile empire.

Il use de tous les moyens subreptices – numériques, médiatiques ou psychologiques – pour affaiblir l’Union européenne et se poser en acteur mondial, champion agressif des « démocratures ».

Légitimement inquiets, instruits par l’Histoire, de Catherine II à Staline, soucieux de leur sécurité, ces peuples menacés se tournent vers l’ouest, notamment vers l’OTAN, pour trouver les garanties qui protégeront leur indépendance. Dans cette crise, la France, placée pour six mois à la tête de l’Union européenne, cherche à trouver un compromis.

Les démocraties veulent éviter la guerre, mais rechignent à céder à l’oukase et prévoient des sanctions contre le coup de force russe. Ils refusent de renoncer solennellement, sous la pression armée, à accepter la demande ukrainienne d’adhésion à l’OTAN, qui est le droit conféré à tout peuple souverain de choisir ses alliances.

Et voici que l’extrême-droite française, qui a reçu le concours de Jean-Luc Mélenchon jusqu’à une tardive lucidité qui l’a conduit à condamner l’agression d’hier, fustige, non l’ambition de Poutine, mais la soi-disant agression de l’OTAN contre la sécurité russe.

Laquelle a consisté à accepter les demandes des peuples inquiets des ambitions poutiniennes et à chercher un accord avec la Russie sur un nouvel équilibre stratégique en Europe de l’Est qui préserve pacifiquement l’indépendance des nations démocratiques nées de la chute du Mur de Berlin.

Personne, évidemment, ne croit que les pays d’Europe centrale, avec les Occidentaux, nourrissent une quelconque volonté d’agression envers la Russie. Chacun comprend, au contraire, qu’ils veulent d’abord sauvegarder leur autonomie.

Et pourtant… En agents conscients ou inconscients du Kremlin, les Zemmour, Le Pen et quelques autres renversent les rôles et attaquent l’alliance des démocraties qui contiennent Poutine, présentant l’agressé en agresseur et le fauteur de guerre en faiseur de paix.

Vieille tradition française. Toujours l’extrême-droite, soi-disant patriote, a admiré et aidé les dictatures dans leurs entreprises contre les pays libres. Y compris le leur.

 

Laurent Joffrin
www.engageons-nous.org


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