Édito : Femmes et talibans. « Pour en finir avec l’hypocrisie », par Jean-Paul Mari
Les talibans ont du mal avec le port du masque. A peine l’ont-ils adopté officiellement aux yeux du monde qu’il commence déjà à glisser, révélant – est-ce vraiment une révélation ? – leurs intentions véritables qui ne sont que l’expression de leur véritable nature, celle que les Afghans ont subie pendant les cinq de leur précèdent règne.
La chasse aux opposants et aux « déviants » a déjà commencé.
Les talibans cartographient les villes , relèvent les noms et les adresses des fonctionnaires, des membres du gouvernement et du renseignement, de la police, des interprètes, bref de tout ce qui touche à l’ancien pouvoir et à la collaboration avec les armées étrangères.
Quant au sort des femmes, il ne souffre aucun doute.
Dans un premier temps, très court, les mollahs chargés de la communication nous ont offert quelques distinguos sur les « différents types de voiles » et l’accès des femmes aux études et au travail. C’est fini. Les relations publiques vers l’étranger ont cédé la place au réel. Fin des études des filles après douze ans, interdiction de travailler, rues vidées de leur présence, interdiction de sortir sans voile et sans chaperon, mâle…la panoplie de leurs lois médiévales régente la cité, à Kaboul et plus encore dans les lointaines villes de province.
Une présentatrice de télévision s’est vue interdire l’accès à la chaine publique où elle travaillait depuis six ans.
Quelques heures seulement après leur arrivée à Kaboul, les talibans ont commencé à effacer l’image des femmes dans l’espace public.
Un mollah a prévenu : « si l’on vous voit les ongles des mains ou des pieds vernis, ou les lèvres maquillées, alors on sera en colère, on va tout couper, tout jeter »
Un autre volet de la « culture islamique » des talibans éclate au grand jour : le rapt et le viol des femmes.
Des talibans en province ont demandé à des chefs religieux de leur fournir des filles de plus de quinze ans et des veuves de moins de quarante-cinq ans pour les « marier » à des combattants talibans.
Ces mariages forcés font partie permanente de la pratique des groupes armés islamistes. De l’Algérie des GIA des années 90 avec les « mariages de convenance » jusqu’aux pratiques de Daech à Raqqa en passant par les enlèvements de jeunes lycéennes de Boko Haram en Afrique, le rapt des femmes est une constante.
Cela explique aussi l’attrait des hommes jeunes pour ces mouvements. Rejoindre les islamistes, c’est avoir la garantie d’avoir une arme, de l’argent, du pouvoir. Et une femme. L’argument de l’esclavage sexuel, loin d’être accessoire et vulgaire, pèse lourdement dans la mentalité des hommes de ces régions.
Les talibans prennent les femmes dont ils ont besoin, ils effacent l’ image et la voix de toute autre femme se prétendant libre et égale. Et ils emprisonnent et exécutent tous ceux et toutes celles qui s’opposent à eux ou pensent différemment.
Voilà le résultat, simple, brut et sans détour, une fois leur hypocrisie démasquée.
Quant à leurs grandes déclarations empreintes d’une tolérance nouvelle….si les talibans afghans ont adopté leurs turbans, noirs, ils ont beaucoup plus de mal avec les masques.
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