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Edito. « Israël : les fanatiques au pouvoir » par Laurent Joffrin

Edito publié le 21/01/2023 | par grands-reporters

Le nouveau gouvernement israélien ? C’est la cour des miracles.

Pour revenir au pouvoir quel qu’en soit le prix, Benyamin Netanyahou a passé alliance avec tout ce que la droite israélienne compte d’extrémistes exaltés : suprémacistes juifs, rabbins illuminés, religieux fanatiques, racistes à peine déguisés, partisans du « Grand Israël » et de la colonisation à outrance.

Premier projet de cet aréopage d’exagérés : retirer à la Cour Suprême le droit de bloquer les lois qui iraient à l’encontre des valeurs fondatrices d’Israël. Une majorité simple suffira désormais à la Knesset pour amender la constitution dans le sens qui plaira à la nouvelle majorité.

Devant cette atteinte manifeste aux principes de l’état de droit, lequel donne aux juges suprêmes le devoir et le pouvoir de préserver les principes démocratiques, l’opposition cherche à mobiliser la société civile et appelle à manifester. Aussitôt, Zvika Fogel, député du parti suprémaciste Otzma Yehudit (Force Juive), membre de la majorité, a demandé l’arrestation des quatre principaux leaders de l’opposition, dont Benny Gantz et Yair Lapid, anciens ministres et premiers ministr

La bataille va donc se poursuivre, âpre, amère et peut-être violente. Ce glissement à l’extrême-droite de la classe politique – et de l’électorat israélien – pose désormais une question fondamentale : où sont passés les idéaux du sionisme ? Ben Gourion et les fondateurs de l’État voulaient une démocratie sociale exemplaire.

Le Likoud, arrivé au pouvoir dans une seconde époque, prônait une politique conservatrice et sécuritaire, mais restait dans les limites de l’état de droit et d’une certaine laïcité. L’arrivée au pouvoir des partis religieux dans la roue de Netanyahou ouvre une troisième phase, qui inquiète – ou indigne – les défenseurs de la démocratie israélienne, dans le pays et à l’extérieur.

Dans ce scénario, Israël se changerait en petit État nationaliste, identitaire et illibéral, niant tout droit des Palestiniens à l’autodétermination, foulant aux pieds ses principes d’origine et effaçant jusqu’au souvenir de Ben Gourion, Itzhak Rabin ou Shimon Peres…