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Elections USA : Lincoln, l’anti-Trump 

publié le 30/10/2024 par Pierre Feydel

Premier président républicain, anti-esclavagiste, vainqueur de la guerre de Sécession, Abraham Lincoln, assassiné en 1865, reste une figure essentielle de la démocratie américaine.

Toutes les enquêtes menées auprès de la population des États-Unis montrent qu’Abraham Lincoln demeure, dans la mémoire des Américains, le président le plus populaire, devant George Washington. Il fut élu en 1860, devenant ainsi le premier président républicain de l’Union, représentant un parti alors progressiste qui militait pour l’abolition de l’esclavage. On est loin, très loin, du « Grand Old Party » actuel, « trumpisé » et basculant vers l’extrême droite.

Né en 1809 dans le Kentucky, Abraham Lincoln grandit dans une famille de paysans modestes qui émigre vers l’Indiana, puis dans l’Illinois. Il travaille aux champs et occupe divers emplois. Autodidacte, il étudie le droit seul, passe l’examen du barreau et devient avocat en 1832. Sa réputation d’avocat intègre le pousse vers la politique. Élu à la Chambre des représentants, il se fait rapidement remarquer pour ses positions anti-esclavagistes. Il s’oppose notamment à la loi Kansas-Nebraska de 1854, qui permet l’extension de l’esclavage dans les nouveaux territoires. De cette opposition naît le Parti républicain, constitué d’anciens membres du parti whig et de certains démocrates. Lincoln y adhère sans hésitation.

Quatre ans plus tard, il se présente aux élections sénatoriales dans l’Illinois. Lors des débats avec son adversaire, son argument principal est que l’esclavage va à l’encontre des Droits de l’Homme. Il perd l’élection, mais gagne en notoriété.

Alors que l’élection présidentielle de 1860 approche, la convention républicaine se réunit à Chicago en mai 1860. Ses concurrents, William H. Seward de New York, abolitionniste convaincu, et Salmon P. Chase de l’Ohio, sont plus connus que lui. Mais « Honest Abe » a démontré de solides compétences rhétoriques et une détermination sans faille. Il n’a pas d’ennemis au sein de son propre parti. Il est donc désigné, un peu par défaut, comme candidat au troisième tour. Au cours de la campagne, tout le parti se rassemble derrière lui, malgré un programme prudent qui prône davantage l’arrêt de l’expansion de l’esclavage que son abolition immédiate.

De son côté, le Parti démocrate est divisé entre partisans de l’esclavage et ceux favorables au libre choix de chaque État. Lors de la convention de Baltimore en juin, les délégués du Sud se retirent, laissant les représentants du Nord désigner Stephen A. Douglas comme candidat. À Richmond, les Sudistes choisissent John Cabell Breckinridge. Les « mangeurs de feu », surnom donné aux esclavagistes radicaux, envisagent déjà la sécession et la souhaitent même.

Un quatrième candidat, John Bell, du Parti de l’Union constitutionnelle, entre en lice avec pour but « la préservation de l’Union, de la Constitution et des lois ». Il rassemble d’anciens membres du parti whig qui craignent que l’esclavage ne divise le pays. La campagne reste relativement calme. Lincoln, qui s’est laissé pousser la barbe sur les conseils d’une jeune admiratrice pour paraître plus sérieux, évite les polémiques violentes sur l’esclavage et met en avant d’autres points de son programme, comme le développement des chemins de fer.

Le scrutin a lieu le 6 novembre 1860. La participation atteint 81,2 %, l’une des plus fortes jamais enregistrées aux États-Unis. Le vote populaire donne 39,8 % à Lincoln, 29,5 % à Douglas, 18,1 % à Breckinridge et 12,6 % à Bell. Lincoln arrive en tête dans tous les États anti-esclavagistes, sauf un. Avec 180 grands électeurs sur 303, il obtient la majorité absolue le 11 février 1861, lors de la réunion du collège électoral.

L’élection de Lincoln provoque immédiatement la sécession de plusieurs États avant même qu’il ne prenne ses fonctions le 4 mars 1861. La Caroline du Sud se retire de l’Union le 20 décembre 1860, suivie du Mississippi (9 janvier 1861), de la Floride (10 janvier), de la Géorgie (19 janvier), de la Louisiane (26 janvier) et de l’Alabama (11 janvier), puis du Texas le 1er février. Ces États forment les États confédérés d’Amérique et élisent Jefferson Davis comme président.

Ni le président en fonction, James Buchanan, ni le président élu, Abraham Lincoln, n’acceptent cette sécession. Le 12 avril 1861, les troupes confédérées attaquent Fort Sumter, une base de l’Union que les forces nordistes refusent d’évacuer. La guerre de Sécession commence. Lincoln finira par la remporter. Elle durera quatre ans et coûtera la vie à 750 000 Américains.

Le 14 avril 1865, John Wilkes Booth assassine Lincoln au théâtre Ford de Washington. Lincoln entre alors définitivement dans l’Histoire.


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