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Etats-Unis : quand Donald devient dingo

publié le 03/06/2025 par Jean-Paul Mari

Frappé d’un « narcissisme malfaisant », il a tapé très fort du poing mais accumule les échecs. En abîmant son propre pays, la démocratie et le monde

Le second mandat de Donald Trump, 47ᵉ président des États-Unis d’Amérique, a débuté le 20 janvier 2025. Il avait promis, entre autres, un blitzkrieg commercial, l’expulsion de millions de migrants, la fin en 24 h de la guerre en Ukraine et le retour de la grandeur pour une Amérique maîtresse du monde. On allait voir ce qu’on allait voir…

En quatre mois, Trump a produit plus de 140 décrets exécutifs – dont la plupart sont contestés par les tribunaux – frappés d’une signature grasse aussi large que la page brandie face aux caméras, sourire triomphant sur ses lèvres pincées. Pour quel résultat ?

Guerre commerciale.

Trump voulait frapper fort et vite, relancer une politique commerciale agressive en imposant une vague de hausses de tarifs douaniers tous azimuts. Objectif : forcer les industriels à rapatrier les emplois aux USA. Méthode mafieuse pour imposer la protection du caïd. En substance : « Si vous ne venez pas chez moi, vous le paierez cher. »

Résultat : ces mesures et ses allers-retours ont semé la confusion dans l’économie. Les importateurs américains, craignant l’explosion des coûts, ont massivement avancé leurs achats, d’où une flambée des importations à un niveau record. Ce blitzkrieg commercial mal maîtrisé a creusé le déficit commercial. La chute des marchés financiers a forcé Trump à suspendre début avril ses tarifs les plus drastiques. Pour les experts : Trump s’est engagé « dans une impasse qu’il a lui-même créée ». Et The Washington Post fait un constat évident : « La blitzkrieg commerciale de Trump a coûté des milliards aux entreprises américaines, affolé les investisseurs et ravivé les craintes inflationnistes. »

Immigration, déportation massive, Guantánamo…

La méthode Trump se promettait d’être simple, brutale, radicale. Expulsion en masse — « des millions et des millions » — de sans-papiers, l’armée en appui aux gardes-frontières, suppression du droit du sol, loi (Laken Riley Act) pour durcir la répression et extension spectaculaire de Guantánamo pour y transférer jusqu’à 30 000 migrants en attente d’expulsion.


Résultat : faute de moyens, les expulsions stagnent ; les renvois de migrants sous Trump début 2025 sont inférieurs à ceux de la fin de mandat de Joe Biden. L’armée n’a réussi à arrêter que… quelques centaines de migrants. Les tribunaux ont bloqué les décisions les plus extrêmes, comme la loi sur la redéfinition du droit du sol. Et l’extension de Guantánamo, bien trop chère, est gelée. Beaucoup, beaucoup de bruit, pour très peu d’effet.

Environnement, l’Amérique verte devient grise.

Le climat ? Allons donc ! Encore une invention pour brider le génie américain, non ? En climatosceptique forcené, Trump annonçait remettre de l’ordre dans tout cela. « Drill, baby, drill ! » L’or noir, sous nos pieds, libérera la puissance du colosse entravé. Feu sur l’Amérique verte !


Résultat : constat du Centre de droit climatique de l’université Columbia : « Jamais un président n’a été aussi hostile à la science et aussi redevable envers les lobbys des énergies fossiles. » Dès son premier jour, Donald Trump a retiré — bis repetita — les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat. Concrètement, les premiers 100 jours de Trump ont vu un déluge de décisions antiécologiques sans précédent : abrogation accélérée des normes antipollution (voitures, usines, centrales électriques), levée des restrictions sur l’exploitation du charbon, suspension des limites de forage (pétrole, gaz) sur des zones protégées, pêche commerciale dans des réserves marines et projet d’ouvrir le fond du Pacifique à l’extraction minière. Ses reculades en série dans ce domaine isolent Washington et laissent craindre un sérieux retard dans la transition énergétique. Bon courage à ses successeurs !

Santé et société, en arrière toute.


L’homme qui a payé une star du porno pour avoir des relations sexuelles promettait le retour d’une morale quasi évangélique et la fin des dérives d’une société décadente. Il a donc multiplié les décrets présidentiels ciblant les minorités et la réglementation. Un autre décret, intitulé « Rétablir la Vérité sur le genre », impose à toute l’administration fédérale de ne reconnaître que le sexe « biologique » à l’état civil et ordonne la cessation de toute subvention à des programmes de soins ou de soutien aux personnes transgenres.
L’Obamacare, voilà l’ennemi. Trump promettait d’y mettre fin. Son programme de santé se résume pourtant à la lutte… contre l’avortement. Il a ainsi réinstauré la Mexico City Policy dès le 24 janvier 2025, réinterdisant le financement par des fonds fédéraux des ONG internationales qui pratiquent ou même renseignent sur l’avortement. Au passage, et d’un trait de plume, il a signé des grâces présidentielles en faveur de manifestants anti-avortement condamnés.


Résultat : l’aile droite et les évangélistes protestants remercient leur dieu sévère, mais en matière de santé publique, aucune grande réforme positive n’a émergé, alors que 66 % des Américains citent l’accessibilité financière des soins de santé comme un problème « très grave » en 2025. Quant à l’abrogation et au remplacement de l’Obamacare, ils ne figurent toujours pas à l’agenda législatif — un statu quo comme un aveu d’échec.

Ukraine, la paix comme une reddition.


Il l’avait dit et répété : avec lui, la guerre d’Ukraine était pliée en 24 h. Peu importe si lui-même n’y croyait pas. L’important, c’est que les autres…

Résultat : sa diplomatie éclair est un échec cuisant. Trump n’a pas rapproché la paix d’un iota. La guerre s’enlise. Il caresse Poutine dans le sens du poil, lui fait toutes les concessions possibles, n’obtient rien, humilie le président Zelensky, veut lui retirer son aide militaire et piller ses ressources en terres rares. L’Ukraine et l’Europe disent non et ne voient plus l’Amérique comme un pays fiable, capable de défendre la souveraineté des nations libres. Quant au Moyen-Orient, Trump, le promoteur immobilier, n’a émis qu’une seule idée, brillante : transformer Gaza en Riviera. Pendant ce temps-là, le nettoyage ethnique continue.

« Make America Great Again ! »


Sus à l’Europe et à la Chine ! Annexons le Canada ! Emparons-nous du Groenland ! Mettons le monde à genoux devant les États-Unis pour qu’ils reconnaissent notre puissance à leur juste valeur ! Et paient tribut. Le programme était large et pour le moins ambitieux. L’administration américaine a même envoyé une note officielle aux pays européens leur demandant de changer de régime politique. En prenant exemple sur… la Hongrie.

Résultat : la Chine n’a pas bougé d’un pouce. Et jubile. L’Europe prend ses distances. Le Canada, furieux, défie son meilleur allié. L’OTAN est bousculée. L’axe occidental se fissure. Le leadership américain est en net recul. Les États-Unis se replient. Trump quitte la scène, le monde avance sans lui. Le Make America Great Again est devenu Il était une fois l’Amérique.

Donald le dingo, le président le moins populaire de l’histoire

Il promettait la confrontation permanente, la puissance et la richesse. Et surtout de « gagner tellement qu’on en aurait marre »…

Résultat : Les sondages sont clairs : moins de 45 % d’approbation après 100 jours, contre 60 % pour la moyenne historique. Les indépendants fuient et les modérés sont consternés. Seule la base républicaine, l’Amérique dite profonde- qui lui ressemble –  tient bon. La polarisation est totale. Trump préside une moitié d’Amérique… contre l’autre.
Quant à l’état mental de Donald Trump, les autorités émettent les plus grands doutes. Des psychiatres ont souligné des schémas de discours incohérents et erratiques. Des spécialistes du langage ont noté des paraphasies (substitutions ou déformations de mots) et une persévération (répétition compulsive d’idées), suggérant des troubles neurocognitifs. Quant aux comportements impulsifs et à l’usage accru de propos grossiers, les experts diagnostiquent : un déclin cognitif.


En 2024, plus de 230 professionnels de santé mentale ont signé une lettre ouverte publiée dans The New York Times, affirmant que Trump souffrait de « narcissisme malfaisant » et présentait des signes de déclin cognitif, le rendant inapte à diriger.
Donald est-il devenu dingo ?


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