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Femmes d’Algérie : l’impossible pardon.

Photos publié le 20/04/2007 | par Marie Dorigny

SPECIAL ANNIVERSAIRE ALGERIE.

A l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance, Grands-Reporters.com remet en ligne toute une série de reportages consacrés à l’Algérie ces dernières années.


SPECIAL ANNIVERSAIRE ALGERIE.

A l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance, Grands-Reporters.com remet en ligne toute une série de reportages consacrés à l’Algérie ces dernières années.

Quand le président Bouteflika décrète l’amnistie pour les islamistes armés après dix années de violence inouïe, il s’agit d’imposer une réconciliation nationale. Au nom de la raison d’état, le « grand pardon » signifie la libération des terroristes islamistes emprisonnés, la fin des poursuites, la possibilité pour ceux qui sont encore au maquis de descendre des montagnes. En principe, cette mesure ne concerne pas ceux qui ont du sang sur les mains. En réalité, on voit réapparaître dans les rues d’anciens criminels des GIA, qui ont volé, violé et tué. Certains reviennent s’installer près de leurs anciennes victimes, ouvrent un commerce prospère ou montent une société avec le butin pris au maquis. Quelques années plus tard, avec la reprise des attentats terroristes, on constate l’inefficacité de ce grand coup d’éponge sur la mémoire du pays. Déjà, plusieurs associations de femmes se sont constituées pour refuser un pardon sans justice pour les victimes. Femmes assassinées parce qu’elles refusaient de porter le voile, adolescentes enlevées par des islamistes et prisonnières du maquis, réduites à l’esclavage. Violées par un émir ou par le groupe entier, cédées à d’autres et violées encore, ces femmes étaient finalement égorgées ou renvoyées, « déshonorées », vers leur village d’origine, enceintes d’un ou de plusieurs enfants sans identité, nées de père inconnu. A Blida, l’association « Djazairouna » milite contre une amnistie aveugle et pour une reconnaissance des femmes victimes des islamistes armés. Chaque dimanche, avec les militantes d’autres associations, Zohra et sa sœur dont la famille a été massacrée, vont manifester devant le palais du gouvernement à Alger pour lutter contre l’oubli. Des rassemblements qui sont souvent dispersés avec brutalité par la police du régime algérien. Pour les femmes d’Algérie, mères en deuil, veuves ou orphelines, femmes violées, humiliées et toujours méprisées, la tragédie continue et le « pardon » reste impossible.
Reportage.


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