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Guerre en Ukraine: A Lukashivka, récit d’une étonnante cohabitation entre “frères ennemis”

publié le 22/05/2022 | par grands-reporters

Dans le village de Lukashivka, dans le nord du pays, la famille Horbonos a partagé pendant trois semaines son quotidien avec cinq soldats russes venus se réfugier dans leur cave. Au son des explosions d’obus et des tirs d’artillerie, ils ont réussi à nouer un dialogue. Le magazine américain “The Atlantic” a recueilli leurs témoignages.

 

Nadia Denysevych, 62, reacts a she talks to journalists in front of the destroyed church that according to residents was used by the Russian Army as a munitions warehouse, amid their invasion of Ukraine, in Lukashivka, Chernihiv region, Ukraine April 27, 2022. REUTERS/Zohra Bensemra

Quand l’armée russe a commencé à pilonner Lukashivka, un village situé dans le nord de l’Ukraine, des dizaines d’habitants sont venus se réfugier dans la cave des Horbonos, dissimulée sous les pêchers et le jardin potager de la famille. Des enfants, des femmes enceintes, des retraités grabataires et les Horbonos eux-mêmes s’y sont abrités, et ils ont attendu.

Dix jours durant, ils ont écouté les obus qui sifflaient et tombaient au-dessus d’eux, plusieurs fois par heure. Les tirs ont laissé d’énormes cratères dans le jardin, incinéré la voiture des Horbonos et détruit le toit de leur maison. Enfin, le 9 mars, ils ont entendu le bruit d’armes lourdes et de chars qui entraient dans le village : les Russes avaient pris Lukashivka.

“Ici, c’est chez nous”

Les soldats ont ordonné aux habitants terrorisés de sortir, puis ils ont jeté une grenade dans la cave, au cas où des combattants ukrainiens s’y seraient dissimulés. Les Horbonos – Iryna, 55 ans, Serhiy, 59 ans, et leur fils de 25 ans, Mykyta – ont passé la nuit suivante dans la cave d’un voisin, mais elle était si humide et il y faisait si froid qu’ils sont revenus dans la leur. À leur arrivée, ils ont trouvé cinq soldats russes qui s’y étaient installés.

“Et on va vivre où ? a demandé Iryna. C’est chez nous.” Les soldats ont dit aux Horbonos qu’ils pouvaient rentrer chez eux – qu’ils pouvaient tous y vivre ensemble. Alors, les Horbonos sont revenus.

Ils ont passé près de trois semaines avec ces cinq militaires russes, à manger, marcher, parler ensemble. Les soldats russes leur faisaient des déclarations absurdes sur leur mission, et leur posaient des questions d’une simplicité effarante sur l’Ukraine, tout en leur en apprenant davantage sur leur motivation et leur moral. Les Horbonos démentaient leurs affirmations, s’emportaient contre eux avec véhémence, mais buvaient aussi avec eux, tirant parti de cette confiance relative pour chercher à comprendre ce que ces hommes pensaient de la guerre de Vladimir Poutine.
 
Un microcosme de la guerre de propagande

Au fil de ces semaines, que les Horbonos nous ont racontées, à mon collègue Andriy Bachtoviy et à moi-même, la cave de Lukashivka est devenue un microcosme de la guerre de propagande.

D’un côté se trouvaient les Russes, qui répétaient la litanie de mensonges qu’on leur avait dits au sujet de leur offensive ; de l’autre, les Ukrainiens, qui se demandaient comment leur patrie pouvait être ainsi ravagée par des agresseurs mus par une fiction.

Après avoir rencontré les Horbonos et, la même semaine, le dirigeant de leur nation, le président Volodymyr Zelensky, j’ai été frappé par le fait que l’expérience qu’ils avaient vécue répondait précisément à la question qui hante tant de politiques, de journalistes et d’activistes en Ukraine et à l’étranger qui s’efforcent désespérément de mettre fin à cette guerre : comment convaincre des Russes qui ont subi une succession incessante de mensonges de ne plus soutenir l’invasion de l’Ukraine déclenchée par Poutine ?

Au début, les Horbonos avaient trop peur pour s’entretenir avec leurs occupants russes. Les soldats, quant à eux, ne lâchaient jamais leurs armes. Ils ne quittaient la cave que quand ils étaient en service, redoutant, comme leurs hôtes, les barrages d’artillerie au-dessus d’eux, tandis que les armées ukrainienne et russe s’affrontaient pour le contrôle des environs de la ville voisine de Tchernihiv.

Une église détruite à Loukachivka le 10 avril 2022.ANASTASIA VLASOVA / Getty Images via AFP

La glace se rompt

Au bout de plusieurs jours, cependant, les deux groupes ont commencé à mieux se connaître, abordant au début des sujets de discussion qu’ils jugeaient neutres, comme la nourriture et les recettes ukrainiennes populaires.
La famille Horbonos a découvert que les cinq hommes étaient des mécaniciens. L’un d’entre eux, le plus jeune du groupe, âgé de 31 ans, avait le grade de capitaine. Trois avaient la quarantaine – deux avaient servi en Syrie. L’un d’eux avait le visage brûlé depuis que son véhicule avait sauté sur une mine sur la route de Lukashivka, et il traitait ses brûlures avec du baume tout en poussant des jurons.

Tous les quatre venaient de Sibérie. Le cinquième était tatar, lui aussi âgé d’une quarantaine d’années. Il chantait tout le temps des chansons tatares, ce qui avait le don d’exaspérer les autres, qui se moquaient en outre de son apparente lâcheté, car il était toujours le premier à filer dans la cave quand les tirs d’artillerie commençaient.

Les premiers temps, le capitaine ressassait avec ferveur la propagande du Kremlin : ses compatriotes et lui étaient en Ukraine pour sauver les Horbonos, disait-il ; les soldats ne se battaient pas contre des Ukrainiens, mais contre des Américains ; ce n’était pas une guerre, mais plutôt une “opération spéciale”. Une fois qu’elle serait terminée, ils pourraient tous vivre heureux sous le régime de Poutine, assurait-il.

Iryna ripostait. Elle n’avait pas besoin d’être sauvée, rétorquait-elle. Il n’y avait ni bases ni soldats américains à Loukachivka ou ailleurs en Ukraine. Elle ne voulait pas vivre sous le régime de Poutine. Quand le capitaine lui a dit qu’on lui avait expliqué que les Ukrainiens n’avaient pas le droit de parler russe, elle a répondu qu’ils pouvaient parler dans la langue qu’ils voulaient.

“À quoi bon cette guerre ?”

Peu à peu, le capitaine a fini par baisser pavillon, confronté non seulement aux dénégations d’Iryna, mais à la sinistre réalité de la guerre. Pendant les premiers jours du conflit, il était enthousiaste, persuadé que la victoire était proche. Il faisait irruption dans le cellier pour clamer : “Kiev est encerclé ! Tchernihiv est sur le point de tomber !”

Mais, au fur et à mesure des semaines, son humeur s’est assombrie, tandis que ni Kiev ni Tchernihiv ne tombaient. À un moment donné, Serhiy, m’a-t-il raconté, a dû montrer au capitaine où se trouvait Kiev sur une carte, et l’officier russe a été stupéfait en se rendant compte que la capitale ne se trouvait pas du tout dans les environs, comme il le pensait, mais à quelque 150 kilomètres plus à l’ouest.

Les autres soldats étaient moins convaincus que leur capitaine. Deux d’entre eux se sont retranchés derrière leur cynisme, refusant de croire rapports et informations, tant russes qu’ukrainiens. Celui dont le visage était brûlé était aussi furieusement contre Poutine que le capitaine était pour. Il maudissait ouvertement le président, le traitait de chèvre. Jamais il n’avait voté pour le parti de Poutine.

Progressivement, une sorte de relation de confiance s’est établie. Une nuit, un sergent-major russe, s’est mis à errer, ivre, dans les rues de Loukavichka, vêtu d’une veste de cuir ornée d’un badge honorant l’URSS. Il a menacé les habitants de les tuer pour venger les hommes qu’il avait perdus. Il était trop soûl pour mettre sa menace à exécution, mais cet incident n’a rien eu d’une exception : les soldats les plus jeunes buvaient et se droguaient, hurlaient aux Ukrainiens qu’ils devaient tous être “punis”.

Les Horbonos s’aventuraient rarement hors de leur verger. Ils se sentaient plus en sécurité dans leur cave, avec leurs cinq Russes. Quand ces derniers quittaient la cave pour aller boire ou fumer, ils invitaient Serhiy à venir avec eux. Le groupe diluait de l’alcool pur dans un peu d’eau et Serhiy roulait du tabac dans du papier journal. Leurs conversations se sont faites plus profondes. “Qu’est-ce que vous faites ici ? leur demandait Serhiy. À quoi bon cette guerre ?”

D’un air abattu, les Russes répondaient qu’ils ne s’attendaient pas à se battre, à leur arrivée, mais à être accueillis en héros. Ils étaient venus, a concédé l’un d’eux, “pour un défilé de la victoire à Kiev”.

Le faible moral des troupes

Le moral au plus bas des soldats russes, leur cynisme et leur méfiance n’ont rien de surprenant, d’une certaine façon. Le système de propagande, tant vanté, de Poutine a toujours cherché non à susciter l’enthousiasme, mais à répandre le doute et l’incertitude, à faire proliférer tant de versions de la “vérité” que les gens, perdus, se tournent vers leurs dirigeants autoritaires dans l’espoir qu’ils les guident au milieu de cette confusion.

Dans un contexte politique national, cette tactique peut paraître logique : elle maintient les gens dans la passivité, qui ignorent ce qui se passe vraiment. Mais elle montre ses limites quand il s’agit d’insuffler au pays l’enthousiasme féroce nécessaire pour une guerre.

J’ai vécu et travaillé en Russie en tant que producteur de télévision et réalisateur de documentaires durant les deux premiers mandats présidentiels de Poutine, de 2000 à 2008. Comme me l’avait alors dit un des spécialistes de la communication de Poutine, le Kremlin a toujours eu du mal à motiver les gens.

Chaque fois qu’elles avaient besoin d’orchestrer un rassemblement progouvernemental, les autorités étaient contraintes d’affréter des bus remplis de fonctionnaires et de payer des figurants. Il est remarquable qu’en dépit de la censure omniprésente des milliers de personnes aient [osé] manifester contre la guerre en Ukraine. Le Kremlin a beau prétendre que la population soutient massivement l’invasion, il n’y a pas eu de grands défilés en faveur des actions du gouvernement dans les rues des villes russes.

Même pour les cohortes de Russes qui croient aux théories du complot – que leur pays serait menacé par les États-Unis, que le destin impérial de la Russie serait légitime –, la question se pose de savoir si le Kremlin est assez compétent pour poursuivre de pareilles ambitions. Et plus la guerre durera, plus les gens se demanderont si le Kremlin sait ce qu’il fait.

Le chagrin et la honte

Dans une dictature, les sondages sont au mieux une entreprise douteuse. Quelle honnêteté attendre des personnes interrogées quand le mot “guerre” lui-même peut vous valoir quinze ans de prison ? Or, tout porte à croire que les militaires russes, comme ceux qui ont séjourné chez les Horbonos, ne sont pas les seuls à ne pas avoir le moral, mais que cela vaut également pour les Russes lambda.

Juste après le début de l’invasion, une étude a circulé au sein d’un petit groupe d’universitaires russes. Elle montrait que si près de la moitié des personnes interrogées lors d’un sondage représentatif à l’échelle nationale soutenaient “l’opération spéciale” de Poutine, elles affichaient des sentiments superficiels – l’espoir et la fierté.

En comparaison, à peu près 20 % s’opposaient à la guerre, avec des sentiments beaucoup plus profonds, citant la honte, la culpabilité, la colère et l’indignation. Près d’un quart disait ne pas avoir d’avis tranché, ou soutenir la guerre, mais avec des réserves, tout en reconnaissant éprouver du chagrin.

La stratégie de Poutine dans le domaine de la propagande est, semble-t-il, plus vulnérable qu’il n’y paraît à première vue. Alors que les semaines passaient, les Horbonos ont compris que les soldats russes commençaient à prendre la mesure des dégâts inutiles qu’ils avaient causés. La maison familiale était totalement détruite. Parfois, c’était trop pour Iryna, qui se mettait à pleurer et à hurler sur les soldats dans l’obscurité du cellier : “Nous avions tout ! Qu’est-ce que vous faites là ?” Dans le noir, les Russes restaient muets.

Une roquette tombée dans un champ de Loukachivka, le 10 avril 2022.ANASTASIA VLASOVA / Getty Images via AFP

Cueillette d’herbes sauvages

Un matin, elle les a emmenés avec elle en quête d’herbes sauvages pour faire de la tisane. Tandis qu’ils marchaient dans ce qu’il restait de la vie des Horbonos, les soldats lui ont présenté leurs excuses pour toutes les destructions dont ils étaient responsables.

Ça serait tellement mieux, a dit l’un d’eux, s’ils pouvaient un jour revenir en tant qu’invités. Serhiy était furieux. “Vous venez ici pour me tuer et détruire ma maison, a-t-il lâché, et on est censé être amis ? On ne peut être qu’ennemis.” Les Russes ont de nouveau demandé pardon et, bientôt, tous ont commencé à dire que cette guerre était absurde. Et même à utiliser le mot “guerre”.

Les Horbonos ont aussi pu avoir un aperçu inhabituel des motivations de ces hommes. Quand j’ai interrogé Serhiy à ce propos, sa réponse a été sans équivoque. Les soldats, m’a-t-il affirmé, n’étaient pas animés par la fierté nationale ou le désir expansionniste, ils étaient venus pour l’argent.

Tous ont expliqué qu’ils avaient des dettes – des hypothèques, des crédits, des frais médicaux – et avaient besoin de leur solde. Laquelle était loin de suffire. En tant que mécaniciens, ils avaient pour mission de réparer des chars, mais grâce à leurs compétences ils étaient tout aussi capables de les démonter. Lors de pauses dans les bombardements, ils repéraient des véhicules russes endommagés ou détruits, pour récupérer l’or des circuits imprimés. En Russie, chaque circuit pouvait leur rapporter 15 000 roubles, environ 190 euros.

Une inventivité dont d’autres soldats n’ont pas fait preuve. Le jour où l’armée russe a abandonné le village, beaucoup se sont saisis de tout ce qu’ils ont pu. Ils ont entassé des matelas et des valises sur leurs chars ; leurs véhicules blindés étaient pleins à craquer de draps, de jouets, de machines à laver. (Quand le soldat tatar est venu dire au revoir au Horbonos, il a assuré à Serhiy qu’il comptait bientôt prendre sa retraite et a promis de leur envoyer de l’argent.)

Les yeux dans les yeux

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ne rêve que d’une chose : pouvoir s’adresser au peuple russe. Susciter l’empathie, trouver un terrain d’entente avec son auditoire, c’est son domaine. C’est ce qu’il faisait quand il était acteur et humoriste. Je l’ai rencontré pour l’interviewer, et quand je lui ai dit que j’étais né à Kiev, il m’a parlé sans que ses yeux ne quittent jamais les miens – il avait trouvé un terrain d’entente avec moi.

Dès le début de l’invasion, il a tenté de parler directement aux Russes, pour leur rappeler que parmi eux se trouvaient des gens bien. Certes, il y a toujours eu des Russes pour considérer que l’Ukraine n’est pas vraiment un pays, mais ce n’est pas le cas de beaucoup d’autres, qui aiment venir en Ukraine. L’ennui, a-t-il continué, c’est que ces derniers ne lui répondaient plus désormais. À l’exception d’un cercle restreint de démocrates russes en exil, personne ne semblait recevoir ses appels et ceux d’autres Ukrainiens. La Russie s’est enfermée dans un “bunker de l’information”, nous a-t-il déclaré, un bunker autant psychologique que technologique.

“Les Russes, nous a expliqué Zelensky, ont peur de reconnaître leur culpabilité. Que peut-on y faire ? Il faut qu’ils apprennent à accepter la vérité.” Il nous a décrit les trois étapes nécessaires, selon lui, pour y parvenir : un changement dans l’environnement informationnel ; une élite politique capable de reconnaître sa culpabilité dans l’agression ; et enfin, l’acceptation par les gens de la rue de leurs propres responsabilités.

Guerre et paix

La situation vécue dans la cave des Horbonos a quelque chose d’unique. Il est rare que les Russes soient confrontés aussi directement à la réalité ou à leurs victimes. Toutefois, l’expérience des Horbonos laisse entrevoir la possibilité d’une stratégie qui permettrait de nouer un dialogue avec le peuple russe – et de précipiter la fin des guerres de Poutine.

Paradoxalement, ce n’est peut-être pas la guerre qu’il faut évoquer en priorité. Au lieu de cela, ce sont les questions qui touchent le quotidien des Russes et influencent leur comportement qui importent vraiment – les hypothèques, les médicaments, l’école, l’avenir de leurs enfants, et leur désir de faire partie de la communauté internationale.

Pour que son système fonctionne, Poutine a besoin que des millions de gens, dont des médecins, des militaires, des universitaires et des policiers, soient tous motivés afin de lui emboîter le pas. Cette motivation est en train de s’évaporer. On ne sait pas si Poutine dispose des mécanismes de répression nécessaires pour régner uniquement par la peur : les prisons sont déjà bondées. En Russie, l’affaire ne se terminera pas nécessairement par quelque chose d’aussi dramatique qu’un changement de régime, pour ne rien dire d’une révolution.

Tout ce qu’il faut, c’est que les gens arrêtent de le soutenir car ils se seront rendu compte que le gouvernement n’est plus compétent ou qu’il n’agit plus dans leur intérêt. (C’est à peu près ce qui s’est passé en Union soviétique vers le milieu des années 1980 : le système s’est grippé quand les gens ont cessé d’y croire, ce qui a obligé les élites à changer de cap.)

Les médias et les propos favorables à la démocratie – émanant de sources russes indépendantes, de l’Occident ou de l’Ukraine – peuvent accélérer ce processus. En dépit des interdictions qui frappent les sites Internet et certains réseaux sociaux, les moyens de s’adresser au peuple russe existent : la radio, les chaînes de Telegram, la télévision par satellite, les groupes de messagerie sécurisés, les sites miroirs, et les réseaux privés virtuels (VPN).

La chance d’Iryna

À Loukachivka, Iryna Horbonos m’a avoué qu’il lui arrivait parfois de penser, curieusement, qu’elle a eu de la chance. Son village a échappé aux pires atrocités qui ont été perpétrées quand les forces de Poutine se sont repliées des environs de Kiev et Tchernihiv. C’est vrai, convient-elle, sa maison est en ruine, et Serhiy et elle ont perdu le fruit des efforts de toute une vie, mais cela aurait pu être encore plus terrible.

Sur la route du retour vers Kiev, j’ai réfléchi à son histoire et à ce que Volodymyr Zelensky nous avait dit quelques jours plus tôt. Iryna a l’air de croire qu’elle s’est contentée de survivre, mais en réalité sa famille et elle ont fait bien plus. Zelensky, par son inlassable quête d’empathie, et les Horbonos, par leur remarquable dialogue avec leurs ennemis russes, nous ont montré comment cette guerre pourrait effectivement se terminer.

Peter Pomerantsev

Peter Pomerantsev est un journaliste, auteur et producteur de télévision britannique d’origine soviétique. Il est Senior Fellow à l’Institute of Global Affairs de la London School of Economics, où il codirige le programme Arena.

Cet article a été publié par The Atlantic Washington dans sa version originale le 01/05/2022.


The Atlantic Washington