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Guerre Ukraine. Rapport européen. Crimes, viols collectifs, chambres de torture, exécutions… OSCE

Bloc-Notes publié le 19/07/2022 | par grands-reporters

Un récent rapport de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pointe des crimes de guerre commis par les forces russes en Ukraine entre le 1er avril et le 25 juin 2022.

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) se montre « gravement préoccupée » par le traitement infligé par Moscou aux civils ukrainiens. Dans un document de 115 pages consultable en ligne, les auteurs évoquent les possibles crimes de guerre commis par l’armée russe, comme des meurtres, viols et autres sessions de torture.

Viols

Les experts évoquent notamment plusieurs cas précis. Le 24 juin 2022, ils relatent « le premier procès relatif aux violences sexuelles » ouvert à Kiev. « L’accusé, le soldat russe Mikhail Romanov, âgé de 32 ans, est accusé d’avoir violé à plusieurs reprises une femme dans la région de Kiev le 9 mars 2022 après avoir assassiné son mari », détaille l’OSCE, qui pointe une recrudescence des violences « basées sur le genre ».

Il est aussi question du cas de Karina Yershova, une Ukrainienne de 23 ans « victime de violences sexuelles ». « Pendant l’occupation russe de la ville, elle a été enlevée, violée, torturée et finalement abattue », relatent les experts. « Certains rapports font également état de cas de viols collectifs ou de viols perpétrés devant les membres de la famille, y compris les enfants », poursuivent-ils.

Chambres de torture

Le rapport de l’OSCE pointe aussi des exécutions sommaires et des tortures de civils dans des chambres dédiées. « Le 7 juin 2022, Tamila Tacheva, représentante permanente du président ukrainien en Crimée, a estimé que 600 personnes étaient détenues dans des sous-sols spécialement équipés et des chambres de torture situées dans la région de Kherson », écrivent les auteurs.

Des sources ukrainiennes affirment qu’environ « 300 personnes » sont détenues dans les sous-sols de la ville de Kherson, « détenues dans des conditions inhumaines ». « Journalistes et militants politiques seraient également détenus », poursuivent les experts.

Transferts de populations

Les Ukrainiens évacués des villes assiégées, comme le port stratégique de Marioupol, ou ceux qui quittent des territoires occupés par les troupes russes sont obligés de transiter par ces centres. « Leurs données personnelles y sont enregistrées, leurs empreintes digitales relevées et leurs documents d’identité copiés », détaille le rapport de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe.

L’objectif est apparemment de déterminer si les personnes ont combattu du côté ukrainien ou ont des connexions avec le régiment Azov ou les autorités ukrainiennes. « Si c’est le cas, ces personnes sont séparées des autres et souvent disparaissent purement et simplement », soulignent les experts, dont deux se sont rendus en Ukraine en juin pour compléter leurs travaux rédigés sur la base de multiples sources.

« Déportations »

Kiev dénonce depuis plusieurs semaines des « déportations » qui auraient touché plus d’un million d’Ukrainiens, Moscou assurant de son côté que son seul but est de permettre aux civils d' »évacuer » des « zones dangereuses ». Il existe « environ 20 structures de ce type », estime Yevhenii Tsybalium, ambassadeur de l’Ukraine auprès de l’OSCE, cité dans le document.

Il s’agit du deuxième rapport de l’OSCE depuis le début du conflit dans le cadre du mécanisme dit « de Moscou », auquel la Russie a refusé de coopérer. Portant sur la période d’avril à juin, il confirme la découverte de « violations manifestes des droits » pouvant constituer des crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

« C’est une histoire d’horreur dans le monde réel (…). C’est un affront à l’humanité, la perversité incarnée », a commenté l’ambassadeur britannique Neil Bush devant le Conseil permanent de l’OSCE, promettant de « documenter » les faits. « Nous travaillerons sans relâche pour nous assurer que les responsables soient tenus pour responsables de leurs actions », a-t-il insisté.

L’organisation, instaurée en 1975, au cœur de la Guerre froide, pour favoriser le dialogue Est-Ouest, avait mené une initiative similaire en 2018 pour examiner les crimes en Tchétchénie contre les personnes LGBT+ ou encore en 2020, à la suite des élections frauduleuses et de la répression au Bélarus.

 

Lire le rapport en intégralité ( en anglais)

A police officer is reflected in the logo of the OSCE (Organization for Security and Cooperation in Europe) at the OSCE headquarters in the Hofburg Palace in Vienna February 21, 2022. – The OSCE will hold an extraordinary meeting of permanent representatives to find ways to de-escalate the situation in Ukraine. (Photo by ALEX HALADA / AFP) (Photo by ALEX HALADA/AFP via Getty Images)

 

 


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